• La matérialisation de Katy King

    Florence Cook et la matérialisation de Katie King

    Les matérialisations de corps entiers de personnes par un médium semblent non seulement rares, mais hélas, n’ont jamais fait l’objet d’observations hors de toute critique. Le cas du médium Florence Cook qui fit se “ matérialiser ” en un corps fait de chair et de sang,

    l’esprit de Katie King, défraya la chronique dans les années 1870. 

    On regrettera la conclusion qui s’est imposée suite à l’observation attentive de témoins présents à plusieurs séances de Florence Cook : mystification et compérage avec… son mari !

    Florence Cook, médium britannique (1856-1904)

    Katy King

    Ce qui ne nous autorise pas pour autant à nier la réalité de ce phénomène en s’aidant de cette fâcheuse anecdote.

    Ce phénomène disparaîtra-t-il dans les prochaines décennies ?

    Il n’y a aucune raison objective pour que ce soit le cas, mais la rareté des sujets se prêtant à la rigueur expérimentale d’une part et la frilosité des scientifiques pour initialiser ce genre de recherches d’autre part, semblent bien nous préparer à cette disparition.

    Katy King   

     Matérialisation de l'esprit de Katie King par Florence Cook

    On aimerait que l’engouement, voire la passion qui anima de 1870 à 1930, de nombreux grands savants dans la recherche sur l’idéoplastie, renaisse avec la jeune génération de scientifiques pour l’étude du paranormal dans sa diversité phénoménologique actuelle.

    Article signé Jean-Pierre Girard

    (source : besoin de savoir)

        

    L’histoire de Katie King

    Les premiers médiums qui sont si rares, ne se produisent pas d’emblée. Il faut un certain temps pour arriver à produire des phénomènes physiques. D’un côté, le médium a besoin d’entraînement, et l’Esprit qui dirige les manifestations est obligé de s’exercer pour manier les fluides subtils avec la plus grande précision. Les cercles spirites qui obtiendront les meilleurs résultats sont ceux dans lesquels les assistants, une fois choisis, resteront toujours les mêmes. Chaque addition ou abstraction d’un membre nécessite un nouveau travail pour les Esprits et les résultats seront d’autant plus retardés.

    Premiers phénomènes

    Les premiers phénomènes psychiques furent signalés en 1871, d’abord en Amérique par la médiumnité de Mme Andrews, une servante irlandaise d’une trentaine d’années, mère de trois petites filles. Les séances eurent lieu chez son maître M. Keeler, à Moravia, pendant quatre ou cinq ans. On commençait, par des séances obscures ; alors on entendait des voix et des notes au piano, les assistants étaient touchés à la tête par des mains spirites. Des étoiles lumineuses se promenaient partout ; quand on posait des questions, les Esprits répondaient « oui » en faisant paraître trois lumières. Lorsque la séance obscure avait assez duré, une voix d’Esprit demandait la lampe, puis le médium allait se placer derrière le rideau et les apparitions commençaient. On y voyait paraître de nombreux Esprits qui se montraient à une ouverture du rideau, le médium était assis derrière. Une lampe projetait ses rayons sur les apparitions. La nouvelle de ces manifestations fut reçue avec incrédulité en Angleterre. Les médiums anglais essayèrent d’obtenir les mêmes faits dans des séances obscures. Ils ne furent pas peu surpris de réussir. Des figures se formèrent aux séances de Mme Guppy puis MM. Herne et Charles E. Williams obtinrent les mêmes manifestations dans l’obscurité ; les Esprits se montrèrent tenant une boule lumineuse dans leurs mains, cette lumière les éclairait très suffisamment.

