• Les devins célèbres de l'histoire

    Les devins célèbres de l'histoire
     
    "...Des médiums ont toujours été au cœur des décisions du pouvoir. L'astrologue Ruggieri prédit à Catherine de Médicis qu’elle mourra près de Saint Germain. Toute sa vie, elle évite les endroits nommés Saint Germain et à sa mort, elle demande le nom du prêtre qui lui donne l'extrême onction.. il s’appelle Saint Germain..."
     
     
    Catherine de Médicis
     
    Certaines prédictions se sont avérées célèbres et troublantes par leur véracité. 

    L’Homme a toujours cherché à connaître l’avenir pour se rassurer ou pour anticiper les événements. Que l’on y croit ou non ou qu’on consulte « comme ça pour voir » reste que certains éléments sont troublants...

    PREDICTIONS HISTORIQUES

    Cosimo (Côme) Ruggieri

    (XVIe - XVIIe siècle)

    a vu Catherine de Médicis sur le trône avant tout le monde...

    Cosimo a vu Catherine De Médicis sur le trône alors que rien ne le laissait présager. En effet, elle était mariée à Henri II qui n’était que le cadet du roi régnant. Il lui annonce également qu’elle aura 10 enfants alors qu’elle se pensait stérile.

    Plus troublant encore, il lui annonce «Saint-Germain verra votre mort. » Cette prédiction lui fit quitter le Louvre alors trop proche de Saint-Germain L’auxerrois. En 1589 à Blois elle tombe légèrement  malade, elle fait appeler son chapelain qui absent se fait remplacer par un jeune prêtre inconnu du nom de « Laurent de Saint-Germain ». La reine comprend alors que sa vie touche à sa fin et demande l’extrême onction.

    Cet astrologue florentin exerçait une influence considérable sur la reine Catherine de Médicis.
    Si Ruggieri était un grand spécialiste des astres (on peut encore voir sa tour d'observation à Paris, près des Halles), il utilisait souvent d'autres méthodes magiques : lecture dans les viscères des animaux, miroirs magiques, envoûtement à l'aide d'épingles plantées dans des figurines de cire...… L'apparition du personnage de Ruggieri dans les romans d'Alexandre Dumas et de Balzac a achevé d'en faire une figure légendaire du devin de cour.


    Johannes Kepler

    (XVIe - XVIIe siècle)

    aurait vu venir les Turcs... 

    Cet astronome allemand, qui découvrit l'orbite des planètes, publia deux ouvrages sur l'astrologie. Il cherchait à donner à cette pratique des bases scientifiques. Homme très en vogue à la cour du roi Rodolphe II, il rédigeait régulièrement des horoscopes, dans lesquels, il annonça paraît-il, l'invasion que les Turcs tentèrent au XVIIe siècle.

    Maurice Vasset

    (XXe siècle)

    Ne faites surtout pas ce référendum...

    Militaire et astrologue, il a fréquenté le Général de Gaulle régulièrement. Il assure lui avoir déconseillé en vain d’organiser le référendum de 1969.

    Jeanne Dixon

    « Un démocrate grand aux yeux bleus deviendra président et sera assassiné dans son mandat. »

     Troublante prédiction de Jeanne Dixon en 1960…

    André Barbault

    « Un événement important aura lieu pour la Russie cette année »

    un astrologue de référence pour ses pairs, s'est intéressé aux rapports entre astrologie et psychologie. L'année 1953, date de la mort de Staline, il avait prédit un événement important pour la Russie.

    (source : astrocenter

    Sir Michaël Scott

    (XIIe - XIIIe siècle)

    ne s'est pas laissé piègé par Frédéric II

    Cet astrologue écossais est un peu le Merlin anglo-saxon. Linguiste, scientifique, philosophe… et magicien, il fut l'astrologue attitré du maître du Saint Empire Romain, Frédéric II. Beaucoup de légendes courent à son sujet : il aurait créé une rivière en une nuit, il guérissait les blessés… D'autres anecdotes prouvent surtout sa solide intuition psychologique. On raconte par exemple que l'empereur lui avait ordonné de mesurer la distance du haut d'une tour jusqu'au ciel. Une fois le chiffre donné, il fit secrètement raccourcir la tour et demanda au magicien de refaire sa mesure. Mais Michaël devina le stratagème et déclara que "le ciel s'était éloigné de la tour" lors de cette seconde mesure….
     

    Nostradamus (voir l'article)

    (XVIe siècle)

    provoque encore la polémique 500 ans plus tard
    Michel de Notre-Dame, auto-rebaptisé Nostradamus (jeu de mots latin sur son nom), est encore une star aujourd'hui. Ses "centuries", 940 quatrains énigmatiques censés annoncer l'avenir, sont toujours le terrain de bataille favori entre partisans et adversaires de l'astrologie. Les vers les plus célèbres sont ceux-ci : "Le lion jeune le vieux surmontera /En champ bellique par singulier duelle/ Dans cage d'or les yeux lui crèvera /Deux classes une puis mourir mort cruelle".
    On a pu y voir l'annonce de l'accident qui tua quelques années après le roi Henri II (une lance rentrée dans l'œil lors d'un tournoi). Catherine de Médicis, férue d'astrologie, l'invitait souvent à sa cour. De nos jours, certains interprètent encore les quatrains (souvent rétrospectivement) pour y trouver la prédiction des catastrophes actuelles, de la guerre du Golfe au 11 septembre. En revanche, tout le monde a oublié le savant traité de Nostradamus sur… l'art des confitures.

    Madame Soleil

    (XXe siècle),

    Si connue que son nom est même passé dans le langage courant.... Germaine Soleil - son vrai nom !

    Elle a officié sur Europe 1 de 1971 jusqu'à sa mort en 1996. Elle tenait également les pages "Horoscope" de France Dimanche, et son cabinet privé ne désemplissait pas - on murmure que le président Pompidou était parmi les clients fidèles. Mais cela n'aurait pas vraiment aidé Madame Soleil dans ses prédictions puisqu'en 1974, la veille du décès du Président, elle aurait écrit dans sa rubrique quotidienne que sa maladie ne présentait "aucun signe grave".

    Elisabeth Teissier

    (XXe siècle)

    avait ses entrées à l'Elysée
    Qui n'a jamais entendu parler de cette médiatique astrologue ? Ses rapports avec les puissants et notamment avec le Président français firent couler beaucoup d'encre. Ex-mannequin, ex-actrice, Germaine Hanselmann (son véritable nom) dévoile en 2000 les enregistrements de ses conversations avec François Mitterrand. Selon ses dires, le président attendait surtout de l'astrologue qu'elle lui désigne les jours "fastes" pour certaines actions politiques, comme l'intervention dans la guerre du Golfe. En 2001, elle a provoqué un nouveau scandale en soutenant à la Sorbonne une thèse de sociologie (titre : "La situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination-rejet dans les sociétés postmodernes").

