• La roue de Bessler, une machine infernale !

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    La roue de Bessler, une machine infernale !

    La roue de Bessler a été une invention révolutionnaire pour son époque en 1718, grâce à son mouvement perpétuel, on ne pouvait jamais l’arrêter de tourner...

    LE MOUVEMENT PERPETUEL Les machines incroyables à mouvement perpétuel    La roue de Bessler, une machine infernale !

    Au château de Weissenstein régnait une atmosphère électrique en ce 26 novembre 1717. Le duc Karl regardait avec attention les experts qui examinaient les sceaux qui avaient été posés sur les portes d'une pièce fermée à clef. Apparemment satisfaits de leur examen, les experts brisèrent les sceaux, firent jouer les serrures et ouvrirent les portes.
    Toutes les personnes présentes entendirent alors un cliquetis régulier.
    Le bruit émanait d'une grande roue de 4 m installée au milieu de la pièce. Elle tournait régulièrement, effectuant 26 révolutions par minutes.

     

    Sur un ordre du duc, les experts inspectèrent les fenêtres et toute autre possibilité d'accès. Ils ne remarquèrent rien d'anormal. Cela ne faisait aucun doute, cette roue tournait seule dans une pièce totalement fermée depuis une quinzaine de jours. On referma la pièce et on posa de nouveau les scellés. Et lorsque, le 4 janvier de l'année suivante, le duc et les experts entrèrent dans la pièce, la roue tournait toujours.

    Convaincu par ces deux expériences successives, le duc Karl accorda à l'inventeur un brevet daté du 27 mai 1718. L'année suivante, ce dernier fit paraître une brochure scientifique où figurait ce brevet accompagné de la description de la roue. Cet inventeur s'appelait Johann Elias Bessler, plus connu sous le nom d'Orffyreus. Il avait composé ce " surnom " d'une façon astucieuse. Après avoir écrit l'alphabet en cercle, il avait pris la treizième lettre après chacune des lettres de Bessler. Il était ainsi arrivé au nom de Orffyre, qu'il avait ensuite latinisé.

    Orffyreus

     

    Orffyreus n'est pas le seul à s'être intéressé au mouvement perpétuel. Bien d'autres, avant lui et après lui, on tenté de réaliser l'impossible rêve.
    Ils poursuivaient tous des buts différents. Le plus souvent, ils cherchaient la gloire et la fortune, convaincu qu'une telle réalisation leur vaudrait de multiples récompenses. Il est certain en tout cas qu'une telle invention révolutionnerait la société.

    Mais qu'entend-t-on exactement par " mouvement perpétuel " ?
    Il s'agit du mouvement qui, idéalement animerait à jamais une machine sans l'intervention d'une énergie extérieure soit nécessaire. Dans sa forme le plus pure, il s'agirait d'une machine qui, par la seule force de son énergie interne, serait capable, par exemple, de soulever  indéfiniment de lourdes masses.

    Orffyreus

    S'éloignant quelques peu de la " pureté " originelle, certains ont pensé à agir sur la pesanteur. C'est la cas du professeur Cavor, le héros du livre de H.G. Wells, parus en 1901, The first Men In the Moon. Ce professeur invente une substance, qu'il appelle " cavorite ", capable d'annihiler les effets de la pesanteur. Des panneaux recouverts de cette substance, attachés aux parois de son vaisseaux spatial, lui permettent d'atteindre la Lune. En effet, si une substance telle que la cavorite était tenue sous une masse, cette dernière, en perdant sa masse, pourrait se soulever sans effort. Il suffirait d'enlever la substance pour que la masse, en retrouvant son poids, retombe au sol. Le mouvement perpétuel pourrait être créé en enlevant et remettant constamment la substance. Hélas ! la cavorite n'a jamais été inventée que par H.G. Wells.

    S'éloignant également du modèle idéal, quelques chercheurs ont tenté de réaliser le mouvement perpétuel en faisant appel aux forces magnétiques ou électriques, ou encore aux propriétés de certains liquides, sans plus de succès.

     Le mouvement perpétuel, tout comme l'alchimie, les mines d'or ou d'argent, ou tout comme ce qui peut apporter la puissance ou la fortune, a eu ses fraudeurs de génie.

    Citons cet " inventeur " qui exposa à Londres une grande roue qui tournait seule. Malheureusement, du tabac à priser tomba un jour par un trou à l'intérieur de l'extraordinaire machine qui, soudain... se mit à éternuer.

