Les îles imaginaires
Des légendes racontent la découverte d'îles extraordinaires, la plupart ont été classées comme étant des îles fantômes, ces îles se retrouvent parfois sur des cartes maritimes... ont-elles bien existé ?
Sandy Island
et autres histoires d'îles fantômes...
Cette île apparaissait sur plusieurs cartes maritimes dans le Pacifique sud, ainsi que sur Google Earth, jusqu'en début d'après-midi jeudi, mais n'existe pas. Et elle n'est pas la seule.
L'île Sandy Island apparaît sur Google Earth, mais n'existe pas, révèle une équipe de chercheurs australiens, le 22 novembre 2012. (GOOGLE MAPS / FRANCETV INFO)
L'île est répertoriée par certains atlas mondiaux, mais elle n'existe pas.
C'est ce qu'a indiqué, jeudi 22 novembre, une équipe de scientifiques australiens partis à la recherche de Sandy Island, une masse terrestre, lors d'une expédition géologique dans le Pacifique sud. En vain. Nos océans seraient-ils tachetés d'îles imaginaires ? Francetv info revient sur ces mystérieux bouts de terre fantômes, entre histoire et mythologie.
Sandy, finalement rayée des cartes maritimes
"Nous voulions vérifier. Or les relevés indiquaient à cet endroit une profondeur de 1 400 mètres, soit une très grande profondeur", a indiqué Maria Seton, membre de l'équipe scientifique, à son retour de ce voyage en mer qui a duré vingt-cinq jours. "On a vérifié et il n'y a pas d'île. On est vraiment étonnés, c'est très bizarre", a-t-elle ajouté.
Et pour cause. Sandy Island était en effet visible sur l'atlas numérique Google Earth jusqu'en début d'après-midi. Elle a été effacée depuis, remplacée par un trait noir. Elle apparaissait alors dans la mer de Corail, à mi-chemin entre l'Australie et le territoire français de Nouvelle-Calédonie.
Le Times Atlas of the World, un des atlas de référence, l'identifie pour sa part sous le nom de Sable Island. Enfin, des cartes maritimes utilisées par le Southern Surveyor, un navire de recherches scientifiques, signalent elles aussi cette île.
(source : francetvinfo)
Des îles fantastiques qui apparaissent...
Antillia
L'île d'Antillia ou Antilia est une île fantôme de l'océan Atlantique, prétendument située à l'ouest de l'Espagne. Elle est aussi connue sous le nom d'île des Sept Cités, Sept Cités, ilha das Sete Cidades (enportugais), Septe Cidades, Sanbrandan (ou Saint-Brendan).
L'étymologie d'Antilia est incertaine. On l'a rapprochée d'Atlantis, elle pourrait être dérivée du latin anterior (c'est-à-dire que c'est l'île qui se trouve avant Cipangu), ou de l'arabe Jezirat al Tennyn, (île du dragon).
Le professeur Armando Cortesão (1891-1977), spécialiste portugais de cartographie, fait remarquer que le nom Antilia est composé de deux mots portugais, anti-ante (avant) et illa, une forme archaïque du portugais ilha (île), qui pourrait éventuellement signifier « l'île avant » c'est-à-dire à l'avant de l'Europe, et située avant le continent ou juste à l'ouest qui était supposé être l'Asie.
Elle a inspiré le nom des Antilles.
Antilia et l'île des Sept cités
En 743, sept prêtres et leurs fidèles auraient embarqué à bord de plusieurs navires pour fuir l'invasion maure lors de la conquête arabe de la péninsule ibérique.
Légende ou récit historique, le roi du Portugal Alphonse V, missionne une expédition en 1475 sous la conduite du capitaine Fernão Teles pour retrouver cette île. En 1486, son successeur le roi Jean II missionne à son tour une expédition sous la conduite du capitaine Ferdinand van Olm, un Flamand qui s'était installé aux Açores et connu sous le nom de Fernão Dulmo.
(source : wikipedia)
Îles Aurora
Les Îles Aurora seraient un groupe de trois îles, mentionnée pour la première fois en 1762 par les marins du bateau espagnol Aurora qui faisait voile de Lima à Cadix, puis à nouveau en 1794 par la corvetteAtrevida, qui avait été envoyée à leur recherche. La situation rapportée était à l'est du cap Horn à peu près à mi-chemin des Îles Malouines et de la Géorgie du Sud.
