• Les shadow people

    Surnaturel et fantastique

    Les Shadow people ou les créatures de l'ombre

    Un article de Mireille Thibault 

    SHADOW PEOPLE 

    Les Shadow people sont des ombres à forme humaine aperçues du coin de l’œil le plus souvent et qui disparaissent soudainement. Elles ont été observées par des gens de tous âges, habituellement à leurs résidences, et pendant les dernières heures de la journée. D’autres témoins les ont observé plus longuement, mais peu de détails peuvent être rapportés si ce n’est qu’elles sont d’un noir profond, et à l’occasion des yeux rouges sont décrits. Certains auteurs parlent d’un phénomène antique, puisque des cas ont été rapportés datant de centaines d’années, mais nouvellement reconnu sous le nom de Shadow people. Le plus souvent, ces ombres sont inquiétantes par leur seule présence, mais elles ne menacent pas les témoins ni ne communiquent avec eux. Dans des lieux hantés, nous relevons souvent l’observation d’ombres qui se déplacent, mais il convient de distinguer les deux phénomènes car ils se produisent lors de circonstances différentes.

    Les témoignages concernant les Shadow people sont de plus en plus nombreux, c’est pourquoi il convient de s’attarder sur ce phénomène.

    Les Shadow people se présentent sous la forme d'ombres, généralement aperçues fugitivement du coin de l'oeil. Leur aspect exact varie d'un témoignage à l'autre mais il est souvent fait mention de silhouettes humanoïdes de grande ou de petite taille, dépourvues de traits, parfois dotées d'yeux lumineux et de ce qui semble être une cape ou un chapeau des années 1930. 

    Vision d'artiste basé sur deux descriptions revenant dans plusieurs témoignages

    Bien que la plupart des témoins rapportent ne les avoir aperçu que du coin de l'œil car ils se déplacent rapidement et semblent vouloir échapper aux regards, quelques témoins disent avoir pu les observer plus directement voire avoir été attaqués par les shadow people : ceux-ci seraient capables de paralyser leurs victimes, même s'ils ne semblent pas capables d'interagir physiquement avec elles. Il est parfois fait mention que leur apparition s'accompagne d'un sentiment de peur et qu'ils dégagent une sorte d'aura maléfique.

    Les Shadow People sont principalement observés dans les pays anglo-saxons et plus particulièrement les États-Unis d'Amérique, si bien qu'il n'existe pas à l'heure actuel de mot en français pour les désigner. Ils semblent principalement avoir été popularisés par les auteurs américaines Rosemary Ellen Guiley et Heidi Hollis, via leurs livres et leurs apparitions dans des émissions de radio, ainsi que par des discussions à leur sujet sur le web en anglais.

    De nombreuses hypothèses y circulent en effet à leur sujet quant à leur nature. Selon les sources consultées, il s'agirait : 

    d'êtres d'un autre « plan d'existence », d'une « autre dimension » ou d'un « univers parallèle », qui se mélangerait parfois temporairement au nôtre, nous permettant ainsi de les apercevoir quelques instants.

    (source : paranormal-encyclopedie)

    Voici deux cas typiques recueillis chez nos propres témoins.

    Une jeune fille nommée Amélie, âgée de vingt ans, voit une ombre noire humaine depuis aussi longtemps qu’elle se souvienne, soit vers l’âge de trois ans. L’être se trouve toujours dans la même pièce qu’elle et l’adolescente l’aperçoit habituellement à quelques reprises au cours d’une semaine, toujours du coin de l’œil, et, dès qu’elle se retourne, il disparaît. C’est pourquoi elle ne peut en donner une description plus précise. Nous avons reçu également le témoignage de Nadia, une jeune femme qui résidait alors en appartement en compagnie de deux colocataires. Par un soir, elle se lève pour se rendre à la salle de bain et, se sentant observée, ferme la porte de celle-ci en demeurant dans la noirceur. Elle retourne ensuite à sa chambre, mais elle a toujours ce curieux sentiment de présence. Nadia dirige ensuite son regard vers la cuisine, située au bout du couloir, et distingue une forme humaine sombre, assise à la table de cuisine qui se lève et se dirige vers elle. La jeune femme croit d’abord qu’il s’agit de l’un de ses colocataires, mais, plus l’être s’approche, plus elle constate qu’il n’a pas de traits, ni de visage ou de vêtements. Ce n’est qu’une ombre, plus noire que le noir de la pièce dira-t-elle, et qui s’avance toujours dans sa direction. La peur s’empare alors de la jeune femme qui ouvre la porte de la chambre de ses colocataires en hurlant qu’il y a quelqu’un dans la cuisine. L’un des deux garçons se lève et se précipite dans cette pièce en courant. Il en revient rapidement, disant n’avoir rencontré personne. Effectivement, aucun intrus n’est découvert, mais dorénavant au moindre assoupissement Nadia se sent observée et se réveille. Quelques jours plus tard, elle quitte l’appartement, et elle n’a jamais revu l’ombre aperçue ce soir-là.