    Claude Ptolémée

    Scientifique et astrologue égyptien du Ier siècle avant JC. Ses travaux sur la géographie du ciel restent la base de beaucoup d'astrologues d'aujourd'hui.


    Eric Hanussen

    Astrologue allemand, comptait parmi ses clients nombre de dignitaires nazis et jusqu'à Hitler… qui le fit arrêter, dit-on, le jour où il prédit la chute du Reich.

    Ada Mercier (source : sante.journaldesfemmes)


    Jeanne le Royer

    Une religieuse qui vécut au XVIII° siècle (1732-1798), fut une voyante très célèbre.
    D'après elle, la Révolution était l'ouverture du dernier âge de l'Eglise sur la terre. Elle présume que les grandes scènes qui précéderont la catastrophe finale auront pour théâtre l'Europe catholique, et surtout l'Italie et la France.
    "Examinant, écrit-elle, à la faveur de cette lumière divine, le siècle qui doit commencer en 1800, je vis que le Jugement n'y était pas et qu'ainsi le siècle ne serait pas le dernier considérant ensuite le siècle suivant jusque vers sa fin, Notre-Seigneur me mit en doute si ce serait vers la fin de ce siècle, ou dans celui qui commence l'an 2000 qu'arriverait le Jugement ; en sorte que s'il arrive dans le siècle de 1900, ce ne sera que vers la fin, et qui si ce siècle s'écoule tout entier, le suivant ne passera pas avant qu'il arrive, ainsi que je l'ai vu dans la lumière de Dieu."
    Et elle ajoute :
    "Je considérai attentivement, et je jugeai qu'il ne restait plus qu'environ deux heures au soleil (1)."
    Elle prédit encore :
    "Longtemps avant que l'Antéchrist arrive, le monde sera affligé de guerres sanglantes. Les peuples  s'élèveront contre les peuples, les nations contre les nations, tantôt divisées et tantôt unies pour combattre, pour ou contre le même parti... Outre cela, je vois que la terre sera ébranlée en différents lieux."
    Donc, des guerres et des tremblements de terre ; nous en revenons toujours là. Et ceci longtemps avant que l'Antéchrist n'arrive.

    (1) Baron de Novaye : "Les deux heures qui restent au soleil, au monde, depuis la fin du XVIII° siècle, combien signifient-elles d'années ? Si une heure représente un siècle, la fin du nôtre ou les premières années du deuxième millénaire verront la fin du monde."(source : histoiresansgeo)

    Sous le règne de Louis XI, Galéotti

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    Au moyen âge on croyait aux prédictions, et de nos jours, bien des personnes sacrifient aux préjugés. Un chroniqueur du milieu du XVIe siècle, contemporain de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier, raconte qu'un jour, sous le règne de Louis XI, le duc Louis d'Orléans (qui fut depuis Louis XII) se trouvait aux environs de Plessis-lez-ToursPlessis-lez-Tours dans un château appartenant à un des gentilshommes fidèles à sa cause, lorsque la châtelaine lui annonça qu'une vieille femme voulait le voir à tout prix.
    - Elle a quatre-vingts ans et passe pour sorcière dans le pays, dit la châtelaine avec émotion.
    Le duc, curieux de connaître son avenir, fit venir la devineresse en sa présence.
    Et quand la vieille se trouva devant lui, levant un doigt fatidique, elle lui raconta tout ce que lui réservait sa destinée.
    Le jeune duc écouta dans le plus profond silence les paroles de la devineresse, et les grava dans sa mémoire.
    - Et, ajouta le chroniqueur, tout ce qu'elle lui avait prédit arriva de point en point.
    - Tu seras roi ! s'était écrié la vieille.
    La prédiction se réalisa, comme on le sait. (source :histoiresansgeo)

    Que dit votre science, aujourd'hui, Messire Galéotti ?

    Pouvons-nous ordonner la chasse au sanglier qui nous délasserait du souci des affaires ?...

    Les nuages courent vite, mais le soleil brille aussi ; nous ne partirons pas sans votre avis.
    Ainsi parlait Louis XI à son astrologue favori qu'il était venu trouver jusque dans sa tour. Galéotti se leva : c'était un grand vieillard portant une longue barbe ; ses vêtements magnifiques contrastaient avec le pourpoint râpé du roi, et sur sa ceinture de cuir étaient représentés les signes du Zodiaque. Il promena un regard majestueux sur les tables et les escabeaux chargés de livres ; puis, choisissant un volume plus grand que les autres, il dit :
    "Si mon royal frère veut attendre un instant, je vais lui répondre avec certitude !" Galéotti se saisit encore d'une bizarre longue-vue et gagna la terrasse d'où il se mit à observer le ciel. Sa réponse fut favorable, d'abord parce que, le roi désirant chasser, il ne voulait pas le contrarier, ensuite parce que lui-même aimait mieux passer une journée à chevaucher dans les bois que de rester enfermé entre les hautes murailles du château de Plessis.
    Une heure plus tard, le pont-levis résonnait sous le galop des chevaux, le son du cor retentissait dans la forêt, et le roi, avec des éclats de voix bruyants, criait aux seigneurs de sa suite :
    "Hardi ! mes seigneurs ; vos épieux en main ! Le sanglier est en campagne ; les chiens sont lâchés ! En avant ! en avant, par St Hubert !"
    Cependant, il arriva que, dans l'ardeur de la chasse, Louis XI et Galéotti se trouvèrent séparés du reste des seigneurs. Au détour d'un sentier, tous deux se trouvèrent arrêtés par un brave paysan qui s'en venait tranquillement au trot de son petit âne. L'homme retira son bonnet, et avec la familiarité permise par Louis XI aux gens du peuple quand ils l'abordaient :
    "Sire, dit-il, si Votre Majesté veut suivre mon conseil, elle fera bien de s'abriter dans ma chaumière qui se trouve au bout du chemin : un gros orage va éclater, il n'y a plus le temps de retourner au Plessis."
    L'astrologue, indigné, fut le premier à répondre :
    "Et tu crois que le roi va t'écouter ? Beau conseiller, ma foi ! Arrière ! Une autre fois, ne te mêle pas de pareille chose !"
    Puis s'adressant  à Louis XI, il continua :
    "Poursuivons cette chasse qui vous amuse, Sire, et ne vous souciez pas des prédictions de ce lourdaud !... Écoutez, le cor sonne par ici..."
    Les chasseurs s'enfoncèrent sous bois ; mais déjà un vent impétueux faisait craquer les plus hautes branches, de larges gouttes tombées ça et là furent bientôt suivies d'une pluie torrentielle. La tempête déchaînée n'épargnait ni le roi, ni le vieil astrologue, qui maintenaient leurs chevaux avec peine. Pendant que ceux-ci entraînent à l'aventure les cavaliers, un heureux hasard les ramène devant la cabane du paysan, chez qui ils s'empressent d'entrer. C'est avec satisfaction que le royal chasseur, trempé jusqu'aux os, se tourne et se retourne devant la flamme généreuse du foyer.

