• Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

     Personnages étonnants 

    MALCOLM DE CHAZAL ET L’ÎLE -FÉE 

    Le "mage" de  l’île Maurice

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    "La parole est une Magie de Vie"

    «  Il faut réapprendre à l'homme à voir. Et pour cela atteindre le cosmique. »

    Malcolm de Chazal

    Malcolm de Chazal (1902-1981) est un personnage emblématique de l'Ile Maurice, ce petit bout de Terre perdu dans l'Océan Indien. A la fois poète, rêveur, peintre, écrivain, "Mage de l'Ile Maurice", incompris en son temps pour ses visions du monde et de l'Univers, ses écrits sont maintenant  plus en phase avec notre époque troublée, la recherche du Divin dans une nouvelle spiritualité, plus proche de la compréhension de la Nature et de l'urgence de sa préservation. Il avait rêvé de créer un "MalcolmLand" dans les années 1973, espace particulier avec un jardin suspendu, à mi-chemin entre centre touristique et la découverte de la beauté naturelle de  sa chère Ile Maurice (ILE-FEE) , où l'on aurait trouvé un "villlage-fée", un "restaurant-fée", des "ateliers-fée", des "robes-fée", des objets-fée", créés par des ouvriers "es choses-fée"... Les fleurs et les pierres lui parlaient de savoir cosmique et de connaissance universelle, sujets devenus  maintenant  à l'ordre du jour. Rendons-lui hommage dans cette modeste page, pour avoir osé témoigner de ses perceptions extra-sensorielles et de sa connexion à la Nature. 

    Lorsque Malcolm de Chazal vient au monde le 12 septembre 1902 – troisième enfant d'une famille qui en comptera treize – sur la propriété familiale de Cockerney à proximité de Vacoas sur les hauts plateaux mauriciens,(il s'installa ensuite sur la propriété patriarcale du Mesnil aux Roses), rien ne permettait de penser que naissait alors quelqu'un hors du commun qui allait, par sa créativité artistique et son génie poétique, bouleverser les idées reçues et les conventions. Sa famille est la cinquième génération depuis que François de Chazal de la Genesté avait choisi, en 1763, soit presque 50 ans après la prise de possession de l'île par la France, de quitter son Auvergne natale pour cette île lointaine alors connue sous le nom d'Isle de France.

    De l'enfant à l'ingénieur

    Malcolm de Chazal passe une enfance sans problème à Curepipe, la ville la plus haute du pays en altitude devenue, en quelques décennies, la deuxième ville de Maurice suite à l'afflux de ruraux confrontés au paludisme sévissant dramatiquement sur les régions côtières. Dans un texte intitulé Autobiographie spirituelle (en date de 1976 mais publié seulement en 2008), Malcolm de Chazal raconte sa scolarité, puis son départ pour la Louisiane afin d'accompagner son frère aîné qui est en âge d'aller à l'université. À Bâton-Rouge en Louisiane, il complète ses études secondaires avant de s'inscrire à une formation d'ingénieur en technologie sucrière. Il aurait, dit-il, préféré « être avocat et partir pour Londres ». Pendant toute cette période américaine, il entretient des relations régulières avec la communauté religieuse swedenborgienne de la région. Ses études – ce « supplice de fausse connaissance » selon lui – se terminent en 1924 avec un diplôme d'ingénieur agronome en technologie sucrière. Il travaille quelques mois dans l'industrie sucrière cubaine, puis s'offre des vacances à la découverte de l'Europe visitant l'Angleterre, la France et la Suisse avant de regagner Maurice le 27 avril 1925 par le paquebot Général Duchesne.

    Malcolm de Chazal retrouve, après une absence de sept ans, une île politiquement bouillonnante et économiquement florissante en raison d'une récente hausse du prix du sucre. Au niveau littéraire, une revue littéraire mensuelle, L'Essor, en est à sa dixième année et deux poètes tiennent le haut du pavé : Léoville L'Homme, le parnassien classique, qui allait mourir en 1928, et Robert-Edward Hart, le symboliste moderne, en début de carrière. Il aura avec ce dernier des relations régulières, fortes et profondes qui seront à l'origine de découvertes essentielles sur l'île et sur l'océan Indien.

     

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    Qui était Swedenborg ?

     (Emanuel Swedenborg, né le 29 janvier 1688n 1 à Stockholm et mort le 29 mars 1772 à Londres, est un scientifique, théologien et philosophe suédois du XVIIIe siècle. Son nom originel Emanuel Svedberg (ou Swedberg) est devenu officiellement Swedenborg après son anoblissementn 2

    Dans la première partie de sa vie, Swedenborg est un scientifique et un inventeur prolifique, ce qui lui vaut alors dans certains cercles le surnom de Léonard de Vinci du Nord ou encore d’Aristote de Suède1. À l’âge de cinquante-six ans, il déclare être entré dans une phase spirituelle de sa vie et a des rêves et des visions mystiques dans lesquels il discute avec des anges et des esprits, voire avec Dieu et Jésus-Christ, et visite le Paradis et l'Enfer.
    En 1741, il commence à éprouver des expériences où se projettent des points lumineux sur sa rétine. Il commence à s'intéresser à ses rêves. Il note ses expériences et ses rêves dans son Drömmar (Rêves) écrit entre décembre 1743 et octobre 1744 et dans son Diarium Spirituale écrit entre 1747 et 17656. Le 30 juin 1743, il se rend en Hollande où il règle des affaires avec son imprimeur.

    En 1743, il a sa première expérience mystique, dont il parle ouvertement dans une lettre à son ami le Dr Hartley : « J'ai été appelé à une fonction sacrée par le Seigneur lui-même, qui s'est manifesté en personne devant moi son serviteur. Alors il m'a ouvert la vue pour que je voie dans le monde spirituel. Il m'a accordé de parler avec les esprits et les anges... »7. À la suite de cela, alors âgé de 56 ans, il abandonne ses recherches scientifiques pour se consacrer entièrement à la recherche théologique et philosophique afin de faire découvrir aux hommes une spiritualité rationnelle basée sur des visions de l'au-delà. Il commence l'apprentissage de l'hébreu à l'âge de 57 ans.
    Toute sa théorie repose sur le principe des correspondances entre le monde spirituel et le monde matériel —une théorie qui intéressera Baudelaire, dont un poème s'intitule précisément « Correspondances »9. Pour Swedenborg, monde spirituel et monde naturel s'interpénètrent au point que toute frontière est fluide et incertaine. Le ciel et l'enfer ne sont pas des récompenses ou des punitions mais des états librement choisis : le ciel est un lieu de travail, d'altruisme, d'empathie, tandis que l'enfer est le règne de l'individualisme, de la haine, de la méfiance, de la poursuite du pouvoir. La personne haineuse et avide de pouvoir quitterait le ciel avec effroi pour retourner dans l'enfer, qui lui convient mieux. La conversation entre les anges et les esprits détermine les plus petits faits de notre vie10. Swedenborg fait une grande place à l'amour, tant spirituel que physique) Source : wikipedia 

     

    05-02-2017 - Le Gondwana sous l'Ile Maurice

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    Une nouvelle étude suggère qu'un "continent perdu" vieux de trois milliards d'années se cacherait dans l'océan Indien sous l'île Maurice. Une découverte réalisée grâce aux zircons, des minéraux présents dans les roches de la région.
    La Terre a beau être étudiée sous toutes les coutures par les scientifiques, elle a encore de nombreux secrets à révéler et certains ont de quoi étonner. Dans la revue Nature Communications, une équipe internationale vient de révéler la découverte d'un "continent perdu". Vieux de milliards d'années, il se cacherait dans l'océan Indien sous l'île Maurice. 

    Pour en arriver à une telle conclusion, les scientifiques ont étudié les roches libérées par les éruptions volcaniques passées de la région et plus précisément les zircons présents à l'intérieur. Ces minéraux ont la particularité de contenir des traces d'uranium, de thorium et de plomb mais aussi de survivre très bien aux processus géologiques.

    Pour les scientifiques, ils constituent des éléments précieux pleins d'informations car ils peuvent être datés avec une extrême précision. C'est ainsi en datant les zircons découverts au niveau de l'île Maurice que l'équipe du professeur Lewis Ashwal, principal auteur de l'étude, a découvert que quelque chose ne collait pas.

    Des zircons trop vieux   

    "La Terre est composée de deux parties : les continents, qui sont vieux et les océans, qui sont "jeunes". Sur les continents, vous trouvez des roches qui ont jusqu'à quatre milliards d'années mais vous ne trouvez rien de semblable dans les océans, parce que c'est là que se forment les nouvelles roches", a expliqué le Pr Ashwal de l'Université de Witwatersrand en Afrique du Sud.

