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Nde et non voyants
NDE et non voyants
Est ce qu'une personne non voyante peut voir pendant son expérience de mort imminente ?
Voir avec toute sa conscience ?
Non-voyants, malvoyants et voyants, tous égaux devant une NDE
Par Evelyne Elsaesser-Valarino
Cet écrivain de nationalité suisse vient de publier avec un bel accueil un ouvrage en français. « D'une vie à l'autre : des scientifiques explorent le phénomène des expériences de mort imminente » réunit une série d’entretiens avec d’éminentes personnalités réalisés par l’auteur sur une énigme bien connue des lecteurs de ONDES, les NDE (ou expériences de mort imminente, ou encore expériences aux frontières de la mort). Evelyn collabore régulièrement avec Kenneth Ring (Sur la frontière de la vie), Professeur Emeritus de psychologie à l’Université du Connecticut aux USA. Elle est intervenue, cette année, aux Tables Rondes ONDES de Nice et Aix-en-Provence pour exposer l’enquête américaine effectuée sur les NDE d’aveugles.
Depuis les années 80 déjà, une rumeur tenace circulait parmi les chercheurs explorant les expériences de mort imminente : cette rumeur disait que les aveugles voient pendant leur NDE, même les aveugles de naissance. Un frémissement parcourut la communauté des investigateurs impliqués dans l’étude de ce phénomène fascinant et passionnant. Tenaient-ils là enfin la preuve irréfutable que les expériences de mort imminente ne sont ni des hallucinations, ni des rêves, comme quelques sceptiques s’obstinaient encore à prétendre, mais qu’elles se produisent bien en dehors de tout système sensoriel, en-dehors du cerveau, en-dehors de la matière ? Écoutons ce que le psychiatre Stanislav GROF, grand spécialiste de la psychologie transpersonnelle et des états modifiés de conscience, a écrit en 1994 à ce sujet :
"Il existe des cas documentés décrivant des individus dont la cécité due à des lésions organiques de leur système optique a été établie médicalement et qui, pendant leur état de mort clinique, ont pu voir leur environnement. De tels événements, contrairement à presque tous les autres aspects de l’expérience de mort imminente, peuvent être soumis à des vérifications objectives. Ainsi, ces événements représentent la preuve la plus convaincante que ce qui se passe pendant une NDE est plus qu’une fantasmagorie hallucinatoire de cerveaux physiologiquement altérés".
Il semblait certain que la vérification de cette rumeur était susceptible de légitimer définitivement les NDE et de leur donner la dernière touche d’authenticité que certains leur refusaient encore. Mais il fallait maintenant passer d’une hypothèse, d’une rumeur, à des faits. Kenneth RING s’est attelé à cette tâche avec la collaboration de Sharon COOPER. Le résultat de cette étude est décrit dans un chapitre de l’ouvrage Lessons from the Light:et dans une étude plus académique intitulée Mindsight.
Les deux chercheurs ont commencé par poser trois questions :
1) Est-ce que les aveugles vivent des expériences de mort imminente ?
2) Si tel est le cas, est-ce que ces NDE sont identiques ou différentes de celles des personnes voyantes ?
3) Les aveugles qui ont vécu une NDE revendiquent-ils des perceptions visuelles ?
Méthodologie appliquée pour cette étude
Pour recruter les individus qui devaient participer à l’étude, RING et COOPER ont contacté onze institutions américaines pour les aveugles aux niveaux national et régional. Parallèlement, ils ont mobilisé des aveugles via les revues Vital Signs et les Newsletter of the International Association for near-death studies.
Les personnes ainsi sélectionnées ont été contactées par les deux chercheurs. Lors d’un premier appel téléphonique, ils ont apprécié le degré de cécité du sujet et déterminé si, selon les critères qu’ils avaient établis au préalable, il avait effectivement vécu une NDE ou une OBE qui, elle, n’était pas liée à un état de mort imminente.
46 personnes ont fait l’objet d’un entretien téléphonique, 31 seulement correspondaient aux critères préétablis et ont été retenues pour participer à l’enquête. Il s’agissait de 20 femmes et 11 hommes, âgés de 22 à 70 ans. 16 de ces sujets avaient vécu une NDE, 5 sujets avaient vécu une NDE et, à d’autres occasions, une ou plusieurs OBE.
Ainsi,
21 personnes en tout avaient vécu une NDE et une ou plusieurs OBE.