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    Enfin, il dit au paysan :
    "Qui t'enseigne à si bien deviner le temps qu'il doit faire ? De qui tiens-tu cette science ?
    - Eh, Sire, je n'en saurais rien tout seul ; mais mon âne est là pour m'apprendre quand il va pleuvoir. Au premier signe de mauvais temps, il frappe la terre de son sabot, il brait et secoue les oreilles avec force. Alors, si je suis dehors, j'accours en hâte à la maison , jamais encore il ne m'a trompé."
    Lorsqu'il entendit cette explication, Louis XI se mit à rire silencieusement selon son habitude, puis, tournant un regard plein de malice sur Galéotti morfondu, il s'écria :
    "Pâques Dieu ! Messire, vous avez là un fameux confrère ; mais, si les ânes sont si bons astrologues, j'ai peur que les astrologues ne soient des ânes !"
    Dès le lendemain, cependant, le roi superstitieux n'en consultait pas moins Galéotti sur tout ce qu'il devait entreprendre.

    Marie du COUDRET (source : histoiresansgeo)

    Mademoiselle Lenormand

    Contrairement à Cazotte, Mademoiselle Lenormand traversa sans trop d’encombre la Révolution, puis l’Empire et la Restauration. Elle sera incontestablement la voyante la plus célèbre de cette époque troublée de l’Histoire de France.

    Mademoiselle Lenormand

     

    Le Grand Jeu de Mademoiselle Lenormand

    Mademoiselle Lenormand : la voyante préférée de Napoléon Ier 

    La vie de Marie-Anne Lenormand est étonnante à plus d'un titre : cette voyante verra en effet défiler, dans son cabinet, aussi bien de simples domestiques, femmes de chambre ou cousettes que de grands personnages comme Robespierre, Fouché, Talleyrand, Joséphine de Beauharnais ou Napoléon Bonaparte !

    Mademoiselle Lenormand fut considérée, de son vivant, comme « la plus exceptionnelle diseuse de bonne aventure de tous les temps ». Pas moins ! 

    Née en 1772, Marie-Anne Lenormand, fille d'un drapier d'Alençon, entre toute gamine à 1'Abbaye Royale des Dames bénédictines de sa ville natale où elle se fait remarquer, dès son plus jeune âge, par une ardente imagination et un curieux talent de « prophétesse » (terme dont la langue française possède de très riches synonymes : pythonisse, pythie, devineresse, sibylle, aruspice, cassandre, diseuse de bonne aventure, clairvoyante, vaticinatrice, extralucide…). 

    La rencontre avec Joséphine de Beauharnais

    En 1793, en pleine « Terreur » révolutionnaire, Marie-Anne s'enfuit, échappant de justesse à la rafle et trouve refuge dans un garni proche du Palais-Royal, où elle rencontre dame Gilbert, une habile tireuse de cartes acoquinée à un certain Flammermont, un garçon boulanger qui n'a pas froid aux yeux.

    À eux trois, ils décident d’associer leurs talents. Déguisée en pythonisse tour à tour italienne, bohémienne ou gitane, la jolie Marie-Anne dit l'avenir, la Gilbert tire les cartes alors que Flammermont va distribuer des prospectus et faire de la publicité auprès des commerçants du quartier.

    En quelques mois, Mademoiselle Lenormand apprend toutes les ficelles du métier et un jour, se sentant plus douée que ses compagnons, elle reprend sa liberté et s'installe à son compte : elle ouvre alors un cabinet d'écrivain public, qui sert de couverture à ses véritables activités de voyante.

    Elle réside au 5 de la rue de Tournon durant près d'un demi-siècle, accueillant une clientèle de personnalités : elle reçoit ainsi le peintre David, Robespierre, Saint-Just, Marat, Tallien et bien d'autres, ainsi que leurs égéries ou leurs compagnes.

    Mais sa carrière débute vraiment lorsqu'elle est régulièrement consultée par la ravissante Joséphine Tascher de la Pagerie, autrement dit la comtesse de Beauharnais. La première épouse de l'Empereur Napoléon Ier ne peut bientôt plus se passer de Mademoiselle Lenormand et la consulte à tout propos.

    La carrière de Mademoiselle Lenormand débute vraiment lorsqu'elle est régulièrement consultée par Joséphine de Beauharnais, la première épouse de Napoléon Ier. 

    Mademoiselle Lenormand et Joséphine de Beauharnais

    Robespierre la consulte et est impressionné !

    Surdouée et cultivée, Mademoiselle Lenormand élargit la palette de ses techniques : elle étudie les anciens grimoires, manie les cartes avec adresse, lit dans les lignes de la main ou le marc de café, consulte le plomb fondu, le vif-argent (mercure), les blancs d'oeufs jetés dans l'eau claire, les miroirs brisés, le cristal de roche ou les cendres soufflées !

    Les consultants attendent leur tour dans le salon, avant d'être introduits par ordre de préséance, dans sa chambre à coucher. En réalité, l’une de ses assistantes se tient discrètement dans une pièce voisine, séparée du salon par une glace sans tain, afin d’observer et d’écouter les bavardages, qu'elle s'empresse ensuite d'aller rapporter à sa patronne, n'hésitant pas à lui confier tous les petits potins qui peuvent aider ses dons de voyance.

    Ce salon voit défiler tour à tour, hommes politiques, banquiers, duchesses, femmes du monde ou du demi-monde, actrices en vogue, tous disposés à payer très cher les paroles que la voyante distille avec parcimonie.

    Mais Mademoiselle Lenormand est très habile : elle travaille aussi pour toutes les bourses, y compris les plus modestes, disant la bonne aventure à de simples domestiques, valets, femmes de chambre, habilleuses, midinettes ou cousettes, qui payent 20 sous ses oracles de 4 sous et lui procurent, en échange de cet insigne honneur, des « tuyaux » inestimables sur les grands de ce monde au service desquels ils se trouvent.

    Dans ses mémoires, Mademoiselle Lenormand rapporte quelques piquantes anecdotes sur tous ces grands hommes qui terrorisent la France et viennent, humbles et tremblants, entendre les sentences prophétiques qu'elle leur distille au compte-gouttes devant son guéridon.