    Orffyreus

     Mais revenons à l'expérience conduite en 1717 dans le château du duc Karl à Weissenstein, Orffyreus était alors à l'apogée de sa carrière. Ce dernier était né à Zittau en 1680. Il avait étudié la théologie, la médecine, la peinture et la mécanique, diversité d'intérêts qui n'avait rien d'extraordinaire à l'époque. Vers l'âge de trente ans, il avait acquis une certaine renommée en construisant des machines qui fonctionnaient sans force motrice. Précisons toutefois que lorsqu'il exposait ses machines, il prenait la précaution d'en cacher avec soin le mécanisme interne.

    Grâce à une brochure de sa composition et à l'ouvrage de Dirck, Search for self motive power (1861 et 1870), nous ne sommes pas sans information sur les inventions d'Orffyreus. Il exposa sa première roue animée d'un mouvement perpétuel en 1712 dans la province de Gera.
    Ses dimensions étaient d'environ 1 m de diamètre et 10 cm d'épaisseur.
    Elle effectuait un nombre constant de révolutions par minute et était également capable de soulever un poids de plusieurs livres. De nombreux spectateurs accusèrent Orffyreus de tricher.Il faut dire que le caractère suffisant et les manières grandiloquente de l' '' inventeur " irritèrent nombre de ses contemporains.

    Orffyreus

    Pour fuir ses détracteurs, Orffyreus quitta la province de Gera. En 1713, il exposa une seconde roue à draschwitz, près de Leipzig. De plus grande taille, cette roue faisait 1,5 m de diamètre et 15 cm d'épaisseur. Sa vitesse maximale était de cinquante révolutions par minute et elle pouvait soulever des poids de 18 kg. Sa troisième roue fut exposée à Merseburg, toujours dans la région de Leipzig. Encore plus grande que la seconde, elle mesurait 2 m de diamètre et 30 cm d'épaisseur.

    Se servant de sa célébrité grandissante, Orffyreus demandait à des témoins de signer des certificats attestant qu'ils avaient vérifié que la machine n'était reliée à aucune source d'énergie extérieure. Mais comme ses détracteurs ne le laissaient pas en paix, Orffyreus pria les notables de la ville de former un comité chargé d'inspecter la roue. Les membres de ce comité firent donc partir la roue et l'examinèrent entièrement.
    Ou presque car il leur fut interdit de soulever ce qui cachait le mécanisme. En attachant des cordes autour de l'axe, ils virent ce dernier soulever une caisse de pierres pesant 32 kg. Les témoins affirmèrent également que la roue ne s'était pas arrêtée de tourner pendant un mois.

    Orffyreus

    Le compte rendu du comité souleva de vives protestations. Les adversaires d'Orffyreus l'accusèrent d'œuvrer contre les lois de la nature et demandèrent qu'il soit condamné. Certains écrivirent des brochures qui étaient sensées démontrer comment l' " inventeur " avait procédé.
    Aucune de ces démonstrations n'était convaincante.

    Orffyreus quitta Merseburg vers la fin de l'année 1716. Il trouva refuge au château de Weissenstein. Intrigué par tout ce qu'il avait entendu dire sur son compte, le landgrave Karl lui accorda sa protection et le fit nommer conseiller de la ville. Pendant un temps, il se contenta de cette nouvelle charge. Mais très vite, il fut repris par la passion de l'invention.
    Et c'est ainsi qu'un jour de novembre 1717, le duc Karl et les membres de sa suite constatèrent avec étonnement que la célèbre roue d'Orffyreus, enfermée soigneusement dans une pièce du château, tournait toujours toute seule, sans aucune source d'énergie extérieure.

     La merveilleuse machine construite par Orffyreus sous la protection du duc Karl fit sensation au château de Weissenstein. Était-elle vraiment animée d'un mouvement perpétuel comme l'affirmait son inventeur ?

    Orffyreus

    Un certain nombre d'homme éminents, intellectuels, hommes de science, experts en mécanique, examinèrent la grande roue.  Aucun ne trouva quoi que ce soit à redire. Certains témoignages nous sont parvenus.
    Voici par exemple, ce qu'un mathématicien connu, le professeur W.J. Gravesande de Leyden, écrivit à Isaac  Newton :