Ces îles ont été mentionnées pour la dernière fois en 1856 bien qu’elles aient figuré sur des cartes de l’Atlantique sud jusque dans les années 1870.
On ne sait pas exactement si les îles Aurora ont vraiment existé ou si elles étaient le fruit d'une illusion d'optique dans l’atmosphère océanique. Une autre thèse est que ces îles seraient en réalité les Shag Rocks en Géorgie du Sud et que le nomIslas Aurora aurait été utilisé en espagnol.
Avalon
L'île d'Avalon ou d'Avallon est, dans la littérature arthurienne, le lieu où est emmené le roi Arthur après sa dernière bataille à Camlann. C'est aussi, selon certaines sources, l'endroit où fut forgée l'épée d'Arthur, Excalibur. C'est enfin l'île où vivait supposément la fée Morgane. Ce site légendaire a donné lieu à toute sortes d'interprétations en littérature et dans le folklore.
La première mention de l'île d'Avalon apparaît sous la forme latine insula Avallonis dans l'Historia Regum Britanniae écrite entre 1135 et 1138 par Geoffroy de Monmouth. L'auteur nous dit qu'après la bataille de Camlan où Arthur fut mortellement blessé en combattant Mordred, le roi de Bretagne fut conduit sur cette île. En 1155, le poète anglo-normand Robert Wace offre une adaptation de l'Historia et reprend le motif consacré par Geoffroy de Monmouth : « en Avalon se fist porter Por ses plaies mediciner »
Dans certains manuscrits de l'Historia comme dans les Brut, c'est aussi sur cette île que fut forgée l'épée Excalibur : « En l’île d’Avalon fut faite » (Ce qui peut aussi signifier qu'elle fut forgée à partir du minerai de l'île).
Entre temps, en 1149, fut publiée la Vita Merlini, ou Vie de Merlin. Ce manuscrit est aussi attribué à Geoffroy de Monmouth bien que Merlin y prenne un caractère fort différent de celui que possédait le célèbre personnage lorsqu'introduit par Geoffroy dans l'Historia. Par contre l'auteur de la Vita y décrit toujours l'île d'Avallon comme étant le lieu où fut conduit Arthur après la bataille de Camlan. Notons cependant que le nom Avallon n'y apparaît pas. L'auteur préférant parler de « l'île des pommiers, appelée île Fortunée, parce que ses campagnes pour être fertiles n'ont pas besoin d'être sillonnées par le soc du laboureur ; sans culture et tout naturellement, elle produit de fécondes moissons, des raisins et des pommes sur ses arbres non taillés ; au lieu d'herbes son sol est couvert de toutes sortes de récoltes. On y vit plus de cent ans ».
Ce nom d'île fortunée donné à Avalon est probablement emprunté à Isidore de Séville (vie siècle) lorsqu'il décrit les îles Canaries, ou directement à Pomponius Mela (ier siècle après J.-C.) lorsque ce dernier évoque « les îles Fortunées, où la terre produit sans culture des fruits sans cesse renaissants, et où les habitants, exempts d’inquiétude, coulent des jours plus heureux que dans les villes les plus florissantes ».