    Du terrible Robespierre, elle dit par exemple : « J'ai vu de bien près le farouche Maximilien et j'ai pu le juger, livré à lui-même. C'était un homme sans caractère. Superstitieux à l'excès, il se croyait envoyé par le Ciel pour coopérer à une entière régénération de la société. Je l'ai vu, en me consultant, fermer les yeux pour toucher les cartes et même frissonner à la vue d'un 9 de pique !».

    Mademoiselle Lenormand a livré, dans l'un de ses livres, ce témoignage étonnant :« Un jour, j’ai vu Robespierre, en me consultant, fermer les yeux pour toucher les cartes et même frissonner à la vue d'un 9 de pique ! ». 

    La prédiciton étonnante faite à Napoléon 1er

    Mademoiselle Lenormand reçoit à son cabinet tous les grands révolutionnaires, conseille Fouché, Barras, Madame de Staël, Talleyrand et est consultée à plusieurs reprises par Joséphine de Beauharnais et son mari Napoléon Bonaparte.

    Concernant ce dernier, elle affirme que, dans l'intimité, il ne se ne se moque pas du tout des arts divinatoires et qu'il lui arrive même de pratiquer l'astrologie de salon ou la chiromancie. D'ailleurs, Las Cases lui-même témoigne du fait que Napoléon a rendu un hommage tardif à la perspicacité de la voyante, en lui confiant un jour : « Elle m'a fait le dessin de l'île de Sainte-Hélène sur la boiserie de son appartement. Je savais tout cela en étant encore au faîte de ma puissance, mais je n'y attachai nullement foi ».

    En 1809, quelques jours avant la séparation des époux impériaux, Mademoiselle Lenormand rencontre secrètement Joséphine de Beauharnais, malgré l'interdiction que lui en a faite l'Empereur, qui redoute l'influence de l’extralucide. Apprenant ce rendez-vous, Napoléon, excédé, demande à Joseph Fouché, son ministre de la Police, d'arrêter la voyante et de la mettre en prison, avec l'ordre de ne la relâcher qu'après l'officialisation de son divorce !

    Cette estampe, intitulée « Le divorce de Napoléon et Joséphine », montre l'évanouissement de Joséphine au Palais des Tuileries le 30 novembre 1809 : l’Empereur vient de l'informer de sa décision de divorcer. 

    Fouché, habile négociateur, comprend très tôt l'intérêt qu'il peut tirer des rapports qu'il entretient avec Mademoiselle Lenormand. Aussi exerce-t-il un chantage permanent sur la voyante, qui lui apprend infiniment plus de petits secrets sur les gens qui défilent dans son cabinet que les rapports de ses propres limiers ! Certains documents, en effet, tendent â prouver que la voyante et le ministre étaient de mèche dans nombre de petites intrigues ourdies dans l'ombre.

    Arrestation en 1809 de Mademoiselle Lenormand par Joseph Fouché, ministre de la Police. 

    Sous les Cent Jours et la Restauration, le succès de la voyante ne se dément pas. Le retour des Emigrés développe encore sa clientèle. La vieille noblesse royaliste accourt rue de Tournon où elle remplace celle de l'Empire. Mademoiselle Lenormand exerce son art non seulement à Paris, mais aussi avec un égal succès dans toutes les grandes villes d'Europe, saluée comme la plus grande voyante de tous les temps. On la retrouve à Vienne, Genève, Saint-Pétersbourg et Venise.

    Un jour, très (trop !) sûre d'elle, Mademoiselle Lenormand prédit même qu'elle mourra en l'an de grâce 1896, à l'âge de 124 ans ! Mais le Ciel ne tient pas compte de sa prédiction puisqu’elle s'éteint en 1843, à 71 ans seulement, confite en dévotion, ayant abjuré ses pratiques magiques et reconnu la vanité de ses travaux.

    Elle laisse derrière elle une oeuvre importante qui comprend ses deux fameux ouvrages « Mémoires historiques et secrets de l'impératrice Joséphine » et « Les Souvenirs prophétiques d'une sibylle », mais surtout son superbe « Grand jeu de Mademoiselle Lenormand », jeu de tarots qu'elle crée à partir de légendes mythologiques et qui est encore aujourd'hui l'un des plus vendus au monde, avec le tarot de Marseille et l'Oracle de Belline.

    (source : paranormal.blogspirit)

         

    Les somnambules magnétiques

    Alexis Didier

    (1826-1886)

    Les somnambules magnétiques

    De tous les « somnambules magnétiques » qui défrayèrent la chronique au milieu du XIX° siècle, Alexis Didier (1826-1886), plus connu comme le « somnambule Alexis », fut, à juste titre, le plus renommé, et le plus étonnant.

    On a dit de lui, le jour de ses obsèques, qu’il fut le plus grand clairvoyant des temps modernes, et cette réputation n’est pas usurpée. Fils d’un cordonnier, il acquit une réputation qui passa les frontières, et stupéfia par ses démonstrations les rois et les princes de l’Europe.

    D’abord ouvrier graveur, puis acteur dramatique, Alexis se consacra à la démonstration de ses dons, car il se voyait investi d’une sorte de mission : prouver par des moyens expérimentaux incontestables, en plein siècle du matérialisme, l’existence et la spiritualité de l’âme. Il se mit à la disposition de tous ceux qui désiraient voir à l’oeuvre la lucidité magnétique. Il se donna tellement à cette tâche qu’il épuisa une constitution fragile et, semble-t-il, s’y ruina la santé. Il mourut à Paris en 1886. Une fois plongé dans le sommeil magnétique, Alexis pouvait lire dans l’esprit de ses consultants, ou dans un livre fermé. Il pouvait se porter à distance dans un lieu inconnu pour en ramener des informations vérifiables. Il pouvait voir à travers un quadruple bandeau, prédire des événements futurs, ou encore raconter avec précision l’histoire d’un objet, et des personnes qui l’avaient possédé, ou bien avec lesquelles il avait été en contact.

    La lucidité qu’on lui prête était parfois si étonnante que la raison vacille à la lecture des rapports, et que les esprits les plus ouverts sont tentés par l’incrédulité. La seule explication alternative est que l’on avait affaire à un prestidigitateur exceptionnel qui disposait par ailleurs, à chaque séance, de comparses. Cette hypothèse fut évidemment envisagée, et pour la tester on fit appel au fameux Robert-Houdin, le maître des prestidigitateurs. Robert-Houdin rencontra deux fois Alexis en mai 1847. Venu avec l’idée qu’il allait épingler un escroc, il resta pantois et attesta par écrit que les phénomènes produits par le somnambule ne relevaient pas de son art. La réception que le monde intellectuel, et particulièrement les médecins et les psychologues, réservèrent à ce clairvoyant d’exception est un chapitre révélateur de l’histoire des idées, dont on trouvera le détail dans mon livre Un voyant prodigieux ( Les Empêcheurs de penser en rond, 2003).

