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Conscience de l'homme

La Pythie, l'oracle de Delphes 

Les oracles de la Pythie

L'oracle de Delphes et son temple se situait à 150 km à l'ouest d'Athènes. Ce fut le plus célèbre de tous les oracles qui aient existé en Europe. A l'origine, le site de Delphes était consacré au serpent Python. Puis, après des évènements importants mais qui nous restent inconnus, vers le VIème siècle av. J.-C, il fut consacré au dieu Apollon. Les rois, les puissants mais aussi les gens du peuple venaient là pour connaître leur avenir ou trancher des questions difficiles. Delphes fut en définitive un des plus importants centres religieux du monde antique et son rayonnement immense autour du la Méditerranée. 

La légende raconte que, dans des temps presque immémoriaux, un tremblement de terre ouvrit une faille dans le sol. Ce cratère, par la suite, devint le centre de la nouvelle ville de Delphes. De cette crevasse se dégageait une étrange vapeur... Ce fut un berger qui s'aperçut de ce phénomène en contemplant ses chèvres, comme ivres dès qu'elles approchaient de cette fissure tellurique, poussant des cris extraordinaires. Les autres bergers et les villageois virent sur les lieux pour observer ce phénomène et furent à leur tour saisis d'étranges convulsions. Superstitieux, ils pensèrent qu'un dieu était venu là se cacher dans le fond de la crevasse et qu'il pouvait transmettre aux hommes qui s'en approchaient son pouvoir de voir dans l'avenir. On attribua d'abord l'oracle au dieu Poséidon et à Gaia. De Gaia, l'oracle passa à Thémis, sa fille puis elle s'en démit en faveur d'Apollon, qu'elle chérissait particulièrement. Il est dit que ce dernier arriva à Delphes, escorté par deux dauphins (delphinus, en latin ; d'où le nom de "Delphes" qui remonte en fait à l'époque de l'Empire romain). Apollon par ses dons dans la science de deviner, à laquelle il s'appliqua dès sa plus tendre jeunesse selon la légende, demeura maître de l'oracle de Delphes. 

Le Temple Circulaire 

La légende introduisit l'épisode du combat victorieux qu'il mena contre le monstre Python et qui serait à l'origine du caractère sacré du lieu. L'histoire se répandit à travers toute la Grèce affirmant que là des prêtresses, les "Pythonisses" ou "Pythies" prédisaient l'avenir au nom d'Apollon dans une langue étrange que des prêtres, les "prophètes", qui étaient souvent des poètes d'ailleurs, devaient transcrire et interpréter. Les Pythies étaient des femmes de plus de 50 ans, chastes et irréprochables mais pas obligatoirement vierges. Elles devaient quitter leur vie de famille et s'installer dans l'enclos sacré qui leur était dévolu. On sait aussi qu'elles revêtaient la robe des jeunes filles en signe de pureté mais on ignore les raisons et les rites qui leur permettaient d'accéder à ce rang même s'il semble que n'importe quelle femme de la région pouvait y prétendre. Les cadeaux les plus somptueux furent échangés contre leurs oracles. La cité de Delphes pris rapidement de l'importance au point de devenir l'égale des autres comme Athènes, Corinthe ou Thèbes. 

Le Temple d'Apollon 

Les premiers jours de chaque mois, la Pythonisse s'enfermait dans une grotte proche du sanctuaire. Elle ne sortait du sanctuaire qu'à l'aube du septième jour, celui de la cérémonie. Ce jour-là, elle se dirigeait vers la fontaine Castalia et, après s'être purifiée avec cette eau sacrée qui provient du Mont Parnasse, se soumettait à des fumigations de feuilles de laurier, plante sacrée qu'elle mâchait également lorsqu'elle devait proférer les oracles lorsqu'elle prononçait sa sentence. Le parcours de la voie sacrée était un chemin d'initiation qui se parcourait en méditant. Les "Sept voies de la sagesse" qui étaient le symbole des sept Aphorismes (maximes), chacun d'eux étant en relation avec une divinité planétaire. 