En plus, 10 sujets avaient seulement expérimenté une ou plusieurs OBE. Circonstances qui sont à l’origine de l’expérience de mort imminente
13 cas : maladie ou opération chirurgicale.
6 cas : accident (majoritairement accidents de voiture).
2 cas : bagarres.
1 cas : viol.
1 cas : combat.
1 cas : tentative de suicide.
Nous sommes en présence d’un total de 24 NDE puisque trois personnes ont vécu deux NDE qui sont comptées séparément. La majorité des OBE est intervenue en situation de relaxation et de repos corporel, mais quelques-unes ont été provoquées de manière violente par des chutes ou des viols.
Statut visuel des personnes étudiées
L’ensemble des 31 sujets, comprenant les personnes ayant vécu une NDE et/ou une OBE se décompose comme suit :
14 des sujets étaient aveugles de naissance.
11 personnes souffraient d’une cécité adventive, c’est-à-dire qu’elles avaient perdu la vue après l’âge de cinq ans.
6 sujets étaient fortement malvoyants.
Afin de déterminer si les expérienceurs bénéficient de la vue pendant leur NDE, RING et COOPER ont exclu les sujets qui n’ont vécu qu’une OBE. Ils se sont ainsi limités aux 21 expérienceurs mentionnés plus haut, soit 12 femmes et 9 hommes.
Réponse aux trois questions initiales
L’étude des 21 expérienceurs a fourni le résultat suivant :
1) Est-ce que les aveugles vivent des NDE ? La réponse est Oui.
2) Est-ce que ces NDE sont identiques ou différentes de celles des personnes voyantes ? Ces NDE sont en tous points identiques à celles des personnes qui bénéficient de la vue.
3) Les aveugles qui ont vécu une NDE revendiquent-ils des perceptions visuelles ?
Avant de répondre à cette troisième question qui est cruciale, examinons le cas de Vicki UMIPEG. Vicki est une aveugle de naissance de 43 ans qui a vécu deux NDE. La première s’est produite à l’âge de 12 ans suite à une appendicite compliquée par une péritonite. La deuxième NDE est intervenue dix ans plus tard, quand elle avait 22 ans, suite à un accident de voiture.
Vicki était une grande prématurée, née à 22 semaines seulement. Elle fut mise en couveuse et, comme cela arrivait malheureusement souvent à cette époque-là, le débit de l’oxygène qui lui était administré était mal réglé et son nerf optique a été irrémédiablement endommagé, entraînant une cécité complète.
Selon ses propres paroles, avant sa NDE, elle n’a jamais bénéficié d’aucune perception visuelle. Voici comment elle décrit sa vie d’aveugle :
RING : "Pouviez-vous voir quelque chose ?"
Vicki : "Non rien, jamais. Pas de lumière, pas d’ombre, rien du tout, jamais."
RING : "Ainsi, le nerf optique a été détruit dans vos deux yeux ?"
Vicki : "Oui, complètement. Voyez-vous, je n’ai jamais été capable de comprendre ce que les gens entendent par le concept de lumière."
Pourtant, pendant la deuxième NDE de Vicki, une chose extraordinaire s’est passée. Cette expérience de mort imminente est survenue lors d’un grave accident de voiture au cours duquel Vicki a été très grièvement blessée. Elle souffrait de multiples fractures dont une fracture du crâne, de blessures à la nuque, au dos et à une jambe. Une très longue convalescence a été nécessaire et elle ne put se tenir debout sans s’évanouir qu’un an seulement après avoir quitté l’hôpital.
En décrivant sa NDE, Vicki dit qu’elle a quitté son corps et s’est retrouvée dans un corps non-matériel qui avait pourtant une forme distincte et était "comme fait de lumière". Elle n’a aucun souvenir de son transport en ambulance à l’hôpital mais se souvient de s’être retrouvée au plafond dans une salle d’opération de l’hôpital. Elle observait un médecin et une femme s’affairer sur son corps. Elle ne pouvait pas préciser si la femme était également médecin ou infirmière. Vicki essayait avec désespoir de leur dire de ne pas s’acharner sur son corps, qu’elle était bien et en paix, mais évidemment elle n’arrivait pas à communiquer avec eux.