    Jadis, de telles présences étaient le plus souvent qualifiées de démoniaques ou ramenées au rang de légendes. Nous retrouvons d’ailleurs dans ces dernières de nombreuses descriptions de sombres créatures, ainsi le diable entre autres est décrit comme un homme noir se présentant parfois sous la forme d’une ombre noire humaine. Le djinn noir, sorte de génie de la religion islamique, est décrit pareillement. Également, il existe la description du Co-Walker qui est une sorte d’ombre s’attachant à un individu en particulier. Parfois on le dit fantôme, parfois un ange gardien, mais il se présente toujours à une seule personne. Certains le décrivent comme un démon maléfique qui s’acharne à détruire un individu afin de prendre sa place, mais cette créature peut également s’attacher à des enfants ou des vieillards esseulés et les accompagner au cours de leur vie À d’autres moments, le Co-Walker est décrit comme une fraction d’ombre aperçue lorsque l’on détourne les yeux rapidement vers lui, ce qui correspond aux observations reliées aux Shadow people. À ces moments, la personne suivie ressent une menace sans pouvoir identifier formellement d’où provient cette néfaste sensation.

        

    Diverses hypothèses ont été énoncées afin d’expliquer le phénomène des Shadow people ; il est question d’abord d’une origine démoniaque. La démonologie consiste en l’étude scientifique des démons et complète la théologie. L’abbé Isidore Froc (1997) du diocèse de Rennes explique que les Anciens ont imaginé l’existence d’esprits mauvais, invisibles mais puissants, afin d’expliquer l’origine du mal qu’ils observaient. Le terme démon provient du mot grec classique daimon (esprit) et est d’abord utilisé pour tout esprit bénéfique ou maléfique. Au fil du temps, ne sera conservé cependant que ce dernier rôle, et, pendant la période gréco-romaine tardive, le terme n’est appliqué qu’aux mauvais esprits. Les références aux démons peuvent se retrouver dans la Bible et tout d’abord dans l’Ancien Testament où sont mentionnés Bélial, Léviathan et Asmodée, mais ce n’est pas avant le second et le premier siècle avant J.-C. qu’une démonologie plus sophistiquée commence à émerger dans la théologie juive. (Partridge, 2004.) Par la suite, Satan a été la grande obsession du Moyen-âge, et Alain Boureau, dans son ouvrage Satan hérétique (2004), mentionne que la démonologie n’est pas aussi vieille que le démon lui-même. En fait, elle débute autour des années 1280-1320 alors que le diable prend place dans les pensées suite aux affirmations du pape Jean XXII traitant de commerce avec le diable comme pratique hérétique et les individus le pratiquant comme susceptibles d’être poursuivis par l’Inquisition. La bulle Super illius specula (1326 ou 1327) semble d’abord passer pratiquement inaperçue mais s’inscrit dans un changement de perception envers les pouvoirs du démon. C’est un tournant majeur qui finira par mener aux grandes chasses aux sorcières qu’a connu cette époque. Cependant, si l’aspect sombre et inquiétant des Shadow people peut mener à les associer à un phénomène démonologique, il faut considérer qu’en général aucune action néfaste ne leur est attribuée, si ce n’est la crainte provoquée par leur seule vision. Il conviendrait donc de se tourner vers d’autres explications à leur sujet.

