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Archéologie : La thermographie aérienne
LA THERMOGRAPHIE AÉRIENNE
Comment la thermographie aérienne révolutionne l'archéologie
Une étude dirigée par l'université privée américaine Dartmouth College a démontré comment la thermographie aérienne est en train de transformer l'archéologie en raison des progrès de cette technologie.Les caméras thermiques actuelles, ainsi que les drones et les logiciels de photogrammétrie apportent un nouveau domaine de possibilités de collecte de données sur les sites.
Les découvertes, publiée dans la revue Advances in Archaeological Practice, servent de manuel sur la façon d'utiliser la thermographie aérienne. En effet, les co-auteurs espèrent inspirer d'autres chercheurs à appliquer cette méthodologie dans leur travail.
Les archéologues utilisent depuis longtemps des images infrarouges thermiques pour localiser des constructions enfouies et autres éléments du paysage culturel. Le rayonnement infrarouge thermique associé aux caractéristiques archéologiques dépend de plusieurs variables, dont la composition du sol, sa teneur en humidité et sa couverture végétale.
Les anciennes méthodes géophysiques conventionnelles, comme l'arpentage, permettaient aux archéologues d'obtenir des données de terrain sur la base d'un hectare par jour. Mais aujourd'hui, la thermographie arienne permet de recueillir des données d'enquête sur le terrain sur une zone beaucoup plus vaste et en beaucoup moins de temps.
a) Orthoimage en couleur d'une zone étudiée à Enfield Shaker Village, New Hampshire, avec la localisation des constructions historiques indiquées sur un plan de 1917; (b) données d'une étude de gradiométrie magnétique; (c) imagerie thermique brute depuis une caméra thermique radiométrique; et (d) imagerie thermique traitée pour ne montrer que les valeurs présentent sous la pelouse (Images de Jesse Casana, Austin Chad Hill et Elise Laugier)Les avantages de la thermographie aérienne.
Les anciennes caméras étaient incapables d'enregistrer des données de spectre complet ou des données de température pour chaque pixel d'une image. Maintenant les caméras thermiques radiométriques associées à de petits drones peu coûteux et faciles à piloter (ils peuvent être contrôles avec un smartphone ou une tablette), rendent la thermographie aérienne plus précise, compréhensible et accessible.
Cartographier plusieurs images aériennes ensemble est aussi devenu plus facile grâce à de nouveaux logiciels photogrammétriques, qui alignent automatiquement les images et les fonctionnalités de l'ortho-image (une ortho-image est une image, aérienne ou satellitaire, superposable à une carte.); ils corrigent aussi une image pour rendre l'échelle uniforme.
Des études de cas concluants
Les chercheurs ont mené des études de cas dans six sites archéologiques en Amérique du Nord, en Méditerranée et au Moyen Orient pour évaluer l'efficacité des relevés thermiques aériens.
Ils ont analysé comment le temps, l'environnement, le moment de la journée, la couverture de sol et les caractéristiques archéologiques peuvent affecter les résultats. Ils ont aussi comparé leurs trouvailles à de précédentes études et images historiques.
Ainsi, par exemple, sur une implantation ancestrale Pueblo à Blue J au Nouveau Mexique, les chercheurs ont été capables de cartographier en détail les plans architecturaux d'une dizaine de maisons anciennes. Cette découverte a été rendue possible par les conditions optimales du site, la matrice du sol, la faible densité de la couverture végétale et les conditions environnementales au moment de la thermographie aérienne.
Ils ont pu aussi reconnaitre les traces de bâtiments et voies historiques enfouis depuis longtemps dans le village Shaker à Enfield, New Hampshire.
"Une grande partie de ce que nous avons appris de nos recherches à ce jour montre à quel point les conditions environnementales locales et le calendrier des relevés peuvent influer sur la façon dont les images thermiques peuvent révéler des vestiges archéologiques. Ainsi, mieux nous comprenons ces paramètres, mieux nous sommes en mesure de déployer la technologie. Je pense que nos résultats démontrent le potentiel de la thermographie aérienne pour transformer la façon dont nous explorons les paysages archéologiques dans de nombreuses régions du monde." rapport Jesse Casana, professeur associé en anthropologie à Dartmouth, qui a utilisé des drones en thermographie aérienne pendant cinq ans dans ses recherches historiques.