C’est à cet instant qu’intervint l’épisode qui fut source d’étonnement pour Vicki qui, rappelons-le, n’a jamais eu aucune perception visuelle depuis qu’elle est née. Elle le décrit ainsi :
"... Je savais que c’était moi. A l’époque, j’étais assez maigre. J’étais très grande et maigre. Au début, je voyais simplement qu’il y avait un corps étendu là-bas, mais je n’avais pas encore réalisé que c’était le mien. En même temps, je me rendais compte que je me trouvais au plafond et je me suis dit "Tiens, c’est curieux. Qu’est-ce que je fais ici ?" Je me suis dit "Eh bien, ça doit être moi. Est-ce que je suis morte ?" Puis j’ai aperçu ce corps là-bas et... j’ai compris que c’était le mien parce que je n’étais pas dans mon corps, donc ça devait être le mien."
Presque immédiatement après cet épisode, elle se souvient qu’elle monta à travers les plafonds de l’hôpital jusqu’à ce qu’elle en traverse le toit. Depuis cette perspective, elle avait une vue panoramique des alentours. Elle se sentait toute excitée et se réjouissait énormément de ce sentiment de liberté qu’elle expérimentait. En même temps, elle entendit une musique exquise, sublime et harmonieuse. Ensuite, elle s’est sentie aspirée dans un tunnel. Tout était noir autour d’elle mais bientôt elle vit une lumière au bout. Quand elle s’approcha du bout du tunnel, la musique s’intensifia. A cet instant précis, elle sortit du tunnel et se retrouva étendue dans l’herbe, entourée de fleurs magnifiques ainsi que de nombreuses personnes. L’endroit était inondé de lumière et Vicki dit qu’elle pouvait aussi bien voir la lumière que la sentir. Et cette lumière était faite d’amour. Les gens qui se trouvaient là étaient également lumineux et personnifiaient l’amour. "Tout était fait de lumière", nous dit Vicki "moi aussi, j’étais faite de lumière. Et l’amour était partout. C’est comme si l’amour jaillissait de l’herbe, des oiseaux, des arbres, de partout".
Vicki reconnut alors cinq personnes qu’elle avait fréquentées pendant sa vie terrestre et qui étaient venues pour l’accueillir. Il y avait Debby et Diane, deux camarades de classe, aveugles comme elle, qui étaient décédées à l’âge de 11 ans et 6 ans respectivement. De leur vivant, elles étaient profondément handicapées mentalement, en plus d’être aveugles, mais lors de cette rencontre, elles étaient rayonnantes et belles, en bonne santé et pleines de vitalité. Elles n’étaient plus des enfants mais des adolescentes.
Vicki aperçut également deux personnes qui s’étaient occupées d’elle pendant son enfance et qui étaient également décédées. Finalement, Vicki rencontra sa grand-mère qui était morte deux ans auparavant et qui s’approcha pour prendre Vicki dans ses bras. Lors de toutes ces rencontres, il n’y eut pas d’échange de paroles mais uniquement un échange d’amour et de bienvenue. Ensuite, Vicki vit un être qui rayonnait mille fois plus que les personnes qu’elle venait de rencontrer. Avec le soutien bienveillant de cet Être de lumière, elle expérimenta une revue de vie et visionna également son avenir en compagnie de ses enfants auxquels elle donnerait naissance dans le futur. Finalement, cet Être de lumière lui signifia qu’elle devait retourner sur terre pour y enseigner l’amour et le pardon.
Ce témoignage ainsi que d’autres cas étudiés par RING et COOPER permettent de répondre à la troisième question : oui, les aveugles, même les aveugles de naissance, ont des perceptions visuelles qui concernent aussi bien notre monde physique que cette autre dimension à laquelle la NDE semble donner accès.
Fréquence des perceptions visuelles chez les aveugles qui vivent une NDE
Rappelons que 21 expérienceurs ont été inclus dans l’enquête de RING et COOPER.
De cet échantillon :
15 personnes ont bénéficié de la vue pendant leur NDE.
3 personnes ne sont pas sûres si oui ou non elles ont vu pendant leur NDE.
3 personnes n’ont pas eu de perceptions visuelles du tout, dont deux aveugles de naissance.
Il convient cependant de se poser la question si les trois personnes mentionnées en dernier n’ont réellement rien vu pendant leur NDE ou si elles ne savent tout simplement pas ce que "voir" signifie.
