• La mandragore, une plante magique !

    Nature insolite

    La mandragore, une plante magique !

    La forme caractéristique de sa racine qui rappelle celle d'un homme lui a valu une réputation d'herbe magique.

    "La mandragore (Mandragora officinarum) est une espèce de plante herbacée vivace des pays du pourtour méditerranéen, appartenant à la famille des solanacées, voisine de la belladone. Cette plante riche en alcaloïdes aux propriétés hallucinogènes, est entourée de nombreuses légendes, les Anciens lui attribuant des vertus magiques extraordinaires.  (source : natures-paul-keirn)

    MANDRAGORE

    Au Moyen Âge on la nomme demi-homme ou homme-planté et on prétend qu'elle pousse un cri d'agonie quand on la déterre pour la cueillir. Ce cri était censé rendre fou celui qui l'entendait, aussi les sorcières faisaient-elles déterrer la plante par un chien dressé et se bouchaient-elles les oreilles avec de la cire. Il existe bien sûr de nombreuses légendes à propos de la mandragore...

    La Mandragore ou Mandragore officinale (Mandragora officinarum) est une plante herbacée vivace, des pays du pourtour méditerranéen, appartenant à la famille des solanacées, voisine de la belladone. Cette plante, riche en alcaloïdes aux propriétés hallucinogènes, est entourée de nombreuses légendes, les Anciens lui attribuant des vertus magiques extraordinaires.

    Le terme français de « mandragore » vient du latin mandragoras tiré lui-même du grec μανδραγόρας (mandragoras). Ces trois termes désignent la même plante dans ces différentes langues. L'étymologie du mot grec est obscure. Pour certains, le grec « mandragoras » viendrait du nom de la mandragore en assyrien nam. tar. ira, morphologiquement « la drogue (mâle) de Namta », Namta étant un démon pestilentiel provoquant des maladies. Pour d'autres, l'origine viendrait du sanskrit mandros signifiant « sommeil » et agora signifiant « substance ».   

    MANDRAGORE

    la racine de la Mandragore (source photo : photosjardins)

    Fruits
    La mandragore méditerranéenne présente un important contraste entre la touffe et la racine. La plante, haute d'une trentaine de centimètres, dégage une odeur très forte. C'est une herbacée banale, pratiquement sans tige.

    La racine, brune à l'extérieur, blanche à l'intérieur, est du type pivotant, souvent lignifiée et peut atteindre après plusieurs années des dimensions impressionnantes (jusqu'à 60 à 80 centimètres et plusieurs kilogrammes). Sa forme souvent anthropomorphe (ses ramifications lui donnant une vague apparence humaine, avec un tronc, des jambes et même - en étant imaginatif - une tête et un sexe), est à l'origine de nombreuses légendes. On parlait autrefois de racines « mâles » et « femelles » mais cela ne correspond pas à une réalité botanique, la plante n'étant pas dioïque. Les vieux sujets peuvent s'enfoncer à plus d'un mètre dans la terre et sont donc difficiles à arracher.

    Les feuilles sont grandes (au maximum 45 cm de long), elliptiques à obovales, molles, de forme et de taille très variables. Elles ont un limbe entier à bord sinueux, étalées en rosette sur le sol.

    La fleur a une corolle formée de cinq pétales soudés à la base (campanulée), de 12-65 mm de long, de couleur blanche verdâtre, bleutée ou pourpre. Les 5 étamines sont fixées à la partie inférieure de la corolle. La floraison se fait de septembre à avril, suivant l'abondance des pluies. Pour Ungricht et coll. « Il est évident qu'il n'y a véritablement qu'une période étendue d'activité reproductive allant de l'automne au printemps. En fait, c'est seulement durant les mois les plus chauds de l'été que le cycle s'interrompt. Lorsque les conditions sont favorables, le même individu peut fleurir deux fois dans l'année, comme l'atteste les annotations des herbiers, en particulier des formes cultivées dans les jardins botaniques ». Il faut donc renoncer à la distinction faite par Sprengel en 1825, entre une mandragore de printemps (M. vernalis) et une autre d'automne (M. automnalis).

    La mandragore donne naissance à des baies jaunes ou rouges à maturité, de trois à cinq centimètres de diamètre, globuleuses à ellipsoïdes. Ces fruits juteux sont comestibles en quantité modérée. Les graines de 2,5 à 6 mm de long, sont réniformes, jaunes à brun clair.