    Les scientifiques pensent que l'île Maurice s'est formée il y a environ 9 millions d'années à partir de l'activité volcanique de la région. Aucune roche ne devrait alors être plus vieille que cela. Sauf "qu'en étudiant les roches de l'île, nous avons découvert des zircons remontant jusqu'à 3 milliards d'années", a révélé le géologue. Les minéraux n'appartiendraient donc pas à l'île Maurice.

    "Le fait que nous ayons trouvé des zircons de cet âge prouve qu'il y a des matériaux crustaux bien plus vieux sous l'île Maurice qui ne pourraient provenir que d'un continent", a affirmé le Pr Ashwal. Un "continent perdu" d'une taille inconnue qui ne viendrait pas de n'importe où.

    Issu de la séparation du Gondwana 

    Les scientifiques pensent que ce morceau de continent aurait été créé lors de la séparation du supercontinent connu sous le nom de Gondwana qui a donné naissance à l'Afrique, l'Inde, l'Australie et l'Antarctique il y a plus de 200 millions d'années. Plus fascinant encore, ils pensent que d'autres fragments de tailles variées se cacheraient sous l'océan Indien. 

    "D'après de nouveaux résultats, cette rupture n'a pas impliqué une simple séparation de l'ancien supercontinent de Gondwana, mais plutôt un éclatement complexe en fragments de croûte continentale de tailles variées qui sont partis à la dérive dans le bassin de l'océan Indien en pleine évolution", a détaillé le Pr Ashwal dans un communiqué.

    Cette étude n'est d'ailleurs pas la première à mettre en évidence l'existence de ce continent perdu. Elle confirme les résultats fournis par des travaux publiés en 2013 dans la revue Nature Geoscience. Ceux-ci avaient permis d'identifier des traces de très vieux zircons dans du sable de plage. Une découverte qui avait toutefois été remise en question, certains suggérant que le sable avait pu être transporté par le vent ou apporté par les pneus de véhicules. Publié par Émeline Ferard, le 02 février 2017

    Source : maxisciences

       

     

    L'évolution professionnelle

    Ses emplois dans l'industrie du sucre ne se passent pas bien et, tant sur la propriété sucrière de Saint-Aubin que sur celle de Solitude, il a bien du mal à s'insérer professionnellement. En fait il est en profond désaccord avec la vision économique et politique de l'industrie sucrière locale qui, selon lui, laisse s'accumuler les dettes et ne réinvestit pas les énormes profits des années 1920. Il s'éloigne – ou est éloigné – de ce secteur et entre dans l'industrie de transformation de feuilles d'aloès en fibres et cordes. Mais cette expérience dans le textile aboutit à un nouvel échec. Si l'année précise de sa démission de l'industrie textile n'est pas connue, on peut penser que son départ eut lieu dans le courant de 1934 car il était opposé à l'extension de l'usine à sacs où il travaillait et qui fut réalisée cette année-là.

     

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

     

    Malcolm de Chazal décide alors de faire connaître ses points de vue critiques et ses propositions sur l'économie et les industries locales en pointe. Dans un quotidien intitulé L'après-midi, il écrit en 1935, sous le pseudonyme de MEDEC, une série d'articles sous le titre générique Une synthèse objective de la crise actuelle, articles publiés la même année en brochure. Il enchaîne ensuite, toujours en 1935, avec un autre essai intitulé Nouvel essai d'économie politique. L'année suivante voit la parution d'un ouvrage avec un double titre : Historique de notre change et notre délégation (1932) à Londres et Une étude des différents aspects de notre industrie textile... Ces publications n'aboutissent guère à ce que Malcolm de Chazal souhaitait, à savoir une prise de conscience par l'oligarchie industrielle de l'intérêt d'un changement dans la gestion économique. Chazal rassemble ses réflexions sur l'économie dans un livret publié en 1941 sous le titre Laboratoire central de contrôle, préconisant une rationalisation de l'industrie sucrière du champ au port et proposant – en véritable précurseur – des idées qui seront concrétisées bien plus tard, telles un centre national d'analyse scientifique au service de la qualité du sucre, une mécanisation des docks et cetera. 

    Devant travailler pour vivre, Chazal choisit le fonctionnariat. Il a 35 ans quand il entre au Electricity and Telephone Department et est affecté aux bureaux de Plaine Lauzun à l'entrée de la capitale Port-Louis en tant qu'Inspector Grade II au salaire annuel de 3600 roupies. En 1954, il passe Commercial Inspector Grade I, puis en 1956, Trafic Officer à Port-Louis. « Je n'avais rien à faire. J'étais affreusement mal payé. Je fis voir mon incapacité. On me laissa en paix », précise-t-il dans Autobiographie spirituelle. À 55 ans, il demande sa mise à la retraite, qui lui est accordée. Un de ses collègues dans ce service, Emmanuel Juste, lui-même poète et écrivain, évoque le souvenir de Malcolm de Chazal, fonctionnaire, discourant longuement « du merveilleux du quotidien, des fleurs qui vivent en amitié avec les hommes, des montagnes-hiéroglyphes, du rituel des couleurs et de la lumière, des arcanes de l'alchimie » ou passant à toute allure « dans une sorte de transe, le visage préoccupé, le menton en défi » parce que « pris au sortilège d'une idée ».

     

     

     

    Les années 1940 : l'éclosion du poète 

    Les années passées au département du téléphone ne sont pas des années perdues : bien au contraire ! C'est pendant ces années-là que Malcolm – grâce à la fréquentation assidue d'intellectuels et d'artistes – peaufine sa pensée et entre dans une période d'éclosion poétique en publiant de façon régulière et intense. Sa toute première contribution littéraire date de 1936 : dans une revue culturelle éphémère intitulée Vivre, Malcolm de Chazal publie une quinzaine de pensées dont les deux premières résument probablement son art d'écrire et constituent des clés essentielles à son œuvre. 

     

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    Domaine sucrier de St-Aubin

     

    La première est la suivante :

    « Dante est grand parce qu'il a compris ce que trop d'écrivains ignorent : que les mots sont des créatures vivantes. Il peut les mélanger, les décomposer et les remettre à leur place pour en tirer des harmonies de sons et d'images, mais il n'oublie jamais que chaque parole est un être. Quand j'écris astres, avec ces six lettres, je ne trace pas des signes morts. Ils contiennent une substance réelle et organique. La parole est une magie de vie. » 

    La deuxième, plus courte, définit la mission de tout écrivain selon Chazal :

    « Avec sa pensée et sa fantaisie toujours hautes, le poète est presque toujours le prophète de l'ère nouvelle. »  

    En 1940, la publication d'un fascicule intitulé Pensées I vient confirmer par les 204 aphorismes écrits en 1937 et 1938 qu'il contient, trois choses : l'existence pour Chazal de nouveaux champs de réflexion et d'expression loin de l'industrie et plus proches de l'homme, la continuité envisagée de l'engagement littéraire et, à travers la couverture signée du peintre mauricien Hervé Masson, la manifestation concrète d'une collaboration entre artistes locaux.

     

    Les révélations de la pierre et de la fleur 

    La fin des années 30 et les années 40 constituent une époque importante de la vie culturelle, littéraire et politique mauricienne car, pendant que la vieille Europe est à feu et à sang entre 1939 et 1945, les intellectuels mauriciens sont à la recherche de nouveaux repères... Ils se réunissent, se regroupent, réfléchissent ensemble, débattent de sujets essentiels touchant aux arts, à la littérature, à la philosophie, à la politique, discussions au cours desquelles Malcolm de Chazal affine ses réflexions philosophiques. Le poète Robert-Edward Hart va alors faire découvrir à Chazal les réflexions, analyses et conclusions d'un réunionnais, Jules Hermann, auteur d'un ouvrage intitulé "Les révélations du Grand Océan" et publié de façon posthume en 1927. Hermann y expose comment le groupe d'îles du sud-ouest de l'océan Indien, les Mascareignes dont Maurice fait partie, appartenait à un vaste continent mythique, la Lémurie, où vivaient des géants proto-historiques qui en ont, entre autres, taillé les montagnes. Cette révélation ouvre à Chazal des horizons et des perspectives insoupçonnées :

    « Je ne peux plus voir, dès lors, mon île du même œil qu'avant. Un passé déjà m'avait soudé à l'Impossible, » écrit-il.

    Malcolm de Chazal partage cette découverte et sa conviction d'un nouveau pacte entre son environnement et lui avec ses proches du Cénacle, sorte de club informel des intellectuels mauriciens se retrouvant régulièrement à partir du début des années 40 chez le peintre Hervé Masson. La révélation de la pierre est désormais accomplie et ne cessera d'habiter le poète. 