    La médiumnité de Miss Florence Cook 

    A la même époque, c’est-à-dire à la fin de 1871, les premiers phénomènes eurent lieu en la présence de Melle Cook, une jeune fille de quinze ans. Son père devint membre de l’Union Spirite de Dalston. C’est ce qui explique l’attention qui fut donnée au développement de la belle médiumnité de Miss Cook, qui devint si célèbre par les investigations de M. Crookes. Ces phénomènes, dans tout autre milieu, eussent été infailliblement étouffés ou négligés. L’histoire de Miss Cook est fort intéressante. Les principaux détails ont été recueillis et publiés en un volume par M. Epes Sargent, à Boston, en 1875. Nous traduisons d’après ce dernier. Les premiers détails sont donnés par Miss Cook elle-même dans une lettre adressée à M. Harrisson en mai 1872, voici le texte. « Je suis âgée de seize ans. Depuis mon enfance, j’ai vu des Esprits et j’ai entendu des voix, j’avais l’habitude de m’asseoir toute seule et de causer avec les Esprits qui m’entouraient, que je prenais pour des personnes vivantes. Comme personne ne pouvait les voir ni les entendre, mes parents essayèrent de me faire croire que c’était de l’imagination, mais je ne voulais pas changer d’avis, aussi l’on me considérait comme une enfant très excentrique. » « Au printemps de 1870, je fus invitée chez une amie de pension. Elle me demanda si j’avais entendu parler de Spiritisme, ajoutant que son père, sa mère et elle s’étaient réunis autour d’une table et avaient obtenu des mouvements, et que si je voulais, ils essaieraient ce soir-là avec moi. »

    La première séance spirite

    Miss Cook demanda la permission de sa mère et la première séance eut lieu. Une communication lui fut donnée par un Esprit qui se disait sa tante ; puis lorsqu’elle resta seule à la table, celle-ci s’éleva à une hauteur de 1,20 m. Melle Cook continue le récit de ses premières séances. « Je rentais à la maison fort étonnée de ce que j’avais vu. Quelques jours après, je retournais avec ma mère pour faire la deuxième séance. » « Les Esprits nous donnèrent quelques preuves d’identité, mais nous n’avions pas confiance en eux. Enfin une communication par coups frappés nous fut donnée, disant que si on voulait faire l’obscurité, je serais portée autour de la chambre. J’éclatais de rire, ne croyant pas que cela fût possible ; on éteignit la lampe mais l’obscurité n’était pas complète, car il entrait de la lumière par la fenêtre. Bientôt, je sentis que l’on me prenait ma chaise. » « Je fus soulevée jusqu’au plafond.

    Tout le monde a pu me voir en l’air. J’étais trop effrayée pour crier, et je fus portée au-dessus de la tête des assistants et déposée sur une table à l’extérieur de la chambre. » « Ma mère demanda alors si nous pouvions avoir des phénomènes chez nous. La table répondit « oui » et que j’étais un médium. Le lendemain soir, nous étions réunis dans notre maison. Les Esprits nous cassèrent une table et deux chaises et occasionnèrent de nombreux dégâts. » « Là-dessus, nous avons déclaré que nous ne voulions plus jamais faire de séance. Les Esprits commencèrent à nous tourmenter.

    Des livres et autres objets furent lancés contre moi, les chaises se promenaient toutes seules, la table se soulevait violemment pendant les repas et des bruits terribles nous troublaient au milieu de la nuit. » « Enfin nous avons cédé, nous nous sommes remis à la table pour causer avec les Esprits. Ceux-ci nous dirent de nous rendre au 74 rue Navarino, que nous trouverions une association spirite. » « Nous y sommes allés ma mère et moi par curiosité, l’adresse était exacte. Nous y avons rencontré M. Thomas Blyton qui nous invita à une séance. Nous y avons fait la connaissance de M. Harrisson, qui a demandé à assister à nos séances. » « Nous ne doutions plus alors de la réalité de la communication des Esprits. Je commençais, dès ce moment, à tomber en transe. La première fois, un Esprit me fit parler et annonça à mon père que si je faisais des séances avec MM. Herne et Williams, nous obtiendrions des voix célestes dans la pièce. » « Nous nous réunîmes plusieurs fois avec ces messieurs et finalement nous obtînmes les phénomènes annoncés. L’Esprit qui dirige ces séances a dit se nommer Katie King. »

    Un curieux incident

    Le 21 avril 1972 eut lieu une nouvelle réunion avec Melle Cook et M. Herne : le compte rendu en fut fait par M. Harrisson dans son journal Spiritualist qui paraissait alors à Londres. On ouvrit la fenêtre et les volets, sans rien découvrir. La voix d’un Esprit se fit alors entendre, s’écriant : « M. Cook, il faut débarrasser la gouttière, si vous ne voulez pas que les fondations de votre maison soient attaquées. La gouttière est engorgée. » Fort étonné, on fit un examen immédiat. C’était vrai ! Il avait plu et la cour de la maison était pleine d’eau qui avait débordé. Personne n’était instruit de cet accident avant que l’Esprit ne l’eût annoncé de cette façon remarquable. En suivant la marche de la médiumnité de Melle Cook, on voit comment tous les phénomènes se produisent de plus en plus puissants et extraordinaires. Nous arriverons bientôt à l’apogée de ses forces magnétiques.