Dans la Vita Merlini, l'auteur décrit aussi les fameuses habitantes de l'île d'Avalon : « Neuf sœurs y soumettent à la loi du plaisir ceux qui vont de nos parages dans leur demeure ; la première excelle dans l'art de guérir et surpasse les autres en beauté ; Morgen, comme on l'appelle, enseigne ce que chaque plante a de vertus pour la guérison des maladies ; elle sait aussi changer de forme et, comme un nouveau Dédale, fendre l'air avec ses ailes et se transporter à Brest, à Chartres, à Paris, ou bien redescendre sur nos côtes. On dit qu'elle a enseigné les mathématiques à ses sœurs Moronœ, Mazœ, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronœ, Thiton et Tith[en], la célèbre musicienne »
Ces neuf sœurs parmi lesquelles on reconnaît la célèbre Morgane sont là encore probablement les neuf prêtresses qui sont invoquées, par le même Pomponius Mela, dans sa description de l'île de Sein : « L'île de Sein, située dans la mer Britannique, en face du pays des Osismes, est renommée par un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées à la virginité perpétuelle, sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallicènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers, de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble, de guérir des maux partout ailleurs regardés comme incurables, de connaître et de prédire l'avenir, faveurs qu'elles n'accordent néanmoins qu'à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter. »
Il est à noter qu'entre 1138 et 1149, Geoffroy de Monmouth, s'était posé la question de la mort d'Arthur. Alors qu'il concluait dans l'Historia par « Que son âme repose en paix ! », il écrit dix ans plus tard, dans la Vita Merlini : « Après la bataille de Camlan nous y avons conduit Arthur blessé, ayant pour pilote Barinthe qui connaissait la mer et les étoiles. À son arrivée le prince fut accueilli par Morgane avec l'honneur qu'il méritait ; elle le déposa dans sa chambre sur de riches tissus, découvrit la blessure d'une main délicate et l'examina attentivement : elle dit enfin qu'elle se chargeait de lui rendre la santé, s'il voulait rester avec elle le temps nécessaire et se soumettre au traitement. Pleins de joie nous lui avons confié le roi et nous avons profité du vent favorable pour notre retour. »
Geoffroy voulait donc désormais laisser planer le doute sur le retour d'Arthur.
Dans tous les cas, que ce soit sous la forme Avalon, Avallon, Avallach ou Afallach, le nom est fondé sur la désignation de la pomme et du pommier. En effet, « pomme » se dit aval en brittonique (breton, gallois), aballos en gaulois. Même dans l'esprit de Geoffroy de Monmouth, le nom devait désigner un endroit remarquable par ses pommiers, puisque qu'il l'identifie à l’insula pomorum (île des fruits). Notons que la ville d'Avalon doit probablement aussi se rattacher étymologiquement à la pomme et au pommier.
Bacalao
Bacalao (ou encore Bacalhau, Bachalaos, Bacalhaos, Baccalieu, Baccalar), c'est-à-dire « morue » en portugais, était une île fantôme, qui était représentée sur les cartes du xvie siècle dans la partie occidentale de l'océan Atlantique. Le nom est apparu pour la première fois sur une carte en 1508, mais il y avait eu auparavant déjà des mentions de cette île.
En 1472, le roi du Portugal a octroyé au navigateur portugais João Vaz Corte-Real des terres aux Açores pour sa découverte de la Terra do Bacalhau. De plus, Bartolomé de Las Casas a écrit sur les voyages portugais pour découvrir la Tierra de los Bacallao. C'est ce qui a amené certains à penser que Corte-Real devait avoir atteint les Amériques quelques décennies avant Christophe Colomb.
Baltia
Baltia est une île légendaire dans la mythologie romaine, censée se trouver au nord de l'Europe. L'île est mentionnée par Xénophon d'après l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien. De là proviendrait le nom de la mer Baltique. Différents chercheurs ont placé l'île légendaire en Zélande (Pays-Bas) ou l'ont assimilée à une autre île de la mer Baltique - îles estoniennes, sur les rivages de l'actuelle Lituanie, dans la partie la plus méridionale de la Scandinavie (aujourd'hui appartenant à laNorvège et à la Suède), ou encore à l'archipel de Heligoland dans la mer du Nord. Cependant, ces deux derniers lieux ne semblent pas être de bons candidats, n'étant pas des endroits « sur les rivages desquels l'ambre est charriée par les vagues du printemps, étant une excrétion de la mer dans sa forme solide ; comme, aussi, les habitants utilisent cette ambre comme carburant », ainsi que Pline l'Ancien décrit Baltia dans son Histoire naturelle (utilisant alternativement les noms de Baltia, Basilia et Abalus) ; en effet, l'ambre ne s'y trouve pas en grandes quantités.
Île de Brasil
L'île de Brasil ou Hy-Brasil est une île fantôme représentée sur de nombreuses cartes marines depuis le xive siècle jusqu'au xviie siècle.
Alexandre de Humboldt rappelle, dans son livre Examen critique de l'Histoire et Géographie du nouveau continent aux xve et xvie siècles, que de nombreuses cartes marines, portulans etmappemondes représentent depuis le xive siècle, une île plus ou moins étendue et située le plus souvent dans l'Océan Atlantique Nord, sous des appellations différentes mais relativement proches :Brasile, Bracie, Bresily, Bersil, Brazilæ, Bresilji, Braxilis, Branzilæ, O'Brasil, O'Brassil.