    À cette révélation vient s'ajouter la révélation de la fleur, découverte personnelle qui eut lieu dans le jardin botanique jouxtant son domicile curepipien : Chazal, se promenant, voit une fleur, une azalée, qui le regarde. Commentant cet événement déterminant de son cheminement poétique, Malcolm de Chazal écrit dans "Autobiographie spirituelle" :

    « Désormais, alors que je n'étais rien pour les hommes, pour la fleur J'ÉTAIS QUELQU'UN, puisque la fleur prenait compte de moi. C'est alors que tout s'éclaire. Le paysage à Maurice n'était plus étriqué, seuls les hommes l'étaient. Une nouvelle perspective s'ouvrait devant moi. »

    Son île, la fiancée qu'il a choisi de ne jamais plus quitter, est dorénavant dotée d'une origine mythique remontant à la nuit des temps et tout ce qui la compose relève du féerique.

     

        

     

    « Disséquer la matière-homme » : la période des aphorismes 

    Les aphorismes, renfermant par définition des préceptes, conviennent parfaitement au projet initial de Malcolm de Chazal : aller par « pénétrations successives » à la découverte de l'homme et de son environnement au sens le plus large et le plus englobant, incluant les rapports avec l'espace, avec le temps, avec l'universel. Cette période est féconde en ouvrages et le temps passé à leur rédaction montre une fébrilité certaine de la part de l'auteur. En effet, entre 1942 et 1947, Malcolm de Chazal publie pas moins de huit ouvrages dont sept recueils d'aphorismes : Pensées II et Pensées III, en date de 1942, contenant chacun un peu plus de 250 aphorismes ; Pensées IV en 1943, riche de plus de 500 aphorismes rédigés en 3 mois ; Pensées V – 524 aphorismes rédigés en 5 mois – et Pensées VI – 723 aphorismes rédigés en 8 mois – publiés en 1944 ; Pensées et Sens-Plastique en 1945 avec plus de 1200 aphorismes... Le chef-d'œuvre, Sens-Plastique II , riche de plus de 2000 aphorismes, paraît en 1947 : cet ouvrage allait connaître une consécration parisienne. En effet, l'ouvrage de Chazal est re-publié chez Gallimard à Paris en 1948. Alors qu'à Maurice l'accueil de Sens-Plastique II, avait été plutôt mitigé, Jean Paulhan, qui dirige les Éditions Gallimard, et plusieurs écrivains français surréalistes trouvent que c'est l'œuvre d'un « écrivain de génie » ! Malcolm de Chazal hérite alors de ce label de génie qu'il mérite probablement. Sens-Plastique, que Chazal désigne comme contenant « le souffle de l'universel, puisqu'il est une cosmogonie de l'invisible », n'a de sens selon lui qu'à travers une grille de lecture qu'il propose en 1949 sous le titre La vie filtrée. Sa carrière parisienne s'arrête à ce deuxième ouvrage directement publié chez Gallimard à Paris : un moment adulé par les surréalistes et par leur pape André Breton en personne, Chazal ne bénéficiera plus de leur soutien en raison – semble-t-il – de son déisme. Il ne sera à nouveau publié de son vivant à Paris que vingt ans plus tard.

    Comme l'indique le nombre croissant d'aphorismes évoquant Dieu ou la puissance divine et compte tenu de la pression intérieure des révélations de la pierre et de la fleur déjà évoquées, la question de Dieu et du Divin est devenue primordiale pour Chazal au point qu'elle domine ses écrits ultérieurs. La surface d'expression que représentent les aphorismes devient, dès lors, trop étroite pour cette nouvelle quête. Le recours aux aphorismes (environ 7000 au total entre 1940 et 1948) est clos : cette période a finalement été une étape de prise de conscience essentielle pour Chazal qui, par paliers successifs, va maintenant « appréhender les choses du Divin ».

       (L’aphorisme, en grec aphorismos, du verbe ἀφορίζειν (« définir, délimiter »), est une sentence énoncée en peu de mots — et par extension une phrase — qui résume un principe ou cherche à caractériser un mot, une situation sous un aspect singulier. D'une certaine manière, l'aphorisme se veut le contraire du lieu commun. Par certains aspects, il peut se présenter comme une figure de style lorsque son utilisation vise des effets rhétoriques. Source : wikipedia )

     

        

     

    À la recherche des Principes essentiels 

    Si les portes de l'édition parisienne sont fermées, Chazal ne s'arrête pas pour autant d'écrire et de publier, même s'il doit le faire à compte d'auteur, pour un nombre souvent limité à 100 copies, écoulées au compte-gouttes sur le seul marché mauricien. Le rythme de parution des ouvrages de Chazal – donc de leur écriture – s'accélère : quatre en 1950, six en 1951, onze en 1952, six en 1953, quatre en 1954. Il publie entre autres des réflexions de plus en plus élaborées, frisant parfois l'hermétisme, portant sur des sujets de haute spiritualité tels, entre autres, La pierre philosophale (1950), La clef de cosmos et Mythologie de Crève-Cœur (1951), La grande révélation, Le livre de conscience, Le livre des principes et L'évangile de l'eau (1952). Bousculant les conventions, revisitant les textes bibliques, remplaçant la « mathématique chiffrale » par la « mathématique poétique », Malcolm de Chazal poursuit inlassablement sa quête. Sa religion qu'il définit comme « une pâte mêlée de christianisme et de naturisme spirituel » lui sert de guide dans l'univers souvent opaque des mots et des dogmes. Son roman-mythe Petrusmok (1951) que Chazal affirme avoir écrit avec fébrilité en quelques mois est, dans cette recherche, un moment clef : celui où l'Orient vient féconder l'Occident.

    Durant la première moitié des années cinquante, Malcolm de Chazal recherche un nouvel outil d'expression capable de donner à sa quête une dimension plus grande et plus forte : il a alors recours au théâtre qui est pour lui à la fois une instance de représentation sacrée et un outil salvateur et/ou rédempteur. Il écrit, alors, plusieurs pièces dont seule une sera interprétée sur une scène locale et qui seront – à l'exception des Désamorantes et du Concile des poètes en 1954 – consacrées majoritairement à des sujets d'origine biblique liés à la passion et à la crucifixion de Jésus-Christ : Iésou en 1950, Moïse vers 1950, Judas en 1953. Sa dernière pièce, Le concile des poètes, qui se déroule dans « une immense cité au Tibet » où « les plus grands cerveaux de l'Univers sont réunis », fait l'éloge de la « Fraternité Cosmique » comme moyen d'atteindre l'Amour et le Ciel qui est poésie.

    Après cet intermède d'écriture théâtrale pendant lequel il écrit plusieurs autres pièces qu'il aurait, plus tard, détruites par le feu, Chazal revient à l'édition, mais au rythme de « seulement » un livre par an : Le sens de l'absolu en 1956, Sens magique en 1957, Apparadoxes en 1958... Malcolm de Chazal aurait-il moins de choses à dire ? Ou n'a-t-il pas tout simplement clos – provisoirement – son quatrième cycle d'écriture après les articles d'économie politique, l'usage d'aphorismes, les écrits ésotériques et le recours au théâtre ? Sans doute, car à partir de 1958, il privilégie de nouveaux media : chroniques de presse, nouvelles et peinture.

    Ce n'est que bien plus tard qu'il revient à l'édition « classique » : dans le cas de Paris, chez Jean-Jacques Pauvert en 1968 (Poèmes) et 1974 (L'homme et la connaissance), puis aux Éditions Saint-Germain-des-Prés en 1976 (La Bouche ne s'endort jamais); dans celui de Maurice, en 1973 (L'Île Maurice proto-historique, folklorique et légendaire) et en 1974 (Sens Unique). Entre-temps, Malcolm de Chazal est coopté comme membre de l'association dénommée Académie mauricienne dès son lancement en 1964, mais il n'assiste cependant pas aux réunions.

     

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

     

    Les nouveaux relais  

    Parmi les nouveaux moyens d'expression adoptés par Malcolm de Chazal à partir des années cinquante, les chroniques de presse, publiées dans plusieurs quotidiens, permettent à Malcolm de Chazal de s'exprimer de façon régulière. De 1948 à 1978, il publie 980 chroniques portant, par exemple, sur des écrivains (mauriciens, français ou autres), sur des thèmes philosophiques, sur des sujets de société, sur la religion, sur l'atome, sur l'aventure spatiale, sur la poésie, sur l'immortalité, sur la/sa peinture, sur lui-même et ses rapports difficiles avec la société mauricienne et cetera. 