Ces aphorismes étaient :

1 - Connais-toi toi-même (repris par Socrate)
2 - Tout coule (repris par Héraclite)
3 - Profite du temps (repris par les Epicuriens)
4 - Tout est vanité (repris par les Stoïques)
5 - Casse l'action avec des pauses
6 - Rien avec excès (repris par les Epicuriens)
7 - Personne ne peut échapper à la force du destin 

Les oracles étaient accordé aux citoyens de la ville mais les étrangers qui s'étaient montré digne ou courageux pouvaient y prétendre. Les consultant devait d'abord sacrifier une chèvre au dieu pour s'assurer de sa bonne disposition à son égard. Les prophètes qui assistaient la Pythie, toujours des hommes, se purifiaient et offraient aussi une chèvre en sacrifice. Ils pouvaient enfin accéder au temple ou brûlait le feu sacré et où se déroulait la cérémonie. Le consultant posait sa question par écrit ou par oral au prophète qui se chargeait de la transmettre à la Pythie qui se trouvait dans la même pièce mais cachée des regards indiscrets par un rideau. Assise sur un trépied et toujours accompagnée d'un corbeau, elle entrait en transe peu à peu. Puis, elle prenait la parole en tenant des propos souvent incohérents pour le commun des mortels. C'est le prophète qui devait mettre en forme, le plus souvent en vers d'ailleurs, les prédictions ainsi proférées. On comprend que tout cela devait relever du grand art pour la Pythie comme pour son "traducteur". Ce rituel demeura inchangé pendant des siècles... On se souvient de l'histoire de Crésus qui se rendit à Delphes pour savoir s'il devait se mettre en guerre contre la Perse. La Pythie lui répondit que s'il le faisait, "un grand royaume serait détruit". Confiant, il partit en guerre. Et un grand royaume fut effectivement détruit.... mais ce fut le sien ! 

A l'origine, au VI ème siècle av. J.-C, l'oracle n'était consulté qu'une seule fois par an. Par la suite, la renommée du lieu s'étendant sur toute la Méditerranée. D'ailleurs, il n'y avait qu'une seule pythie mais, le succès augmentant, on finit par en compter trois. Les consultations se firent tous les mois, le 7, exceptés pendant les trois mois d'hiver, période où Apollon délaissait temporairement le sanctuaire pour se rendre au pays des Hyperboréens. Il cédait alors la place au culte du dieu Dionysos. On sait aussi, sans plus de précisions, que d'autres méthodes divinatoires y étaient pratiquées. Delphes, devenue riche et puissante, instaura des jeux , comme à Olympie, rassemblant les principales cités de la région. Mais le triomphe de la civilisation grecque devait finalement s'éteindre et les conquérants Thraces finirent par détruire la cité de Delphes vers la fin du premier siècle av. J.-C.. On sait que beaucoup plus tard, Nostradamus aura connaissance de cette légende de Delphes et qu'il s'en inspira. 

 

Le Temple des Trésors de Delphes 

Diodore de Sicile, Strabon et Plutarque parlent de Delphes et nous ont fourni des détails précis et instructifs sur les cérémonies qui s'y déroulaient. Poètes ou historiens, tous s'accordent sur la véracité de cette légende. Même le célèbre philosophe grec Aristote écrivit, en se référant aux oracles de Delphes : "Il est difficile de croire, mais encore plus difficile de démentir". D'ailleurs, les ruines de la cité de Delphes subsistent toujours, on peut y voir le Temple des Trésors où était conservé les cadeaux fait à l'ordre des prêtresses ainsi que la pierre sacrée qui représenterait le "Nombril du Monde", "omphalos"en grec. 

A ce sujet, Hérodote, le célèbre historien grec (482-420 av. J.-C.), nous raconte cette prophétie qui nous est parvenue intacte et qui illustre parfaitement cette pratique divinatoire des Pythie :

En 480, les Athéniens étaient en guerre contre les Perses (Seconde Guerre Médique) et leur force bien moindre. Ils hésitaient sur la stratégie à adopter pour contrer l'expédition du roi Xerxès. Pour trancher, ils se décident à envoyer une délégation à Delphes pour interroger la fameuse Pythie. Les généraux attendaient avec inquiétude la réponse de l'oracle.