Source : decouvertes-archeologiques
Découverte d'une cité maya de plus de 2000 km² au Guatemala
Loin d'être une civilisation éparse, la société maya était complexe et structurée, comme le prouve la découverte de cette mégalopole de plus de 2000 km², faite d'habitations, de palais et de pyramides. C'est une découverte fondamentale dans l'écriture de l'histoire maya. Les archéologues et chercheurs sont parvenus à identifier les ruines de plus de 60 000 maisons, palaces, chaussées et même des pyramides, recouvertes depuis des siècles par la jungle du nord du Guatemala.Une technologie révolutionnaire de détection et télémétrie par ondes lumineuses appelée LiDAR, montée sur des drones, permet de pénétrer le feuillage dense et de localiser les dolines naturelles grâce à des capteurs thermiques. En cartographiant les mouvements d'eaux dans les passages souterrains du site, les chercheurs espéraient localiser des systèmes souterrains auxquels il est fait référence dans l'histoire orale maya, mais dont l'existence n'avait jamais été confirmée.
Le balayage laser et la photogrammétrie ont permis à l'équipe de restituer de façon extrêmement précise et en trois dimensions les ruines d'une civilisation pré-colombienne bien plus complexe et interconnectée que les spécialistes des Mayas ne le supposaient.
« Les images produites par cette technologie montrent bien que la région entière était très organisée et plus densément peuplée qu'on ne l'imaginait, » explique Thomas Garrison, archéologue à l'université d'Ithaca et explorateur National Geographic spécialisé dans l'usage des technologies numériques appliquées aux recherches archéologiques.
Thomas Garrison fait partie d'un consortium de chercheurs qui ont pris part aux recherches menées par la fondation PACUNAM, un fonds de recherche guatémaltèque qui soutient les projets de recherche scientifique, le développement durable et la préservation de l'héritage culturel.
Le projet a permis de quadriller plus de 2 100 km² de la réserve de biosphère Maya dans la région de Petén, au Guatemala, avec pour résultat les plus importantes données jamais récoltées à des fins archéologiques grâce à la technologie LiDAR.
Les archéologues pensaient connaître les pyramides passées et présentes du monde ; ils avaient tort : les données LiDAR ont permis la découverte d'anciennes pyramides maya dans les régions montagneuses, non loin du centre de la cité. Par ailleurs une structure d'apparence naturelle pourrait être, d'après les archéologues, le tombeau encore intact d'un des plus riches rois mayas.
Les résultats suggèrent que l'Amérique centrale abritait une civilisation fortement avancée qui à son apogée il y a 1 200 ans était plus comparable aux cultures sophistiquées de la Grèce ancienne ou la Chine antique qu'aux villes-États dispersés et peu organisés que l'on se représentait.En plus des centaines de structures jusqu'alors inconnues, les images LiDAR mettent en exergue de hautes chaussées reliant entre eux des centres urbains et des gravières. De complexes systèmes d'irrigation et de terrasses soutenaient une agriculture intensive, capable de nourrir les hommes qui ont à jamais transformé les paysages de ces régions.
Les Mayas n'avaient recours ni à la roue ni aux bêtes de somme, et pourtant c'est une « civilisation qui a littéralement soulevé des montagnes, » s'émerveille Marcello Canuto, archéologue à l'université de Tulane, qui a pris part au projet.