Un homme qui a été inclus dans la troisième catégorie, celle des trois personnes qui affirment n’avoir eu aucune perception visuelle, dit ceci "Je ne sais pas ce que vous entendez par "voir"[20]. Quoi qu’il en soit, il ressort clairement de cette étude qu’une majorité d’aveugles a bénéficié de la vue pendant leur NDE, tandis qu’une minorité seulement n’est pas sûre d’avoir eu des perceptions visuelles ou n’en a effectivement pas eues. Signalons que cette évidence est encore plus forte parmi les personnes aveugles qui ont expérimenté une OBE : 9 sur 10 ont bénéficié de la vue pendant leur décorporation.
Ainsi, 25 personnes ont témoigné d’une sorte de perception visuelle pendant leur NDE ou leur OBE, soit 80 % sur l’ensemble des sujets examinés. Même chez les aveugles de naissance, 9 sur 14 ont bénéficié de la vue, soit 64 %.
Mais qu’est-ce que ces personnes voient exactement ?
Les expérienceurs non-voyants ou malvoyants voient exactement les mêmes choses que les expérienceurs voyants :
Dans notre monde physique : 10 sur les 21 expérienceurs aveugles disent avoir vu leur corps depuis l’extérieur. 7 sur les 10 personnes aveugles qui ont fait une OBE font le même constat.
D’autres perceptions visuelles dans notre monde physique sont rapportées avec maints détails comme celles concernant l’équipe médicale qui s’affaire sur le corps de la personne concernée, la description de la salle d’opération, les gestes médicaux exécutés, les détails de l’accident qui l’a amenée au seuil de la mort, etc.
La description que les aveugles font du déroulement de la NDE dans l’"autre dimension" est en tous points identique à celle des expérienceurs voyants.
Les aveugles sont les premiers étonnés de voir pendant leur expérience de mort imminente, ainsi que le décrit une femme qui est devenue complètement aveugle à l’âge de 22 ans, suite à une maladie :
"Je pouvais voir et j’étais supposée être aveugle ! Je sais que je pouvais tout voir. Quand j’étais en dehors de mon corps, tout était parfaitement clair. Je pouvais voir tous les détails". »
Voir ou savoir ?
Une étude plus approfondie, une analyse plus fine des récits ont ainsi amené RING et COOPER à constater que ce qui est en jeu est une conscience d’une nature très complexe issue de plusieurs sens et non pas une simple perception visuelle.
Les expérienceurs aveugles sont hésitants, mal à l’aise, empruntés quand on les pousse à analyser leurs perceptions visuelles. "Oui", répondent-ils, "bien sûr j’ai tout vu, l’équipe médicale, mon corps disloqué, la voiture qui tombait dans le ravin, les gens qui couraient dans tous les sens, j’ai tout vu mais pourtant je ne suis pas convaincu que "voir" est le terme juste". Quand RING demanda à Vicki si elle pensait que sa NDE se situait plutôt au niveau de la vue ou du savoir, elle répondit sans aucune hésitation "C’était les deux, Ken, c’était en même temps voir et savoir.
Voici comment un autre témoin le formule :
"Comme je n’avais pas d’yeux (puisque je n’étais pas dans mon corps), je "voyais" avec toute ma conscience".
L’évidence s’impose que les expérienceurs non-voyants et malvoyants ont accès à une sorte de connaissance, basée sur une prise de conscience généralisée issue d’une multitude d’impressions sensorielles, surtout tactiles. Ce savoir leur donne accès à toutes les informations, situées aussi bien dans notre monde physique que dans l’autre dimension.
Il est important de bien comprendre qu’ils n’ont pas deviné ce qui s’est passé pendant leur expérience de mort imminente, ils l’ont bel et bien vu, mais ce voir est plus vaste que nos perceptions visuelles habituelles, ce voir englobe un savoir qui donne à la vision une puissance et une acuité impossibles à obtenir dans une perception visuelle habituelle.
Ce qui est en jeu est une omniscience qui ne semble accessible que dans un état de conscience élargie, dans notre cas - mais pas forcément toujours - lié à un état de mort imminente.
La subtilité de cette problématique est évidente, comme bien d’autres aspects de l’expérience de mort imminente qui me passionne précisément à cause de sa complexité.