Après les cérémonies habituelles et avant d'entrer dans le temple, leurs délégués prenaient place dans le sanctuaire lorsque la Pythie, nommée Aristonicé, prononça cet oracle :

"Infortunés, que faites-vous ici ? Fuis au bout du monde, fuis ta maison, la circulaire enceinte de la ville et ses hautes crêtes ! Plus rien ne subsiste, ni la tête, ni le corps, rien de ses extrémités, pieds ou mains, rien du milieu non plus, tout est désolé, l'incendie fait rage, et le féroce Arès pousse son char syrien ; tes remparts ne périront pas seuls, il en ruinera bien d'autres aussi ; à la flamme furieuse il livrera bien des temples, où les images des immortels se dressent aujourd'hui couvertes de sueur, tremblante d'effroi, et du haut des toits ruisselle un sang noir, présage du désastre fatal. Allons quittez mon sanctuaire, élevez votre courage plus haut que vos malheurs". 

En entendant ces mots les envoyés d'Athènes furent accablés par le désespoir. Ils jugeaient la bataille perdue à l'annonce des maux décrits par la Pythie. Mais un Delphien des plus distingués, Timon fils d'Androboulos, leur conseilla de se présenter devant l'oracle une seconde fois, avec en mains les rameaux d'olivier des suppliants, et de consulter la Pythie en cette qualité. Les Athéniens l'écoutèrent et s'adressèrent au dieu :

"Donne-nous, dieu souverain, pour notre patrie un oracle moins cruel ; considère ces rameaux suppliants que nous apportons pour toi ; sinon, nous ne quitterons point ton sanctuaire, et nous resterons ici, jusqu'à notre dernier moment". 

La réponse de la Pithye ne se fit pas attendre et elle fit une seconde prédiction :

"Non, Pallas ne peut fléchir Zeus l'Olympien, malgré bien des prières et des sages conseils, mais je vais de nouveau t'annoncer ma décision : elle est d'un acier invincible, quand l'ennemi tiendra tout ce qu'enferment les frontières de Cécrops et les antres de Cithéron divin, alors à Tritogénie Zeus à la voix immense accorde une muraille de bois pour te protéger, toi et tes enfants, défense unique, inexpugnable, et toi n'attends pas les cavaliers, n'attends pas les hordes qui viendront du continent, ne reste pas en repos : tourne le dos, retire-toi. Il viendra encore le jour où tu feras face. Mais par toi, ô divine Salamine, les femmes verront périr leurs enfants, à l'heure où Déméter sème, où bien à l'heure où elle récolte." 

Deux interprétations de la prophétie s'opposent. Soit la muraille de bois est le rempart de la ville et il faut donc que les troupes s'y entassent pour assurer un siège victorieux. Ou, de l'autre, il faut faire une muraille de bois composée des navires nouvellement construits et qui sont dans le port du Pirée, près d'Athènes. Que choisir ? Les Perses approchent... Ils ont remporté une victoire douloureuse à Thermopyle et se dirigent vers Athènes. Sous l'influence de Thémistocle, la seconde solution l'emporte. Effectivement, Athènes est prise mais les grecs ont eu le temps de se replier sur leurs navires dans l'isthme de Corinthe. Finalement, c'est une bataille navale qui est livrée à Salamine et qui tourne à l'avantage des Grecs : la muraille de bois décrite par l'oracle était donc une muraille de navires...

On comprend par cette histoire la force de la prophétie de la Pythie, mais on voit aussi toute l'ambiguïté de son interprétation... Dès l'an 313 de notre ère, l'oracle de Delphes disparut définitivement. L'aspect sacral de la voyance sous sa forme extatique reçut le coup de grâce en 392 de notre ère. Par un édit, l'empereur Théodose le Grand fit fermer les temples et interdire les sacrifices. Dès le second siècle, des charlatans, tel Alexandre de Paphlagonie pratiquaient pour le bonheur de tous un simulacre de voyance à travers des plis scellés. Par ce biais, il répondait avec précision aux questions ainsi posées et rendait les billets contenant les prédictions apparemment intacts. La réponse "divine" correspondait miraculeusement à la question posée. Auparavant, il les avait fait délicatement décacheter par ses espions qui lui en communiquaient tout le contenu...

 (source : membres.multimania

   

 

  

 

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