    En Angleterre, où il fut convié en juin-juillet 1844 à donner des démonstrations pour un public choisi de médecins, d’écrivains et d’aristocrates, il déclencha une polémique féroce entre deux étoiles montantes de la médecine britannique, le docteur Elliotson et le docteur Forbes. En France, en revanche, il vint trop tard, puis qu’il commença à défrayer la chronique en 1842, juste après la clôture officielle de l’Académie de médecine ; de sorte que le monde savant n’eut pas à se confronter à ses dons présumés. Il fut donc pris en charge, si l’on peut dire, par des médecins dissidents, des écrivains, des juristes…

    Et l’historien peut aujourd’ hui observer un phénomène révélateur. Du vivant d’Alexis de nombreuses réfutations du somnambulisme magnétique furent écrites par des philosophes et des médecins positivistes. Mais, parmi les somnambules cités, on ne voit jamais le nom du plus célèbre d’entre eux. Tout se passe donc comme si la science positiviste avait cherché à esquiver le défi. Que penser de ce prodige ? la singularité des cibles qu’il parvenait à décrire, et la précision de ses descriptions, permettent d’éliminer l’hypothèse d’une suite continuelle de coups de chance. Elle permet aussi d’exclure, dans toute une série de cas, celle du captage dialogal. La quantité et la qualité sociale de ses consultants, qui appartenaient à la haute aristocratie, et parfois même aux cours européennes, conduit enfin à exclure l’hypothèse du compérage.

    Aussi la balance penche-t-elle en faveur de la clairvoyance magnétique. Et l’on ne peut que regretter que l’Académie de médecine n’ait pas essayé de tester les dons de ce jeune prodige, malgré la demande écrite et publique qui lui fut faite à plusieurs reprises par son magétiseur. Une occasion de plus de sonder les potentialités cachées de l’être humain a ainsi été perdue.

    Eileen J. GARRETT

    (1893-1970)

    Les somnambules magnétiques

    Médium irlandaise, elle vécut la majeure partie de sa vie aux Etats-Unis et fonda, en 1951, l’un des plus importants organismes de parapsychologie du monde, la Parapsycholoy Foundation (organisme de financements et de publications). Ses capacités psi furent étudiées par des scientifiques tels que RHINE et PROGROFF. Bien qu’elle procédait par des techniques spirites lors de ses expériences de clairvoyance, elle restait néanmoins sceptique quant à la véritable nature des informations extrasensorielles qu’elle recevait. Le 7 octobre 1930, au National Laboratory of Psychical Research, soit deux jours après la tragédie aérienne du R101, Eileen GARRET,  » possédée  » par l’entité du commandant de bord, donna des détails précis de l’accident. Détails exacts que les autorités militaires ne purent confirmer qu’après l’enquête officielle.

    Emmanuel Swedenborg

    (1688-1772)

    Pour évaluer l’extraordinaire figure de Swedenborg, il ne faut pas dissocier le savant du visionnaire et du voyant, comme on le fait aujourd’hui. Né le 29 janvier 1688 à Stockholm, Emmanuel Swedberg – plus connu sous le nom de Swedenborg qu’il portera après son ennoblissement – fut un génie universel qui porta sa marque dans plusieurs domaines du savoir. Polyglotte, il maîtrise une dizaine de langues, dont l’hébreu et l’araméen. Physicien, il préfigure l’atomisme et la théorie ondulatoire de la lumière ; astronome, il imagine un modèle de la formation du système solaire ; ingénieur, il dessine une machine propulsée par la vapeur, un engin volant propulsé par hélice, un sous-marin, un nouveau type d’écluse, un fusil à air comprimé…

    Il entreprend également une oeuvre écrite qui couvre aussi bien les sciences que la philosophie. Mais cette activité débordante cohabite chez lui avec une sensibilité mystique qui va s’amplifier au cours des années. Vers 1736, il est saisi par des états de ravissement spontanés dans lesquels des esprits lui apparaissent. Cela ne l’empêche pas de continuer des travaux de géologie, et d’élaborer une théorie de l’esprit dans laquelle il pressent le rôle du cortex. En 1741, il est élu à l’Académie Royale des sciences de Stockholm.

    En 1743, il une illumination qui va réorienter sa vie. A partir de cette date, il développe la capacité de communiquer avec le monde des esprits, et conjointement, des dons de voyance. La seconde vue présente encore chez lui un double sens : elle est d’abord vision du monde spirituel, des hiérarchies angéliques ; mais elle se traduit aussi par la capacité d’obtenir des informations sur des réalités factuelles normalement cachées à nos sens. C’est ainsi que, le 19 juillet 1759, alors qu’il se trouve à Göteborg, il décrit devant un témoin l’incendie qui, au moment même, est en train de ravager Stockholm. Un peu plus tard, devant un autre témoin, il prévoit le jour de sa propre mort . En 1761, consulté par la princesse Louise-Ulrique, il révèle à cette dernière des informations d’ordre privé dont il ne pouvait avoir connaissance. Mais cette capacité de voyance stricto sensu lui est comme donnée de surcroît ; elle n’est pas encore cultivée pour elle même, comme elle le sera un siècle plus tard par le somnambule Alexis Didier, elle n’est pas dissociée de la dimension spirituelle.

    Comme l’écrit Balzac dans Séraphîta, « l’état de vision dans lequel Swedenborg se mettait à son gré, relativement aux choses de la terre, et qui étonna tous ceux qui l’approchèrent, par des effets merveilleux, n’était qu’une faible application de sa faculté de voir les cieux » . Au milieu du XVIII° siècle, on ne songe pas encore à recueillir méthodiquement les faits de voyance et à enquêter sur les conditions de leur production, comme on commencera à le faire un siècle plus tard. Il n’est donc pas toujours facile de séparer, dans les prodiges attribués à Swedenborg, ce qui relève du fait, et ce qui appartient à la légende. Kant a senti la faille. Dans Les Rêves d’un visionnaire, il s’en prend au visionnaire et au voyant suédois en insinuant que les faits sont insuffisamment attestés pour soutenir ses prétentions exorbitantes . Mais le philosophe a-t-il eu le dernier mot, comme l’affirme unanimement l’histoire de la philosophie ? Rien n’est moins sûr. D’une part, des faits analogues à ceux attribués à Swedenborg ont été observés dans des conditions contrôlées chez des voyants récents comme Ossowiecki ou Moneagle, et l’on se demande avec curiosité le parti qu’aurait pris Kant devant cette documentation.

    Mais d’autre part rien ne dit – cela s’est vu à plusieurs reprises – qu’une enquête nouvelle, menée avec un regard neuf, n’aboutirait pas à la conclusion qu’une partie des faits attribués au voyant suédois sont très probablement réels. Car c’ est un préjugé bien ancré que, lorsque la voyance est concernée, l’exigence historique doit toujours nécessairement aller dans le sens du scepticisme. 