« Nous avons cette perception occidentale qu'une civilisation complexe ne peut pas se développer sous les tropiques, » avance-t-il, faisant référence aux recherches archéologiques qu'il a menées sur le site guatémaltèque de La Corona. « Mais ce que prouvent les résultats de LiDAR, c'est que l'Amérique centrale, de la même manière qu'Angkor Vat au Cambodge, était un lieu de développement majeur pour des civilisations complexes et innovantes. »
UN APERÇU INÉDIT SUR LE PASSÉ
« LiDAR est en train de révolutionner l'archéologie de la même manière que le télescope spatial Hubble a révolutionné l'astronomie, » estime Francisco Estrada-Belli, archéologue à l'université de Tulane et explorateur National Geographic. « Plus d'une centaine d'années nous seront nécessaires pour traiter et analyser toutes les données recueillies dans cette région et comprendre véritablement ce que nous voyons. »
L'étude a déjà permis de nombreuses révélations comme l'existence de lien entre les cités, la militarisation et l'aménagement du territoire maya. À son apogée au cours de la période classique (environ 250 à 900 après notre ère), la civilisation maya occupait un territoire deux fois plus grand que l'Angleterre médiévale qui était bien plus densément peuplée que cette dernière.
« La plupart des scientifiques estimaient la population maya à environ 5 millions de personnes, » indique Francisco Estrada-Belli, qui dirige un projet archéologique pluridisciplinaire à Holmul, au Guatemala. « Avec ces nouvelles données il n'est plus possible d'estimer cette population à moins de 10 ou 15 millions de personnes - dont beaucoup vivaient dans les régions marécageuses basses que l'on pensait jusqu'ici inhabitables. »
Virtuellement toutes les cités maya étaient connectées par des chaussées suffisamment larges pour supposer une circulation dense et fréquente pour les échanges et les interactions régionales. Ces chaussées étaient élevées pour maintenir la circulation durant la saison des pluies. Dans cette région du monde où il pleut soit trop soit trop peu, le niveau des eaux était observé et anticipé avec beaucoup d'attention et maîtrisé par le moyen de canaux, de digues et de réservoirs.
Parmi les découvertes faites récemment, l'omniprésence des remparts, des terrasses et des forteresses est sans doute la plus surprenante. « Les guerres n'ont pas seulement eu lieu à la fin de la civilisation maya. La guerre était un état de fait permanent, systématique, pendant de très nombreuses années, » explique Thomas Garrison. L'étude révèle par ailleurs des milliers de trous creusés par des pilleurs de tombes.
« Si ces sites sont une découverte pour nous, ils étaient manifestement connus des pilleurs, » se désole Marianne Hernandez, présidente de la fondation PACUNAM. Autre menace pour ces sites historiques : le Guatemala perd plus de 10 % de ses forêts chaque année, et la perte d'habitats naturels s'accélère près de la frontière avec le Mexique alors que les intrus brûlent et coupent des pans entiers de forêts pour s'y installer.
En identifiant ces sites et en comprenant un peu mieux qui étaient ces peuples anciens, nous espérons sensibiliser le plus grand nombre sur l'importance de la préservation de ces espaces, » continue Marianne Hernandez.L'étude est la première phase du projet PACUNAM LiDAR, d'une durée de trois ans, qui permettra de cartographier plus de 14 000 km² dans les régions basses du Guatemala, autrefois occupées par les civilisations précolombiennes qui se sont ensuite déplacées au nord vers le Golfe du Mexique.
Source : nationalgeographic
Tikal
Plus de 60 000 structures ont été révélées grâce à un balayage laser puis reconstituées en 3D.
Un consortium international d’une trentaine de chercheurs vient de réaliser une « percée majeure » en mettant au jour un réseau de cités mayas bien plus vaste qu’imaginé jusqu’à présent, rapporte ce jeudi le magazine National Geographic. L’existence de plus de 60 000 structures - maisons, fortifications, palais et grandes routes surélevées -, dissimulées depuis des siècles sous la jungle de la région de Petén, dans le nord du Guatamela, a été révélée, grâce à un balayage laser.Les scientifiques ont utilisé une technologie connue sous le nom de LiDAR, pour « Light detection and ranging » (détection et télémétrie par ondes lumineuses, en français). Pas besoin de couper des arbres : la forêt a été retirée « numériquement » d’images aériennes, révélant les ruines d’une civilisation précolombienne tentaculaire, plus complexe que les spécialistes le supposaient.