    S'agissant des contes et nouvelles, s'il en écrit beaucoup qu'il distribue autour de lui, il ne les publie pourtant pas. En 1957, déjà, Chazal consacrait, dans une lettre reproduite dans un quotidien le 7 décembre, quelques lignes à « un recueil de 40 contes, dans le style poétique absolu, au-delà du verbe de Petrusmok ». En avril 1959, il annonce avoir « écrit quatre romans » et il précise : « À la différence de mes pièces de théâtre, qui ont toutes des noms d'hommes, mes romans sont axés sur la femme, qui reflète des personnalités d'hommes ». Un mois plus tard, Malcolm de Chazal fait état d'un « assez fort volume de nouvelles » écrites pour s'« amuser » et qui sont « des contes occultes œuvrant sur le talisman, le rêve prémonitoire, les rencontres subconscientes, le double, etc. ». Mais ni volumes de contes et nouvelles ni romans ne paraîtront. Quelques contes, de veine poétique, figurent en ouverture d'un volume composé et édité en 1994 par L'Éther Vague alors que l'ouvrage collectif Malcolm en perspectives révèle en 2002 un conte prophétique intitulé L'Île Maurice en l'an 2000. Il est certain que plusieurs dizaines de textes existent et qu'ils restent inconnus du grand public jusqu'à ce que ceux à qui Chazal les a donnés veuillent bien les faire connaître en les partageant. 

    Écrire grandeur nature 

    L'arrivée de la peinture, enfin, comme moyen d'expression de la pensée chazalienne date de 1958, juste après la parution d'Apparadoxes et coïncide avec l'intensification du rythme des chroniques. Vocation tardive ? C'est vrai que Chazal a 56 ans et qu'il ne sait pas dessiner. Mais, affirme-t-il dans une lettre publiée le 1er juillet 1958 alors qu'il ne peint que depuis trois semaines, « le poète peut tout, même l'impossible ». Différents récits relatifs à cette vocation circulent dont celui racontant que voyant un enfant de ses amis peindre, il eut envie de faire de même car il voyait dans les réalisations enfantines dont il avait été témoin l'expression de vérités essentielles. Il est fort possible que cela soit exact. Mais le plus important est que Chazal, après avoir tant publié, prend conscience des limites du mot écrit. La peinture devient alors le moyen d'illustrer le verbe tout comme le théâtre avait été le moyen de donner au verbe une valeur tridimensionnelle : il va se fier aux couleurs pour humaniser l'univers et traduire la féerie du monde. Il peint comme il a toujours écrit : de façon fébrile, constante. Malcolm de Chazal produit ainsi des centaines de gouaches dont peu se vendent lors de ses différentes expositions à Maurice. En revanche, à l'étranger où il expose également (Galerie Charpentier, Paris 1961 ; Mercury Gallery, Londres 1967 ; Montréal 1967 ; Galerie Le Parti, Grenoble 1968 ; Hoover Galery, San Fransisco 1969 ; Galleria San Sebastianello, Rome 1972 ; Musée Dynamique de Dakar, Sénégal 1973...) son art est apprécié et acheté. Cette situation le pousse à brûler publiquement des toiles comme il le raconte dans une chronique publiée le 27 avril 1962 dans le quotidien Le Mauricien dans une manifestation de colère contre « la foule [qui] passe goguenarde, les mains rivées au portefeuille et au porte-monnaie » devant les salles où il expose. 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée Malcom De Chazal et l'Ile-Fée 

    Mais Chazal continue de peindre malgré tout : dans le grenier, qu'il transforme en atelier, de l'Hôtel National à Port-Louis, dans un grand hôtel du Morne au sud-ouest de l'île. Il forme même certains membres du personnel de cet établissement hôtelier à la peinture. Évoquant sa propre évolution, Chazal fait l'éloge de ses découvertes en matière de « mouvement d'essence » pour souligner qu'il initie une véritable « révolution mondiale en art ». Les motifs de la peinture de Chazal, peints en à-plats aux combinaisons multiples, sont éminemment mauriciens : villages de pêcheurs, cocotiers, fleurs, poissons et oiseaux féeriques, lieux de culte... La décennie 70 marque le passage à de nouvelles dimensions : la réalisation de tapisseries-fée et la confection de nombreux objets-fée sur des supports variés (tissus de toile ou de paille, céramique...). Objets touristiques, peut-on penser ! Chazal croyait dans le tourisme, un tourisme culturel qui, écrit-il dès 1961, « ne sera un succès que si le visiteur peut venir et partir avec cette odeur, cette transfiguration, cette transpiration de notre sol. Cette quintessence que sont le corps et l'âme de notre doux pays. » Dans cette perspective, l'Île Maurice est dans son intégralité île-fée et tout ce qui la constitue poétiquement mérite l'adjonction du suffixe « -fée », toujours maintenu au singulier comme pour souligner le caractère unique du concept. 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    C'est dans cette dynamique nouvelle que se développe, dans un premier temps, le concept de Malcolmland en 1973. Dans un espace géographique déterminé – là où l'infatigable marcheur qu'était Malcolm de Chazal aimait découvrir à pied les secrets des montagnes et des vallées mauriciennes – serait aménagé un écrin particulier du nom de Malcolmland avec un jardin suspendu contournant une montagne énigmatique du nom de Pieter-Both, pour recueillir l'essentiel de l'île-fée. L'animation de ce lieu serait assurée par un village-fée, un restaurant-fée, des ateliers-fée, des robes-fée, des objets-fée, le tout créé par « des ouvriers ès choses-fée ». Le projet ne fut jamais réalisé mais ce concept débouchera sur une nouvelle valorisation de l'île par Chazal en plein milieu d'une sérieuse crise économique post-indépendance. En effet, de 1972 à 1976, Malcolm de Chazal annonce régulièrement par la presse que le sous-sol de Maurice regorge de pétrole et autres matières premières telles l'uranium et le gaz naturel, richesses potentielles susceptibles de sauver son île-fée du marasme et dont il prétendait connaître l'emplacement. 

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    L'engagement public  

    Malcolm est très attaché à son île et cet attachement se manifestera par un engagement citoyen important en 1959. Aux élections législatives qui ont lieu cette année-là, deux partis dominent la vie politique locale, le Parti Travailliste déjà alors engagé dans la lutte pour une autonomie politique élargie et le Parti Mauricien qui refuse cette aventure. Malcolm de Chazal est candidat du Parti Travailliste à ces élections. Comme tout candidat, il organise et prend la parole à des meetings publics. Sur 3 676 votants, Chazal arrive à la seconde place avec 1 209 voix. Bien qu'il ne soit pas élu, son score est remarquable. Par la suite, Malcolm de Chazal ne sera plus candidat à des élections mais il restera un ardent défenseur du projet d'indépendance et restera proche du Parti Travailliste. Le bilan qu'il tire de son expérience politique est, d'ailleurs, positive, ainsi qu'il l'écrit dans l'une de ses chroniques de presse intitulée « Le poète et le peuple » : « J'en sors magnifié, glorifié en moi-même. Le peuple et l'artiste sont faits pour se comprendre. Car le peuple est artiste et l'artiste est peuple. [...] L'auteur de Petrusmok, cette fois, a pris contact avec le peuple de Petrusmok. [...] J'ai mis de la poésie dans la politique. » (Le Mauricien, 16 mars 1959). 

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    Une chose, en tout cas, est certaine : Malcolm de Chazal se sentait avant tout mauricien et ne se reconnaissait pas dans les compartiments sociaux de l'île et leur étanchéité basée sur la couleur et la race. Il reprochait au groupe social dont il était issu une étroitesse d'âme et d'esprit et, à l'île, comme il l'évoque dans l'avant-propos de Petrusmok, de « cultiver la canne à sucre et les préjugés ». Ce groupe lui renvoyait un profond mépris et Chazal fut même physiquement agressé à une ou deux reprises en raison de son franc-parler. Chazal se sentait « nègre-blanc » et en retirait probablement plus une satisfaction et une joie intérieures qu'une souffrance. Lorsque Léopold Sedar Senghor lui dit lors de leur première rencontre sur la plage du Morne dans le sud-ouest de l'île en 1973 : « La première fois que j'ai lu Sens-Plastique, votre chef-d'œuvre, j'ai cru que vous aviez du sang noir », Chazal répond en souriant : « Rien ne pouvait me faire autant plaisir. L'Art s'est réfugié, est revenu à ses sources : en Afrique et en Inde ».

    Malcolm de Chazal s'attendait-il à une reconnaissance quelconque, nationale ou internationale ? Lorsque les autorités britanniques locales lui offrent au nom de la Reine d'Angleterre une décoration (l'Order of the British Empire), il l'accepte dans un premier temps, puis la refuse publiquement. La question est relancée par le Président Senghor lorsque celui-ci exprime en 1976 son regret que « le prix Nobel ait oublié Chazal ». Malcolm de Chazal espérait-il le Nobel ? Il n'existe, à ce sujet, que peu d'éléments. En 1976, il exprime un refus motivé de se voir édité par l'éditeur parisien Seghers dans la collection Poètes d'aujourd'hui : « Pour la raison très simple que je ne veux donner aucune information sur ma vie à Maurice. Mon intention est de rester un mystère pour Maurice et pour le reste du monde. »

    « Jamais le poète n'est plus vivant que quand il est mort. » (Malcolm de Chazal, Advance, 8 novembre 1954) 

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    Malcolm de Chazal meurt le 1er octobre 1981. Maurice perdait alors sous sa forme charnelle son plus grand enfant de 79 ans. Mais Maurice aura beaucoup gagné à travers le cheminement spirituel et intellectuel de cet enfant : l'entrée de l'île sur la mappemonde surréaliste, le basalte et la fleur comme facteurs identitaires, l'affirmation d'une mauricianité sans réserve, la révélation de la féerie mythique insulaire omniprésente, l'humanisation des paysages, un message d'humanisme, l'importance de l'enfant et de l'enfance, une défense du tourisme comme bienfait culturel...

