• La Pensée Visuelle

    Conscience de l'homme

    La Pensée Visuelle

    par Temple GRANDIN, Autiste et Professeur d'Université 

    La Pensée VisuelleTemple Grandin (née le 29 août 1947), professeur à l'université du Colorado, est docteur en sciences animales et spécialiste de renommée internationale en zootechnie. Elle a été diagnostiquée à l'âge de 4 ans comme ayant un autisme de haut niveau. Propriétaire d'une entreprise de conseils sur les conditions d'élevage des animaux qui a fait d’elle une experte en conception d'équipements pour le bétail, Temple Grandin est également professeur en sciences animales de l'Université de Fort Collins (Colorado). Source : wikipedia

     

       

    Temple Grandin, diagnostiquée autiste alors qu'elle était enfant, raconte comment son esprit fonctionne, partageant sa capacité à "penser en images" qui l'aide à résoudre des problèmes que les cerveaux neurotypiques pourraient manquer. Elle affirme que le monde a besoin de gens du spectre autistique tels que les penseurs visuels, les penseurs par modèle, les penseurs verbaux et toutes les sortes d'enfants geeks intelligents.   

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     Qui est Temple Grandin ?

    « J’avais six mois quand ma mère s’est rendue compte que je me raidissais dès qu’elle me prenait dans les bras. Quelques semaines plus tard, alors qu’elle me câlinait, je la griffai, comme un petit animal pris au piège, pour échapper à son emprise »… Le diagnostic tombe comme un couperet : Temple est autiste. Pourtant, rien n’en restera là, grâce à la volonté farouche d’une mère obstinée, mais aussi grâce à son caractère éminemment déterminé, Temple Grandin déjouera le verdict des experts. Elle suivra une scolarité régulière et entreprendra des études supérieures qui la mèneront vers une carrière internationale comme conceptrice d’équipements agro-alimentaire. Aujourd’hui, elle enseigne également la science animale à l’université de Colorado, et est l’auteur de nombreux articles sur l’autisme et d’ouvrages qui ont connu une renommée mondiale : « Ma vie d’autiste » Parut en 1986, « Penser en images » , en 1995, et son dernier livre « l’interprète des animaux » en 2003, ont été traduits en plusieurs langues, et la traduction française a été assurée par les Editions Odile Jacob.

    Temple Grandin nous fait entrer dans le monde de l’autisme de façon intérieure et intime. Son témoignage est étonnant, mais il est surtout bouleversant. Plein d’espoir, il nous fait toucher du doigt cette extraordinaire différence qu’est l’intelligence autistique. Son expérience prouve qu’il ne faut jamais renoncer, car dans la vie tout est toujours chemin ! C’est par son geste que l’homme naît à lui-même. Mais il ne vit pas d’assurance, il vit de convictions. Rien dans les choses humaines n’a part à l’absolu. Temple Grandin est le vivant exemple que chacun de ces enfants a un talent profondément enfoui au fond de lui qu’il faut aider à manifester en actions et en œuvres. C’est en mettant des mots sur ce monde mental, et notamment sur le fonctionnement de son système de pensée, cette « pensée en images » que Temple Grandin nous fait saisir qu’il y a une logique, que l’autisme n’est pas une « forteresse vide », mais que cette logique obéit à un système de pensée qui offre exclusivement une vision du monde et non une visée comme c’est le cas dans la pensée verbale.

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     Qu’est-ce que la pensée visuelle ?

    Penser en images est en effet un système spécifique. Si ce mode de pensée est extrêmement courant dans l’autisme, il n’est pas l’apanage de cette pathologie. En effet, 3% des hommes sont des penseurs visuels et cette remarquable faculté se rencontre plus fréquemment chez les musiciens et les mathématiciens.

    Forgée par l’historien de l’art Rudolph Arnheim dans les années 1920, le concept de pensée visuelle [4] concilie les démarches esthétiques et cognitives du début du xxe siècle. Arnheim se définit lui-même comme un « psychologue du visuel pensant ». Dans un chapitre consacré à l’intelligence de la perception visuelle, il développe l’idée que la perception est assimilable à un phénomène cognitif : « je prétends que les opérations cognitives désignées par le vocable « pensée » loin d’être l’apanage de processus mentaux intervenant à un niveau bien au-dessus et au-delà de la perception, constituent les ingrédients fondamentaux de la perception elle-même ».

    Arnheim définit l’intelligence visuelle comme une opération active de l’esprit pour lui « le sens de la vue procède de manière sélective. La perception de la forme consiste à mettre en œuvre des catégories formelles que l’on peut appeler concepts visuels en raison de leur simplicité et de leur généralité. Percevoir c’est aussi résoudre des problèmes ». Il s’agit donc avant tout pour Arnheim d’un autre registre d’intelligence, affirmant la fécondité conceptuelle de la forme visuelle et de la possibilité d’une pratique sensible aux objets de pensée.