    " Il s'agit d'une roue creuse, une sorte de caisse, qui fait 35 cm d'épaisseur et 3,5 m de diamètre. Composée de panneaux de bois encastrés les uns dans les autres, elle est d'une grande légèreté. Le tout est recouvert d'une sorte de toile qui cache l'intérieur. Au centre de cette roue, il y a un axe d'environ 15 cm de diamètre. Cet axe se termine à chaque extrémité par deux axes de fer, d'environ 2 cm de diamètre. J'ai examiné ces axes en détail, et je peux affirmer que rien d'extérieur ne contribue au mouvement de la roue. Lorsque je la faisais tourner doucement, elle s'arrêtait automatiquement dès que je retirais la main. Mais lorsque je l'entrainais avec plus de force, il devenait plus difficile de l'arrêter.
    Car, quand je la laissais aller, il lui suffisait de deux ou trois tors pour atteindre sa plus grande vitesse, soit 25 à 26 tours par minutes. "

    Orffyreus

    Le baron Fischer, architecte de l'empereur d'Autriche, examina lui aussi la machine d'Orffyreus. Voici ce qu'il écrivit à J.T. Desaguliers, chercheur de grand renom qui participa aux premiers travaux sur la machine à vapeur :

    " Je peux vous assurer que cette machine mérite bien le nom de Mouvement perpétuel qu'on lui a attribué. J'ai de bonnes raisons de croire cela grâce aux expériences que j'ai pu conduire avec la permission de Son Altesse Sérénissime... qui m'a fait l'honneur d'être présent pendant ces expériences, qui ont duré deux heures.

    " C'est une roue de 3 m de diamètre, couverte d'un tissus huilé. A chaque fois que la roue tourne, on entend le bruit de huit poids qui tombent doucement du côté où elle vire. Cette dernière tourne à une vitesse étonnante, effectuant jusqu'à 26 tours par minute quand rien n'entrave son mouvement. Lorsque j'attachait une corde à l'axe, je calculai, à l'aide de ma montre, que la roue ne faisait plus que 20 tours par minute.

    " J'arrêtai alors la roue. Ce ne fut pas une opération facile. Il me fallut retenir la circonférence à deux mains. Un homme qui essaierait de l'arrêter soudainement serait soulevé du sol. Une fois arrêtée, la route resta immobile ( ce qui prouve le mouvement perpétuel). Je la fis repartir doucement pour voir si elle allait regagner d'elle-même sa vitesse de croisière. Ce dont, je dois l'avouer je doutais fortement car je croyais, selon ce qui avait été dit à Londres, que le prétendu " mouvement perpétuel " n'était que la conséquence de la forte poussée initiale. Or, à mon étonnement, la vitesse de la roue augmenta petit à petit pendant les deux premiers tours jusqu'à reprendre sa vitesse de croisière précédente, c'est-à-dire les 26 tours par minute.

    " Le fait que, malgré la faible poussée que je lui ai donnée au départ, cette roue ait acquis très vite un mouvement rapide m'a plus convaincu que si je l'avais vue tourner pendant une année entière. En effet, rien ne peut expliquer que la roue ait gagné de la vitesse alors qu'elle aurait dû normalement en perdre, et ce malgré la résistance de l'air et la friction des axes.

    " J'examinai  avec attention les axes de la roue pour voir s'il n'y avait pas quelque artifice caché. Mais je ne trouvais rien de la sorte. "

    Orffyreus

    Quelques mois passèrent. Comme la machine continuait à fonctionner, le baron Fischer fit tout pour convaincre Desaguliers de l'intérêt qu'il aurait à faire l'acquisition du " secret " de cette machine. Le destin, malheureusement, en décida autrement. Alors que les négociations battaient leur plein, Orffyreus, dans un accès de rage, mit sa machine en morceaux après un examen du professeur Gravesande qui voulait s'assurer que les axes ne transmettaient pas une force motrice extérieure.
    Cette inspection, qu'Orffyreus avait vraisemblablement trouvé inopportune, ne menaçait pourtant aucunement l'inventeur, puisqu'elle ne révéla rien d'anormal. Voici le témoignage du professeur Gravesande lui-même : 

    " Monseigneur de Landgrave, en présence du baron Fischer... et d'autres personnes nous montra les supports de la machine. Nous avons vu les axes découverts. J'ai examiné les plaques sur lesquelles reposaient les axes. I n'y avait pas la moindre petite trace de communication possible avec la pièce adjacente. Je me souviens très précisément des détails de cette inspection, qui mit Orffyreus dans une telle colère que, le lendemain, il détruisit entièrement sa machine et écrivit sur le mur que mon insolente curiosité en était la cause. "

    Orffyreus

    Le reste de l'histoire reste vague. Peu de temps plus tard, Orffyreus annonça qu'il allait construire une autre roue et que le professeur Gravesande et d'autres pourraient l'examiner s'il le désiraient. Il ne semble pas que cette nouvelle machine ait vu le jour. En tout cas, personne n'en parle jamais. Orffyreus tomba peu à peu dans l'oubli.
    Il mourut en novembre 1745.