Pour approfondir leur analyse, RING et COOPER citent une expérience de méditation d’une personne malvoyante :
"A cette époque, je méditais tous les jours. Pendant un de ces états profonds de méditation, j’ai vécu une expérience extrêmement saisissante et intense. Bien que mes yeux étaient fermés, je pouvais tout à coup tout voir - toute la pièce et moi au milieu - et je serais incapable de vous dire depuis quel endroit je voyais tout cela ! Je ne voyais pas avec mes yeux ou depuis un seul point de vue ou angle. C’était comme si je voyais tout depuis partout ! C’était comme s’il y avait des yeux dans chaque cellule de mon corps et dans chaque particule qui m’entourait. Je pouvais voir simultanément depuis un point situé devant moi, au-dessus de moi, en dessous de moi, derrière moi, etc. Tout se passait comme s’il n’y avait aucun observateur séparé de ce qui était vu. Il y avait simplement une prise de conscience parfaite de toute chose.
Cette description est intéressante à double titre. Premièrement, elle explique bien la puissance tout à fait étonnante de ce type de vision. D’ailleurs, il convient de souligner que la conscience semble fonctionner de manière omnidirectionnelle. Deuxièmement, elle illustre une certitude qui n’est pas soulignée suffisamment, c’est-à-dire que ce qui se passe pendant une NDE peut se produire également dans d’autres états élargis, de conscience par exemple, pendant la méditation.
Regardons de plus près à quoi ressemble cette vision décuplée, transcendée. Une femme a contracté une pneumonie lors de sa deuxième grossesse et, à son arrivée à l’hôpital, elle perdit conscience. A cet instant, elle fit une décorporation :
"Je planais au-dessus d’une civière dans l’une des salles d’urgence de l’hôpital. Je regardais la civière et me rendis compte que le corps enveloppé dans des draps était le mien, mais cela m’était bien égal. La pièce était beaucoup plus intéressante que mon corps. Et quelle belle perspective j’en avais ! Je pouvais tout voir. Et je veux dire vraiment tout ! Je pouvais voir le haut de la lampe du plafond et le dessous de la civière. Je pouvais voir les carreaux du plafond et les carreaux du sol - simultanément. Je bénéficiais d’une vision sphérique de 360°. Et elle n’était pas uniquement sphérique mais détaillée ! Je pouvais voir chaque cheveu ainsi que le follicule dont il sortait sur la tête de l’infirmière qui se trouvait à côté de la civière. A ce moment-là, je savais exactement combien de cheveux elle avait sur la tête. Ensuite, j’ai changé de perspective. L’infirmière portait des collants Nylon blancs brillants. Chaque reflet et chaque scintillement se détacha avec une netteté éblouissante et de nouveau je savais exactement combien d’étincelles il y avait".
Revenons une fois encore sur la troisième question posée par l’étude de RING et COOPER :
Les aveugles qui ont vécu une NDE revendiquent-ils des perceptions visuelles ?
La réponse est "oui et non" ! Il serait inexact de dire que les aveugles voient pendant leur NDE mais plus juste de constater qu’une conscience de nature complexe et insuffisamment comprise à ce jour leur donne accès aux mêmes informations que nous, personnes voyantes, obtenons à travers la vision.
Cette conscience, cette omniscience, va bien au-delà de tout ce que la perception visuelle habituelle peut offrir. Il s’agit bien ici d’un état de conscience élargie, que RING et COOPER ont décidé d’appeler "conscience transcendantale".
Nous pouvons dorénavant affirmer que ce ne sont pas les yeux qui voient mais l’esprit !
Non-voyants, malvoyants, voyants : tous égaux devant la NDE
Aucun expérienceur, non-voyant, malvoyant ou voyant, ne perçoit les scènes qu’il observe lors de la décorporation à travers ses organes visuels, car ils sont tous inconscients lors de leur expérience de mort imminente. La seule différence réside dans le témoignage de la NDE, dans la difficulté additionnelle que rencontre l’aveugle de naissance à décrire son expérience, car il n’a jamais vu le monde auparavant.
La NDE ne peut pas être comprise si on néglige sa nature symbolique
Il est certain que la NDE est, dans son essence, intrinsèquement symbolique. Elle est toujours codée, présentée, mise en scène de telle manière que l’expérienceur puisse la comprendre, qu’elle ait un sens pour lui.
Pendant leur NDE, certaines personnes sentent la présence d’un proche ou de l’Être de lumière, d’autres les voient et peuvent les décrire en détail par exemple l’Être de lumière rayonnant d’un éclat surnaturel tel que décrit par les symbolismes religieux ou un proche vêtu du même costume qu’il portait de son vivant. Personnellement, il me semble évident qu’il s’agit en fait d’un support visuel qui permet à la personne mourante de s’acclimater à cette autre dimension réellement inimaginable, incompréhensible sans ce support visuel qui permet de faire le lien entre le monde matériel et le monde immatériel, telle une interface dans le sens informatique du terme.