    MANDRAGORE

    MANDRAGORE

    (photo : JH.Zell [CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons)

    La mandragore est originaire du bassin méditerranéen : Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie), Europe méridionale (Italie, Grèce, ex-Yougoslavie, Espagne, Portugal) et Proche-Orient (Palestine, Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie, Chypre). On ne la trouve ni en France continentale, ni en Corse.

    Elle croît dans les bois ouverts, les oliveraies, les jachères, les bords de routes et les ruines.

    Cette plante est devenue très rare, même dans son aire d'origine. Les populations sont dispersées dans le domaine et certaines sont même vulnérables, comme celles du nord de l'Italie.

    En raison de la forme vaguement humaine de sa racine et de ses composés alcaloïdes psychotropes, la mandragore a été associée depuis l'antiquité à des croyances et des rituels magiques.

    Ancienne Égypte et Proche-Orient
    Une plante représentée sur le trône de Toutânkhamon pourrait être une mandragore (Hepper 1990) mais cette plante n'étant pas indigène en Égypte, il aurait fallu qu'elle y soit cultivée.

    Il existe aussi une longue tradition, remontant au Moyen Âge consistant à identifier à la mandragore une plante citée dans la Bible, sous le nom de dudaim. Dans le trentième chapitre de la Genèse (compilée vers -440), il est fait mention d'une plante appelée dûda'îm dans le texte hébreu. Léa, la première épouse de Jacob, avait cessé d'enfanter. Ruben, leur fils aîné, rapporte à sa mère des dûda'îm. Rachel, sœur de Léa, seconde épouse et la préférée de Jacob, demande à sa sœur de les lui donner. Celle-ci n'accepte qu'en échange de passer la nuit avec Jacob, ce à quoi Rachel consent. Léa concevra cette nuit-là et donnera plus tard naissance à Issachar en disant : « Dieu m'a donné mon salaire ».

    Le terme de Dûda'îm pose toujours le problème de sa traduction aux herméneutes ; sa proximité avec DWD, Doud, « bien-aimé » (et aussi David), conduit certains à proposer « Pomme d'amour ».

    MANDRAGORE

    Antiquité
    Les médecins grecs prescrivaient la mandragore contre la mélancolie et la dépression. Hippocrate au Ve siècle av. J.-C. conseillait « Aux gens tristes, malades et qui veulent s'étrangler, faites prendre le matin en boisson la racine de mandragore à dose moindre qu'il n'en faudrait pour causer le délire ».

    Au rapport de son élève Xénophon, Socrate parle déjà des effets sédatifs de la plante ; Théophraste, élève d’Aristote, rapporte que la racine traite les maladies de peau et la goutte et que les feuilles sont efficaces pour soigner les blessures. Ses propriétés sédatives étaient connues puisqu’il dit qu’elle est bonne pour le sommeil

    Au premier siècle de notre ère, le médecin grec Dioscoride, en donne une description assez précise.

    MANDRAGORE

    « Il y a une espèce femelle, noire qui est appelée tridakias, qui a des feuilles plus étroites et plus petites que la laitue, d'une odeur puante et forte, étendues sur le sol, ainsi que des « pommes » semblables à celles du sorbier, jaune pâle, d'une bonne odeur, dans lesquelles il y a une graine semblable à celle de la poire… Les feuilles de l'espèce mâle et blanche, que certains appellent morion, sont claires, grandes, larges et lisses comme celles de la bette. Ses pommes sont deux fois plus grosses, de couleur safran, dégagent une odeur agréable relativement forte. Les bergers en mangent et s'endorment pour un certain temps. Sa racine est semblable à la précédente, mais plus grande et plus blanche. Elle n'a pas de tige non plus… ».
    Pline l'Ancien, naturaliste romain, en donne une description très proche à la même époque :

    « Il y a deux espèces : la blanche, considérée comme la mandragore mâle, et la noire, considérée comme la femelle, qui a des feuilles plus étroites que celles de la laitue, des tiges velues, et deux ou trois racines rougeâtres, blanches à l'intérieur, charnues et tendres, longues de près d'une coudée. Les deux portent des fruits de la grosseur des noisettes renfermant une graine comme un pépin de poire. ».
    On a identifié l'espèce mâle ou blanche à Mandragora officinarum L. et l'espèce femelle ou noire à Mandragora automnalis Bertol., espèce qui maintenant n'est plus qu'une forme possible de M. officinarum L.