    Gérard CROISET

    (1910-1980)

    Les somnambules magnétiques

    Sur le voyant hollandais Gérard Croiset, on attend encore l’ étude exhaustive qui permettra de se faire une idée précise de l’étendue et de la réalité de ses pouvoirs ; mais une vaste documentation, et le témoignage de chercheurs qui l’ont approché et étudié, comme le parapsychologue allemand Hans Bender, qui le considérait comme le meilleur sujet qu’il lui ait été donné de tester, permettent déjà de cerner le personnage et surtout le modus operandi de sa clairvoyance. Gérard Croiset naît le 10 mai 1909 à Laren, dans le nord de la Hollande, dans une famille juive. Son père est acteur et sa mère costumière. L’enfant, tôt abandonné par ses parents, est balloté de foyer en foyer. Maladif et rachitique, il a tendance à se réfugier dans la rêverie. Très jeune, des rêves prémonitoires qui inquiètent son entourage et des éclairs de clairvoyance spontanés l’amènent à prendre conscience de sa différence. Commis de bureau, représentant, épicier, il cherche sa voie.

    Entre 1937 et 1940, des visions dont il ne comprend pas le sens lui annoncent l’invasion de la Hollande par une armée étrangère. A plusieurs personnes, il annonce des événements qu’elles vivront pendant une guerre encore inimaginable, et, à l’une d’elles, il décrit les deux blessures dans le dos qu’elle recevra effectivement. En 1940, les prophéties se réalisent et Croiset doit porter l’étoile jaune. Déporté par les Allemands, il parvient on ne sait trop comment à s’enfuir et à rentrer en Hollande, où, au dire des ses biographes, il met ses dons de clairvoyant au service de la résistance hollandaise. En 1945, en assistant à une conférence du professeur Tenhaeff, le Richet hollandais, il trouve enfin sa voie.

    A partir de ce moment , il va consacrer son existence à la démonstration des pouvoirs métagnomiques. Il devient clairvoyant professionnel et sa réputation passe les frontières. Il aide des fonctionnaires à récupérer des documents administratifs, des parents à retrouver leurs enfants, il collabore avec la police pour localiser les corps de disparus , notamment d’enfants noyés, très nombreux en Hollande à cause de la densité du réseau de canaux . Il excelle dans cette tâche, sans doute parce qu’à l’âge de huit ans il a lui même failli se noyer. Parallèlement, à partir de 1946, il collabore avec des chercheurs hollandais, suisses, et allemands pour qu’ils puissent tester ses dons. Lorsque l’on lit les biographies de Croiset, le parallèle avec Alexis Didier s’impose. Tout invite à comparer les deux clairvoyants : leur enfance malheureuse, leur ascension sociale, leur réputation internationale, leur côté à la fois fragile et cabotin, l’étendue, la précision et le mode de déploiement de leur clairvoyance.

    Comme Alexis, Croiset a en général besoin d’ un objet inducteur – photo, bague, gant, lettre, briquet, os, pierre, lambeau de vêtement, jouet – pour déclencher le processus métagnomique. Comme Alexis, il reçoit souvent ses clients en leur annonçant la raison pour laquelle ils viennent le consulter. Comme chez Alexis, le processus métagnomique se manifeste chez Croiset par des flux d’images qui se déploient par contiguité, puis finissent par se décanter pour le conduire vers des cibles qu’il évoque avec la plus grande précision. Les voyances de Croiset, avec leur précision, leur glissement soudain du sens figuré au sens propre, évoquent celles d’ Alexis Didier, et pourtant il y a peu de chances que l’autodidacte hollandais, qui ne lisait pas le français, ait jamais entendu parler d’un somnambule français disparu depuis un siècle.

    Croiset et Alexis ne sont que deux illustrations, certes remarquables, d’un modus operandi que l’on trouve chez de nombreux voyants. 

    Hella HAMMID

    (1921-1992)

    Les somnambules magnétiques

    Photographe professionnelle américaine, d’origine allemande. Elle participa à partir de 1978 aux expériences de vision à distance (remote viewing), mises en place par H. PUTHOFF et R. TARG au SRI ( Stanford Research Center).Sa technique de vision à distance procède d’un sens très artistique, très visuel plus qu’analytique. Elle préfère bien plus souvent dessiner que décrire de manière détaillée. Le 16 juillet 1977, dans le cadre du SRI, Hella HAMMID tenta une expérience à bord d’un sous-marin de poche, immergé par 150 mètres de fond au large de la côte californienne, le but étant de tester si une telle masse d’eau constitue une barrière pour la vision à distance. La cible, bien évidemment inconnue d’Hella HAMMID a été tirée au sort par trois juges, lors de l’immersion du sous-marin. L’émetteur, sur la terre ferme, eut comme cible un gros chêne qu’Hella HAMMID réussit sans peine à décrire. Cinq expériences aux résultats très significatifs ont ainsi été menées avec la participation d’un autre clairvoyant, Ingo SWANN.

    Ingo SWANN

    (1933-2013)

    Les somnambules magnétiques

    Ecrivain américain, SWANN est considéré comme l’un des meilleurs sujets psi de sa génération. D’abord étudié en 1972 par G. SCHMEIDLER du City College de New-York pour ses capacités de psychokinèse, il collabora ensuite au SRI avec TARG et PUTHOFF tant sur des expériences de vision à distance (remote viewing) que sur des expériences de PK. Lors d’une des ces expériences PK, SWANN réussit à modifier le champ magnétique d’un magnétomètre (appareil servant à mesurer de faibles champs électromagnétiques) enfermé dans une chambre forte entièrement hermétique. Il stoppa même le fonctionnement de l’instrument pendant 45 secondes.

    Photo dans l’ouvrage de Targ et Puthoff, « Aux confins de l’esprit ».


    J.W. Mc MONEAGLE

    (1946)

    Médium américain et ancien officier de l’U.S. Army. Après une expérience de mort imminente, il se découvre de prodigieuses capacités de vision à distance. En 1977, il est recruté comme sous-officier pour participer au programme secret de la défense américaine : le projet Stargate. Cet espion-voyant au nom de code Viewer 001 a réussi plus de 200 missions et a fourni plus de 150 éléments essentiels d’information, transmis au plus haut niveau militaire et gouvernemental. Ce qui lui valut en 1984 la médaille de l’ordre du mérite ( » Legion of Merit « ). Il a en outre participé à plus de 4000 tests de vision à distance dans des conditions de laboratoire. Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de prospection pour des instituts de recherche et des entreprises privées. Mc MONEAGLE fit notamment en 1987, une expérience de vision à distance au Cognitive Sciences Laboratory, dirigé alors par ED May. A l’aide de la photo d’un ingénieur, Mc MONEAGLE put décrire précisément la machine sur laquelle celui-ci travaillait (sa fonction, sa taille mais aussi son emplacement, etc.)