La taille et la densité de ce foyer de population ont été « grossièrement sous-estimées », a commenté l’archéologue Thomas Garrison. Ce n’est plus 2 à 5 millions d’habitants, mais 15 à 20 millions de Mayas qui vivaient dans les plaines, assurent les experts.
Source : leparisien #xtor=AD-1481423551
LE LIDAR
(détection et télémétrie par ondes lumineuses)
Appareil qui émet un faisceau laser et en reçoit l'écho (comme le radar), permettant de déterminer la distance d'un objet.
La télédétection par laser ou lidar, acronyme de l'expression en langue anglaise « light detection and ranging » ou « laser detection and ranging » (soit en français « détection et estimation de la distance par la lumière » ou « par laser »), est une technique de mesure à distance fondée sur l'analyse des propriétés d'un faisceau de lumière renvoyé vers son émetteur.
À la différence du radar qui emploie des ondes radio ou du sonar qui utilise des ondes acoustiques, le lidar utilise de la lumière (du spectre visible, infrarouge ou ultraviolet). Celle-ci est quasiment toujours issue d’un laser, et donc cohérente.
Le principe de la télémétrie (détermination de la distance d’un objet), qui concerne une grande partie des applications du lidar, requiert généralement l’utilisation d’un laser impulsionnel. La distance est donnée par la mesure du délai entre l’émission d’une impulsion et la détection d’une impulsion réfléchie, connaissant la vitesse de la lumière. Une autre classe d’applications basées sur la mesure de vitesse emploie un laser à spectre d’émission fin (une fréquence bien déterminée). C’est l’effet Doppler-Fizeau, soit le décalage de la fréquence de l’onde réfléchie et reçue, qui permet alors de déterminer la vitesse de l’objet. Dans l’atmosphère et les autres milieux diffus, beaucoup d’autres paramètres (concentrations de gaz et de particules spécifiques, densité, température…) peuvent être mesurés si l’on sait isoler l’effet des différentes interactions entre la lumière et la matière le long du faisceau laser.
Le lidar, instrument incontournable de télédétection active, trouve ses applications en topographie (géomorphologie, altimétrie et bathymétrie), géosciences (risque sismique, météorologie, physique de l’atmosphère) et sciences de l’environnement (étude de la pollution atmosphérique, agronomie & sylviculture), mais aussi dans l’archéologie, la prospection éolienne, la régulation du trafic aérien, le guidage automatique de véhicules terrestres ou spatiaux, ou encore la sécurité routière ou la défense.
Source : wikipedia
Les INFOS du CNRS
En début d’année, les résultats d’une campagne de cartographie "lidar" au Guatemala ont fait sensation, révélant 60 000 vestiges mayas, en majorité inconnus et enfouis sous une épaisse jungle. Sept équipes internationales ont ensuite exploité cette incroyable mine d’informations, livrant un nouveau regard sur les Mayas. Les explications de Philippe Nondédéo, coauteur de l’étude.
Avec la découverte de 60 000 structures archéologiques, la publication des premiers résultats lidaravait fait grand bruit au mois de janvier. Comment s’est déroulée cette campagne ?
Philippe Nondédéo[1] : Avec mon collègue Cyril Castanet du LGP[2], nous travaillons depuis 2010 sur le site de Naachtun, au cœur d’une réserve naturelle de biosphère dans le nord du Guatémala. Comme plusieurs autres sites de la région, le projet Naachtun est en partie financé[3] par la fondation Pacunam (Patrimonio Cultural y Natural Maya). Cet organisme privé a lancé, il y a deux ans, un vaste programme de couvertures lidar sur une dizaine de zones au sein de cette biosphère, pour un total de 2100 km². Neuf sites archéologiques sont inclus, ainsi que deux étendues-tests sans vestige connu et entièrement recouvertes de végétation. Lors de la divulgation initiale de ces travaux en février dernier, la réalité a souvent été mal rapportée : nous ne sommes pas en présence d’un seul et immense site, mais d’un ensemble de sites différents. Les 60 000 structures archéologiques recensées sont réparties sur des zones discontinues et espacées parfois de plusieurs dizaines de kilomètres.
