• Voir avec sa peau, la vision extra rétinienne.

     Mystères humains

    La vision extra-rétinienne

    Voir avec sa peau !

    Le cas étrange de Rosa Kuleshova  

     Rosa Kuleshova possède probablement l’un des dons les plus extraordinaires que l’on puisse rencontrer sur notre planète.

    Effectivement, ses capacités incroyables ont subi toute une batterie de tests qui se sont, pour la totalité, montrés positifs. Pour une raison qui demeure encore inconnue, elle peut littéralement voir avec sa peau. Ce récit prouve encore une fois que la science devrait se préoccuper un peu plus des phénomènes paranormaux. 

    VISION EXTRA RETINIENE

     Cette femme naquit en 1941 dans la ville de Nijnii Taghil située au cœur de l’Oural, dans l’Oblast de Sverdlovsk, en Russie. Beaucoup de membres de sa famille, dont ses parents, étaient atteints, depuis leurs plus tendres enfances, de cécité congénitale. Bien qu’elle-même voyait parfaitement bien, elle apprit, tout naturellement, le Braille avec ses doigts, au cours des longues soirées familiales. Rapidement, elle se rendit compte qu’elle possédait un système nerveux et sensoriel extraordinaire.

    En effet, elle était capable de lire avec chaque fibre de sa peau ! 

    Les médecins purent s’intéresser à son cas : Rosa était régulièrement hospitalisée, à l’Institut de Neurologie de Moscou, à cause de ses crises d’épilepsie. Ils pensèrent qu’il s’agissait d’une tare héréditaire modifiant ses facultés physiologiques. Le docteur Isaac Goldberg constata, tout d’abord, qu’elle pouvait lire du bout de ses doigts (plus précisément avec le majeur de sa main droite), non seulement les caractères brailles (il n’y là rien de surnaturel), mais aussi des caractères écrit à l’encre comme ceux des livres ou des journaux. 

    Les médecins effectuèrent de multiples expériences pour y déceler l’éventuelle supercherie. On banda très soigneusement ses yeux, supprimant toute éventualité de lecture visuelle par l’espace comprise entre le foulard et les joues, espace qu’utilisent les illusionnistes lors de leur spectacle.

    VISION EXTRA RETINIENE

     (photo : innocent-angel16)

    Dans un premier temps, elle parvint à lire sans mal et à haute voix les titres d’un journal sans marquer d’arrêt. Puis c’est l’ensemble de l’article qu’elle lut à l’assistance médusée. Le test fut positif, et la fraude était impossible. L’hypothèse posée, fut qu’elle était capable de déceler le moindre et infime relief des caractères imprimés. Ils placèrent alors une plaque de verre sur le journal et réitérèrent l’expérience. Elle n’arriva plus à lire les petits caractères, mais elle lut parfaitement les gros titres dont les lettres étaient suffisamment espacées.

    La conclusion était claire :

    il s’agissait bel et bien d’une vision par la peau et non pas d’un épiderme extrêmement sensible comme ils avaient pensé au départ. 

    Pour démontrer ce nouveau résultat, ils présentèrent des photographies à Rosa. Elle arrivait à décrire, avec une grande précision, une photo en distinguant les personnages présents, leurs particularités physiques (moustache, par exemple) ainsi que les couleurs. Les médecins projetèrent ensuite des images sur le mur : ce fut la peau de son visage qui voyait ! Les expériences se succédèrent : elle pouvait regarder avec le bout de son nez, sa langue et même avec ses orteils. 

    Robert Charroux expliqua ces phénomènes par deux manières : ou sa peau possédait des cellules nerveuses encore inconnues et très sensibles à la lumière. Ou elle voyait avec son sensorium, comme le font les médiums et les voyantes. 

    Source  : Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans., Robert Charroux, 1963, Robert Laffont 1963)

    Autres cas... 

