• Le peuple mystérieux des nuages

    Sagesse ancestrale

    LES CHACHAPOYAS, le peuple des nuages  

      Caché dans les hauteurs des Andes péruviennes, ce peuple de guerriers, contemporain des Incas, est longtemps resté oublié de l'histoire. Ses incroyables nécropoles sont peu à peu mises au jour.

    Cet article est extrait du nouveau numéro hors-série de Sciences et Avenir:

    A la découverte des peuples mystérieux (n°163, juillet-août 2010). 

     Le peuple des nuages  

        Août 1997.

    Les archéologues Sonia Guillen et Adriana von Hagen se lancent dans une épuisante ascension de 45 kilomètres sur les pentes orientales des Andes Nord péruviennes, dans la région de Leymebamba. Elles ont été averties par les autorités locales que des huaqueros (pilleurs de tombes) viennent de dévaster un site ancien. Après plusieurs jours de marche, elles atteignent la corniche d’une falaise calcaire située au-dessus de la lagune des Condors, à environ 800 kilomètres au nord de Lima.  

        

       Là, sur le sol de sept chullpas, sortes de mausolées accrochés à la roche, gisent, éparpillés, des instruments de musique, des poteries, des ornements de coquillages, des textiles colorés, des quipus  et surtout plus de deux cents momies.

     Une extraordinaire nécropole chachapoya, restée inviolée durant plus de cinq siècles, vient d’être dévastée par des visiteurs à la recherche d’or. «Les huaqueros ont éventré de nombreuses momies, pensant mettre la main sur du métal précieux, mais, sans doute déçus de ne pas trouver grand-chose, ils en ont épargné quelques-unes », raconte aujourd’hui, depuis Lima, Sonia Guillen, directrice du Centro Mallqui, centre national de recherche sur les Chachapoyas.  

    Longtemps, l’existence de cette population est restée dissimulée dans les replis brumeux de l’histoire. A l’abri de hautes falaises, dans les forêts d’altitude, à plus de 3.000 mètres, là où s’entrelacent dans d’épais brouillards laiteux lianes, broméliacées et rares orchidées. Son nom lui vient des Incas, les grands maîtres du Tawantinsuyo l’empire des Quatre Quarts qui, au XVe siècle, la baptisèrent du vocable quechua «Chacha puyu», qui se transformera plus tard en Chachapoyas, «le peuple des Nuages»… [...]  

     LES CHACHAPOYAS Le peuple des nuages

       Ces guerriers, réunis en une vaste confédération, apparaissent pour la première fois dans des chroniques espagnoles du XVIe et du XVIIe siècle, en particulier celles de Pedro Pizarro et Guaman Poma de Ayala. Avant de tomber totalement dans l’oubli durant plus de trois siècles. Il faudra attendre 1843 pour que leur grande forteresse, Kuelap, et ses murailles de vingt mètres de haut, soit «découverte» au sommet d’une montagne par don Juan Crisostomo Nieto, un juge péruvien. Dans son sillage se rencontreront ensuite des voyageurs étrangers, tels les Français Charles Wiener ou encore Louis Langlois.

       Ce n'est qu'à la fin du vingtième siècle que, peu à peu, sont mises à jour les vertigineuses nécropoles de cette culture oubliée. Tel ces sépultures en chullpas, maisons funéraires accrochées à la falaise, découvertes au-dessus de la lagune des Condors et dans la région de Revash. Ou encore les sarcophages de terre renforcés d’armatures de bois, les purunmachus, retrouvés dans des anfractuosités de la roche, à Carajia, dans la vallée de l’Utcubamba. Hautes de 2,50 mètres, ces figures singulières, à l’intérieur desquelles sont enfermées des momies, ont l’apparence de grands masques de bois.

    Selon les dernières données, les Chachapoyas se seraient développés entre le IXe et le XVe siècle de notre ère, époque à laquelle ils sont conquis par les Incas.

    Malgré la singularité de leurs vestiges, ils demeurent encore un mystère pour les archéologues. «Contrairement à d’autres peuples andins, ils sont un sujet d’études assez récent, et nos informations demeurent très parcellaires», explique Sonia Guillen. De nouveaux sites sont régulièrement découverts dans la vallée de l’Utcubamba.

    D’autres, inviolés, restent sans doute encore dissimulés… au-dessus des nuages.  

    Bernadette Arnaud  Sciences et avenir (hors série n°163)  

     Notes : Dans l’ancien Pérou, en l’absence d’écriture, les quipus ont constitué un système original d’enregistrement. Des successions de nœuds le long de cordelettes de diverses couleurs reliés à une corde principale servaient à conserver des données.    

    (source : sciencesetavenir)  

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