Pourriez-vous nous parler des nouveaux résultats que vous venez de publier dans la revue Science[4]?
P.N. : Les fouilles archéologiques en zone maya se focalisent souvent sur les centres-villes, les cœurs économiques et politiques des cités où l’on trouve les pyramides et les principaux monuments. Or ce serait comme étudier l’hypercentre des grandes villes françaises sans considérer les banlieues et les campagnes environnantes. La prise de recul et l'étendue du territoire couvert par le lidar offrent une vision très différente de la civilisation maya. Alors que les modèles traditionnels stipulaient que la population se concentrait dans ces épicentres et les zones résidentielles attenantes, on observe aussi une importante densité de population en périphérie lointaine, dans des zones jusque-là considérées comme rurales. Alors qu’on les pensait dédiées à l’agriculture, elles sont en réalité elles aussi très peuplées.
Avec autant de gens partout, cette découverte pose la question de savoir comment les Mayas subvenaient à leurs besoins en eau et en nourriture. Alors que la jungle recouvre aujourd’hui tout le secteur, cette étude souligne que le paysage était complètement exploité à l’époque maya. Tous les espaces étaient extrêmement anthropisés, avec des cultures en terrasses sur les collines et un système complexe de canaux et de parcellaires agricoles dans les zones basses inondables. Les terrasses permettaient de retenir humidité et sédiments tandis que les canaux drainaient ou irriguaient, suivant les saisons, le cœur des marécages en partie cultivé. Cela montre l’impressionnante capacité des Mayas à s’adapter à un environnement aussi hostile que la jungle et prouve leur grande maîtrise dans la gestion des ressources du milieu.Que révèlent ces travaux de l’organisation politique des Mayas ?
P.N. : Les images lidar ont dévoilé une connectivité surprenante entre les cités, avec un réseau de chaussées surélevées s’étendant sur des dizaines de kilomètres. Or nous n’avions rien remarqué en prospectant au sol, c’était complètement inconnu. Même aujourd’hui, en sachant que ces chaussées existent, les apercevoir reste très difficile en contexte de forêt tropicale et demande de déboiser tout un secteur pour commencer à s’en rendre compte. Nous n’aurions rien vu sans le lidar alors que, rien que pour Naachtun, le réseau viaire totalise une cinquantaine de kilomètres de routes et chemins aménagés.Nous avons ainsi constaté que des cités vassales pouvaient être directement reliées à leur capitale suzeraine, telle que Naachtun. Le déchiffrement de l’écriture maya dans les années 90 nous avait déjà renseignés sur leur système politique, de nombreuses stèles commémorant en effet des conquêtes, des batailles et des alliances matrimoniales. Les rois les plus puissants mariaient leurs filles et leurs sœurs à leurs vassaux, tissant ainsi des réseaux complexes par les liens du sang. Le tracé des chaussées offre, dans une certaine mesure, une matérialisation concrète de ces relations de domination. Les images ont également montré que certains sites étaient pourvus d’ouvrages défensifs : murets, palissades, fossés… Ces systèmes concernent surtout des établissements occupés à la période préclassique (600 av. J.-C. à 150 apr. J.-C.) et sont absents des sites qui, comme Naachtun, datent de la période classique (150 à 950 apr. J.-C.).
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Le lidar a une nouvelle fois prouvé son utilité en archéologie. Comment s’intègre-t-il à la discipline ?P.N. : Pour donner un ordre de grandeur, seules 5 à 10 % des 60 000 structures révélées étaient déjà connues. À Naachtun, nous sommes passés de 900 édifices répertoriés à près de 12 000. Dans un contexte de jungle tropicale aussi dense, nous sommes obligés de nous focaliser sur les centres des sites. Le travail et les temps de déplacement en forêt sont trop difficiles et chronophages pour explorer les périphéries lointaines avec la même intensité que pour les épicentres monumentaux. Du coup, elles sont moins étudiées. Le lidar a été perfectionné dans les années 80 et s’est ajouté à la palette de l’archéologue à partir des années 2000. Il s’est d’ailleurs illustré grâce à un autre site maya : les ruines de Caracol au Bélize à partir de 2005. Là encore, la méthode avait révélé une exploitation du milieu assez structurée avec de nombreux systèmes de terrasses. Bien qu’il reste onéreux, l’abaissement progressif du coût du lidar permet, à présent, une meilleure diffusion de cette technique auprès des missions archéologiques.