    Un jour de 1945, Un homme du nom de Kuda Bux prend sa bicyclette et s'enfonce dans la circulation new-yorkaise. Il pédale joyeusement à travers Times Square, toujours très animé, et s'arrête sans encombre.

    Il vient d'accomplir un exploit étonnant.

    Les yeux bandés durant tout le trajet, Bux a été parfaitement capable de se diriger. Il s'est ainsi rendu célèbre dans les années 1930 et 1940. Mais il n'est pas le seul qui puisse voir sans se servir de ses yeux. Au XVIIe siècle, un scientifique irlandais, Robert Boyle, raconte l'histoire d'un homme qui sait reconnaître les couleurs par le toucher.
    Au XVIIIe siècle, les premiers Européens sur l'île de Samoa parlent d'insulaires aveugles, pourtant capables de décrire la physionomie des nouveaux arrivants. En 1893, des médecins de Brooklyn évoquent le cas de Mollie Fancher, qui souffre de cécité mais lit des livres imprimés normalement du bout des doigts. En Italie, à peu près à la même époque, un neurologue, le docteur Cesare Lombroso, soigne une jeune non-voyante âgée de 14 ans qui « voit» avec le lobe de son oreille gauche et le bout de son nez.

    Quand le praticien tente de lui mettre un crayon dans une narine, elle le repousse et hurle: « Essayez-vous de me rendre aveugle? ». De tels cas ont beaucoup intrigué l'écrivain français Jules Romains. Après des années d'expériences, il publie en 1920 un long traité consacré à ce phénomène. Il y note que certaines personnes « voient» sans avoir aucun contact avec les objets qu'ils décrivent. D'autres « voient» avec le bout de leurs doigts, leurs joues et même leur estomac. Des expériences visionnaires Des exemples viennent illustrer ce que Romains appelle la « vision paroptique » et font occasionnellement les gros titres des journaux.

    En 1960, une Virginienne d'Ellerson, Margaret Foos, âgée de 14 ans, subit des tests minutieux menés par des experts. Les yeux bandés, elle lit des morceaux choisis au hasard, identifie des couleurs et des objets, et joue même aux dames. L'attention des scientifiques ne se concentre sur ces faits qu'après 1963, lorsque des chercheurs soviétiques relatent l'histoire de Rosa Kuleshova. Au cours de plusieurs expériences dûment contrôlées, où elle a les yeux bandés, Rosa lit des articles de journaux et des partitions musicales avec le bout de ses doigts et son coude. Ces résultats suscitent l'intérêt du docteur Richard P. Youtz, un psychologue de l'université de Columbia. Il décide d'y donner suite. A l'issue de tests particuliers, il conclut que Rosa Kuleshova, et d'autres comme elle, sont anormalement sensibles à la quantité d'énergie absorbée par les différentes couleurs.

    Selon lui, lire sans voir est possible parce que les caractères noirs dégagent beaucoup plus de chaleur que la page blanche sur laquelle ils sont imprimés. Certes, si l'on constate que des gens peuvent « voir » avec un de leurs membres, on ne comprend pas comment un Kuda Bux ou une Margaret Foss ont distingué des objets sans avoir de contact avec eux.

    (Source : paranormal

        Dans son numéro de Décembre 1964, la revue "Science et vie" qui s'intéressait à l'époque aux vrais mystères de l'être humain, publiait, avec une remarquable photo en première page, un article sur 7 pages concernant le cas d'une jeune fille russe alors de 22 ans , Rosa Kulesciovaqui après s'être dévouée au sein d'une famille d'aveugles, pour les aider à comprendre le braille et à reconnaître les couleurs, était parvenue toute seule à apprendre à lire avec les doigts. 