RING et COOPER pensent que la connaissance suprasensorielle, qui se produit donc en dehors de nos sens, n’est traduite en image qu’au moment où l’expérienceur raconte sa NDE. C’est uniquement au moment où il doit transposer en paroles ce qu’il a vécu que cette omniscience, cette connaissance absolue dont il a bénéficié pendant sa NDE, devient "perception visuelle". C’est pour cette raison que tous les expérienceurs, non-voyants, malvoyants et voyants, appellent "voir" ce qui, en fait, est "percevoir" grâce à une conscience transcendantale.
Comme une conscience transcendantale doit, par essence, transcender les limites des sens, il n’est pas étonnant que les expérienceurs aveugles parlent de "vision parfaite jusque dans les moindres détails, d’une perfection absolue de leurs capacités visuelles".
D’ailleurs, il est si significatif que diverses théories de la science moderne se rejoignent dans la certitude que la conscience est à l’origine de tout et la base même de tout être.
Quatre postulats
RING et COOPER ont retenu quatre postulats :
1) Le premier postulat dit que la conscience est primordiale et la base de tout être. Voici quelques phrases empruntées à un penseur nommé GOSWAMI :
"Tous les événements sont des phénomènes de conscience. Au-delà de ce que nous percevons comme la réalité immédiate, il y a la réalité transcendantale. En fin de compte, toute réalité est faite de conscience. La division de la réalité en transcendance et immanence est un épiphénomène de l’expérience".
2) Le deuxième postulat de cette même science moderne affirme que la conscience est non localisée. Ceci signifie que l’esprit, plutôt que d’être enraciné, localisé dans un individu et assujetti au temps qui s’écoule de la naissance à la mort, n’est en fait localisé ni dans le temps, ni dans l’espace.
3) Le troisième postulat argumente que la conscience est unitive. Ceci signifie qu’il n’y a qu’une conscience que nous nommons Esprit, et que la notion d’esprits individuels n’est en fait rien d’autre qu’une illusion pratique que DOSSEY (1989) appelle sarcastiquement "l’illusion d’un moi séparé et la sensation d’un ego qui possède un esprit séparé.
4) Le quatrième postulat profère que la conscience peut et, en effet, doit quelquefois fonctionner en dehors du cerveau.
Ceci est essentiel pour comprendre pourquoi les expérienceurs aveugles sont conscients de quelque chose qui est assimilable à la perception visuelle.
DOSSEY, l’exprime ainsi :
"Si l’esprit est non-local, il est forcément indépendant du cerveau et du corps qui, eux, sont locaux. Si l’esprit est non-local, séparé du cerveau et du corps, donc pas entièrement assujetti à l’organisme physique, alors la possibilité de la survie de l’esprit, lors de la mort du corps, devient une possibilité".
Comme DOSSEY et beaucoup d’autres théoriciens l’ont exprimé, bien que l’esprit ne soit pas un produit du cerveau, ceci n’exclut pas qu’il peut par moments fonctionner dans le corps, à travers le cerveau, pour nous fournir notre représentation quotidienne du monde.
La conscience transcendantale
Voici la conclusion à laquelle RING et COOPER sont arrivés au terme de leur recherche :
Il s’agit d’une vision sans perceptions visuelles. Ce que nous avons pris pour une perception visuelle au premier abord s’est révélé être tout autre chose : une conscience transcendantale. Cette conscience transcendantale fonctionne indépendamment du cerveau mais doit, pour être nommée, nécessairement être filtrée par lui et par un deuxième filtre qui est celui du langage.
Ainsi, jusqu’à ce que le vécu de l’expérienceur (non-voyant, malvoyant ou voyant) arrive chez nous, observateur, l’expérienceur l’a traduit en "perception visuelle". Mais, en fait, il s’agit de tout à fait autre chose, de quelque chose d’une essence si inhabituelle qu’il est excessivement difficile de le décrire avec nos mots de tous les jours.
La recherche sur la conscience, s’appuyant par exemple sur les découvertes de la physique quantique, est certainement une des clés capables d’ouvrir la porte de ce royaume si mystérieux et si fascinant.
(source : paranormal-info)
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