Que révèlent ces travaux de l’organisation politique des Mayas ?
P.N. : Les images lidar ont dévoilé une connectivité surprenante entre les cités, avec un réseau de chaussées surélevées s’étendant sur des dizaines de kilomètres. Or nous n’avions rien remarqué en prospectant au sol, c’était complètement inconnu. Même aujourd’hui, en sachant que ces chaussées existent, les apercevoir reste très difficile en contexte de forêt tropicale et demande de déboiser tout un secteur pour commencer à s’en rendre compte. Nous n’aurions rien vu sans le lidar alors que, rien que pour Naachtun, le réseau viaire totalise une cinquantaine de kilomètres de routes et chemins aménagés.Nous avons ainsi constaté que des cités vassales pouvaient être directement reliées à leur capitale suzeraine, telle que Naachtun. Le déchiffrement de l’écriture maya dans les années 90 nous avait déjà renseignés sur leur système politique, de nombreuses stèles commémorant en effet des conquêtes, des batailles et des alliances matrimoniales. Les rois les plus puissants mariaient leurs filles et leurs sœurs à leurs vassaux, tissant ainsi des réseaux complexes par les liens du sang. Le tracé des chaussées offre, dans une certaine mesure, une matérialisation concrète de ces relations de domination. Les images ont également montré que certains sites étaient pourvus d’ouvrages défensifs : murets, palissades, fossés… Ces systèmes concernent surtout des établissements occupés à la période préclassique (600 av. J.-C. à 150 apr. J.-C.) et sont absents des sites qui, comme Naachtun, datent de la période classique (150 à 950 apr. J.-C.).
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Le lidar a une nouvelle fois prouvé son utilité en archéologie. Comment s’intègre-t-il à la discipline ?P.N. : Pour donner un ordre de grandeur, seules 5 à 10 % des 60 000 structures révélées étaient déjà connues. À Naachtun, nous sommes passés de 900 édifices répertoriés à près de 12 000. Dans un contexte de jungle tropicale aussi dense, nous sommes obligés de nous focaliser sur les centres des sites. Le travail et les temps de déplacement en forêt sont trop difficiles et chronophages pour explorer les périphéries lointaines avec la même intensité que pour les épicentres monumentaux. Du coup, elles sont moins étudiées. Le lidar a été perfectionné dans les années 80 et s’est ajouté à la palette de l’archéologue à partir des années 2000. Il s’est d’ailleurs illustré grâce à un autre site maya : les ruines de Caracol au Bélize à partir de 2005. Là encore, la méthode avait révélé une exploitation du milieu assez structurée avec de nombreux systèmes de terrasses. Bien qu’il reste onéreux, l’abaissement progressif du coût du lidar permet, à présent, une meilleure diffusion de cette technique auprès des missions archéologiques.
Quelle suite allez-vous donner à ces travaux ?
P.N. : Nous avons prévu de retourner sur le terrain en 2020, pour une période de quatre ans, afin de vérifier les découvertes sur place et de répondre aux nouvelles problématiques qu’elles soulèvent. Nous nous intéressons de plus en plus à la gestion des ressources en eau et en sol des Mayas. Les prochains travaux permettront sans doute de tester véritablement, voire de battre en brèche, certaines hypothèses sur l’effondrement de la civilisation maya classique, parfois accusée d’avoir surexploité le milieu. Certes, les données révèlent une très forte emprise des Mayas sur leur environnement, mais elles suggèrent également une gestion prudente et habile de leur part. Rien que pour Naachtun, nous avons recensé plus de 18 000 terrasses agricoles, environ 5400 canaux et plus de 70 grands réservoirs d’eau potable. Au sein du projet Naachtun, nous développons une approche pluridisciplinaire de la recherche et avons intégré très tôt, en plus des archéologues, des chercheurs travaillant sur la reconstitution des paléoenvironnements et des interactions sociétés-milieux : des géographes, des géoarchéologues, des sédimentologues, des archéobotanistes… Plusieurs laboratoires du CNRS (Archam, LGP, CEPAM[5]) sont impliqués afin de comprendre comment la cité s’est développée et comment les paysages de son territoire ont évolué au gré de l’intervention humaine et dans des conditions climatiques fluctuantes.