    VISION EXTRA RETINIENE


        Des savants russes l'analysèrent méthodiquement et remirent même un certificat d'authenticité. On constata qu'elle pouvait déchiffrer, les yeux évidemment totalement obstrués, des caractères de journaux et des partitions musicales même placés sous verre, ainsi que la couleur et les formes de surfaces lumineuses projetées sous sa paume. A la suite du passage à la télé de Rosa, on lui découvrit ensuite d'autres émules : une fillette de 9 ans, Lena Bliznova dont la mère, femme de médecin impressionnée par ce qu'elle venait de voir sur le petit écran, décida de tester sa propre fille et s'aperçu alors avec ahurissement que Lena avait des performances qui surpassaient celles de Rosa.

        Il y eu aussi Vera Petrova agée de 11 ans et surtout une jeune aveugle Nadya Lobanovaqui furent capables d'en faire tout autant. en Amérique, en Italie, en Ecosse, on découvrit ausssi des sujets sensibles et c'est alors que l'on s'aperçut qu'il existait déjà un traité sur la "Vision extra-rétinienne et le sens paroptique" exposant ces faits et publié au début des années 20 par l'Académicien Français Jules Romain , affaire qui avait fortement agité le monde scientifique de l'époque. Donc tout cela n'est pas nouveau et en s'entraînant, peut-être découvrirons-nous que certains de nos enfants possèdent aussi cette particularité de vision non orthodoxe, qui nous montre une fois de plus que nous sommes bien plus équipés pour évoluer dans la nature que l'on veut nous le faire croire ?

        Le 30 Avril 2011, nous sommes tombés sur la page réservée à l'actualité mystérieuse de Jacques Bergier du Nostra n° 201 du 11 Février 1976, et voici ce qu'on pouvait y lire : 

     (source : artivision)

    Existe-t-il une perception paroptique ?

    Yvonne Duplessis

    Depuis que l'écrivain et dramaturge Jules Romains a publié son ouvrage La vision extra-rétinienne, il y a plus d'un demi-siècle, des expériences ont été faites pour prouver que l'être humain peut " voir " par des moyens autres que ses yeux. Les recherches actuelles effectuées, notamment en Union soviétique, montrent que certains sujets peuvent parvenir à détecter des signes graphiques et surtout des couleurs par le développement de la sensibilité des mains. On trouvera ici une description de diverses investigations et des indications sur les hypothèses qu'elles suscitent. 

    Tout le monde sait, au moins vaguement, qu'assez fréquemment certaines personnes sont capables de voir des couleurs subjectives à l'occasion d'une sensation autre que celle de la vue. On désigne en général ces phénomènes sous le nom de synesthésie, l'audition colorée - c'est-à-dire le passage d'une sensation auditive à une impression visuelle - en étant le cas le plus fréquent. Ce qu'on ignore, en revanche, c'est que dans des cas plus rares, certains sujets sont capables de voir des couleurs objectives sans le secours des yeux; c'est alors qu'on parle de perception paroptique.
    Le premier qui ait prêté attention à ces phénomènes et qui les ait étudiés a été le célèbre romancier et dramaturge Jules Romains. Il les a désignés sous le nom de " vision extra-rétinienne " dans un livre publié chez Gallimard en 1920. Pour essayer de les expliquer, Jules Romains s'est évertué à y voir une véritable fonction dite paroptique, capable de se développer, selon lui, par l'entraînement. Cette vision est en effet, toujours selon Jules Romains, de nature optique, mais elle est due à des yeux en miniature, les " ocelles ", répandues sur tout l'épiderme. Elle peut ainsi se développer non seulement par le visage, mais également par la poitrine et même par la nuque. Elle n'est réductible à aucun des autres sens.
    Dans son ouvrage, Jules Romains retrace tous les Procédés ingénieux qu'il utilisa pour provoquer et analyser cette vision permettant à des sujets sans capacités particulières de lire, les yeux bandés, et il affirme qu'il s'agit là de véritables expériences de laboratoire.
    Sous un éclairage normal, la vision paroptique est en effet analogue à celle de la vision normale mais elle en dépasse les limites, sauf pour le noir et blanc. Jules Romains précise que c'est sans le secours de l'hypnose, mais toutefois avec un régime spécial de la conscience qui laisse le sujet bien éveillé, que cette fonction arrive à émerger. Cet entraînement, il l'effectue aussi sur lui-même et sur des aveugles " accidentels ". De plus il confie à son disciple René Maublanc, professeur de philosophie, la conduite d'Une éducation paroptique (titre de son livre paru chez Gallimard, Paris, en 1926), celle, cette fois, d'une aveugle-née. Dans la première partie de son ouvrage, R. Maublanc en relate les étapes et dans la deuxième partie son sujet analyse lui-même ses impressions de découverte du monde visuel.