     

    Première séance de matérialisation de Katie King

    Jusqu’à présent, les séances spirites de Melle Florence Cook avaient lieu dans l’obscurité. M. Harrisson voulut remédier à cet état de choses et fit plusieurs essais avec des lumières différentes, chez M. Cook. Il obtint une lumière phosphorescente, au moyen d’une bouteille chauffée qu’il revêtit intérieurement d’une couche de phosphore mélangé avec l’huile de clous de girofles. Le 22 avril 1872, une séance eut lieu, les personnes présentes étaient Mme Cook, les enfants, la tante et la domestique. L’Esprit de Katie King se matérialisa partiellement pour la première fois. Melle Cook ne dormit pas pendant l’expérience ainsi qu’il ressort d’une lettre qu’elle écrivit à M. Harrisson, à la date du 23 avril 1872 ; voici ce qu’elle raconta. « Dans l’après-midi d’hier, Katie King nous dit qu’elle essaierait de produire quelques phénomènes, si toutefois nous consentions à faire un cabinet noir à l’aide de rideaux. » « Elle ajouta qu’il fallait lui donner une bouteille d’huile phosphorescente, parce qu’elle ne pouvait prendre le phosphore nécessaire sur moi, à cause du peu de développement de ma médiumnité ; elle désirait éclairer sa figure pour se rendre visible. » « Enchantée de l’idée, je fis les préparatifs nécessaires ; tout fut prêt à huit heures et demie, hier soir ; ma mère, ma tante, les enfants et la bonne prirent place dehors, sur les marches de l’escalier. » « On me laissa toute seule dans la salle à manger (je n’étais pas fière car j’étais trop effrayée). Katie revint se montrer à l’ouverture du rideau ; ses lèvres s’agitèrent et enfin, elle put parler.

    Elle causa avec maman, pendant quelques minutes ; tout le monde a pu voir le mouvement de ses lèvres. » « Comme je ne la voyais pas bien de ma place, je lui demandai de se tourner vers moi. L’Esprit me répondit : certainement, je veux bien ; alors je vis que le haut de son corps, seulement, était formé jusqu’au buste, le reste de l’apparition était comme un nuage vaguement lumineux. » « L’Esprit Katie commença, après quelques instants d’attente, par apporter quelques feuilles fraîches de lierre ; il n’y en avait pas de pareilles dans notre jardin. » « Puis on vit paraître, hors du rideau, un bras et une main tenant une bouteille lumineuse. Une figure se montra, la tête était couverte d’une quantité de draperies blanches. » « Katie approcha la bouteille de sa figure et nous l’aperçûmes tous, distinctement. Elle resta deux minutes, puis elle disparut. La figure était ovale, le nez aquilin, les yeux vifs, et la bouche fort jolie. » « Katie dit à maman de bien la regarder, car elle savait qu’elle avait un air lugubre. Pour ma part, j’étais trop émue pour parler ou même faire un geste. La dernière fois qu’elle se montra au rideau, elle resta cinq bonnes minutes, et chargea maman de vous demander de venir ici un jour de cette semaine. » « Katie King termina la séance en appelant la bénédiction de Dieu sur nous. Elle témoigna sa joie d’avoir pu se montrer à nos yeux. L’Esprit de Katie ne se servit pas de tubes pour nous parler. Ma mère déclara que la figure de Katie lui parut pâle et peu vivante. Les yeux étaient fixes, sans expression, tout comme des yeux de verre. »