    Dioscoride énumère de nombreuses maladies où la mandragore est d'un grand secours. Un verre d'une décoction obtenue en faisant réduire la racine dans du vin est utile « quand on ne peut dormir, ou pour amortir une douleur véhémente, ou bien avant de cautériser ou couper un membre, pour se garder de sentir la douleur ». La racine préparée avec du vinaigre guérit les inflammations de la peau, avec du miel ou de l'huile, elle est bonne contre les piqures de serpent, avec de l'eau, elle traite les écrouelles et les abcès. Le jus fait venir les menstrues et précipite l'accouchement. Prudemment, Dioscoride met en garde contre la toxicité de la plante « Toutefois, il faut se garder d'en boire trop, car il [le jus] ferait mourir la personne ».

    Pline nous signale aussi des indications proches de celles de Dioscoride. L'usage comme narcotique et analgésique revient toujours :

    « On conserve les feuilles dans la saumure, et elles ont plus d'effet sinon le suc des plantes fraîches est un dangereux poison ; et encore, ainsi conservées, leurs propriétés nocives portent à la tête, même par la simple odeur… L'effet soporifique varie avec les forces du sujet ; la dose moyenne est d'un cyathe. On la fait boire aussi contre les serpents et avant les incisions et les piqûres pour insensibiliser »
    Théophraste signale aussi des propriétés aphrodisiaques et Dioscoride indique qu'elle servait à confectionner des philtres.

    MANDRAGORE

    À côté de ces observations très pertinentes (connaissant maintenant les composés actifs de la plante), on trouve dans les textes d'autres considérations très déconcertantes pour un homme moderne. Par exemple, Théophraste nous indique que lors de la cueillette il faut

    « tracer autour de la mandragore trois cercles avec une épée, couper en regardant vers le levant, danser autour de l'autre et dire le plus grand nombre possible de paroles grivoises » (H.P. IX, 8, 8).
    Pour comprendre ces pratiques étranges nous devons faire une petite digression sur l'histoire des sciences hellènes. De nombreux textes sur les plantes qui nous sont parvenus de l'Antiquité étaient écrits par des philosophes, des naturalistes ou des médecins. Les naturalistes étudiaient les plantes pour elles-mêmes et insistaient sur l'importance de l'observation. D'autres comme les médecins s'efforçaient de concevoir une approche expérimentale permettant d'identifier correctement les plantes et d'observer leurs effets thérapeutiques sur les malades. La constitution de nouveaux domaines de connaissance scientifiques autonomes se fit donc en se libérant de la religion et de la magie. Mais après les conquêtes moyen-orientales d'Alexandre le Grand au ive siècle av. J.-C., la pensée magique mésopotamienne et égyptienne fit une grande percée en Grèce. « À partir du IIIe siècle av. J.-C. précisément, la séduction de l'irrationnel sous des formes diverses commence à exercer des ravages jusque dans les milieux intéressés aux choses de l'esprit et à la connaissance du monde » (J. Beaujeu ).

    Les magiciens pensaient qu'il existait des relations intimes entre les différents objets et les différent êtres vivants. Pour eux, les plantes sont des êtres animés doués d'une âme car étroitement soumises à l'action de divinités ou de forces astrales. Comme les médecins, ils désiraient soigner les malades mais ils avaient une toute autre conception de la maladie. Comme le dit Guy Ducourthial « Ils considèrent qu'elle n'a pas de cause naturelle, mais qu'elle est envoyée aux humains par des divinités pour les punir de leurs fautes. Pour guérir les individus malades, ils prétendent pouvoir contraindre ces divinités à détourner l'influence néfaste qu'elles exercent sur eux, mais aussi « maîtriser » un certain nombre de plantes qu'ils ont sélectionnées, c'est-à-dire les soumettre à leurs injonctions et les obliger à abandonner leurs propriétés pour qu'ils puissent en disposer à leur gré. Pour atteindre leur but, ils doivent accomplir un certain nombre de gestes précis et souvent mystérieux, prononcer incantations et formules secrètes et réciter des prières particulières, notamment lors de la récolte des plantes qu'il faut effectuer à des moments particuliers ».

      

    Ainsi le cercle tracé autour de la plante crée un espace magiquement clos, enfermant la plante et permettant au magicien de s'en rendre maître. Les rituels magiques donnés par Théophraste sont repris par Pline mais Dioscoride s'abstient d'en parler.

    En tant que plante magique, la mandragore est appelée kirkaia, en référence à la magicienne Circé. Les astrologues ont attribué la mandragore au signe du Cancer (karkinos) qui régit le corps humain de la poitrine au ventre. Il en résulte qu'elle contrôle la rate, organe responsable des accès de mélancolie.