    Avait-il vraiment découvert le principe du mouvement perpétuel ? Selon les lois de la physique et de la mécanique, c'est impossible. De nombreuses tentatives ont été faites, la plupart fondées sur l'hypothèse de la " roue autorenversante ". Elles ont toutes échoué. Et si un chercheur réussissait un jour à construire une machine animée d'un mouvement perpétuel, cela remettrait en cause les bases même de la physique.

    Que penser alors de tous les témoignages d'hommes de science compétents qui ont examiné la machine et qui ont témoigné en sa faveur ? Trois témoignages notamment ne font qu'épaissir le mystère.

    A l'exception  d'Orffyreus, un seul homme aurait vu l'intérieur de la roue. Il s'agit du duc Karl. Voici ce que le professeur Gravesande écrit à ce sujet :

    Orffyreus

    " Le Landgrave était présent lorsque j'examinai la machine. Je pris la permission de lui demander, puisqu'il avait vu l'intérieur, s'il avait remarqué une quelconque modification des éléments qui la composaient quand elle tournait depuis quelques temps, ou quelque autre supercherie. Son Altesse Sérénissime m'assura n'avoir rien remarqué d'anormal et m'affirma que cette machine était très simples "

    Ce que confirme le baron Fischer dans une lettre écrite quelques temps plus tard :

     " Son Altesse qui est un parfait mathématicien, m'a assuré que la machine était si simple qu'un fils de charpentier serait capable de la construire lui-même après avoir vu l'intérieur. "

    Si l'on en croit ces témoignages, il était donc impossible qu'un complice se soit caché à l'intérieur de la roue. Il est certain, en tout cas, que même un nain n'aurait pu trouver place à l'intérieur des premières roues construites par Orffyreus.

    Remarquons d'autre part que le professeur Gravesande ainsi que d'autres nombreux témoins autour de lui, entendirent à chaque tout de la roue le bruit de huit poids qui tombaient doucement vers le côté où elle tournait.

    Mais avant de conclure, laissons la parole à l'inventeur lui-même. Voici comment il décrit la machine :

    "A la différence de tous les autres automatismes, tels que les horloges ou les poids suspendus qui doivent être remontés, ou dont la durée dépend de la chaîne qui les attache, dans cette machine, les poids constituent les éléments essentiels. Ce sont eux qui créent le mouvement perpétuel et qui l'exercent aussi longtemps qu'ils restent hors du centre de gravité.
    Et quand ils sont placés ensemble, l'un ou l'autre d'entre-deux doit appliquer son poids à angle droit de l'axe qui, à son tour, se trouve entrainé. "

    Si l'on en juge donc par les explications d'Orffyreus, par le témoignage du duc et par les bruits entendus par les observateurs, il semblerait que la machine d'Orffyreus n'était qu'une application parmi tant d'autres du principe de la roue " autorenversante ". Doit-on en conclure qu'Orffyreus avait réussi là où tous les autres chercheurs avant lui avaient échoué ?
    Scientifiquement, c'est impossible.
    Le mystère, décidément, reste entier.

    (source : mystere-et-insolite)

        

     

    Johann Bessler

     
    Johann Bessler (Orffyreus)

    Johann Ernst Elias Bessler (1681 à Zittau, Allemagne - 30 novembre 1745) est un inventeur allemand. Son nom peut aussi s'écrire Beßler, selon la transcription choisie ; il est aussi connu sous le pseudonyme de Orffyre, la transcription ROT13 de Bessler, ou Orffyreus dans sa version latinisée. Horloger (et médecin) de formation, il fut l'inventeur de nombreuses machines qu'il présentait comme étant des machines à mouvement perpétuel. 

    Biographie

    Johann Bessler est né à Zittau en 1681, et a été baptisé le 6 mai de la même année.

    Avant d'être inventeur, Bessler a été voyageur et aventurier, et a appris beaucoup de métiers artisanaux ainsi que la médecine dans divers pays d'Europe. C'est dans un cloître en Italie qu'il a eu pour la première fois l'idée de créer un mouvement perpétuel. À Prague, il a fait ses premières expériences, avec un rabbin et un jésuite.