    La seconde séance de matérialisation

    M. Harrisson se rendit à l’invitation de Katie, le 25 avril ; la seconde séance de matérialisation eut lieu devant lui. Il prit des notes intéressantes qu’il publia dans son journal. En voici des extraits. « Une séance eut lieu le 25 avril 1872, chez M. Cook, en ma présence ; le médium Melle Cook, était assise dans un cabinet obscur. On entendait gratter, de temps en temps ; l’Esprit de Katie, tenait un tissu léger qu’elle avait fabriqué avec lequel elle s’efforçait de récolter, autour du médium, les fluides nécessaires pour se matérialiser complètement. » « Elle frottait donc le médium avec le tissu qu’elle tenait. La conversation suivante, à voix basse, eut lieu entre Melle Florence Cook et l’Esprit. » Melle Cook : « allez-vous en Katie, je n’aime pas être frictionnée ainsi. » Katie : « ne soyez pas sotte, ôtez ce que vous avez sur la tête, et regardez-moi. » (Elle frictionnait toujours)
    Melle Cook : « je ne veux pas. Laissez-moi Katie. Je ne vous aime pas. Vous me faites peur. » Katie : « que vous êtes sotte ! » (Elle frictionnait tout le temps) Melle Cook : « je ne veux pas me prêter à ces manifestations. Je ne les aime pas. Laissez-moi tranquille. » Katie : « vous n’êtes que mon médium, et un médium est une simple machine dont les Esprits se servent. »
    Melle Cook : « eh bien ! Si je ne suis qu’une machine, je n’aime pas à être effrayée de la sorte. Allez-vous-en. » Katie : « ne soyez pas étourdie. »
    « Pendant la séance, Melle Cook, qui ne dormait pas, remarqua que l’Esprit n’avait de formées que la tête et les épaules ; le reste du corps semblait un nuage. Katie ne se tenait pas toujours à la même hauteur, tantôt élevée, tantôt près du sol, de sorte que son buste touchait le plancher. » « Dans cette position, elle effrayait particulièrement le médium. Parfois, on ne voyait qu’une tête, qui errait de tous côtés, sans jambe, ni corps visibles. » « A la séance suivante, la quatrième par conséquent, Melle Cook fut endormie par l’Esprit ; une lampe à benzoline éclairait la salle. Ce n’était déjà plus les séances obscures ; l’Esprit se contentait de faire baisser la lampe, lorsque la lumière le fatiguait. »

    Les photographies

    La matérialisation de Katy King  La matérialisation de Katy King 

    Au printemps de 1873, déjà plusieurs séances avaient eu lieu dans le but d’obtenir des photographies de Katie King. Les épreuves furent obtenues par M. Harrisson qui, par sa remarquable étude de ce cas étrange de matérialisation, eut une grande influence sur le développement de la médiumnité de Melle Cook. Le 7 mai, quatre photographies furent prises avec succès ; l’un d’elles a été reproduite par la gravure. M. Harrisson nous dit que, dans la photographie, les traits sont plus fins et plus beaux, et qu’il y a une expression de dignité dans la physionomie quasi-éthérée que rend mal la reproduction par la gravure qui a été éditée. Les expériences photographiques sont fort bien décrites dans le procès verbal ci-dessous qui a été dressé après une séance et signé des noms suivants : Amélia Corner, Caroline Corner, J. Luxmoore, G. Tapp et W. Harrisson. Les portes du cabinet furent ouvertes, des châles furent pendus devant l’ouverture. La séance commença à six heures du soir et dura deux heures environ, avec un intervalle d’une demi-heure. Le médium s’endormit aussitôt qu’elle fut installée dans le cabinet et quelques instants après Katie parut et s’avança dans la chambre.
    Melle Cook assistait également à la séance avec ses deux jeunes enfants qui s’amusaient beaucoup à causer avec l’Esprit. Katie était vêtue de blanc ; ce soir-là, sa robe était décolletée et ses manches fort courtes, de sorte que l’on pouvait admirer son cou merveilleux et ses beaux bras. Sa coiffure même qui lui serrait toujours la tête était légèrement repoussée et laissait voir ses cheveux châtains autour de sa figure. Ses yeux étaient grands et brillants, de couleur gris ou bleu foncé. Elle avait le teint clair et rose, ses lèvres étaient colorées, elle paraissait très vivante. Voyant notre plaisir à la contempler ainsi devant nous, Katie redoubla ses efforts pour nous permettre d’avoir une bonne séance.