    Il existe en effet deux systèmes de pensées. D’une part la pensée verbale et conceptuelle qui engendre la prévalence d’une visée du monde, rejoignant en cela la conception transcendantale kantienne dans laquelle l’objet se constitue à partir de la visée du sujet ce qui entraîne donc un jugement du sujet sur ce qui l’entoure. Et, d’autre part, la pensée visuelle, qui procède d’une prévalence de la vision du monde, une vision d’où émane une constatation et non un jugement comme c’est le cas dans la pensée verbale et conceptuelle.

    Arnheim pose ainsi la question de l’abstraction fondée sur la généralisation : « le rapport entre abstraction et généralisation trouve un écho dans l’éternelle controverse sur la nature et la valeur de « l’induction », l’induction communément définie comme « le processus permettant de découvrir les principes à partir de l’observation et la combinaison de cas particuliers » consiste à tirer des conclusions générales de que l’on peut observer dans un certain nombre de cas ».

    Si le mode de pensée visuelle ne donne pas accès comme la pensée verbale à la générativité du cerveau, c’est parce que les processus cognitifs mis en œuvre pour rendre possible la perception adéquate ne permettent pas comme dans la pensée verbale, de percevoir les priorités correspondantes à l’ensemble d’un champ visuel donné. En effet « les première opérations mentales que l’on effectue dans des situations nouvelles ne constituent pas des actes de généralisation : la généralisation en effet doit toujours être précédée d’une distinction de cas perçus individuellement (c’est le rôle que Damasio attribue à l’arrière-plan corporel). Une généralisation de haut niveau en revanche, est d’entrée de jeu une qualité de la perception. C’est une généralité qui est le fruit d’une abstraction primaire dans la mesure où les différences qu’elle cache se situent bien au-delà du seuil du sens de la vue. » Cela explique donc pourquoi le penseur visuel ne généralise pas. Temple Grandin se dit « prisonnière d’une vue d’ensemble ». Apprendre à voir les choses en relation prend probablement un certain temps. Et, l’important c’est que le processus cognitif qui produit les constances relève d’un ordre d’intelligence et de généralisation très élevé, puisqu’il permet d’évaluer n’importe quelle entité particulièrement par rapport à un contexte et que cette opération s’effectue en tant que partie intégrante de la perception active. De fait, la perception n’est susceptible d’abstraire des objets en tant qu’invariants de leur contexte que lorsqu’elle appréhende la forme comme structure organisée et non comme l’enregistrement d’une mosaïque d’éléments, phénomène qui se produit précisément dans la pensée visuelle liée à l’autisme. 

     Alors que le penseur verbal conçoit des schémas envisagés dans un contexte donné, le penseur visuel voit des données sensorielles brutes qui ne sont reliées d’emblée à aucun contexte et qui se livrent ainsi à ses sens. Il est en effet dans l’incapacité de filtrer les informations qui sont données comme partie prenante d’un contexte, et le monde se présente à lui comme « une masse ondoyante de détails sans liens particuliers les uns avec les autres » comme l’écrit Temple Grandin.

    Dans son article intitulé « l’image, une vue de l’esprit », Bernard Darras [5] directeur du centre de Recherche images et cognitions, développe une thèse intéressante. Il cherche à mettre en évidence les différents processus cognitifs responsables de la production d’images chez l’être humain ainsi que les catégories et les classes d’images produites. Son objectif est de faire comprendre les disparités qui existent chez les individus vis-à-vis de la création, de l’expression et de l’imagination. Il a donc élaboré une hypothèse de base qu’il divise en deux catégories : d’une part la pensée visuelle pour laquelle il précise qu’il s’agit d’un ensemble cognitif, sémiotique et paradigmatique complexe dont le domaine de référence est celui de l’expression optique. « Par cette expérience optique, on assiste à l’accès à l’information à son traitement et à son fonctionnement cognitif », précise-t-il dans son article. Et d’autre part la pensée figurative qui est « cette pensée qui travaille avec un matériel dérivé de la perception visuelle, qui est entièrement construit par la machine cognitive », dit-il encore. Source : autisme

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      La pensée visuelle (dite aussi Visual Thinking) est un mode de pensée qui reposerait essentiellement sur les processus de traitement de l'information visuelle par le cerveau, en opposition à un mode de pensée analogue au traitement du langage, dit pensée linguistique. Bien que la dichotomie entre ces deux « modes » de pensée soit très souvent reprise dans la psychologie populaire, cette théorie est loin de faire l'unanimité parmi les psychologues scientifiques, à la fois parce que ses concepts sont trop flous et parce que les données expérimentales la justifiant sont trop rares. L'histoire de la psychologie comprend toute une série de travaux sur cette question. Ils se sont intéressés à cette forme de pensée depuis les aspects les plus fréquents aux plus anormaux ou extrêmes, dans l'autisme par exemple.

    Il est ainsi possible de citer, entre autres :
    le travail de Binet sur les approches différentes qu'ont les enfants à propos d'un objet à décrire ;
    le travail de Piéron à propos du calculateur prodige Jacques Inaudi qui se servait d'images pour résoudre des problèmes numériques ;
    les recherches sur la mémoire eidétique ou « photographique » et les techniques mnémotechniques anciennes s'appuyant sur des images ;
    le travail de différenciation des caractéristiques de la « pensée auditive » et de la « pensée visuelle » par Antoine de la Garanderie.