    Qu'était Malcolm de Chazal finalement ? Un fou ? Un génie ? Un « phénomène » au sens mauricien de ce terme, à savoir quelqu'un de bizarre, de pas ordinaire, de dérangeant, voire - même - de mentalement pas très clair ? Était-ce un prophète doté d'une parole sacrée, nouvelle, salvatrice dont l'apparent surréalisme n'aurait été qu'un biais stratégique dans la recherche d'une tribune ? Était-ce un théologien soucieux d'élaborer et de communiquer au fur et à mesure les clauses d'une nouvelle « Charte du Sacré » devant redonner du Mythique au Mystique et régir des rapports harmonisés et humanisés avec un divin épuré d'artifices ?

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    Peut-être était-il tout cela à la fois, unifiant sa multiplicité dans une recherche inlassable de l'absolu et une poursuite tenace de son œuvre, en dépit des railleries et des commentaires sarcastiques que lui réservaient les Mauriciens criant souvent à la folie, voire à la mégalomanie ou, en désespoir, se consolant en pensant que Maurice avait peut-être trouvé son Dali !

    Par un curieux hasard (Chazal dirait que cela n'existe pas), son tout dernier écrit public date du 14 janvier 1978 et est publié dans le quotidien Advance. Comme pour boucler la boucle, sa chronique porte sur l'économie et concerne la roupie mauricienne. L'article se termine ainsi : « On se croit riche, alors qu'on ne l'est pas. Qui peut nous donner une idée sur ce qu'on doit faire ? La valeur de la roupie ne peut être isolée. Elle est liée au tout qu'est l'Île Maurice. Changer le change ? Pour cela, il faudrait repenser l'Île Maurice. Nous n'y sommes pas encore. »

    Était-ce une feuille de route que le poète léguait à ses compatriotes : « repenser l'Île Maurice » ? Nul doute que de là où il se trouve, à travers le nouvel intérêt grandissant manifesté depuis quelques années pour sa pensée et son œuvre, Malcolm de Chazal a encore des révélations à transmettre et des directions à dévoiler. Son Autobiographie spirituelle est, sans doute, le tout dernier texte dans lequel Chazal parle de lui ; il avait même un moment pensé intituler ces réflexions : « le poète se raconte ». Cette Autobiographie spirituelle vient utilement apporter de nouveaux éclairages sur la vie et l'œuvre de ce géant de la littérature mauricienne, ne serait-ce que par ses phrases de clôture :

    «  Il faut réapprendre à l'homme à voir. Et pour cela atteindre le cosmique. »

    – Robert Furlong

    1er août 2008

    Source : lehman.cuny.edu

     

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    Chazal est un visionnaire ayant contribué à modifier le regard sur Maurice à travers une plume féerisant les paysages. Scope propose à ses lecteurs de mieux connaître ce créateur hors du commun, car comme il l’écrivit lui-même : “Jamais le poète n’est plus vivant que quand il est mort.” Retour sur un monument du patrimoine mauricien à l’occasion du premier festival de théâtre chazalien prévu à compter du 8 juillet.

    L’œuvre de Malcolm de Chazal est prisonnière de clichés selon lesquels ses écrits seraient illisibles et qu’il serait un mauvais aphoriste et un mauvais peintre; ou encore que Chazal fut frustré que le surréalisme français ne l’eût pas adopté. Car hormis André Breton, les communistes parmi les surréalistes ne considéraient pas Chazal, qui était déiste. Péché capital aux yeux de ceux qui lui refuseront le label surréaliste, bien que Sens-Plastique [1948, Gallimard] sera accueilli comme un ouvrage génial.

    Pour comprendre Chazal, acceptons que Chazal ne soit pas un essayiste, même si de nombreux essais furent écrits par lui; pas non plus un économiste, malgré des analyses économiques et politiques pointues; pas non plus un aphoriste, en dépit de ses 6,000 aphorismes; ni un peintre, malgré d’innombrables gouaches peintes à tour de bras; et encore moins un dramaturge, même si une quinzaine de pièces furent écrites de sa plume. Il se qualifiait comme un poète intégral. “Je suis un poète intégral. Tous les moyens d’expression n’ont aucun secret pour moi parce que je suis poète.” 

    Artiste complet.

    Tous les modes d’écriture et d’expression sont utilisés : des articles d’économie politique aux aphorismes. Son écriture naît d’ailleurs dans l’économie politique et deviendra quête poétique. Une écriture résolument dérangeante car reflétant son souci de bousculer les idées reçues et de revisiter certains fondements esthétiques et philosophiques.

    La contribution de Malcolm de Chazal au patrimoine artistique et culturel mauricien est considérable : 58 ouvrages (dont 54 publiés lors de son vivant), près d’un millier de chroniques de presse, des pièces de théâtre, des milliers de tableaux. Cet artiste complet fut tour à tour poète, chroniqueur, conteur, aphoriste, essayiste, peintre, dramaturge. Il fut aussi, bien avant l’indépendance, le créateur du concept de “mauricianisme intégral” (voir articles de presse plus loin).

    Il aura également été candidat du Parti Travailliste, en 1959, lors des premières élections au suffrage universel, dont l’enjeu fut l’autonomie administrative, premiers pas menant vers l’indépendance du pays. Il pose sa candidature à Rose-Hill mais est battu de quelque 700 voix par Henri Ythier du Parti Mauricien. Néanmoins, Chazal sortira victorieux de cette joute électorale sur un plan moral (voir chronique du 16/03/1959).  

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée   

    Anticonformiste

    Entre 1948 et 1965, Malcolm de Chazal publiera une vingtaine d’ouvrages, qui sont tous l’expression d’une pensée originale et d’un tempérament inquiet et anticonformiste. Il habite alors chez sa sœur, rue Bernardin de Saint-Pierre, à proximité du Jardin botanique. Un jour de promenade, le poète s’aperçoit qu’une fleur d’azalée le regarde. Réflexion renvoyant à l’idée que la nature est habitée, mais que les hommes la négligent par ignorance. Robert Furlong étaye ce propos par une citation : “La nature nous parle, mais nous sommes aveugles et sourds. Il faudrait que nous puissions décoder tout ce que la nature nous dit.” Seraient-ce les paroles d’un écologiste avant-gardiste ?

    Lui viendra un jour la révélation de la pierre. Il scrute les montagnes afin de les lire et en dégager un enseignement. Ce qui, par ailleurs, aboutira au roman Pétrusmok [1951], fondé sur le mythe de la Lémurie, sur lequel Chazal va asseoir une grande partie de sa métaphysique. Ce mythe découle des écrits de Jules Hermann, un notaire réunionnais et auteur des Révélations du Grand Océan (publié à titre posthume en 1927). Cet ouvrage postule que les Mascareignes sont des pics émergés d’un continent englouti (la Lémurie) dans lequel vivaient des géants sculptant des montagnes qui seraient des encyclopédies de vie. Ainsi en fut-il au sens de Chazal, cet interprète du monde…

    En quelques traits…

    Né de mère irlandaise, à proximité de Vacoas au lieu-dit Cockerney, le 12 septembre 1902, Malcolm de Chazal est le troisième d’une fratrie de 13 enfants. Il fait ses classes dans la petite école des sœurs Brunel à Forest-Side avant de faire partie des premières cohortes d’élèves du tout nouveau Collège Royal de Curepipe. En 1916, il accompagne son frère aîné en Louisiane aux États-Unis, y termine ses études secondaires, poursuit avec succès des études d’ingénieur en technologie sucrière et revient à Maurice en 1924. Au fil des ans, délaissant l’ingénierie, faute de s’entendre avec les industriels du sucre puis du textile et se repliant sur un modeste emploi de fonctionnaire au Telephone and Electricity Department, Malcolm de Chazal donnera priorité à l’écriture. Il décède le 1er octobre 1981, à 79 ans. 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée 

    Chazal et la foi

    Il est issu de l’école théologique swedenborgienne. Swedenborg étant un pasteur ayant eu des révélations. Il écrivit plusieurs ouvrages avec une certaine approche, dont celle de l’union complète de l’Homme avec la nature. Malcolm de Chazal a grandi dans ce giron et fréquenta l’Église de la nouvelle Jérusalem, dont son grand-oncle – Edmond de Chazal - fut un des fondateurs à Maurice. 