    Puis, quand elle cessa de poser devant l’appareil, elle se promena, causant avec tout le monde, critiquant les assistants, le photographe et ses arrangements, tout à son aise ; elle trouva que l’appareil était une drôle de machine. Peu à peu, elle s’avança plus près de nous, s’enhardissant davantage. Katie s’appuya sur l’épaule de M. Luxmoore pendant qu’on la photographiait ; elle tint même la lampe, une fois, pour mieux éclairer son visage. Elle permit à M. Luxmoore et à Mme Corner de passer leurs mains sur sa robe afin de s’assurer qu’elle ne portait qu’un seul vêtement. Puis, Katie s’amusa à taquiner M. Luxmoore : elle lui tapa sur les joues, lui tira les cheveux, et prit son lorgnon pour regarder les personnes dans la salle. Les photographies furent prises à la lumière du magnésium, le reste du temps, l’éclairage consistait en une bougie et une petite lampe.

    Lorsqu’on emporta la plaque pour la développer, Katie courut quelques pas derrière M. Harrisson, demandant à voir. Lorsqu’il revint dans la chambre, il lui montra l’épreuve ; Katie se tint alors très près de lui, pour regarder, il la toucha même. Une chose fort curieuse se passa ce soir-là ; au moment où Katie se reposait devant le cabinet, en attendant de poser, on vit paraître à l’ouverture supérieure un grand bras d’homme, nu jusqu’à l’épaule, et qui agitait les doigts. Katie se retourna, fit des reproches à l’intrus, disant que c’était très mal à un autre Esprit de venir déranger tout, quand elle posait pour son portrait et elle lui commanda de se retirer au plus vite. Vers la fin de la séance, Katie déclara que ses forces s’en allaient, qu’elle était en train de fondre.

    Son pouvoir était tellement affaibli que la lumière qui pénétrait dans le cabinet où elle s’était retirée, sembla la dissoudre ; on la vit alors s’affaisser, n’ayant plus de corps du tout, et son cou toucha au sol. Ses dernières paroles furent pour nous dire de chanter et de rester assis tranquillement : « que c’était bien triste de ne plus avoir de jambes pour se tenir debout. » Nous chantâmes donc, selon son désir : bientôt Katie King revint, formée comme au début, et une autre photographie fut prise qui réussit fort bien.Après une poignée de main à M. Luxmoore, Katie retourna au cabinet et frappa pour que l’on vienne détacher le médium. Ainsi se termina la séance qui avait lieu avec toutes les garanties de contrôle désirables. La seule condition de l’Esprit avait été de nous prier de ne pas la regarder fixement pendant qu’elle posait. Voici les précautions qui avaient été prises au début de la séance.

    Mme Corner et sa fille avaient accompagné Melle Cook dans sa chambre où elles l’avaient fait déshabiller pour bien examiner ses vêtements. On lui fit mettre un grand manteau en drap gris, en place de sa robe qu’elle avait retirée, puis elle fut conduite à la salle de séance ; ses poignets furent attachés solidement avec du ruban en fil. Les nœuds furent examinés par l’assistance, et des cachets furent posés sur les bouts du ruban. Le cabinet fut examiné dans tous les sens, puis Melle Cook s’y assit. Le ruban qui la liait fut passé dans un anneau fixé au parquet, puis sous le châle, et le bout fut attaché à une chaise placée en dehors du cabinet ; de cette façon, si le médium eût bougé, on eût pu s’en apercevoir de suite. Pendant l’intervalle qui fut d’une demi-heure, on détacha le médium mais il resta constamment sous la surveillance de Mmes Corner. A nouveau, on refit les liens et les cachets pour tenir Melle Cook ; M. Luxmoore se chargea de ce soin, sa bague servit à imprimer les cachets posés sur les rubans. A chaque fin de séance, les liens étaient examinés par toutes les personnes présentes ; elles constatèrent que tout était intact. 