    Ces études diverses, difficiles à mener par les seuls moyens de tests ou de l'introspection, sont reprises actuellement dans le cadre des neurosciences pour tenter de rapprocher les effets psychologiques avec les phénomènes enregistrables par l'imagerie cérébrale.

    Des troubles divers ont ainsi été décrits par des personnes atteintes :
    Ronald Dell Davis en 1995 pour la dyslexie ;
    Temple Grandin pour l'autisme en 1997.  

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     Des recherches ont commencé aux Pays-Bas, sous le nom de beelddenken (pensée visuelle ou par images) avec Maria J. Krabbe.

    La pensée visuelle est une approche globale moins sensible aux lacunes, mais qui supporte mal la segmentation. À titre d'exemple, l'expérience suivante permet de comprendre comment se pose le problème de la pensée visuelle.
    Imaginez un dessinateur qui caricature l'un de vos proches. Il est probable que vous commenciez à rire avant que celui-ci n'ait fini son dessin. Vous n'avez pas eu besoin de tous les détails pour réaliser l'ensemble. Par contre, si le dessin est découpé comme pour un puzzle, il vous sera difficile de le comprendre sans l'avoir reconstitué.
    L'image ne signifie pas nécessairement un dessin : un poème peut être tout à fait représentatif de la pensée visuelle. C'est l'hémisphère droit du cerveau qui semble en être le siège préférentiel.

    En contraste, la pensée linguistique, apparaît linéaire et séquentielle : plus rapide et efficace pour résoudre des problèmes simples dont on a toutes les données, c'est une suite logique dans le temps, comme un texte. Chaque chapitre doit donc être parfaitement terminé pour que l'on puisse y faire référence ultérieurement. Par contre, écrire plusieurs chapitres en même temps rend confus l'ensemble.

    Le langage ne signifie pas forcément les mots, mais une indexation [pas clair] du sens. À ce titre, le panneau stop relève plus du langage, en tant que code, que de l'image. Ce mode de pensée serait rattaché à l'hémisphère cérébral gauche.

    La notion existe en anglais (visual thinkers), mais il serait faux d'imaginer une séparation absolue. Il existe plutôt une façon de penser qui domine naturellement l'autre, comme on a un côté du corps qui domine l'autre. On parle alors de droitiers et de gauchers, mais cela peut être fonction des situations : l'écriture, le sport…

    Les deux formes de réflexion, visuelle et linguistique, sont donc pratiquées par l'ensemble de la population. D'après les premières études, la forme linguistique est favorisée à l'âge adulte alors que les jeunes enfants (entre 2 et 7 ans) utilisent de préférence l'imagination visuelle, d'après les travaux de Maria J. Krabbe.

    Aux Pays-Bas, la fondation Maria J. Krabbe a enquêté sur le phénomène. Les chercheurs de cette fondation ont imaginé une méthode pour mettre en évidence la pensée visuelle chez les enfants. Cette méthode, nommée « le wereldspel du monde », est basée sur l'expérience suivante : les enfants sont amenés à construire un village avec des blocs en bois et autres jouets. Plus tard, il leur est demandé de le reconstruire à l'identique. Les enfants qui y parviennent sont considérés comme des penseurs visuels.

    Certaines formes de la dyslexie, de l'hyperactivité et de l'autisme y sont rattachés, il semble en effet qu'une majorité de dyslexiques et d'autistes favorise la pensée visuelle, mais par des processus qui ne sont pas clairement établis.

    Contrairement aux penseurs linguistiques, les penseurs visuels arrivent d'une façon intuitive et empirique à une conclusion. Ils ne raisonnent pas à l'aide du langage mais en manipulant les symboles logiques/graphiques d'une façon non-linéaire. Ils « voient » la réponse au problème. La preuve la plus explicite de l'existence des penseurs visuels se trouve dans les arts graphiques modernes et dans toutes les professions où l'on utilise la perception visuelle.Les penseurs visuels vivant dans un monde majoritairement peuplé de penseurs linguistiques, ils éprouvent quelques difficultés d'intégration principalement dues à l'effort supplémentaire qu'ils doivent fournir pour apprendre à lire aussi bien que leurs homologues linguistiques (retard dans l'apprentissage des langues).Il existe relativement peu de livres au sujet de ce phénomène. Aux Pays-Bas, il y a le carnet amusant des enfants « suis-je bien un penseur visuel ? ». Et un extrait de bande dessinée de Marten Toonder, « Tom Poes en de Waggelgedachten » dans lequel Wammes figure de façon plastique la différence entre un penseur visuel et un penseur linguistique. Le livre Le don de dyslexie de Ronald D. Davis et Eldon M. Braun décrit la relation entre la pensée visuelle et la dyslexie[pertinence contestée]. Un autre livre, Thinking in Pictures (littéralement penser en images), de Temple Grandin, est axée sur la réflexion par l'image d'autiste. 

    Source :  wikipedia

     

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