Dans la mythologie irlandaise, un île dénommée Hi-Brasil Hy-Breasal, Hy-Brazil, Hy-Breasil ou Brazir est évoquée et localisée au large de l'Irlande ou dans les parages de l'archipel des Açores. Cette île aurait été habitée par des moines irlandais.
Île de Saint-Brendan
L’île de Saint-Brendan est une île fantôme située à l'ouest de l'Europe, qui selon la tradition irlandaise aurait été découverte par saint Brendan de Clonfert ; le premier écrit qui la mentionne et qui ait été préservé jusqu'à l'époque contemporaine est la Navigatio Sancti Brendani Abatis (Voyage de saint Brendan, abbé1), qui remonte au xiie siècle.
L'île apparaît sur de nombreuses cartes du XIIIe au XVIIIe siècle, en différents points de l'océan Atlantique (au large de la côte ouest de l'Irlande, ou comme « huitième île » de l'archipel des Canaries - Christophe Colomb raconte dans son journal de bord que les habitants de l'île d'El Hierro prétendaient qu'une île apparaissait à l'ouest, une fois par an -, etc.). Elle a été activement recherchée par les explorateurs espagnols au cours du xvie siècle, sous le nom d’isla de San Borondón. En 1520, au cours de sa tentative de circumnavigation, Fernand de Magellan donne le nom de « baie de Samborombón » à une baie située à l'embouchure du río de la Plata, pensant que cet accident géographique marquait l'endroit d'où l'île de Saint-Brendan s'était détachée. Elle est encore mentionnée dans des récits de voyage de la seconde moitié du xviiie siècle.
En 1976, l'explorateur Tim Severin a entrepris de reproduire le voyage de saint Brendan, à bord d'un currach en cuir, afin d'en vérifier la faisabilité ; il est parvenu à débarquer à Terre-Neuve, et prouve que le voyage est techniquement possible.
Île Buss
L'île Buss est une île fantôme.
Elle a été "découverte" durant la troisième expédition de Martin Frobisher en septembre 1578 par des marins qui étaient à bord du navire Emmanuel et a été représentée sur des cartes entre l'Irlande et le mythique Frisland à environ 57° nord. L'île a été nommée d'après le nom du type de vaisseau qu'utilisaient ceux qui l'ont découverte, un "busse". On pense que Frobisher a pris le Groenland pour le Frisland et l'île de Baffin pour le Groenland. Retournant au port l'Emmanuel aurait fait des erreurs de calcul.
Bouïane
Dans la mythologie slave, Bouïane (en russe Буя́н) est une île légendaire de la Mer océane, qui a la capacité d'apparaître et de disparaître à volonté. Trois frères y vivent : le Vent du Nord, le Vent d'Ouest et le Vent d'Est. Il s'y passe nombre d'évènements étranges. Kochtcheï l'Immortel y cache sa mort dans une aiguille, elle-même à l'intérieur d'un œuf, dans un chêne mystique (l'Arbre du Monde). Ce chêne croît sur la Pierre-Alatyr, « père de toutes les pierres », désignant le centre du monde : qui saurait la trouver verrait tous ses désirs comblés.
Alexandre Pouchkine évoque l'île Bouïane dans son poème Le Conte du tsar Saltan — dont s'est inspiré Nikolaï Rimski-Korsakov pour son opéra du même nom.
Bouïane est parfois considérée comme une sorte d'« Autre Monde » proto-indo-européen (voir Îles des Bienheureux, ou Îles Fortunées). On l'identifie aussi parfois avec l'île aujourd'hui allemande de Rügen, dans la mer Baltique, ou encore de Bornholm (Danemark).
Il existe une île réelle nommée Bouïane (80° 09′ 10″ N 92° 07′ 20″ E) dans l'archipel russe de la Terre du Nord, mais cette appellation est récente.
Île des Démons
L’île des Démons est une île légendaire que l’on situait généralement près de Terre-Neuve.
Elle était généralement représentée sous la forme de deux îles. Elle a commencé à apparaître sur des cartes au début des années 1500 jusqu'au milieu du xvie siècle.
L'île était supposée être peuplée par des bêtes sauvages et des démons qui attaquaient les navires alentours.