    Le 6 juin 1712, Bessler part à Gera, dans la province de Reuss, où il présente une roue, qui une fois en mouvement ne s'arrête plus de tourner. Cette première démonstration se fit dans sa maison, publiquement. La vitesse annoncée est de 50 tours par minute. Le diamètre de la roue était de 141,6 cm, son épaisseur de 9,4 cm.

    Les habitants de Gera, peu intéressés par ses démonstrations, étaient un peu irrités par le caractère dogmatique de Bessler ; il aurait par exemple dit « J'ai trouvé le secret du mouvement éternel, et si cette roue ne fonctionne pas, on peut couper ma tête et montrer cette tête publiquement ».

    Cependant, le 9 octobre 1712, la roue est examinée pour la première fois et un certificat est officiellement délivré par l'ordre de Moritz Wilhelm von Sachsen-Zeitz. Bessler propose l'invention avec son secret pour 100 000 thalers (une somme importante pour l'époque).

    Après une campagne orchestrée contre lui, Bessler détruit sa roue et quitte Gera en 1713. Il s'installe à Draschwitz, près de Leipzig, où il construit une roue plus grande encore. Cette roue fait aussi 50 tours par minute et peut lever jusqu'à 18 kg. Les trois ennemis de Bessler, Gartner, Borlach et Wagner, font une nouvelle campagne et publient des imprimés contre lui. Bessler détruit une nouvelle fois sa roue et en recrée une nouvelle, plus grande, à Merseburg, le 31 octobre 1715. Elle est examinée par ordre du duc Moritz Wilhelm de Sachsen-Merseburg. Contrairement à la première roue, celle de Merseburg pouvait tourner dans les deux sens : Bessler voulait ainsi montrer que son fonctionnement n'était pas dû à un mécanisme à ressort caché, ce qu'on avait d'abord supposé. Bien que cette roue n'eût pas la vitesse de la première roue et qu'elle ait eu besoin d'être lancée à la main pour tourner (contrairement à la première), d'après les observations faites à l'époque, une fois mise en mouvement, elle n'arrêtait plus de tourner.

    Il s'installe ensuite dans l'État de Hesse-Cassel, où le prince Karl, landgrave de cette région, lui offre un atelier dans le château de Weissenstein. En contrepartie, le prince Karl peut observer le secret de la roue mais il n'a pas le droit de divulguer ce secret avant qu'une vente ne soit conclue. Pour voir le secret de l'invention, le landgrave doit payer 4000 thalers à Bessler. Après avoir pris connaissance du fonctionnement de la roue, le prince Karl offre sa protection et un revenu régulier à Bessler pour qu'il puisse bâtir une roue encore plus grande. Bessler habite dans le château et il y construira en 1717 une nouvelle roue, la plus grande de toutes.

    Le 12 novembre 1717, après une demande de l'inventeur, la « roue de Bessler », toujours en mouvement, fut enfermée dans une salle du château dont la porte fut scellée. Bessler fit cette demande, parce que son ennemi Gartner lui demanda publiquement de tester cette roue. Un pari fut posé : si la roue n'arrêtait pas de tourner après 4 semaines et n'entrait jamais en contact avec une source d'énergie extérieure, Gartner devrait donner à Bessler 1000 thalers. Si cet essai ne fonctionnait pas, Bessler devrait payer à Garntner la même somme. Le 4 janvier 1718 après avoir constaté que le sceau était intact, on le brisa pour ouvrir la porte. La roue tournait toujours à la vitesse de 26 tours par minute après 54 jours. Un nouveau certificat officiel fut délivré. Bessler gagna son pari et les 1000 thalers mais son invention resta contestée.

    Pendant les quatre années suivantes, la roue fut examinée à de nombreuses reprises par plusieurs scientifiques, dont le professeur de mathématiques et de physique Willem Jacob 's Gravesande et le mathématicienGottfried Wilhelm von Leibniz, le 31 octobre 1715. Cependant ils n'ont pas pu examiner l'intérieur de la roue, car Bessler s'y est toujours opposé.

    Lorsque Willem Jacob's Gravesande examina pour la seconde fois la « roue de Bessler », il fut convaincu que cela ne pouvait être une fraude, et en déduisit que le mouvement perpétuel était réel. Mais quand il voulut examiner l'axe de la roue, où se trouvait le mécanisme, Bessler détruisit sa roue une nouvelle fois, prétendant qu'il pourrait chercher à découvrir le secret de la roue sans payer.

    Le tsar de Russie Pierre le Grand se trouva soudain disposé à payer la somme demandée, mais il voulut auparavant être sûr qu'il ne s'agissait pas d'une supercherie, et c'est pourquoi il voulait se mettre en voyage. Cependant, il décéda en février 1725.