    Patience et optimisme

    Cet entraînement exige, autant de l'opérateur que du sujet, une grande patience et un optimisme imperturbable. Certes, l'inégalité des résultats est souvent décevante au cours d'un entraînement qui doit être très régulier. Les conditions de santé, les préoccupations, la présence d'autres personnes peuvent influencer les résultats. Il faut en quelque sorte apprendre à " voir " comme on apprend à lire ou à jouer du piano. L'entraînement du visage commence par la " vision " de signes, de lettres placées sous verre, puis viennent la reconnaissance et le classement de papiers colorés. Le sujet s'exerce aussi à " voir "par les mains, Dans ce cas, ce sont les sensations associées aux couleurs qui semblent prédominer.
    Si d'autres observations similaires poursuivies particulièrement en URSS ne démentent pas l'existence du phénomène et l'intérêt du développement possible de cette capacité, elles rejettent son explication par des " ocelles ". Il n'y aurait pas, à proprement parler, une vision mais une induction, en particulier une induction des couleurs à partir d'impressions tactiles, d'où la désignation nouvelle donnée à ces phénomènes : au lieu de fonction paroptique, on parle désormais de sensibilité dermo-optique. Celle-ci semble être, en dépit de son nom, la possibilité - autre que dermique ou visuelle - d'identifier des textes imprimés et des couleurs par le détour suivant : les impressions insolites ressenties sont obligatoirement et inadéquatement traduites dans le langage des sensations tactiles et visuelles. Mais quelle hypothèse pourra expliquer cette nouvelle interprétation ? La sensibilité dermo-optique proviendrait soit de l'influence kinésique et thermique de la couleur sur la peau, soit d'une photoréception, c'est-à-dire d'une absorption de radiations lumineuses par l'épiderme.
    Le professeur Novomeysky qui, pour sa part, est l'auteur de l'expression " sensibilité dermo-optique ", pense que cette faculté proviendrait de différences de potentiels électriques produites sous l'influence de la surface colorée. Elles engendreraient des interactions différentielles avec la peau de la main en tant que surface possédant sa distribution de charges électriques naturelles. Mais ses travaux récents montrent que la paume de la main et les corps colorés dont elle s'approche émettent des radiations infrarouges; leur interaction varie selon la couleur; d'où des impressions le plus souvent inconscientes qui constituent la sensibilité dermo-optique.
    C'est dans les ouvrages publiés par l'Institut pédagogique de Sverdlovsk, sous la direction du professeur Novomeysky, que sont exposées les recherches sur les conditions psychologiques, physiologiques et physiques du développement de cette sensibilité dermo-optique. D'après les premières investigations de certains chercheurs, comme les professeurs Dobronravov et Guylev, cette sensibilité est analogue à celle de la vision normale. Aussi a-t-elle la lumière pour agent physique.
    En revanche, pour le professeur Novomeysky et ses collaborateurs cette sensibilité dermo-optique a paru d'abord bien distincte de la vision normale, la détection des stimuli pouvant s'effectuer soit dans l'obscurité, soit sous des écrans opaques. Mais leurs recherches actuelles établissent qu'il n'en est ainsi que parce que la vue ne prend pas conscience du rayonnement infrarouge émis par les différentes couleurs alors que le développement de la sensibilité dermo-optique fait passer de l'inconscience à la conscience les impressions qu'il suscite.