Île de Dougherty
Dougherty est le nom d'une île fantôme que l'on croyait située dans l'hémisphère sud, sur la route de l'Australie venant du Cap Horn. Elle tient son nom du capitaine Dougherty du James Stewart, une baleinière anglaise, qui rapporta en 1841l'avoir découverte à 59° 20′ S 120° 20′ O. Il la décrit longue de 5 à 6 miles (soit près de 9 km), nantie d'une haute corniche au nord-est et couverte de neige. La découverte fut confirmée par le capitaine Keates de la Louise en 1860, qui donna comme coordonnées 59° 20′ S 120° 18′ O, et par le capitaine Stannard du Cingalese en 1886, à 59° 21′ S 119° 07′ O.
Mais les explorations menées dans la zone à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle établirent que l'île n'existait pas. Pour expliquer les affirmations de Dougherty, Keates et Stannard, il fut avancé qu'ils confondirent un iceberg ou un amoncellement de nuages denses avec une île. Après tout, aucun ne déclara jamais y avoir débarqué.
Île Emerald
57° 30′ S 162° 00′ E
L' île Emerald est une île fantôme que des explorateurs du navire éponyme avaient situé entre l'Australie et l'Antarctique au sud de l'île Macquarie en décembre 1821. Elle était supposée être une petite île montagneuse à 57 ou 57° 30' de latitude sud et 162° de longitude est.
Frisland
Le Frisland (aussi appelé Frischlant, Friesland, Freezeland, Frislandia ou Fixland) est une île fantôme qui figure sur presque toutes les cartes de l'Atlantique nord entre les années 1560 et 1660. Cette île ne doit pas être confondue avec la Frise (Friesland en néerlandais), province au nord des Pays-Bas.
À l'origine, le Frisland désignait probablement l'Islande. En 1558, date de la plus ancienne édition connue de la carte de Nicolò et Antonio Zeno (la personne ayant dessiné cette carte les décrivant comme ayant voyagé en 1390), cette dernière le représente comme une île distincte et cette erreur fut reproduite presque systématiquement sur toutes les cartes suivantes, jusque vers 1660. De nombreuses parts du récit et des lettres échangées pour monter l'histoire du voyage semblent être une vaste escroquerie des descendants des Zeno.
L'erreur se propage toujours, plus épisodiquement, jusqu'à la fin du xviiie siècle, lorsque les techniques de topographie deviennent plus précises et permettent une représentation à l'échelle et non plus subjective.
Hvitramannaland
Ce pays est différent de celui du Vinland des marins Vikings.
Les voyages du navigateur irlandais saint Brendan au vie siècle sont célèbres à l’époque des Vikings et l’île de Saint-Brendan à l’ouest de l’océan Atlantique demeure un mythe important au Moyen Âge dans toute l’Europe.
Saga du Landnámabók
Selon la saga du Landnámabók, Ari Marsson a fait voile durant six jours vers l'ouest depuis l'Irlande. Ce voyage est supposé avoir eu lieu vers l'an 983. Il découvre une terre qu'il nomme Grande-Irlande et serait située à l'ouest de l'océan Atlantique, non loin du Vinland.
- Saga d'Erik le Rouge
La Saga d'Erik le Rouge mentionne également la terre des hommes blancs que les habitants vikings du Markland signale à Thorfinn Karlsefni. Selon le texte, les Vikings aperçurent cinq Skraelings, un homme barbu, deux femmes et deux enfants. Ils réussirent à capturer les enfants qui leur apprirent qu'en face de leur terre, vivaient des gens, habillés de vêtements blancs, poussant de grands cris, gesticulant avec de longues perches, et portant des franges. Ce devait être le Hvitramannaland.
Groclant
Groclant est le nom d'une île fantôme qui était censée être située à l'ouest du Groenland et qui est apparue sur les cartes vers la fin des années 1500.
Il s'agit peut être d'une lecture erronée du nom du Groenland sur une carte, ou de l'île de Baffin ou d'autres îles de la région canadienne du Nunavut. Cette partie de l'Atlantique a été explorée peu après et l'île de Groclant a alors rapidement disparu des cartes.
Une des premières cartes sur laquelle elle figure est la carte de Mercator en 1569 et une des dernières est celle de Quadus en 1608.