       

    Récit de Florence Marryat – Mme Ross Church

    « Les séances spirites ne peuvent avoir lieu avec une lumière éclatante. La chaleur et la clarté dispersent les fluides amassés par les invisibles pour les manifestations. (On n’obtiendra donc jamais le résultat désiré, si l’on n’observe pas cette règle essentielle.) » « On demanda un soir à Katie King pourquoi elle ne pouvait pas se montrer avec une lumière plus forte. (Elle ne permettait qu’un seul bec de gaz et encore fallait-il le baisser beaucoup.) » « La question sembla l’irriter énormément, elle nous fit la réponse suivante. » « Je vous ai souvent déclaré que je ne pouvais subir l’intensité d’une grande lumière. » « Je ne sais pas pourquoi cela m’est impossible et si vous doutez de mes paroles, allumez partout et vous verrez ce qui m’arrivera. Je vous préviens seulement que si vous me mettez à l’épreuve, la séance sera terminée tout de suite, je ne pourrai pas reparaître devant vous, ainsi choisissez. » « Les personnes présentes se consultèrent, on décida de tenter l’expérience afin de voir ce qu’il en adviendrait. Nous voulions trancher définitivement la question de savoir si le plus ou moins d’éclairage gênait le phénomène de matérialisation. Katie fut avisée de notre décision et consentit à faire l’essai. » « Nous sûmes plus tard que nous lui avions causé une grande souffrance.

    L’Esprit Katie se plaça debout contre le mur du salon et elle étendit ses bras en croix en attendant sa dissolution. » « On alluma les trois becs de gaz (la chambre mesurait seize pieds carrés environ.) » « L’effet produit sur Katie King fut extraordinaire. Elle ne résista qu’un instant, puis nous la vîmes fondre sous nos yeux tout comme une poupée de cire devant un grand feu. » « D’abord, ses traits s’effacèrent, on ne les distinguait plus. Les yeux s’enfoncèrent dans les orbites, le nez disparut, le front sembla rentrer dans la tête. Puis les membres cédèrent et tout son corps s’affaissa comme un édifice qui s’écroule. Il ne resta plus que sa tête sur le tapis, puis un peu de draperie blanche qui disparut comme si, subitement on eut tiré dessus, nous restâmes quelques instants les yeux fixés sur l’endroit où Katie avait cessé de paraître. Ainsi se termina cette séance mémorable. » « Les personnes qui assistaient aux séances demandaient souvent à Katie de leur donner un morceau de sa robe en souvenir d’elle, elle en distribuait volontiers et chacun en emportait ; quelques-uns avaient même eu la précaution de le placer dans une enveloppe cachetée. » « Mais en rentrant chez eux, l’étoffe avait disparu, à leur grand étonnement. Katie nous disait toujours que rien ne pouvait être matérialisé suffisamment pour durer sans emprunter la vitalité du médium ce qui l’affaiblirait beaucoup. » « Un soir Katie avait beaucoup coupé sa robe, je lui dis qu’elle aurait besoin de grandes réparations. Elle répliqua : « je vais vous montrer comment nous travaillons dans le monde des Esprits. » « Elle plia le devant de sa robe puis elle coupa avec les ciseaux ; en la dépliant, il y avait bien une quarantaine de trous. Katie s’écria : « n’est-ce pas une jolie passoire ? » « Nous étions tout près d’elle, nous la vîmes alors secouer doucement sa jupe et aussitôt tous les trous disparurent sans laisser aucune trace. » « Voyant notre étonnement, elle dit : « coupez mes cheveux. » « Ce soir là, Katie avait une masse de boucles qui descendaient jusqu’à la taille. Je pris les ciseaux et me mis à couper sérieusement, aussi vite que je le pus. Elle me disait : « coupez toujours, coupez toujours, pas pour vous, vous savez, car vous ne pourrez pas les garder. » « Je coupais donc, boucle après boucle, et aussitôt qu’elles touchaient terre, elles se reformaient sur la tête de Katie. Elle me dit alors de bien examiner ses cheveux pour voir où j’avais coupé. J’eus beau chercher, aucune coupure n’était apparente, les boucles tombées à terre s’étaient soustraites à nos regards. »
    Mme Ross Church termine ainsi son récit, mais ces intéressants détails ne sont pas les seuls qu’elle nous ait fournis. La lettre suivante fut publiée dans le « Spiritualist » de Londres. Elle s’exprime ainsi. « Le soir du 9 mai 1874, Katie King me conduisit, sur ma demande, derrière son rideau, je pouvais facilement distinguer les objets qui m’environnaient ; je m’approchai de Melle Cook dont je pressai la main, tandis que Katie me tenait par l’autre en se penchant sur mon épaule. » « Je suis certaine que ce soir-là deux intelligences distinctes étaient auprès de moi, et je puis jurer très solennellement que quelque fut la personnalité de Katie King, elle n’était pas Melle Cook. » « Le 13 mai, j’ai pu voir une fois de plus simultanément les deux formes. Katie permit à toutes les personnes présentes de s’approcher du rideau. On augmenta la lumière, et chacun put voir le médium en robe bleue, couché par terre et l’Esprit vêtu de blanc debout à côté d’elle. » « A la séance du 21 mai, qui fut la dernière, Katie me permit de la voir derrière le rideau.