    Les impressions tactiles

    Mais quelles que soient les hypothèses, tous étudient le développement de cette sensibilité par les mains avec ou sans contact. Est éliminée, bien sùr, l'objection d'une occultation insuffisante des yeux par un bandeau, la tête des sujets pouvant être recouverte d'une cagoule ou leurs mains détecter les textes ou les couleurs à partir d'un écran opaque placé devant leur visage.
    L'entraînement est fondé sur l'apprentissage de l'association entre les impressions tactiles, thermiques, affectives, et les couleurs qui les suscitent; et peu à peu le sujet apprend à identifier et à nommer ces couleurs. Ainsi, les étudiants du professeur Guylev arrivent à différencier le rouge du bleu, puis le jaune de l'orange, enfin le noir du blanc et du gris.

    Les impressions tactiles des sujets sont classées dans l'ordre spectral :

    - Couleurs chaudes :
    Rouge accrochant, rugueux, gluant.
    Orange rugueux.
    Jaune lisse, légèrement rugueux, non gluant.

    - Couleurs froides
    Violet : très rugueux.
    Bleu foncé : gluant, glissant.
    Bleu : lisse, peu rugueux, non gluant.

    Quant aux impressions thermiques, elles sont à peu près les mêmes pour le bleu et le jaune que pour l'orange et le violet. Le vert est neutre, le noir est chaud, le blanc moins chaud et le gris assez froid.
    La recherche du professeur Novomeysky, axée principalement sur les conditions physiques de cette capacité, comporte l'analyse d'autres critères de reconnaissance des couleurs. Les expériences sans contact des mains avec les surfaces colorées montrent que les impressions suscitées sont senties à des hauteurs différentes. Ces divers seuils sont appelés barrières de couleurs et sont mesurés avec des appareils étalonnés. Ces mesures permettent surtout de faire des recherches sur les rapports des sept couleurs du spectre avec ces mêmes barrières et d'étudier les variations de leurs hauteurs selon les divers ‚éclairages : lumière du jour, lumière électrique, lumières monochromatiques, pénombre, et même obscurité totale. Ainsi, à la lumière du jour et à la lumière électrique, elles sont plus hautes pour le rouge, s'abaissent vers le jaune et le vert pour remonter vers le bleu et le violet. Mais des effets plus déroutants, semble-t-il, se manifestent avec des écrans opaques placés sur les couleurs comme la neige, le bois, différents métaux, le plomb. La sensibilité est renforcée si les couleurs sont sous une plaque d'aluminium, elle est modifiée selon que les métaux sont plus ou moins bons conducteurs de l'électricité et, d'après les résultats d'expériences publiés en 1973, selon qu'ils sont plus ou moins perméables au rayonnement infrarouge des surfaces colorées qu'ils recouvrent.