    Moyen Âge occidental[modifier | modifier le code]
    Le rituel d'arrachage de la mandragore change dès le début du Moyen Âge et peut-être même avant en Palestine. Le collecteur de plantes doit maintenant pour dégager la racine, l'attacher à un chien et attirer l'animal au loin. Cette plante a une telle puissance magique que si l'herboriste s'aventurait à la déraciner lui-même, il s'exposerait à une mort certaine. Les textes ajoutent même « que cette racine a en soi une telle puissance divine que, lorsqu'elle est extraite, au même moment, elle tue aussi le chien » (Herbarius Apulei, 1481). Le Quellec fait remonter l'ancienneté de cette tradition au début du vie siècle. En l'an 520, le manuscrit de Dioscoride de Vienne est illustré par deux miniatures sur lesquelles on voit une racine de mandragore attachée au cou d'un chien mort, gueule béante.

    Au premier siècle, Flavius Josèphe avait déjà décrit dans la Guerre des Juifs, VII, 6, 183, un rituel identique appliqué à l'arrachage d'une plante qu'il appelle baaras. La plante est cependant mal identifiée et il n'est pas certain qu'il s'agisse de la mandragore comme Hugo Rahner (1954) l'a supposé.

    Les précautions lors de la cueillette sont aussi énoncées dans les écrits de Paracelse (1493-1541). Pour se procurer la racine de mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Celui qui arrache la mandragore sans précaution, s'il ne devient pas fou en entendant les hurlements de la plante, sera poursuivi par sa malédiction...

    Arrachage d'une mandragore. Manuscrit Tacuinum Sanitatis, Bibliothèque nationale de Vienne, v. 1390.
    Selon les divers écrits décrivant les rituels, on sait qu'ils se déroulaient les nuits de pleine lune. Les mandragores qui poussaient au pied des gibets étaient très prisées car on les disait fécondées par le sperme des pendus, leur apportant vitalité, mais celles des places de supplice ou de crémation faisaient aussi parfaitement l'affaire. Des « prêtres » traçaient avec un poignard rituel trois cercles autour de la mandragore et creusaient ensuite pour dégager la racine, le cérémonial étant accompagné de prières et litanies. Une jeune fille était placée à côté de la plante pour lui tenir compagnie. On passait également une corde autour de la racine et on attachait l'autre extrémité au cou d'un chien noir affamé que l'on excitait au son du cor. Les prêtres appelaient alors au loin le chien pour qu'en tirant sur la corde il arrache la plante. La plante émettait lors de l'arrachage un cri d'agonie insoutenable, tuant l'animal et l'homme non éloigné aux oreilles non bouchées de cire. La racine devenait magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représentait l'ébauche de l'homme, « petit homme planté » ou homonculus. Ainsi choyée, elle restait éternellement fidèle à son maître et procurait à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité. Elle était vendue très cher en raison du risque à la cueillette, et ce d'autant plus que la forme était humaine, de préférence sexuée par la présence de touffes judicieusement disposées.

    En Europe, on trouve à partir du ixe siècle dans la littérature médicale la description de narcose par inhalation d'une éponge soporifique (spongia soporifera). Une série de recettes allant du ixe au xvie siècle et provenant de divers pays nous sont parvenues. La plupart se trouvent dans des manuels de chirurgie ou dans des antidotaires. La plus ancienne connue est celle de l'Antidotaire de Bamberg, Sigerist ; elle comporte de l'opium, de la mandragore, de la ciguë aquatique (cicute) et de la jusquiame. Au xiie siècle, à l’école de médecine de Salerne, Nicolaus Praepositus, pronait aussi dans son Antidotarium l'usage d'une éponge soporifique dans certaines opérations chirurgicales. Elle était imbibée d'un mélange de jusquiame, de jus de mûre et de laitue, de mandragore et de lierre.

    La mandragore. Dioscoride de Vienne, vie siècle

    On trouve aussi parfois la mandragore et la jusquiame dans la composition d'onguents utilisés par les sorcières. Une croyance très répandue aux xvie et xviie siècles, voulait que les sorcières s'enduisent le corps d'un onguent avant de s'envoler dans les airs pour aller au sabbat. Elles s'y rendaient à cheval sur un balai ou une fourche, enduits eux aussi d'onguent.