    Quelques Aphorismes

    Parmi les diverses catégories de fous, les génies sont les seuls fous lucides. Une nation qui n’a plus d’idées est mûre pour l’esclavage. Pensées de visionnaire. 

    - Dante est grand parce qu’il a compris ce que trop d’écrivains ignorent : que les mots sont des créatures vivantes. Il peut les mélanger, les décomposer et les remettre à leur place pour en tirer des harmonies de sons et d’images, mais il n’oublie jamais que chaque parole est un être. Quand j’écris astres, avec ces six lettres, je ne trace pas des signes morts. Ils contiennent une substance réelle et organique. La parole est une magie de vie.

    - Avec sa pensée et sa fantaisie toujours hautes, le poète est presque toujours le prophète de l’ère nouvelle.

    - La passion sans témoins a courte vie; Roméo et Juliette, dans une île déserte, s’établiraient bien vite en ménage bourgeois.

    - La passion a longue haleine et le souffle court – comme un parfum est d’autant plus resserré que son odeur est forte.

    - Le rire est le meilleur désinfectant de l’âme.

    - La volupté est un toboggan, où les conjoints se servent l’un à l’autre de véhicule.

    - Les vallées sont le soutien-gorge du vent.

    - La femme nous rend poète, l’enfant nous rend philosophe.

    - Dormir à deux rend la nuit moins opaque. 

    - La volupté qui désincarne partiellement est une résurrection en plus petit. La mort est peut-être un spasme qui se prolonge dans l’au-delà, comme le premier cri de l’enfant s’apparente au cri de volupté, à son plus haut pic. Dans l’arc-en-ciel on ne sait où commence le cadre et où finit le tableau.

    - Homme obèse qui gesticule semble plus gros qu’avant. La simplicité des gestes amincit.

    - Les étoiles sont la pupille de l’espace. Sans ces étoiles, la nuit ne serait qu’en deux dimensions, comme le regard des aveugles.

    - Les corolles sont les caleçons des fleurs. Arrachez leurs corolles aux fleurs et la fleur aura l’air indécente.

    - Dans la volupté, les cinq sens descendent dans le corps, laissant le sixième sens seul garder l’esprit. Si tout homme ne possédait à un certain point un sixième sens, le cerf-volant de l’esprit briserait ses amarres dans la volupté, l’esprit s’arracherait de terre, et l’homme mourrait dans le spasme.

    - Dieu rajeunit pour nous tous à mesure que nous vieillissons, l’homme cherchant par là à “compenser” dans Dieu la perte progressive de vitalité.

    - Sentir réclame le silence. L’odeur distrait des bruits. Femme, lorsqu’il m’arrive de humer ton parfum, garde le silence. Pour que je puisse mieux goûter ton chant, éloigne un instant de moi les parfums de ton corps.

    - Les saints ont le regard qui porte très haut, comme venant du front. Tels sont les regards spiritualisés !

    - Brouillard : la nature fait la barbe au soleil. Sitôt passé le brouillard, le soleil paraîtra glabre comme un sou neuf, ayant perdu dans le floconnement soyeux du brouillard qui s’éloigne les derniers vestiges de ses rayons hirsutes.

    - Il n’est pas de joie de vivre sans joie d’aimer.

    - On n’est plus en guerre avec les autres lorsqu’on a fait la paix avec soi.

    - Les couleurs, c’est le soleil vu dans ses différentes humeurs.

    - L’amour seul fait le miracle de nous mettre au centre du monde.

    - Qui sème l’ennui récolte la solitude.

    - Sans l’ombre, la lumière ne pourrait chevaucher les objets, et le soleil irait partout à pied.

    - Le gris est le cendrier du soleil.

    - Toute fleur est comme la Joconde : son regard d’où que nous la fixons nous suit partout.

    - On nous apprend l’art de penser, l’art d’écrire, l’art de parler… Pourquoi ne nous apprendrait-on pas l’art d’écouter ?

    - Parmi les diverses catégories de fous, les génies sont les seuls fous lucides.

    - Il faut s’efforcer d’être fort pour être bon, et bon pour être fort.

    - S’oublier est la meilleure façon de ne pas être oublié : c’est aussi la clef du bonheur.

    - La personnalité c’est oser être soi.

    - Une nation qui n’a plus d’idées est mûre pour l’esclavage.

    - La vie est courte et le temps est long – Dieu ne pourrait-il pas raccourcir le temps et allonger la vie ? 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    Chroniques de presse : Le poète et le peuple -(article écrit après les élections de 1959)

    Le Mauricien 16/03/1959

    Quelle expérience ! Quel enrichissement ! J’en sors magnifié, glorifié en moi-même.

    Le peuple et l’artiste sont faits pour se comprendre. Car le peuple est artiste et l’artiste est peuple. Qu’importe une défaite dont on sort vainqueur en amour ! J’ignorais que le peuple de l’île Maurice était tel. Je causais depuis des années au coin des rues, un peu parlant au Bazar Central à Port-Louis, etc. Et je me sentais peuple parmi le peuple. Mais je n’avais pas eu encore un contact de foule. Ah ! Sentir sa parole qui passe ! Communier ! Ressentir cette sensation énorme qu’on est aimé en masse !

    Quel changement de conscience pour un artiste et un poète.

    L’auteur de Petrusmok, cette fois, a pris contact avec le peuple de Petrusmok.

    L’orateur, dit-on, doit tordre le cou à l’éloquence. Mais combien le font ? Pour être vraiment orateur, il faut que le verbe jaillisse de l’inconscient. On est alors poète des foules. Il est l’orateur véritable : son verbe l’emporte et il est jeté parmi la foule, dont il dirige les sentiments.

    J’étais écrivain. Je suis devenu orateur; je me sens capable de parler à toute l’île Maurice étalée dans la plaine de Moka et où, juché sur le faîte du Pieter Both, je parlerai aux hommes avec le haut-parleur de l’âme de l’inconcevable beauté de notre île.

    La seule parole qui vaille est celle qui vient du cœur.

    Cette parole a jailli de mon cœur à la rue d’Epinay à Curepipe avec Kooraram; aux Casernes de Curepipe avec Ramsamy; en trois fois avec Delaître à la rue Rémy Ollier à Quatre Bornes et au stade de Rose Hill; enfin au Cinema Hall et au tribunal de Rose Hill, où je me suis, dans deux mondes différents, réellement “donné” à la foule.

    Qu’importe le reste, s’il y a eu consécration et si l’amour est vainqueur et si la parole est vivante !…

    Le poète vit sans recherche d’intérêts, nu de la parole et des gestes, le verbe en holocauste, le sacrifié et l’heure du sacrifice.

    C’est l’artiste. Et l’artiste des foules est le seul tribun.

    Telle gerbe de roses est pleine d’épines. Et il y a des épines fleuries.

    Les “épines fleuries”, je les ai cueillies à Rose Hill, dans l’amertume et la glorification.

    Et je pense à Vaghjee, celui dont j’ai parlé au Cinema Hall de Rose Hill comme de l’Hindou qui récite Mallarmé mieux qu’un Français et qui est tombé comme moi, la gerbe de roses à la main. Et je pense à Pouzet. Magnanime et grand dans la défaite, lui aussi grandi !…

    Il y a des défaites qui exaltent. Quant à moi, je n’ai pas été vaincu, puisque j’en sors avec l’amour du peuple.

    De Grand Baie à Tamarin, de Belle Mare à Pointe aux Sables, de Mahébourg à Baie du Cap, des hommes viennent vers moi, le visage chagriné, presque une larme au coin des yeux, pour me dire leur étonnement, leur effarement effrayé de ma défaite.

    Et je tombe dans une stupéfaction inouïe. Qu’ai-je fait pour que le peuple m’aime ainsi ? Je leur ai parlé avec mon cœur, mais avec mon cœur de poète.

    J’avais parlé pendant une heure et quart au Cinema Hall de Rose Hill. Le peuple insistait : “Cause encore. Mo oulé entende ou causé”. Unanime acquiescement quand mon verbe tonnait ou susurrait. Prestige, participation. Nous parlions à deux : je parlais à la foule et la foule me répondait.

    Tel était Rozemont, sans doute très supérieur à moi en tant que valeur du cœur. J’ai mis sur mon affiche : L’ami du peuple, mais n’avais-je pas usurpé ?

    Le peuple de l’île Maurice ne demande rien. Il n’a de haine pour personne. Il se suffit de peu. Mais il veut qu’on l’aime. Il le veut de toutes ses forces.

    Entre le poète et le peuple, il y a communion d’essence, parce que le poète est peuple et le peuple est poète.

    J’ai mis de la poésie dans la politique, comme l’a fait Rozemont.

    N’attaquez personne, mes amis; mettez partout l’huile de la douceur. Pardonnez à nos ennemis politiques. Ce sont des Mauriciens comme nous.