    Le rôle de l'expérience optique

    Ces investigations, comme chez Jules Romains, furent étendues aux aveugles qui avaient perdu accidentellement la vue. Ces sujets se révélèrent plus aptes que les autres à ces détections, bien qu'elles dépendissent plus de l'intensité de l'éclairage et de l'isolement électrique des stimuli. Après deux mois d'entraînement ils parvinrent à distinguer, par exemple, le blanc, le noir et le gris. En outre ils purent, contrairement aux sujets non aveugles, par-venir à identifier les couleurs de divers crayons. Les lois du mélange des couleurs furent pour eux identiques à celles de la vision oculaire, le professeur Novomeysky soulignant l'importance du rôle de l'expérience optique que le sujet a pu avoir avant sa cécité. Les aveugles nés, eux, ne parvenaient qu'à discerner le rouge du bleu. Les aveugles accidentels furent aussi exercés à reconnaître des signes graphiques : figures géométriques, chiffres, lettres, et cela sans contact direct, la hauteur des signes étant de 6,5 centimètres. Pour cette détection, les sensations kinésiques des doigts et des mains sont indispensables. Le sujet esquisse les contours de la forme à reconnaître, placée entre 2 et 3 centimètres au-dessous de sa main. Comme R. Maublanc, le professeur Novomeysky observe que l'entraînement à la lecture fait décliner les résultats obtenus pour les couleurs.
    Nous avons de notre côté entrepris, à partir de 1968, des tests sur les effets des variations de la lumière et des couleurs du milieu environnant sur des sujets aveugles ou presque aveugles mais ayant les yeux bandés. Ils furent poursuivis au Centre d'éclairagisme dont M. Maurice Déribéré, président du Centre d'information de la couleur, nous autorisa à utiliser le laboratoire d'essais visuels.
    Les différences d'intensité lumineuse ainsi que la nature de la lumière, fluorescente ou incandescente, furent mieux détectées par les dix-sept sujets testés que les différentes couleurs que pouvaient présenter simplement les murs - spécialement équipés à cet effet - en pivotant sur eux-mêmes.
    Douze sujets exprimèrent à peu près les mêmes impressions pour les mêmes couleurs.

    Blanc-gris : clarté, impression que la pièce s'agrandissait. 
    Bleu-vert foncé : froid, impression d'espace. 
    Rouge-saumon : chaud, espace réduit.

    Le 23 avril 1971, Jules Romains nous fit l'honneur d'assister en personne à l'une de nos séances d'essais et nous incita ensuite à poursuivre des recherches sur la vision extra-rétinienne. Nous avons pu les développer grâce à l'appui de la Parapsychology Foundation Inc. En ce qui concerne plus spécialement les aveugles, nous avons divisé les séances d'entraînement en une double investigation : vision par le visage, et détection par les mains.

    " Voir " au moyen du visage

    Nous avons procédé comme suit : le sujet est assis, le dos à la fenêtre ou éclairé du côté gauche. Les stimuli sont d'abord des objets placés dans une boîte en plastique, ensuite des cartes imprimées de dessins géométriques, puis de voyelles. L'expérimentateur les tient à une distance de 5 à 30 centimètres du visage du sujet. Ensuite, le sujet s'efforcera seul de " voir " le stimulus ou les signes des cartes mises sous plastique. La vision commence dans une sorte de brouillard dont émergent d'abord des lignes sans formes que le sujet essaye de préciser. S'il tourne les paumes des mains vers le stimulus, la perception semble renforcée. Quant à la vision des couleurs, elle est faite à la lumière du jour et à la lumière électrique. Ce sont d'abord des différences qui sont perçues, par exemple entre le rouge et la blanc, le jaune et le vert. Dans le visage du sujet aveugle, c'est la tempe gauche qui se montre la plus sensible. Le bleu suscite une faible visualisation, plus nette pour le jaune et surtout pour le rouge.
    Les tests à la lumière électrique furent menés tantôt avec des rangées verticales d'ampoules colorées, tantôt avec des plaques de couleur éclairées par-dessous. Les impressions les plus caractéristiques furent suscitées par le rouge, les plaques vertes et noires furent neutres. Avec l'entraînement, un sujet parvint à distinguer le vert du noir mais en mettant ses mains à 20 centimètres au-dessus de la plaque, le vert induisant des impressions motrices.
    En ce qui concerne la détection par les mains, le sujet doit, selon nous, apprendre consciemment à relier ses impressions au stimulus qui les provoque afin de bien l'identifier. C'est pourquoi nous utilisons au début de l’entraînement des stimuli en relief qui permettent au sujet de vérifier par lui-même l'exactitude de ses détections. Ce sont des formes géométriques en bois découpé : triangle, carré, cercle, rectangle. Le sujet commence par localiser la place où se trouve l'une d'elles à quelques centimètres en dessous de sa main puis il apprend à en sentir la forme par des impressions de chaleur, de picotement bien différenciées. Des reliefs moins prononcés sont ensuite utilisés : de petits disques noirs collés sur des cartons blancs. Ces cartons sont ensuite placés dans des étuis en plastique. Enfin, on en arrive à la détection de formes imprimées sans relief, que le sujet doit identifier sans contact. On effectue ensuite des exercices de tri ou de classement entre des plaques de couleur distribuées inégalement. Parmi les sujets, les uns éprouvent des impressions tactiles et thermiques, d'autres utilisent des critères subjectifs de reconnaissance épaisseur, poids, impressions affectives suscitées par les plaques colorées. Un trait surprenant : quand on leur demande de classer les couleurs, les sujets tendent à le faire dans l'ordre du prisme.
    Repoussons une objection qui ne manque jamais d'être formulée : celle qui consiste à ramener la perception paroptique à la clairvoyance et à la télépathie. Or, dans tous les cas étudiés ici, il ne peut s'agir ni de l'une ni de l'autre, diverses précautions ‚tant prises pour les éliminer : opérateurs ignorants des stimuli ou changés fréquemment(1). De plus l'entraînement est progressif comme celui, rappelons-le, d'un enfant qui apprend à lire et il peut aboutir à une perfection quasi absolue. Enfin, l'interruption de l'entraînement fait disparaître les résultats déjà obtenus. Cela ne veut pas dire qu'il ne s'agisse pas également de l'intervention d'une énergie inconnue que les découvertes récentes de la psychotronique tendent à mettre en relief.