    MANDRAGORE

    Les accusations qui conduisaient les sorcières au bûcher comportaient deux composants : les maléfices et le pacte avec le Diable. L'action judiciaire s'ouvrait sur une plainte pour les maléfices répétées d'une jeteuse de sort qui était censée provoquer la mort de nouveau-nés, faire tomber la grêle sur les récoltes, etc. L'accusation d'assistance au sabbat n'apparaissait que plus tard, lorsque les juges ecclésiastiques s'emparaient du dossier. À l'époque, tout le monde croyait au Diable. Il ne faisait pas l'ombre d'un doute, qu'en concluant un pacte avec le Diable, la sorcière pouvait accomplir des maléfices redoutables et travailler à la ruine de l'Église et de l'État. Des dizaines de milliers de sorciers et sorcières furent ainsi envoyés au bûcher en toute bonne conscience des autorités. Seuls quelques scientifiques et médecins humanistes dénoncèrent ces persécutions et osèrent soutenir que le sabbat n'était qu'une illusion.

    Le problème de la réalité du sabbat fut d'ailleurs posé à peu près en ces termes par des scientifiques dès le xvie siècle. La description d'assemblées démoniaques et de leur prodiges (vol, métamorphose en bête) a-t-elle une réalité objective ou est-elle le résultat de la consommation de drogues hallucinogènes?

    Dès cette époque, un médecin et humaniste espagnol, Andrés Laguna, arrive à la conclusion que tout ce que croyaient faire les sorcières était le résultat de la prise de substances narcotiques, et donc que le sabbat était le seul produit de leur imagination. Laguna raconte, dans son commentaire de Dioscoride (1555), comment, se trouvant en Lorraine, il fut le témoin de l'arrestation et de la condamnation à mort sur le bûcher de deux vieillards accusés de sorcellerie. Il se procura alors l'onguent qui avait été trouvé dans l'ermitage où ils vivaient pour tester l'effet d'un tel produit. Il fit enduire entièrement une de ses patiente insomniaque. Celle-ci tomba aussitôt dans un profond sommeil et se réveilla trente-cinq heures plus tard en disant à son mari en souriant qu'elle l'avait cocufié avec un beau jeune homme. Pour Laguna le liniment était fabriqué avec « des herbes au dernier degré froides et soporifiques, comme sont la ciguë, la morelle endormante, la jusquiame et la mandragore ».

    Actuellement, les nombreuses études historiques quant aux aveux des sorcières ne permettent toutefois pas de conclure que les sorcières étaient des droguées. Si le témoignage de quelques sorcières utilisant des drogues hallucinogènes existe, le phénomène n'était pas généralisé et ne peut constituer une explication générale. 

    (source : wikipedia

    La Mandragore, une plante magique, entre mythe et réalité !

    La Mandragore, une plante magique, entre mythe et réalité ! 

    La Mandragore est une plante herbacée vivace, originaire du pourtour méditerranéen, appartenant à la famille des Solanacées. Cette plante est entourée de nombreuses légendes, les anciens lui attribuant des vertus magiques extraordinaires. En effet, depuis l’antiquité, d’innombrables légendes se sont formées autours de cette plante rare et de ses pouvoirs magiques. La racine fut aussi bien portée comme talisman qu’ingérée en guise de philtre d’amour. Son usage est étroitement liée au culte des plantes, à la sorcellerie ainsi qu’à la magie noire.

    Histoires, croyances et légendes de la mandragore, de l’antiquité au moyen âge !

    En raison de la forme vaguement humaine de sa racine et de ses composés alcaloïdes, la mandragore a été associée depuis l’antiquité à des croyances et des rituels magiques. Elle est devenue au fil des années tellement mystérieuse dans le folklore, qu’elle a été par la suite considérée non seulement comme la plus puissante mais également comme la plus dangereuse de toutes les herbes magiques.