    Les autres hypothèses explicatives mentionnées sont un phénomène paranormal (fantôme), la vision d’un être d’une autre dimension, des voyageurs du temps, un double de l’individu, et nous pourrions ajouter que la plus plausible consiste en un phénomène visuel ou biologique relié au témoin. En effet, des chercheurs ont découvert que la sensation de percevoir des ombres et de ressentir une présence alors qu’il n’y a personne peut se produire lorsqu’un individu souffre de grande solitude, soit lors d’une expédition en montagne ou encore en mer lorsque l’explorateur voyage en solitaire. Également, cet effet peut se produire lors d’une attaque mineure au cerveau ou encore si cet organe subit un problème de circulation sanguine ; les gens décriront alors le phénomène d’une ombre les accompagnant. Il faut noter que cette vue de côté d’une ombre ou d’une présence est également reconnue en psychiatrie sous le terme de psychose de la vision périphérique. Dans ces cas, il est question de simples hallucinations qui ne sont pas toujours rapportées comme étant des ombres noires cependant. Par ailleurs, il est possible d’associer la présence de sons de basse fréquence à une sensation de présence, et peut-être cela peut-il expliquer une partie du phénomène des Shadow people car, parfois, l’individu concerné est d’abord alerté par le sentiment d’être observé, il se retourne alors et voit à ce moment du coin de l’œil une ombre humaine. Il faut noter de plus que les observations décrites se produisent très rapidement, ce qui peut mener à de fausses interprétations de ce qui est perçu.

    Nous avons remarqué également, concernant nos témoins, que souvent leurs visions ou impressions spontanées se produisent lors de rêves ou d’états de sommeil plus ou moins profonds, ce qui rejoint les observations de certains chercheurs reliant divers phénomènes inexpliqués à des étapes de micro-sommeil. Dans ces cas, l’individu se trouverait dans une phase de sommeil léger qui peut ne pas être ressenti en soi, mais mène à des hallucinations hypnopompiques. Par ailleurs, d’autres problèmes de sommeil peuvent s’exprimer par le fait de se réveiller et d’être incapable de bouger, ou encore ressentir une faiblesse dans les jambes, entendre des bruits juste avant de s’endormir ou de s’éveiller, percevoir des sons que les autres n’entendent pas, etc. Kevin Nelson, neurophysiologiste de l’Université du Kentucky à Lexington, a effectué une recherche concernant de semblables expériences et publié un article à ce sujet dans la revue Neurology. Il y révèle que dans 60% des témoignages d’individus ayant vécu une expérience de mort imminente (NDE), ces témoins ont également rapporté avoir eu une expérience de rêve éveillé. Près de 24% des personnes interrogées révèlent avoir vécu une telle expérience sans avoir eu de NDE et 42% des cas admettent avoir déjà vu des choses, objets ou personnes que les autres ne voyaient pas, juste avant de s’endormir ou de s’éveiller. Par ailleurs, 36 % des personnes interrogées mentionnent avoir déjà entendu des sons, des voix ou de la musique que les autres n’entendaient pas et cela avant de s’éveiller ou de s’endormir. De plus, 46% déclarent s’être sentis paralysés une fois éveillés et nous savons que les expériences de rêve lucide peuvent inclure des épisodes de paralysie du sommeil au cours desquelles des hallucinations visuelles et auditives sont rapportées.

    SHADOW PEOPLE

    (dessin : themindunleashed)

    De ces informations il est possible d’émettre l’hypothèse que les visions de sombres silhouettes humaines soient reliées à un trouble du sommeil et aux rêves lucides. Dès le départ, nous avons remarqué que la majorité de nos témoins présentaient des problèmes de sommeil par le biais de cauchemars et de terreurs nocturnes débutés dès leur enfance. Il convient d’ailleurs de distinguer cauchemars et terreurs nocturnes. Les cauchemars sont des rêves élaborés avec un contenu effrayant et créant de l’anxiété. Il s’y présente des monstres, des créatures menaçantes, etc., qui peuvent être tirés de films ou de lectures portés à l’attention de l’individu et se produisent plutôt tard dans la nuit. Les terreurs nocturnes, quant à elles, sont caractérisées par un éveil soudain d’un sommeil profond, survenant au début de la nuit. Le rêveur se réveille alors, parfois de manière incomplète, avec des battements de cœur accélérés, la respiration rapide, et il présente des expressions de peur évidente. Les observations de Shadow people se produisent habituellement tard le soir et très souvent lorsque le témoin est fatigué. Il est donc possible qu’une forme de rêve éveillée soit une explication possible à ce phénomène.

