• La caverne aux 300 visages.

    Lieux énigmatiques

    La caverne aux 300 visages 

    La caverne aux 400 visages

     (Photo : Franck Fouquet) 

    La caverne sculptée de Dénezé-sous-Doué illustre parfaitement la fascination que l’homme porte pour les mystères des entrailles de la terre. Peuplée de quatre cents statues taillées en ronde bosse dans le tuffeau saumurois, cette cave inspire un sentiment trouble fait à fois d’intérêt historique et de crainte. Traversant les siècles, la cave aux sculptures garde encore ses secrets.

    Un chef d’oeuvre d’art populaire

    La caverne sculptée est une vaste chambre souterraine dont les murs sont ornés de centaines de petites statues alignées en costume de la Renaissance. Immobiles, elles veillent autour d’un puits, évoquant quelque rituel archaïque de purification.

     Dans la demi-obscurité, on devine des visages de pierre tour à tour grimaçant et hilares, malicieux et pieux. Leur taille rudimentaire, brute, accentue l’aspect bestial de certaines sculptures aux visages grimaçants. Leurs yeux sont gonflés, les bouches ouvertes comme dans un cri de souffrance.

    Des créatures grotesques, érotiques voisinent avec des monstres griffus et difformes, des gisants à sept têtes, le tout formant une immense galerie peuplée de centaines de petits hommes aux gueules cassées avec fraises et hauts-de-chausse, jouant des scènes lubriques.

    Certaines statues ont même un caractère blasphématoire comme cette Pietà montrant un Christ vivant allongé sur les cuisses nues d’une femme ou bien ce mariage initiatique représentant un homme entre la Luxure et la Vertu, deux femmes souriantes dont les mains viennent se rejoindre sur son sexe (ce que l’une commence, l’autre l’interdit). Il y a même des Indiens aux pommettes saillantes qui dansent au son de joueurs de mandolines et de bouzines. Bal gothique qui se joue dans les profondeurs de la terre, bal étrange de vieux hommes de quatre siècles, éclairés à la pâle lumière des bougies, qui évoquent des panneaux peints que les montreurs d’histoires de la Renaissance vendaient aux quatre coins de la France.

    Un culte hérétique…

    Quels furent les auteurs de ces statues? De simples tailleurs de pierre ou des artistes contestataires, initiés à des rites secrets ? Un groupe adamique, (secte hollandaise du XVIè siècle qui honorait Adam, le premier homme), qui aurait célébré des cultes érotico-religieux au cours d’orgies nocturnes ? Des guérisseurs qui invoquaient Dana, la déesse des Gaulois, pour guérir les malades ?

    Les archives sont longtemps restées silencieuses sur l’origine de ces statues. Oubliée de tous depuis le XVIII è siècle, époque où elle fut remblayée, la cave fut juste évoquée par Célestin Port au XIX è siècle dans son Dictionnaire historique et géographique du Maine-et-Loire qui disait en substance :

    « Au village du Mousseau existent des caves curieuses mais que malheureusement des murs interceptent par suite du morcellement des propriétés.

     J'y ai vu, dans la partie qui dépend de la cure, toute une imagerie découpée en plein tuffeau, notamment une femme colossale assise, et à côté, mais d'une main différente, deux autres personnages et une croix, le tout, ce me semble, bien moderne, tout au plus du XVIIè siècle » En fait cette cave ne sera vraiment redécouverte qu’en 1956 par les archéologues Jeanne et Camille Fraysse. C’est à partir de leurs travaux qu’Annie Brethon et Daniel List, conservateurs du site pendant 20 ans, ont émis une des hypothèses les plus crédibles. Selon leurs conclusions, ces sculptures dateraient de la seconde moitié du XVIè siècle, sous le règne troublé des Valois, dominé par la très catholique et sanglante reine Catherine de Médicis.

     C’est un ensemble de détails vestimentaires des personnages et d’attitudes qui donnent des indications précises sur leur date d’exécution. Ainsi, le décolleté des femmes, qui laissait leurs seins nus, portés par certains personnages de la caverne, apparut à la cour de Charles IX après 1561. Le haut de chausse plissé et serré rappelle la mode masculine à la cour du temps des Valois, ainsi que le port de la fraise qui connut une grande vogue à fin des guerres d’Italie. Autant de détails qui situent l’époque des panneaux sculptés mais qui laissent dans l’ombre la véritable personnalité des sculpteurs.

    Comme il n’existe ni archive ni tradition orale locale qui fasse référence à cette caverne,  l’origine des statues est sujette à controverse et des hypothèses contradictoires ont été élaborées.

    D’autres historiens affirment que ce sont des ouvriers initiés aux rites secrets des tailleurs de pierre qui sont à l’origine des bas-reliefs. Interdits de réunion après les mesures royales de Villers- Cotterets, qui abolirent en 1539 les confréries de métiers, traqués par les troupes catholiques, ces sculpteurs de la nuit, formant une communauté libertaire et cosmopolite, se seraient réfugiés dans cette caverne saumuroise pour y tailler nuit après nuit, dans le tuffeau, une fresque satirique, dénonçant les moeurs décadentes de l’époque et vouant aux gémonies de l’enfer la cour du roi de France.

    …ou des cultes telluriques ?

    Mais d’autres interprétations se sont développées notamment sous l’influence des socio-historiens qui soutiennent que les statues de la caverne sont des ex-voto qu’auraient sculptés des sorciers ou des guérisseurs afin d’évoquer des puissances telluriques pour soigner des malades. Ainsi, Albert Héron, coordinateur des fouilles en 1974/1975 pensait que la caverne était un temple souterrain et que les statues montraient des infirmités, l’ensemble faisant partie d’un culte de guérison.

    Prolongeant cette idée, d’autres auteurs comme Régis Blanchet, ont affirmé que la Caverne de Dénezé-sous-Doué aurait été un haut lieu rituélique où des hommes et des femmes célébraient un culte de la fertilité et du renouvellement des énergies élémentaires.

    En fait, la résurgence en pleine Renaissance d’un ancien culte gaulois, honorant la déesse-mère Dana. Des fouilles ont été faites dans le puits de caverne et des tessons de poteries datant du VIIè, VIIIè et IXè y ont été retrouvés. Ainsi, même en ces siècles obscurs, la caverne souterraine ne fut

    pas un habitat classique. Comme à Lascaux, les hommes ont dû avoir une motivation particulière pour rester dans cette grotte insalubre. Serait-ce l’eau du puits ? Curative, elle aurait été considérée comme miraculeuse au Moyen Age.

     La signification des statues prend donc un tout autre sens. Le puits étant le centre de la caverne, les statues au visage difforme, représentent les effigies des hommes et les femmes malades, venues se soigner. Ici, une mère portant son enfant à l’agonie pour le baigner dans les eaux salvatrices du puits, là, une procession de scrofuleux venant humecter leur bouche de l’eau guérisseuse.

    Aujourd’hui, les statues de la caverne restent toujours énigmatiques et attirent les amateurs de curiosités souterraines venus du monde entier pour déchiffrer leur mystère.

    Source : infos-paranormal

       

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