• Le Projet Oracle ou l'archéologie intuitive

     Des archéologues sous-marins font appel à des intuitifs pour réaliser leurs fouilles et l'étude des objets trouvés (artefacts) en Méditerranée.

    A quelque jours de la "Journée de l'intuition", Alexis Champion, fondateur et directeur d'Iris Intuition à Paris, nous explique comment les facultés de perception se mettent au service de ces spécialistes.  
    Paris Match. Des archéologues sous-marins ont sollicité votre organisme* pour les aider à mener leurs recherches. Qu’attendaient ces spécialistes des civilisations anciennes des capacités intuitives?
    Alexis Champion. Basés près de Nice, les archéologues et plongeurs d’Anao font chaque année des fouilles en Méditerranée. Leur association est mandatée par le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) pour réaliser ces prospections. Pour eux, il s’agissait d’utiliser cet outil pour valider ou invalider leurs hypothèses de travail, et surtout générer des pistes auxquelles ils n’avaient pas encore pensé. "Aidez-nous à trouver plus rapidement ; à découvrir de nouveaux objets", telle était leur demande. Nous les aidons dans l’étude des artefacts trouvés et dans la recherche de nouveaux objets. Nous avons commencé par nous "apprivoiser" à travers l’étude d’un petit cruchon qu’ils possédaient déjà et sur lequel nous ne savions rien. Ils présupposaient que l’artefact était assez ancien. "Racontez-nous la vie de l’objet." Nous l'avons décrit, précisé son époque, son lieu de fabrication, ses utilisations…  Les données intuitives que nous leur avons fournies les ont tellement intéressés que nous avons tous décidé d’aller plus loin. Ca a été tellement percutant pour eux que le musée de Menton où se trouve le cruchon est devenu partenaire du projet.

    Comment définit-on l’intuition ?
    C’est la capacité à produire une connaissance, soit par le ressenti soit par la pensée, sans utiliser le raisonnement, sans faire de lien logique entre quoi que ce soit. Sans déduire, notamment. C’est la perception d’une information. L'intuition est toujours plus rapide que le raisonnement.

    “ L'histoire de l'archéologie intuitive a près d'un siècle! ”


    Existe-t-il des travaux précurseurs en archéologie intuitive ?
    L’archéologie est probablement le domaine où l’intuition a été utilisée le plus tôt, à l’époque moderne. Des travaux ont démarré dès les années 30 en France et en Pologne, puis dans les années 60, 70 aux Etats-Unis, au Canada… L’intuition au service de l’archéologie a une histoire de près d’un siècle ! Les publications existent en Europe et en Amérique du Nord. Notre méthode de travail se base sur ces protocoles auxquels nous avons apporté des améliorations grâce aux outils informatiques d’analyse des données.

    Vous avez poursuivi ce partenariat avec les archéologues en les aidant à localiser des zones de fouilles… Comment procédiez-vous ?
    Les archéologues souhaitaient retrouver certains types d’objets (une épave de telle époque, une arme…) sur une zone qu’ils avaient définie, susceptible de les contenir. Les intuitifs travaillent complètement en aveugle. Moins on en sait mieux c’est, cela évite les interprétations. En l’occurrence, nous ne savions pas si les objets recherchés se situaient sur le périmètre défini par les archéologues et nous ne connaissions rien de la zone. Nous savions juste qu’elle était rectangulaire. Nous pouvions ainsi la représenter sur une feuille blanche et positionner les objets perçus intuitivement. Ensuite, les archéologues ont utilisé la feuille comme un calque à rapporter sur leur carte.

    En amont de leurs fouilles, quel genre d’informations leur transmettez-vous?
    Nous décrivons les objets recherchés. Nous indiquons des repères (environnement, roches, algues…) sur lesquels les archéologues peuvent se baser quand ils sont en surface pour savoir où plonger, et quand ils sont sous l’eau, afin de localiser la zone où se situe l’artefact. Ils ont déjà pu valider des informations que nous leur avons données. Maintenant c'est à eux de palmer et de faire la prospection détaillée. Nous referons quelques sessions intuitives pour leur donner des informations complémentaires. C'est un projet qui va s'étirer sur deux ou trois ans car nous avons fourni des centaines de pages de données et que la zone est assez grande.

     Vous couronnez le mélange des genres alors qu'un des membres de votre équipe d'intuitifs accompagne les plongeurs lors de l'exploration…
    Oui et c’est une première mondiale! Nous avons la chance énorme de compter parmi nous, Marie-Estelle Couval, intuitive, plonge avec les archéologues d'Anao. Comme les autres intuitifs, elle fait en amont le travail de recherche intuitive en bureau et, au moment de la prospection, elle accompagne les archéologues d'Anao. Pour nous, le principal intérêt du projet est cette véritable montée en compétence dans le domaine de l'intuition. Comment fait-on dans un milieu aqueux pour gérer le ressenti corporel intuitif?  C’est très complexe car le milieu sous-marin est très hostile, notamment pour l’intuition. Personne ne l’avait jamais fait. Nous n’en sommes qu’au début, mais nous avons déjà obtenu des résultats intéressants. Qu'entendez-vous par ressenti corporel intuitif ? Comment le corps traduit-il une intuition?
    Naturellement, ça se produit de façon assez commune chez tout le monde, avec toutefois des variantes selon les individus. C'est comme pour le langage : on sait tous parler mais chacun s’exprime avec son propre style. Le corps va "parler" pour exprimer les perceptions intuitives : une sensation de chaleur dans la main, des picotements, un mouvement réflexe… A l’air libre, ce n’est pas toujours évident de prendre conscience, par exemple, de picotements dans la main à tel moment et pas à un autre… Mais dans l'eau, c'est un défi! Surtout au mois de novembre et avec des vagues…


    “ Nous faisons gagner du temps aux archéologues ”


    Quelle est la prochaine étape de votre collaboration avec les plongeurs et archéologues?
    En octobre, ils vont procéder à une découpe du sol sous-marin pour fouiller en profondeur. L’idée est de creuser le plus profondément possible sur une zone définie et d’étudier les différentes strates (sédimentation, artefacts…). Nous interviendrons en amont. Par la pensée, nous allons nous enfoncer dans la zone et décrire les différentes strates (artefacts, types de matière). Nous pourrons ressentir par exemple, si la zone à creuser contient des sédiments et/ou des restes d’objets. Le fait de percevoir des artefacts peut leur être utile quand ils les trouvent en mauvais état. Si nous percevons par exemple qu'il s'agit de vestiges d'un bateau génois, cela peut leur faire gagner du temps quand ils tomberont dessus. Ils peuvent déjà faire l'analyse de cette hypothèse avant d'en avoir la confirmation.

    Vous intervenez en amont et à distance. L'intuition ne connaît pas les frontières de l'espace et du temps?
    Si l'on se base sur les décennies de recherches sur le sujet, que ce soit en laboratoire ou dans la pratique, rien n'indique aujourd'hui que notre capacité de percevoir intuitivement puisse être bloquée par les paramètres de temps et d'espace, ou par un obstacle matériel. Par exemple, le fait qu'un artefact soit enfoui dans le sol n'altère en rien notre capacité à le percevoir. Depuis un siècle, la physique théorique nous apprend que l'univers est par nature non-local. Le temps et l'espace n'existent pas fondamentalement. L’univers fonctionnant comme ça, l’être humain aussi puisqu’il en fait partie. Notre capacité de conscience, une partie de qui nous sommes, n'est pas attachée à un espace et un temps donné.

    Source : .parismatch.

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