    Et il y a d’amères victoires quand on vainc Malcolm de Chazal. Le vaincu sort de la lutte glorifié.

    Une nouvelle ère s’ouvre à nous. L’entente maintenant est possible, parce que chacun a son dû.

    Il y a une politique qui sort toujours vainqueur même après les plus terribles défaites : cette politique invaincue, invincible, c’est la politique du cœur.

    Le pays passe et recommence. Hier se soude à aujourd’hui dans une nouvelle ère.

    Le miracle éternel est le peuple éternel, artiste d’amour, poète de joie, fils exalté.

    À mes amis de Rose Hill, j’envoie le salam d’un poète et d’un ami. Et je leur souhaite bonheur et prospérité dans leur nouveau député. 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    Revue de presse

    À propos de Poèmes et Apparadoxes.

    « S'il était encore parmi nous, Malcolm de Chazal pourrait vérifier la force des intuitions qu'il a semées tout au long de son œuvre. Prophétique, quasi inspirée, sa vision poétique d'un monde dont tous les objets sont «animés» semble d'une grande actualité. C'est pourquoi, on félicite l'éditeur Léo Scheer qui, au diable les «seuils de rentabilité», a entrepris, dès 2004, la parution de Petrusmok et poursuit, aujourd'hui, par la publication de Poèmes, Apparadoxes, l'édition des œuvres complètes de Chazal. . Notons, au passage, que les «devinettes mauriciennes» regroupées dans le chapitre qui donne son titre à l'ouvrage sont inédites. L'œuvre de Malcolm de Chazal est celle d'un érudit natif de Maurice, qui était à la fois poète, peintre, philosophe et mystique. Elle est largement méconnue… Bien que Chazal soit philosophe, la pensée chazalienne n'est pas démonstrative. Elle procède par «illuminations» mettant «en correspondances» les mondes visible et invisible. Il s'inquiétait des risques que fait courir à notre planète «l'harmonie inexistante». Pour advenir, la paix, le beau, le bien exigent «la fin de la séparation dualiste de l'homme et du monde». Dans la prison du dualisme, l'homme dépérit ; animaux, végétaux et minéraux sont réduits à l'état d'objets. Le salut ? Tisser des liens entre espèces permettait ainsi d'accéder à la vérité profonde de l'univers ; ces «communications» poétiques se fondent sur un «sixième sens», de nature plastique. À force de sensibilité, l'artiste rejoint le savant, qui peut - et doit - pressentir les équilibres du vivant. L'idée de la «Chute» hantait Chazal, pour qui «chaque oiseau a la couleur de son cri»… Comprendre la réalité du monde ? «Ce n'est pas l'intelligence qui peut y parvenir, mais un «sixième sens» qui est comme la réunion suractivée des cinq sens actuels», disait-il encore, ajoutant aussitôt : «Je plonge tout l'homme dans la nature, (…) et je mets de la nature dans l'humain.»… «Il faisait Si chaud Que Les fleurs Durent Se Servir de Leurs couleurs Comme éventails», murmurait Chazal voilà trente ans. Ajoutant aussitôt : «L'abeille Quittant Chaque Fleur Sort Avec Un geste Ivre.» Lorsqu'il affirmait «La brise pense», de Chazal ne faisait rien d'autre que de pressentir les théories de nos biologistes… »Note 3

    Annick Geille, Le Figaro Littéraire, le 19 mai 2005. 

    Source : lemauricien 

         

    Un livre sur les Pyramides du Monde et de Maurice :

     Les Pyramides à travers le monde de Samir Osmanagich 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée 

    Les Chazal et Maurice 

    Article paru dans Le Mauricien | 11 août, 2014 - 15:15 | Par JEAN-PIERRE DE CHAZAL  

    Les Chazal et Maurice, c'est une longue histoire d'amour émaillée de relations quelquefois tumultueuses. Depuis l'arrivée au milieu du 18ème siècle de François de Chazal de la Génesté et de son frère Régis de Chazal de Chamarel, l'attachement à Maurice des générations suivantes ne s'est jamais départi. Même ceux qui s'en sont allés pour d'autres horizons reviennent toujours en visite; la particularité insulaire de cette belle terre volcanique et l'histoire extraordinaire personnelle de certains de leurs ancêtres les y incitent.

    L'écrivain français Christophe Chabbert vient de publier chez l'Harmattan les "Correspondances de la famille de Chazal, 1767-1879''. Ces correspondances déjà publiées à Maurice en 1910 à l'intention de la famille, ont été reprises par ce spécialiste de Malcolm de Chazal. Il les a annotées et commentées et en outre complétées par des recherches généalogiques. Ces lettres échangées entre les Chazal de France et ceux de Maurice, en particulier avant, pendant et après la révolution française, sont historiques.

    Dans la quatrième de couverture de son livre Christophe Chabbert nous dit notamment :

    « Les Chazal sont à part, toujours à contre-courant, toujours là où on les attend le moins. Peu de familles peuvent se prévaloir d’avoir enfanté des caractères aussi forts, des tempéraments de feu capables de toutes les audaces. La Correspondance rend compte de ces destins, à la fois ordinaires et exceptionnels, d’un milieu, la noblesse, d’une aspiration sans cesse en mouvement vers le progrès : les Chazal sont résolument des modernes même s’ils cultivent volontiers la tradition. La figure de Malcolm de Chazal, le mage de l’île Maurice, incarne bien cette propension familiale à vouloir déchirer des habits traditionnels trop étroits pour ceux qui les portent. Malcolm le flamboyant n’est finalement qu’un rameau parmi d’autres de cette luxuriante maison. Il cache par son aura bien d’autres excentriques : Pierre, le juge charitable de la cour des aides, François, le Rose-Croix alchimiste, Toussaint, le novateur, Charles, le royaliste, Edmond, le réformateur apostat, Evenor, l’aventurier de Madagascar, Lucien, le médecin au grand cœur. Comme il y a un esprit Mortemart, il existe un esprit Chazal que les initiés appellent le " moutouc-Chazal ". Être Chazal, c’est en effet accepter de ne pas être comme tout le monde, d’être parfois incompris, d’être en permanence en avance sur son temps. En un mot, être moderne. »

    Ce texte est un éloge envers les ascendants Chazal. Personne n'avait écrit quelque chose d'aussi fort. Aucun membre de la famille, hormis Malcolm, n'aurait eu l'outrecuidance d'écrire ces lignes. Christophe Chabbert, extérieur à la famille Chazal, les a écrites. Alors fièrement, elle les accepte et les considère comme un hommage aux membres de la famille ainsi cités.

    Au regard du « moutouc-chazal », cette singularité qui attiserait l'originalité et ferait penser et agir différemment les membres de cette famille, Malcolm de Chazal disait entre autres à son propos, qu'il l'arrosait tous les matins. Les quelques 500 descendants de Régis de Chazal (1735-1772) actuellement vivants à Maurice sont probablement eux aussi atteints par cette exception génétique. Ils doivent impérativement, comme Malcolm, entretenir et nourrir leur « moutouc », si jalousé par certains. L'esprit Chazal a vocation à se perpétuer.

    - Ce livre est disponible à l'Atelier Littéraire, 12 rue St-Louis, Port- Louis ainsi qu'à la librairie le Trèfle, Arcades Currimjee, Curepipe.

    Source : .lemauricien 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée  

    François de Chazal de La Genesté et les Rose-Croix 

    Comme il vient d’être signaler ; avec la Rose-Croix d’Or, ses neuf grades et sa tendance néo-maçonnique nous sommes devant une dégénérescence annonçant la dissolution du courant hermétique dû au matérialisme du siècle des Lumières. Le courant originel se définissait par l’enseignement de maître à disciple, et le statut de Rose-Croix n’était obtenu que par la connaissance du modus operandi, et l’obtention de la pierre philosophale. Le Comte de Chazal peu connu en France, et rendu fameux dans le monde anglo-saxon par deux ouvrages de A. E. Waite sur l’histoire des mouvements rosicruciens, fut sans aucun doute membre d’une des dernières filiations issue de ce courant originel. J’espère que bientôt sera révélé une partie des documents et correspondance du Comte de Chazal actuellement détenue dans des archives privées, clarifiant ainsi l’histoire de cette filiation française...

    Fulcanelli semble avoir eu moins d’informations que le génial écrivain surréaliste Malcom de Chazal, descendant de l’adepte, qui nous livre une partie de ses recherches sur son ancêtre dans son admirable livre Pétrusmok, même si les assertions de Guénon sur une filiation avec le comte de Saint-Germain sont sans fondement. La plupart des documents que nous ayons sur le comte de Chazal nous vient à l’origine de son disciple ; docteur, naturaliste, voyageur, peintre et alchimiste, Sigismund Bacstrom, dont la biographie n’a pas encore été faite et dont la vie est fort mal connue, alors qu’il fut un des alchimistes les plus actifs de son époque et sans doute un des traducteurs du XVIIIe siècle de textes alchimiques en langue anglaises les plus prolifique ...