Îles Phélipeaux et Pontchartrain
L'Isle Phelipeaux (ou Île Philippaux) et l'Isle Pontchartrain sont des îles fantômes sur le Lac Supérieur qui étaient autrefois indiquées sur certaines cartes comme la carte Mitchell au xviiie siècle qui situait ces îles entre la Péninsule de Keweenaw et l'Isle Royale.
Bien qu'inexistante, l'île Phelipeaux a été mentionnée en 1783 dans le Traité de Paris qui a mis fin à la Guerre d'indépendance des États-Unis. Une partie de la frontière entre les États-Unis et les colonies de la Grande-Bretagne au Canada a été décrite comme passant « par le Lac supérieur au nord des îles royales et Phelipeaux jusqu'au Lac Long ». L'île Phelipeaux était apparue pour la première fois sur une carte établie par le cartographe Bellin en 1744. Elle a continué à être représentée sur des cartes du Lac supérieur pendant de nombreuses années, y compris sur la carte Mitchell utilisée lors des entretiens de paix de Paris, en 1783.
Pendant les années 1820, quand on a essayé de fixer la frontière entre le Canada et les États-Unis du Lac des Bois au Lac supérieur, on a alors découvert que l'île Phelipeaux n'existait pas et on ne pouvait pas déterminer quelle eau superficielle avait été signifiée par le Lac long référencé dans le traité.
Une raison probable donnée pour l'apparition sur des cartes de cette île ainsi que l'île Pontchartrain, également fantôme, était d'attirer la faveur de ministre du gouvernement français (1643-1727) Louis Phélypeaux de Pontchartrain, marquis de La Vrillière, comte de Pontchartrain afin de pouvoir financer des voyages d'exploration supplémentaires.
Île Podestá
Google earth indique sa position à 32° 18′ 01.74″ S 89° 08′ 07.05″ O, mais il peut s’agir d’une plaisanterie.
Une autre île à proximité de l’île de Pâques a été aperçue en 1912 mais n’a plus été observée depuis. L’île Sarah Ann, au nord-ouest de l’île de Pâques, a également été retirée des cartes après qu’une recherche en 1932 fut restée infructueuse.
Podestà signifie « maire » en italien. Le Podestà régnait sur la cité au xiiie et xive siècle et était souvent un étranger.
Rupes Nigra
Rupes Nigra (ou Nigra de Rupes) est une île fantôme de 53 kilomètres faite de roche noire et située au pôle Nord magnétique. Elle prétend expliquer pourquoi toutes les boussoles pointaient à cet endroit. L'idée est venue de la perte d'une œuvre intitulée Inventio Fortunata, et l'île apparaît sur les cartes du XVIe et XVIIe siècles, y compris celles de Gerardus Mercator et ses successeurs.
Dans l'œuvre de Jules Verne, Les Aventures du capitaine Hatteras (1866), le pôle Nord est occupé par l'île de la Reine, créé par un volcan (le mont Hatteras) au milieu de la mer polaire ouverte.
Terre de Sannikov
La Terre de Sannikov (russe : Земля Санникова) est une île fantôme de l’océan Arctique. Cette terre imaginaire fut l'un des mythes de la colonisation dans la Russie du xixe siècle.
Deux marchands, Yakov Sannikov et Matthias von Hedenström, prétendirent en 1811 avoir vu cette terre au cours de l'expédition cartographique qu'ils avaient effectuée dans les Îles de Nouvelle-Sibérie en 1809-1810. Yakov Sannikov fut ainsi le premier à mentionner l'existence d'une nouvelle terre au nord de l’île Kotelny, et c'est pourquoi on parla dès lors de la « Terre de Sannikov ».
En 1886, un explorateur balte au service de la couronne, Edouard Toll, signala qu'il avait entrevu une terre au milieu des flots lors d'une expédition dans les Îles de Nouvelle-Sibérie. En août 1901, au cours d'une nouvelle expédition de Toll, dite Expédition polaire russe, le schooner Zarya s'enfonça dans la Mer de Laptev en quête de la légendaire Terre de Sannikov (Zemlya Sannikova) mais vit bientôt sa route barrée par la banquise autour des Îles de Nouvelle-Sibérie. Au cours de 1902, on poursuivit les recherches au delà des îles De Long, lorsque la Zarya fut piégée par le verglaçage. Le baron Édouard Toll et ses trois compagnons, abandonnant le navire en novembre 1902, disparurent sans laisser de trace alors qu'ils tentaient de s'éloigner de l’île Bennett en se réfugiant sur des icebergs isolés dérivant vers le sud.