    Peu après la mort du tsar de Russie, la Royal Society d'Angleterre accepta à son tour de payer la somme demandée. On proposa de donner d'abord l'argent au landgrave Karl : il ne serait versé à Bessler qu'après une étude de Willem Jacob's Gravesande et un rapport complet sur le mécanisme de la roue. Bessler refusa cette procédure en affirmant qu'on cherchait à le tromper, et une nouvelle fois, il détruisit sa roue.

    Bessler et sa machine sont ensuite tombés dans l'oubli. En 1727, il construisit une nouvelle roue, Sir Gravesande ayant promis de l'examiner à nouveau (on ne sait pas si ce réexamen a eu lieu).

    Le 28 novembre 1727, la servante de Bessler, Anne Rosine Mauersbergerin affirma aux autorités que cette roue était une supercherie, qu'elle-même actionnait le mécanisme d'une pièce voisine, mais Willem Jacob's Gravesande protégea l'invention, qu'il avait vu tourner sans qu'un contact extérieur ne soit possible : il admit que Bessler n'était pas bien mentalement, mais témoigna que sa roue fonctionnait. Les accusations de fraude furent finalement officiellement rejetées.

    Cela n'empêcha pas les anciens ennemis de Bessler de réitérer leurs campagnes. Peu après son arrestation à cause des accusations d'Anne Rosine Mauersbergerin, Bessler détruisit presque tous ses documents, modèles et dessins.

    Le 23 mars 1730, le protecteur de Bessler, le landgrave Karl, mourut. En 1738, Bessler annonça trois autres inventions : une fontaine qui n'arrête pas de couler, un orgue qui n'arrête pas de jouer et un bateau, créé pour empêcher la noyade et pour repêcher un trésor dans une épave. Pendant les dernières années de sa vie, Bessler a fondé une association religieuse, les « Orfreaners » dans l'intention de réunir les Catholiques avec les Protestants.

    En 1745, il mourut d'un accident pendant la construction d'un moulin à Fürstenburg. Il n'a jamais publié les plans de sa roue, mais la douairière de Bessler a publié tous les dessins et documents qu'elle a trouvés. C'est pourquoi aujourd'hui, il y a 143 dessins des brouillons de cette roue, mais pas un brouillon du principe de fonctionnement de la roue elle-même.

    La roue de Bessler

     
    Reconstitution spéculative d'après les descriptions de l'auteur : les cinq billes se déplacent à l'intérieur des tubes provoquant ainsi un nouveau déséquilibre qui est censé entretenir le mouvement.

    Bessler n'a jamais expliqué publiquement son mécanisme, disant craindre que tout le monde ne soit capable de créer sa propre roue.

    En 1719, il donne quelques indications très vagues, en deux endroits de son livre Das Triumphirende Perpetuum mobile Orffyreanum : aux pages 19-21 et aux pages 74-76.

    Selon lui, le mécanisme principal de sa roue est basé sur des poids, qui doivent être bien placés pour ne jamais obtenir un équilibre, ce qui permet le mouvement continu de la roue. Les observations et actes notariés de l'époque rapportent qu'aucune source d'énergie extérieure n'a été décelée. Avant, pendant et après les démonstrations de la roue de Bessler, toutes les salles ont été contrôlées. Aucun contact de la roue avec une source d'énergie extérieure n'a été constaté. Les professeurs de mathématique et physique participant à la démonstration, notamment M. s' Gravesande, ont apposé leurs signatures sur les documents.

    Aujourd'hui, on sait que le fonctionnement de la roue de Bessler serait en totale contradiction avec les lois de la physique et violerait le principe de conservation de l'énergie. Plus généralement, le concept sur lequel s'appuie la roue, le « déséquilibre permanent », est en contradiction avec la définition même d'équilibre. En physique, un point d'équilibre stable est un point d'énergie minimum, un dispositif cyclique en admet nécessairement au moins un.

    Depuis, d'autres roues censées être en mouvement perpétuel par simples arrangements mécaniques ont été proposées. Aucune n'a pu démontrer publiquement son efficacité, et les scientifiques s'y intéressent peu, si ce n'est à titre de curiosité historique : à l'échelle des dispositifs utilisés, les lois de la mécanique classique, excluant tout mouvement perpétuel de ce type (dit de première espèce), ont été démontrées « au delà de tout doute raisonnable ». (source : wikipedi)

     

      

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