    Les Perses et les Égyptiens de l’antiquité connaissaient déjà les propriétés médicinales de la mandragore. Des morceaux de racine de mandragore, ainsi que d’autres objets façonnés, ont été trouvés dans les chambres d’enterrement royales des pyramides. La mandragore est évoquée, parmi d’autres plantes médicinales, dans le célèbre Papyrus d’Ebbers datant de 1700-1600 avant JC. La mandragore est également évoquée dans l’ancien testament de la bible. On trouve dans les textes des considérations très déconcertantes pour nous aujourd’hui. Par exemple, Théophraste nous indique que lors de la cueillette il faut « tracer autour de la mandragore trois cercles avec une épée, couper en regardant vers le levant, danser autour de l’autre et dire le plus grand nombre possible de paroles grivoises ». Ainsi le cercle tracé autour de la plante crée un espace magiquement clos, enfermant la plante et permettant au magicien de s’en rendre maître ! Le rituel d’arrachage de la mandragore change dès le début du Moyen Âge. En effet, le collecteur de plantes doit maintenant pour dégager la racine, l’attacher à un chien et attirer l’animal au loin. Cette plante a une telle puissance magique que si l’herboriste s’aventurait à la déraciner lui-même, il s’exposerait à une mort certaine. Les textes ajoutent même que cette racine a en soi une telle puissance divine que, lorsqu’elle est extraite, au même moment, la plante émettait un cri d’agonie insoutenable tuant l’animal et l’homme non éloigné aux oreilles non bouchées de cire (Herbarius Apulei, 1481). En l’an 520, le manuscrit de Dioscoride de Vienne est illustré par deux miniatures sur lesquelles on voit une racine de mandragore attachée au cou d’un chien mort, gueule béante.

    Les précautions lors de la cueillette sont aussi énoncées dans les écrits de Paracelse (1493-1541). Pour se procurer la racine de mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Selon les divers écrits décrivant les rituels, on sait qu’ils se déroulaient les nuits de pleine lune. Les mandragores qui poussaient au pied des gibets étaient très prisées car on les disait fécondées par le sperme des pendus, leur apportant vitalité, mais celles des places de supplice ou de crémation faisaient aussi parfaitement l’affaire. La racine devenait magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représentait l’ébauche de l’homme, « petit homme planté » ou homonculus. Ainsi choyée, la racine de mandragore procurait à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité. Elle était vendue très cher en raison du risque à la cueillette.

    mandragora

    « Les sorcières étaient-elles droguées » ?

    On trouve aussi parfois la mandragore et la jusquiame dans la composition d’onguents utilisés par les sorcières. Une croyance très répandue aux XVIe et XVIIe siècles, voulait que les sorcières s’enduisent le corps d’un onguent avant de s’envoler dans les airs pour aller au sabbat. Elles s’y rendaient sur un balai ou une fourche, enduits eux aussi d’onguent.

    Les accusations qui conduisaient les sorcières au bûcher comportaient deux composants : les maléfices et le pacte avec le Diable. L’action judiciaire s’ouvrait sur une plainte pour les maléfices répétées d’une jeteuse de sort qui était censée provoquer la mort de nouveau-nés, faire tomber la grêle sur les récoltes, etc. L’accusation d’assistance au sabbat n’apparaissait que plus tard, lorsque les juges ecclésiastiques s’emparaient du dossier. À l’époque, tout le monde croyait au Diable. Il ne faisait pas l’ombre d’un doute, qu’en concluant un pacte avec le Diable, la sorcière pouvait accomplir des maléfices redoutables et travailler à la ruine de l’Église et de l’État. Des dizaines de milliers de sorciers et sorcières furent ainsi envoyés au bûcher en toute bonne conscience des autorités. Seuls quelques scientifiques et médecins humanistes dénoncèrent ces persécutions et osèrent soutenir que le sabbat n’était qu’une illusion. Le problème de la réalité du sabbat fut d’ailleurs posé à peu près en ces termes par des scientifiques dès le XVIe siècle : « La description d’assemblées démoniaques et de leur prodiges a-t-elle une réalité objective ou est-elle le résultat de la consommation de drogues hallucinogènes ? ». Dès cette époque, un médecin et humaniste espagnol, Andrés Laguna, arrive à la conclusion que tout ce que croyaient faire les sorcières était le résultat de la prise de substances narcotiques, et donc que le sabbat était le seul produit de leur imagination.

    Actuellement, les nombreuses études historiques quant aux aveux des sorcières ne permettent toutefois pas de conclure que les sorcières étaient des droguées. Si le témoignage de quelques sorcières utilisant des drogues hallucinogènes existe, le phénomène n’était pas généralisé et ne peut constituer une explication générale.

    Attention, toutes les informations en rapport avec l’usage traditionnel, la médecine et les vertus des plantes n’est qu’informatif. La mandragore est une plante toxique ! Son usage n’est en aucun cas recommandé.

    Sources, pour en savoir plus : -Christian Ratsch, Les plantes de l’amour, Les aphrodisiaques et leurs usages de l’antiquité à nos jours, éditions du Lezard, 2000. -Edouard Brasey, L’Encyclopédie du légendaire : trésors, artefacts et armes  magiques, éditions le Pré aux clercs, 2008.

    (source : alsagarden)

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