Après d'intenses recherches, on parvint dans la première moitié du xxe siècle à la conclusion que la Terre de Sannikov n'existait pas.
Certains historiens et géographes, se fondant sur d'authentiques découvertes de Sannikov et sur la présence de lagunes et de hauts-fonds dans l'océan glacial à l'endroit indiqué, estiment que la Terre de Sannikov a effectivement existé, mais qu'elle a disparu du fait de l’érosion côtière et, comme d'autres îles de la mer de Laptev, s'est réduite à une dune sous-marine, formée soit de glace fossilisée, soit depergélisol. Le processus de disparition des îles arctiques a été observé dans l’archipel des îles de Nouvelle-Sibérie2,3. D’autres chercheurs supposent que la Terre de Sannikov a pu n'être qu'un mirage de l’île Bennett, comme il s'en voit beaucoup dans la région arctique1. Enfin, d'autres chercheurs ne voient dans la Terre de Sannikov qu'une forme de pseudohistoire.
La légende de la Terre de Sannikov a pu inspirer la série de jeux d'aventure Syberia.
Saxemberg
Saxemberg est une île fantôme que l'on a cru exister dans l'Atlantique-sud. Elle apparaît par intermittence sur les cartes de navigation entre le XVIIe et le XIXe siècle.
Saxemberg aurait été vue pour la première fois par le navigateur hollandais John Lindestz Lindeman en 1670, qui la localise à 30° 45′ S 19° 40′ O. Il en fait une esquisse : une île plate avec quelque chose d'une montagne qui pointe en son centre. D'autres esquisses, d'auteurs non identifiés, montrent des vues plus détaillées de Saxemberg. Le Major General Alexander Beatson, résident à Sainte-Hélène, écrit en 1816 avoir en sa possession un dessin de l'île sur lequel sont également représentés des espèces d'arbres. Il propose de les comparer avec ceux de Saint Hélène, Ascension, Tristan da Cunha et Gough pour vérifier la thèse écrite par Platon de l'existence d'un continent atlantique effondré, Atlantica Insula, qui aurait eu selon lui 1800 miles de long et 500 miles de large.
Mais malgré les coordonnées de Lindeman, les marins ne trouvent pas l'île. Le doute sur son existence apparait et l'île commence à disparaitre des cartes maritimes.
En septembre 1801, le fameux navigateur et cartographe australien Matthew Flinders sur l'Investigator essaye en vain de localiser l'île. Dans son livre A Voyage to Terra Australis (Voyage en Terre australe), il conclut ne plus croire à l'existence de Saxemberg. Cependant, il notera plus tard en marge que le Comte de Caledon lui montra en 1810 un extrait du journal de bord du capitaine Long du sloop Columbus en date du 22 septembre 1809, se dirigeant vers Le Cap en provenance du Brésil, disant :
« 17h, vu l'île de Saxonburg (Saxemberg), relèvement E. S. E., premier à 41 lieues de distance : temps clair. Ai mis le cap sur ladite île, et l'ai trouvé être de latitude 30° 18' sud, longitude 28° 20' ouest, ou approximativement. »
« L'île de Saxonburg fait 4 lieues de long, N. O. et S. E., et 2½ miles de large. L'extrémité N. O. est une haute corniche de 70 pieds, de forme perpendiculaire, et court tout le long vers le sud-est sur 8 miles. On peut voir des arbres à 1½ mile de distance, et une plage de sable. »
Les coordonnées de Long sont donc 30° 18′ S 28° 20′ O. Flinders note :
« La situation usuelle de Saxemberg dans les tables et sur les cartes, était 30° 45' sud et 19° 40' ouest, soit presque 9° de longitude trop court ; et il n'est ainsi guère étonnant que les bateaux l'aient manqué. Au moment où nous avions vu beaucoup d'oiseaux, le 28 du mois, l'Investigator n'était pas à plus de 8 miles de la position de l'île, telle que donnée par Mr. Long. »
— Note manuscrite de Matthew Flinders, A Voyage to Terra Australis, 1814
En 1804, le capitaine Galloway du bâtiment américain Fanny affirme avoir vu l'île et être resté en vue pendant des heures. Galloway observe qu'elle présente effectivement une hauteur en son centre, comme reporté par Lindeman.