    Leonora Piper

    (1857-1950)

    Les somnambules magnétiques

    La médium Leonora Piper eut une grande renommée à la fin du XIX° siècle aux Etats-Unis et en Angleterre. Les phénomènes sidérant qu’elle produisait attiraient à ses séances des philosophes, des médecins, des savants, qui en sortaient bouleversés et transformés.

    Née en 1859, à Nashua, dans le New Hampshire, dans une famille d’origine anglaise, Leonora Simonds épouse en 1881 William Piper, et s’installe à Boston, où son mari travaille dans un grand magazin. Rien ne semble prédestiner cette femme pragmatique, mère de deux enfants, à devenir la plus célèbre médium américaine ; et c’est un curieux épisode qui va révéler inopinément ses aptitudes psychiques. En 1884, elle se heurte à un traîneau, et, à la suite de cet incident, elle se trouve atteinte d’ une tumeur qu’elle craint cancéreuse.

    Ses parents l’envoient alors consulter un psychic healer, un médium aveugle nommé J.R. Cocke et pendant la consultation elle perd connaissance quelques instants. Pendant la séance suivante, elle tombe en transe et fait passer un message écrit contenant des informations apparemment exactes sur l’une des personnes présentes. Après quoi, elle est sollicitée un peu partout pour des séances. Au début, elle se borne à donner des conseils médicaux, puis, très vite, elle va se mettre à répondre aux questions que lui posent les assistants, et à leur révéler des détails intimes qu’ ils sont seuls à pouvoir connaître. Sa réputation parvient ainsi jusqu’à Mrs. Gibbens, la belle-mère du philosophe William James. Cette dernière, venue consulter Leonora, pose une lettre sur son front ; et elle a la surprise d’entendre la médium lui donner aussitôt le nom de son auteur. C’est ainsi que William James va se trouver impliqué dans l’étude de la plus fameuse médium américaine. Venu incognito, il va entendre la médium lui révéler d’improbables détails concernant sa vie privée.

    Ces séances emportent la conviction de James ; il présente Leonora à l’American Society for Psychical Research (ASPR) , et les travaux commencent. Ils dureront plus de quinze ans. La société savante américaine va se ruiner pour inviter les chercheurs britanniques de la S.P.R., elle payera pendant quinze ans le juriste anglais Hodgson pour chapeauter la médium et filtrer ses visiteurs ; et elle engagera des sténographes pour transcrire mot à mot les dialogues des séances. La plupart des chercheurs qui, à Harvard et Cambridge, s’intéressent aux phénomènes de la transe et du somnambulisme vont rencontrer Leonora Piper et participer à des séances sous des identités d’emprunt. Myers, Arthur et Eleanor Sidgwick, Balfour, Bowditch, Hyslop, Pickering, Putnam, Prince, Mitchell, Peirce, Eliot, Lodge, vont défiler au chevet de l’oracle. Les dons présumés de la médium vont ainsi faire l’objet d’une étude approfondie, probablement sans équivalent dans l’histoire des recherches psychiques, au point de vue qualitatif comme au point de vue quantitatif. (Eugene Taylor, William James, Princeton University Press, 1986, pp. 46 sq. ) Le bilan de ces travaux est impressionnant. Ce n’ est pas de façon sporadique que Mrs Piper a transmis des informations métagnomiques. C’est de façon régulière, presque à chaque séance. La lecture du volumineux dossier de 650 pages que lui a consacré Hyslop montre ainsi qu’elle a nommé correctement pendant ses transes plus de deux cents personnes inconnues d’elle.

    Si l’on veut exclure ici tout recours à la lucidité, il faut supposer qu’Eleonor Piper bénéficiait d’informateurs et que ces derniers étaient de mèche avec Hodgson. Bien que l’hypothèse fût difficilement crédible, les chercheurs de la S.P.R. britannique ont cherché à la tester. Ils ont fait surveiller la médium et sa famille par un détective privé. Mais ces investigations n’ont rien donné. Alors, pour la couper de son cadre de vie habituel et de ses proches, ils l’on invitée à venir seule en Angleterre. Ses rencontres pouvaient ainsi être strictement contrôlées. Malgré toutes ces précautions, les phénomènes ont continué ; ils ont même été plus nets.

    Il ne subsiste donc aucun doute sur la réalité des phénomènes métagnomiques attribués à Leonora Piper.


    Pascal FORTHUNY

    (1872-1962)

    Les somnambules magnétiques

    Cultivé, polyglotte, le peintre Pascal Cochet, plus connu sous le nom de Pascal Forthuny (1882- 1962) ne cadre pas avec le profil assez courant du voyant autodidacte.

    Il s’intéresse à la métapsychique et fait partie de la mouvance de l’Institut ; mais il ignore le don qui sommeille en lui et c’est une circonstance fortuite qui va le lui révéler. En 1920, il assiste à l’IMI comme spectateur à une démonstration de voyance. Mme Geley, l’épouse du président de l’ Institut, assise à côté de lui, lui montre un éventail, et lui demande en plaisantant : « D’où vient cet éventail ? » Forthuny se prend au jeu et répond : « J’ai l’impression d’étouffer et j’entends à côté de moi : Elisa. » A la stupéfaction de madame Geley, la réponse s’avère exacte : l’objet appartenait à une dame morte d’une maladie pulmonaire, qui se prénommait effectivement Elisa. Qui plus est, la malade avait l’habitude d’agiter cet éventail devant sa bouche pour aider une respiration difficile. Interloquée, Mme Geley va chercher une canne et met au défi le voyant improvisé de lui restituer son histoire singulière. Forthuny, continuant sur le mode de la plaisanterie, et toujours pas convaincu de posséder un don particulier, risque une réponse : la canne en question a appartenu à un jeune marin dont le bateau a été torpillé pendant la guerre et qui est mort à la suite du naufrage.

    Cela ne s’invente pas – et c’est la bonne réponse. Le romancier vient de faire son entrée au club très sélect des grands clairvoyants. Dans les années qui vont suivre, de 1924 à 1927, il va donner à l’IMI d’étonnantes séances publiques. Pendant que les invités arrivent, le voyant s’isole et se concentre dans une pièce à l’étage supérieur. Quand le public (une centaine de personnes en moyenne) est installé, Forthuny entre dans la salle et toise les assistants. Il peut ne rien se passer, mais c’est très rare. En général, il « accroche » une moyenne de sept à huit personnes par séance, et, deux fois sur trois, révèle sur elles des informations totalement ou partiellement exactes. Sa prédilection va aux étrangers, aux gens de passage à Paris, parce qu’ils stimulent sa curiosité. Quand il a accroché une personne, Forthuny entre aussitôt dans une courte transe, et une voix intérieure lui donne un nom, une phrase, ou bien une image s’impose à lui. Il lui arrive alors de dévoiler des informations exactes sur cette personne, à commencer par son nom, tout en les exprimant sous une forme métaphorique dont il ignore parfois le sens, du moins au début du processus mental.