    Elle me dit de placer la main sur son cœur, j’en sentis parfaitement les battements et je puis affirmer que si elle est en force psychique, la force psychique ressemble absolument à une femme. Katie avait demandé un grand panier plein de fleurs et de rubans pour la dernière séance. Elle s’assit par terre au milieu de nous et distribua des bouquets en souvenir d’elle. Le mien était composé de muguet et de géranium rose clair ; je l’ai gardé, les fleurs sont à peine fanées. Elle écrivit quelques mots devant moi sur un papier qu’elle me remit avec les fleurs. » « Voici ce qu’il contenait : Annie Owen Morgan (Alias Katie King) à son amie Florence Marryat Ross Church. Amitiés. Pensez à moi. 21 mai 1874. » « La scène d’adieux fut aussi pathétique que si la mort devait nous séparer ; Katie ne semblait pas pouvoir nous quitter. Elle revint nous voir une dernière fois et s’occupa surtout de M. Crookes qu’elle avait pris en grande amitié. Puis elle disparut pour toujours et jamais nous ne la revîmes. » « Je pense que si les sceptiques et les incrédules continuent à douter, malgré tous les témoignages fournis, ils ne pourront cependant pas croire que Melle Cook était capable de retisser instantanément le tissu de sa robe que nous l’avions vu découper, cela dépasse les forces humaines. » « Ils aiment à croire que Melle Cook sautait hors des vêtements blancs de l’Esprit qui s’était manifesté, et remettait les siens avec la rapidité de l’éclair, plutôt que d’adopter la théorie spirite qui est la plus simple. » « Si on n’admet pas la présence spirituelle de Katie, on attribue forcément un pouvoir surnaturel à Melle Florence Cook le médium, ce qui est tout aussi difficile à croire. Mais je n’ai pas pris la plume pour discuter, je raconte tout simplement ce dont j’ai été témoin. » F. Marryat.
    Ceci termine l’histoire de Katie King et de sa mission terrestre.
    En semant une graine féconde, cet Esprit a fait germer dans bien des âmes des idées sérieuses sur des doctrines occultes et les mystères de l’Invisible. Sa venue a marqué une ère importante dans le développement du Spiritisme, et nous avons pensé qu’il était utile de faire connaître son histoire aussi complète que possible. B. de Laversay
    Le 24 avril 1904, se désincarne Mme Corner (ex Melle Florence Cook).
    William Crookes écrit cette lettre de condoléances à la famille.
    « Transmettez de la part de Lady Crookes et moi-même notre sincère sympathie à la famille pour cette perte irréparable. Nous sommes persuadés que la croyance certaine que ceux que nous aimons veillent sur nous quand ils sont trépassés –croyance qui doit tant de sa certitude à la médiumnité de Mme Corner, ainsi qu’elle restera toujours dans notre souvenir- se renforcera et consolera ceux qui restent ici-bas. »
    Annonçant la désincarnation de Mme Corner ou Florence Cook, sa fille disait : « elle s’est désincarnée dans une paix et un bonheur profonds.»

    Oui, je crois qu’à la mort, notre esprit se dégage De l’emprise du corps et monte vers les cieux, Retrouver les Esprits qui l’attirent vers eux Pour ses affinités qui forment son bagage.
    Si le corps va pourrir sous quelque sarcophage, L’âme poursuit alors son chemin lumineux, S’éclairant toujours plus à la clarté de Dieu Qui la suit dans sa course et veut son sauvetage.
    Le corps est à la terre et l’esprit est au ciel ! Sauver l’esprit est donc notre but essentiel, Car la matière meurt si l’âme doit survivre !…
    La mort nous apparaît au jour libérateur
    Comme un ange des cieux qui, enfin nous délivre, Nous guérissant de la souffrance et de la peur !

    Gaston Dalavière  (source : spirit free)

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