    Par ailleurs, un cas est particulièrement intéressant à rapporter dans le cadre de notre propos, soit celui d’une jeune femme âgée de 22 ans, épileptique, qui subit une opération chirurgicale. Lorsque le neurochirurgien stimule la partie gauche de son cerveau à la jonction temporopariétale, elle commence à percevoir les ombres de plusieurs personnes rôder autour d’elle. Lors d’autres stimulations, la patiente ressentira la présence d’une personne inconnue se tenant juste derrière elle et mimant les positions qu’elle prend. Lorsqu’il lui est demandé de s’asseoir et d’agripper ses genoux, la jeune femme précise que l’ombre s’assoit également et le sujet a le sentiment déplaisant que celle-ci l’étreint dans ses bras, ce qu’elle dit être très perturbant. Également, alors qu’elle »performe » à certaines activités destinées à analyser le fonctionnement de son cerveau, elle sent que l’ombre tente d’interférer dans son jeu. « Il veut prendre la carte, il ne veut pas que je lise », précise-t-elle. La région du cerveau stimulée dans ce cas est en lien avec la perception de soi et la distinction entre son corps et celui des autres. Cette région déterminée aide l’humain à comprendre son environnement spatial et la position de son corps dans ce même environnement. Cette aire du cerveau est reconnue de plus pour être impliquée dans l’intégration de différentes modalités visuelles, auditives et tactiles. Les Shadow People décrits par les témoins se rapprochent étrangement de l’expérience vécue par cette jeune fille épileptique, tout comme les perceptions qui leur sont reliées, soit celles d’être observé et suivi.

    SHADOW PEOPLE

    (photo : paranormal-encyclopedie)

    Pour terminer, il peut être intéressant de traiter de la formation réticulée qui, située dans le tronc cérébral du cerveau humain, met le cortex en état d’alerte afin de pouvoir répondre aux signaux provenant des organes sensoriels. Elle fait donc le lien entre ce qu’enregistre notre cerveau et l’attention que nous portons à ces observations, qui est évidemment très diminuée lors du sommeil. Un mauvais fonctionnement de la formation réticulée pourrait amener un problème face aux signaux sensoriels, car si elle amène trop ou trop peu d’informations au cerveau, celui-ci devra s’organiser avec ces données incohérentes et pourra rendre le tout sous forme d’hallucinations. En fait, la formation réticulée détermine les informations utiles à l’individu et fait la sélection de ce qui est important pour lui. Pour un individu sous l’effet d’un stress, par exemple suite au visionnement d’un film d’horreur, la moindre petite ombre deviendra un signal important car elle peut receler le monstre qu’il a peur de voir apparaître. Dans le cas de nos témoins, un tel dysfonctionnement pourrait être occasionnel et sans réelle conséquence, si ce n’est la crainte pour l’individu de vivre une expérience inusitée, soit de voir soudainement à ses côtés une ombre noire inconnue. Si la formation réticulée est impliquée dans l’explication du phénomène de ces étranges apparitions, l’expérience toute entière pourrait n’être due qu’à une mauvaise analyse des informations amenées au cerveau.

    Nous devons admettre que bien que ces explications biologiques se révèlent les plus plausibles, il demeure que l’investigation au sujet du phénomène des Shadow people doit se poursuivre. Car des personnes apeurées continuent de rapporter leurs témoignages et pour l’instant nous ne sommes pas en mesure de les rassurer complètement, n’ayant pas démontré hors de tout doute la source de leurs observations.

    Mireille Thibault

    Écrivain et ethnologue

    (source : mondenouveau)

     

     

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