    Ainsi, lors de la séance du 10 février 1926, il approche deux jeunes gens, et un mot jaillit dans son esprit : « Cardinal ». Alors le processus s’enclenche : « Cardinal ? Vous êtes deux pour qui va le mot cardinal (…). Vous maniez une matière lumineuse explosive ? Vous ne faites pas de la poudre pourtant ! (…) Vous faites une poudre terrible ! Cardinal ! Vous faites de la poudre pour faire sauter les cardinaux ? Cardinal de curie ! » On apprend alors que les jeunes gens sont des étudiants de Marie Curie, qui travaillent à l’Institut du radium. ( Eugène Osty, Pascal Forthuny, p. 76) Cette voyance est déjà assez étonnante, mais il faut préciser que sa portée réelle échappe aux hommes de 1926. En effet, Forthuny voit une pièce avec des éprouvettes de chimie, où se trouve « une dame grave, amère, sévère(…), une mystique, mais quelle jolie mystique » ; et surtout, à plusieurs reprises, il insiste sur l’idée d’une explosion. Osty ne commente pas ce point, pour la bonne raison qu’en 1926 on ne suspectait pas encore les futurs débouchés « explosifs » de la découverte des Curie.

    Quoiqu’il en soit, cet exemple résume ce qui se déploie chez le clairvoyant : ce dernier ne reste pas passif devant le flot d’impressions qui le submergent ; l’entraînement aidant, il parvient à analyser ses propres processus mentaux, et, de leur gangue métaphorique, à tirer parfois, en quelques instants, l’information qu’elle recèle ; pour reprendre la distinction proposée par Platon, il condense le rôle du devin et celui du prophète ; il associe de façon ludique sur les images qui lui viennent, les utilise comme un matériel transitionnel, et en même temps, tente de décrypter ses associations, dans une sorte de dédoublement ironique par rapport à ses propres fantasmes.

    C’est pendant une séance de ce genre qu’ André Breton, le 7 janvier 1927, sera « accroché » par Forthuny, circonstance qui ne sera pas sans laisser sa marque dans les textes du maître.

    Stephan OSSOWIECKI

    (1877-1944)

    Les somnambules magnétiques

    L’ingénieur polonais Stephan Ossowiecki ( né en 1877) fut, dans les années vingt, un des clairvoyants les plus doués et les plus étudiés par les métapsychistes. Sa grand-mère paternelle était renommée dans son entourage pour son don de lucidité, sa mère et l’un de ses frères le possédaient aussi, et dès l’enfance, il s’aperçut qu’il était capable en jouant de deviner les pensées de ses camarades.

    D’après les éléments biographiques qui nous ont été rapportés par le docteur Geley dans son livre L’ectoplasmie et la clairvoyance, le jeune polonais suit des études d’ingénieur en Russie à Pétrograd et commence à faire parler de ses étranges capacités. Dans son école, on demande au candidat, le jour de l’examen, de tirer au sort un sujet parmi des enveloppes cachetées, et Ossowiecki, à la stupéfaction de ses professeurs, parvient à répondre aux questions sans ouvrir les enveloppes. Sa réputation de clairvoyant se répand en Pologne, où Richet le rencontre en 1921. En 1923, L’Institut métapsychique l’invite à Paris pour étudier ses facultés métagnomiques. Dans des conditions de contrôle très strictes, il déchiffre des textes placés dans des enveloppes cachetées et reproduit avec exactitude des dessins qu’on y a glissés. Par exemple, parmi d’autres expériences de ce genre, on remet à Ossowiecki un papier glissé dans un tube de plomb. Les parois du tube ont trois centimètres d’épaisseur, et son ouverture est obturée par une soudure. La personne qui a préparé le tube est absente et aucune de celles qui assistent à l’expérience ne connaît son contenu. Ossowiecki prend le tube, le malaxe entre ses doigts, comme il le fait habituellement, puis déclare : « Un dessin, un homme qui a de grandes moustaches. Pas de nez. Il a un habit militaire. Il ressemble à Pilzudski. Cet homme n’ a peur de rien, c’est comme un chevalier ».

    C’est exactement ce que représente ce dessin, et, en dessous, il y a la légende suivante : Le chevalier sans peur et sans reproche. ( Charles Richet, Traité de métapsychique, Paris, 1922.) p. 218) Richet remarque qu’ invoquer le hasard ou la supercherie dans ce genre de circonstances est absurde. Mais Ossowiecki est également capable de lire à livre ouvert dans les pensées des personnes qu’ on lui présente, de leur révéler leur passé et leur avenir, et de retrouver des objets perdus ou volés. Pour atteindre l’état lucide, il doit au préalable, comme les somnambules magnétiques, se mettre dans un état de conscience spécial. Il s’efforce de ne penser à rien, de vider sa pensée ; l’arrivée de la transe est signalée par une sensation de chaleur et de gonflement dans la tête ; son visage s’empourpre ; son pouls bat à cent pulsations par minutes ; c’est alors qu’affluent, sous une forme hallucinatoire, les informations qu’on lui demande ; s’il doit par exemple lire une phrase écrite dans une lettre scellée, le texte lui apparaît comme s’il l’avait sous les yeux.

    Ossoviecki finira tragiquement, exécuté comme otage par les Allemands en 1944. ` Sur ce voyant exceptionnel, on ne connaissait guère jusqu’à présent que les expériences menées sur lui en France. Mais une équipe de la SPR dirigée par Mary Rose Barrington et Ian Stevenson vient de publier une biographie qui retrace sa vie, son contexte personnel, et évalue avec précision l’étendue et la précision de sa clairvoyance.( A World in a grain of Sand, Mac Farland, 2005). Les documents présentés par les Anglais sont pour la plupart inédits et donnent du voyant polonais et de ses dons une image nouvelle. Il n’y a guère qu’un Alexis Didier pour avoir exhibé, au XIX° siècle, une clairvoyance comparable ou supérieure. Mais il l’a fait dans un contexte où les conditions de contrôle étaient souvent insuffisantes, et il faut un travail historique pour faire parler les documents.

    Dans la première moitié du XIX° siècle, les conditions de contrôle se sont améliorée, les faits sont mieux assurés ; ce qui permet aux chercheurs anglais de conclure qu’Ossowiecki, de tous les grands clairvoyants du passé, celui qui a été le mieux étudié. 

    (source : maudkristen)

        

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