    C’est Frederick Hockley occultiste et propriétaire d’une bibliothèque riche de nombreux et rares manuscrits et livres qui fit l’acquisition de l’original du texte d’admission de Bacstrom dans la société de la Rose-Croix ; nous trouvons à cet égard une entrée dans la List of books chiefly from the library of the late Frederick Hockley (1887) ; 1833 Journal d’un Philosophe rosicrusien ... [comme 1829], [et] Copie d’Admission du Dr. Bacstrom dans la Société de la Rose Croix par le Comte de Chazal en l’île Maurice 1794.

    Dans une lettre du 12 août 1874 à son ami Irwin, il écrit posséder aussi le manuscrit Anecdotes sur le Comte de Chazal FRC. Ces documents originaux malheureusement furent détruits à la fin du XIXe siècle lors d’un incendie au siége de la société Théosophique, il nous reste cependant des copies...

    Le docteur Bacstrom nous narre dans le manuscrit « Anecdotes sur le Comte de Chazal FRC » les circonstances de sa rencontre avec le comte. C’est par l’intermédiaire du docteur Philippe Petit-Radel, chirurgien français auteur célèbre de l’époque, fuyant la révolution, né à Paris en 1749, mort en 1815, qu’il est présenté en 1793 à l’île Maurice à François de Chazal de la Genesté (25 août 1731 à Montbrison - décédé à Montagne longue le 13 octobre 1795.

    Après avoir conversé de nombreuses fois de la théorie du Grand Œuvre, au vu des connaissances en hermétisme de Bacstrom le comte l’initie, et le reçoit dans la société de la Rose-Croix le 12 septembre 1794 et lui signifie que lui-même fut reçut à Paris. François de Chazal démontre son statut d’adepte à Bacstrom en faisant dans son laboratoire démonstration de son pouvoir de transmutation ; il produit d’abord 30 carats d’un or excessivement cassant, vingt-quatre carats d’un or encore plus resplendissant et ductile, de l’or d’une couleur encore plus radieuse quelque peu plus lourd que le dernier. Dans une lettre datée du 16 mars 1804 à son disciple Alexander Tilloch, Bacstrom révèle que la bibliothèque de Chazal comprenait plus d’un millier de volumes, en toutes les langues et l’adepte possédait aussi un laboratoire et un ensemble d’appareils, comportant des instruments d’astronomie et de mathématiques...

    Dans un ouvrage édité par la famille de Chazal comprenant la correspondance des principaux membres de cette famille, se trouvent les instructions de la veuve de Régis de Chazal à ses enfants, le 15 mars 1787 elle leur précise le commandement de ne pas oublier les livres, les nouvelles, et tout ce qui sera curieux et extraordinaire dans les nouvelles découvertes de science, chimie, magnétisme etc. pour leur oncle François. Dans une autre lettre il souscrit à la commande d’une série d’ouvrages de l’alchimiste et cartomancien Aliette, mais aussi il recherche des récits de voyages, des livres de naturalisme, de botanique, de minéralogie... A ces lectures, on ressent un homme curieux de tout, universel dans sa quête de savoir, utilisant sa connaissance au profit de la communauté, il introduit d’ailleurs des plantes utiles dans son île, et fait évoluer l’agriculture. Bacstrom nous confirme qu’il gardait les traces de ses expériences magiques et des soins qu’il avait réalisés au moyen du magnétisme animal, de l’électricité, du galvanisme, …toutes choses qui furent confirmées par les gens les plus respectables de l’île. Il fut admis au Conseil supérieur de l’île de France, Maire et Electeur de Port Louis. En 1772 il est second conseiller...

    Colonne Liénard

    En 1789 il reçoit du roi un brevet de conseiller honoraire. Son nom est inscrit sur la colonne élevée par M.Lienard au Jardin de Pamplemousse, comme un bienfaiteur de la colonie. Bacstrom lui prête le pouvoir d’observer les événements à distance (avec l’œil de l’esprit), le Comte tenait dans un journal le compte-rendu de tout ce qui se passait à Paris au moment de la Révolution française, même si toute communication physique était interrompue entre Maurice et la France à cette époque. On dit qu’il a éduqué une centaine d’orphelines et qu’il les a dotées d’une somme d’un million de piastres, et ses autres actes charitables moins visibles étaient aussi nombreux. La correspondance de sa famille montre un parent aimant, généreux et protecteur. Il n’utilise pas sa position pour s’enrichir au détriment de la communauté, Adrien d’Epinay dans son ouvrage « Renseignements pour servir à l’histoire de l’île de France (1890) » dit en parlant de François de Chazal ; « Monsieur de Chazal est un des rares conseillers qui se soit maintenu en dehors des coteries financières de son époque. Il laisse aux archives coloniales le nom le plus pur. » Il semble suivre l’idéal des anciens Rose-Croix d’aider les plus vulnérables, notifié dans les règles transcrites dans le certificat d’admission de l’ordre ; « je consacrerai une part importante de ma fortune (obtenu par le grand œuvre) à des œuvres charitables privées, à des personnes âgées et dans le besoin, aux enfants et par-dessus tout à tous ceux qui aiment Dieu et agissent honnêtement. » 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée 

    La colonne Liénard au Jardin de Pamplemousses

    Cet homme était sans doute un des derniers Frère de la Rose-Croix, le XVIIIe siècle ayant vu s’occulter les dernières filiations vraies de cet ordre. François de Chazal n’était pas un « aventurier » à la manière d’un Saint-Germain ou d’un Cagliostro, mais un homme sincère et honnête cherchant humblement les secrets de la nature, cherchant un chemin vers Dieu, utilisant son savoir pour faire évoluer la société, sauvant son prochain des écueils du destin.

    "Puissions nous avoir la chance, que des hommes comme lui viennent éclairer les générations futures".

     Au-dessus du titre : sceau philosophique de la société des rosicruciens tiré de la Copie d’admission du docteur Bacstrom dans la Société de la Rose-Croix - The real history of the Rosicrucians par A. E. Waite (London : George Redway, 1887)

    Source : editions-arqa 

    L'ILE MAURICE

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée  

     L'île Maurice, (Moris en créole), autrefois l'Isle de France, Mauritius en anglais, est l'île principale de la République de Maurice, située dans le sud-ouest de l'océan Indien, au cœur de l'archipel des Mascareignes entre La Réunion à l'ouest et l'île Rodrigues à l'est. La population s'élève à environ 1,2 million d'habitants et est très métissé, d'origine indienne, créole, chinoise, arabe, il existe aussi les mulâtres et les" blancs de l'Ile Maurice" mais ce n'est qu'une minorité de la population, la majorité des mauriciens sont d'origine indienne et créole1,2. La capitale de la République de Maurice est Port-Louis, située dans le nord-ouest de l'île.La formation de l'île est datée de 7 à 15 millions d'années. L'île est d'origine volcanique et encore de nos jours, on peut observer les traces de la grande caldeira à l'origine de sa formation. L'île ne compte plus de volcan en activité. On y trouve cependant des cratères endormis dont le trou-aux-Cerfs, qui est devenu au fil des ans une des attractions touristiques. Celui-ci se situe dans le centre de l'île, à Curepipe. L'île Maurice couvre une superficie de 1 865 km2. Elle mesure dans ses plus grandes dimensions 65 km de longueur et 45 km de largeur. Le point le plus haut est le Piton de la Petite Rivière Noire qui culmine à 828 mètres. Ses plaines côtières et un plateau central ont permis pendant longtemps la culture extensive de la canne à sucre et du thé. La barrière de corail qui entoure l'île permet de protéger les lagons et les plages bordées de cocotiers et de filaos. Lîle Maurice est aussi connue pour ses beaux paysages et monuments.

    Source : wikipedia 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée  

    Le drapeau de Maurice, couramment appelé en français Les Quatre Bandes et en anglais The Four Stripes, a été adopté le 12 mars 1968 à l'occasion de l'indépendance du pays. Il est constitué de quatre bandes horizontales de mêmes proportions et de quatre couleurs différentes.

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée

    Signification des couleurs

    Le drapeau mauricien est composé de quatre bandes horizontales :
    le rouge est la couleur du sang versé par les esclaves au temps de la colonisation ;
    le bleu : la couleur du ciel et de l'océan (Océan Indien) ;
    le jaune : le soleil de l'unité et le rêve de purification ;
    le vert : la nature luxuriante et les champs de canne à sucre qui recouvrent à 90 % l'île Maurice et qui représente un des trois piliers de l'économie mauricienne. 

    Malcom De Chazal et l'Ile-Fée 

    VOIR AUSSI :

    Les Pyramides de l'Ile Maurice 

     
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