    Ce que les aveugles ignorent

    Comment ne s'est-on pas avisé plus tôt de l'existence de cette possibilité et pourquoi ne l'utilise-t-on pas davantage? Selon Jules Romains certains aveugles se servent épisodiquement de cette faculté mais, n'ayant pas su ou pu la développer, ils en sont restés aux premiers tâtonnements. Du reste, cette possibilité concerne surtout les aveugles accidentels qui ont conservé un certain potentiel de souvenirs optiques. Le professeur Novomeysky, de son côté, pense qu'un sujet sur six est susceptible de développer cette sensibilité dermo-optique. Il est donc très compréhensible que les aveugles ignorent qu'ils pourraient apprendre à détecter les couleurs par des signaux reçus sous forme tactile, thermique ou kinésique. Il s'agit, rappelons-le, d'un apprentissage raisonné et la technique pédagogique qui s'élabore est encore trop récente et, malheureusement, trop peu connue pour être systématiquement appliquée.
    L'essentiel toutefois reste de savoir que ces phénomènes existent, car leur latence est incontestable. Il est primordial de savoir aussi qu'ils doivent s'intégrer dans une conscience élargie que, sans doute, notre vie dite civilisée nous a fait perdre, et qu'ils laissent déjà entrevoir une large zone d'application.

    (1) . Rappelons que les sujets dotés de capacités télépathiques permettant des transmissions précises sont rares. 

    Fig 1. Type de test à la lumière électrique

    Fig. 2. Exercice de tri de cartes de couleur


    Yvonne Duplessis
    L'auteur a fait ses études supérieures à l'Université de Montpellier et à celle de Paris.
    Docteur ès lettres, Mme Duplessis, publia en 1950 la première édition de son livre Le surréalisme, dont la dixième édition française vient de paraître (PUF, collection " Que sais-je ? ").
    Elle commença en 1952 à participer aux expériences de télépathie poursuivies à l'Institut métapsychique international par René Warcollier.
    A partir de 1966, elle entreprit des recherches avec des sujets privés de la vue.
    Depuis 1971, elle étudie tout spécialement la vision extra-rétinienne et la sensibilité dermo-optique.
    Adresse : 67, avenue Raymond-Poincaré, 75116 Paris (France).

    (source : npx.net) 

      

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