Cette recherche pluridisciplinaire s’est donc aussi appliquée à l’analyse lidar du territoire de Naachtun selon deux approches complémentaires qui ont été menées conjointement : les archéologues enregistrant tous les vestiges matériels (édifices, monticules, carrières, chaussées…) tandis que les environnementalistes repéraient les aménagements du paysage tels que les réservoirs, les digues, les canaux, les fossés, les champs surélevés…Source : lejournal.cnrs
62 000 structures et une pyramide de 30 mètres de haut!
Sous la jungle du temple Tikal, au Guatemala, se cache tout une immense cité maya jusque là insoupçonnée, rapporte The Independent. C’est grâce à l’utilisation d’un Lidar (Light Detection And Ranging) que les archéologues ont découvert en janvier 2018 l’existence de pyramides, de palais, d’habitations ou encore de centres cérémoniels, enfouis sous la canopée. Vendredi 27 septembre, de nouvelles analyses étaient publiées, confirmant l’immensité de ces cités antiques, qui s’étendent sur une aire de plus de 2 000 km² et comprennent 62 000 structures, dont une pyramide haute de 30 mètres.
« Le Lidar est une technologie relativement nouvelle qui permet une cartographie détaillée de la surface terrestre à une échelle très fine. Elle est de loin supérieure aux formes précédentes de cartographie par satellite ou par avion », a expliqué Michael E. Smith, spécialiste en archéologie méso-américaine. Ce système de télédétection aéroportée comprend un laser et un GPS ultra-précis, pour une technologie capable de détecter les moindres constructions architecturales de la cité maya, même sous l’épaisse végétation. Les points enregistrés lors du survol sont ensuite filtrés à travers des algorithmes, afin de réaliser une restitution en 3D des terrains.
Touristique et très connu des archéologues, le site de Tikal a été abandonné par les Mayas au Xe siècle. Ce que révèlent les découvertes liées au Lidar, c’est l’interconnexion insoupçonnée entre cette cité et d’autres sites, qu’on pensait isolés. Pourtant, les chercheurs n’évoquent pas encore l’idée d’une seule et même mégalopole maya, habitée par des millions de personnes. « N’oublions pas que sur chaque image obtenue, il y a un millénaire et demi d’occupation humaine concentrée ! Passer de ces restitutions 3D à des extrapolations sur des chiffres d’occupation, en évoquant des millions d’individus est tout simplement délirant », explique ainsi Dominique Michelet, directeur de recherche au CNRS. Il faudra donc des recherches plus poussées encore pour déterminer la démographie, ou encore l’organisation exacte de ces cités dont les secrets seront bientôt percés.Source : ulyces
LIDAR A CALAKMUL (Mexique)
L'INAH a pu corroborer que la colonie était l'une des plus importantes d'Amérique Un grand nombre de temples, de palais, de complexes d'habitation et de transformations du paysage, tels que des terrasses et des canaux, qui étaient cachés par la jungle et qui montrent le peuplement urbain dense de la zone archéologique de Calakmul, dans l'État de Campeche, ont été révélés par une étude à la lumière laser.
De plus, cette technologie a permis de corroborer que cette ancienne cité maya était l'une des plus grandes d'Amérique, il y a plus de 1.300 ans, a rapporté mercredi l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) du Mexique dans un communiqué.
L'institution a expliqué que grâce à un survol avec un équipement LiDAR (télédétection avec lumière laser) dans 95 kilomètres carrés de la réserve de biosphère de Calakmul a révélé "l'étalement urbain dense et complexe de l'ancienne capitale de la puissante dynastie Kanu'l (serpent) qui se trouve sous la forêt".
Ceci dans le cadre d'un projet coordonné par le ministère de la Culture du gouvernement du Mexique, par l'intermédiaire de chercheurs de l'INAH et du projet archéologique Bajo Laberinto. Source
Des découvertes archéologiques grâce à la technologie des muons.
Certaines structures antiques sont si difficiles d’accès ou fragiles qu’il est nécessaire de développer des méthodes d’exploration indirectes ou non-invasives. L’une de ces techniques consiste à utiliser les muons pour effectuer une radiographie des structures. La radiographie muonique a ainsi été utilisée pour modéliser l’une des structures les plus mystérieuses du patrimoine de l’UNESCO : une construction souterraine en forme de croix dont la fonction est toujours inconnue, et qui pourrait être l’une des églises chrétiennes les plus anciennes du monde.
En utilisant un phénomène astrophysique courant, les archéologues ont commencé à explorer une mystérieuse structure enfouie sous terre en Russie. Selon une nouvelle étude, cette structure pourrait être l’une des plus anciennes églises chrétiennes du monde. La structure inconnue se trouve dans la partie nord-ouest de la forteresse de Naryn-Kala, une fortification située à Derbent datant d’environ 300 apr. J.-C.
La structure en forme de croix, d’une profondeur de 11 mètres, est presque complètement dissimulée par un dôme à moitié détruit. Mais comme il s’agit d’un site du patrimoine culturel de l’UNESCO, la structure est protégée et ne peut être excavée — et sa fonction reste largement débattue. La structure pourrait avoir servi de réservoir, d’église chrétienne ou de temple du feu zoroastrien, selon une déclaration de l’Université nationale des sciences et de la technologie MISIS (Russie).
Les rayons cosmiques pour modéliser la structure souterraine
Ainsi, un groupe de chercheurs a décidé d’exploiter les rayons cosmiques pour les aider à brosser un tableau de la structure, semblable à la façon dont des archéologues ont découvert un espace vide dans la Grande Pyramide de Gizeh en 2017. Cette méthode est appelée « radiographie à muons ». Les détails ont été publiés dans la revue Applied Sciences.Les rayons cosmiques sont une forme de rayonnement de haute énergie provenant du Soleil ou d’autres phénomènes astrophysiques extérieurs au Système solaire (voire à la Voie lactée). Ils balaient constamment la Terre. Même si la plupart de ces rayonnements interagissent avec la haute atmosphère et n’arrivent jamais jusqu’à la surface, certaines particules, appelées muons, atteignent la surface de la Terre.Les muons traversent la matière à des vitesses relativistes. Mais lorsqu’ils voyagent à travers des objets plus denses, ils perdent de l’énergie et se décomposent. Ainsi, en calculant le nombre de muons traversant diverses parties souterraines, les chercheurs peuvent brosser un tableau de la densité d’un objet. Mais pour que cette méthode fonctionne, la structure et le sol environnant doivent présenter une différence de densité d’au moins 5 %.
Les chercheurs ont placé des détecteurs de muons à environ 10 m de la mystérieuse structure et pris des mesures pendant deux mois. Ils ont constaté que la structure et le sol environnant présentaient suffisamment de différence de densité pour pouvoir utiliser cette méthode afin de déterminer la forme 3D de la structure.
Une construction à la fonction inconnue
Les chercheurs ne pensent pas que la structure soit un réservoir d’eau souterrain, même si de nombreuses sources historiques le décrivent comme tel. Selon le communiqué, il aurait plutôt été utilisé pour stocker de l’eau aux 17e et 18e siècles. « Cela me semble très étrange d’interpréter ce bâtiment comme une citerne à eau » déclare Natalia Polukhina, physicienne et auteure de l’article. Source : trustmyscienceVOIR AUSSI
Les grottes de BARABAR EN INDE
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