En 1816, le capitaine Head du True Briton trouve l'île et la garde en vue pendant 6 heures. Son témoignage corrobore celui de Galloway.
Et puis plus rien. Il n'y a pas ou plus d'île de Saxemberg. Il est possible que les marins aient confondu un amoncellement de nuages avec une île, ou que l'île ait disparu sous les eaux. Aucun des capitaines ayant déclaré avoir vu Saxemberg n'a dit y avoir débarqué.
Récif Schjetman
Le récif Schjetman est probablement une île fantôme que le capitaine norvégien Ole Andreas Schjetman a déclaré avoir découvert en 1868 dans le Pacifique Nord, à l'ouest d'Hawaii. Les coordonnées qu'il a indiqué sont 16° 08′ N 178° 58′ O. L'île était censée mesurer 2,8 km de long (du nord au sud) et 0,9 km de large (d'est en ouest).
Depuis la découverte de Schjetman, plusieurs expéditions ont essayé de trouver cette île : l'USS Alert en 1880, l'USS Milwaukee en 1923, l'USS Whippoorwill et l'USS Tanager en 1924. Aucun n'a trouvé l'île. Une localisation a été cependant rapportée en 1990 par un marin à voile de Hawaii.
Les deux norvégiens Bård Sæther et Arild Solheim ont entrepris en janvier 2006 une expédition avec le S/Y Havaiki pour trouver l'île.
Le récif a un temps figuré sur certaines cartes dont cette carte allemande de 1932.
Terra Australis
Terra Australis sur la carte d'Oronce Finé, 1531.La mappemonde Dauphin (vers 1547) avec représentation de la côte occidentale de l'Australie. Carte dressée par l'école de Globe terrestre de Jacques de Vau de Claye représentant une Terre australle (1583) cartographie de Dieppe
Terra Australis (aussi : TERRA AUSTRALIS INCOGNITA latin pour « la terre australe inconnue ») était un continent imaginaire, apparaissant sur les cartes européennes entre le xve et le xviiie siècle.
Terra Australis a été introduite par Aristote. L'idée d'Aristote a été développée plus tard par Ptolémée, un cartographe grec du ie siècle, qui pensait que l'océan Indien était ceint par des terres méridionales.
À la Renaissance, quand Ptolémée ne fut plus la seule source d'information pour les cartographes européens, la terra australis commençait à apparaître sur les cartes marines et portulans. Bien que des voyages d'exploration aient parfois réduit le secteur où le continent aurait pu être trouvé, les cartographes continuèrent à le dessiner sur leurs cartes et les scientifiques plaidaient pour son existence, en affirmant par exemple qu'il devrait y avoir de grandes masses continentales dans le sud comme contrepoids aux grandes masses continentales connues dans l'hémisphère nord. Souvent cette terre était représentée comme un continent autour du pôle Sud, mais beaucoup plus grand que l'Antarctique tel que l'on le connaît aujourd'hui, débordant loin au nord et plus particulièrement dans le Pacifique.
Les cartographes, de la célèbre École de cartographie de Dieppe, représentèrent, grâce aux informations données par les navigateurs portugais, dès le milieu du xvie siècle, une Terra Australis sous le nom de La Grande Jave. Cette « Grande Jave » reprenait les contours de l'Australie.
En 1515, le cartographe et géographe allemand Johann Schöner réalisa une mappemonde montrant un continent au sud du détroit de Magellan qu'il nomme Brasilia inferior. Cette grande terre reprend les contours de l'Australie, mais placée près de l'espace géographique de l'Antarctique. Il reprend ce travail qu'il approfondit dans une nouvelle mappemonde en 1520. Cette Terra Australis est située de part et d'autre du détroit de Magellan. Cet emplacement géographique correspondrait plus à celui du continent Antarctique, mais les contours rappellent ceux du continent australien, tout comme la végétation (arbres) dessinée sur cette terre. Reste à comprendre comment Johann Schöner et les autres géographes européens de ce début du xvie siècle ont-ils connaissance de l'existence de cette Terra australis ? Selon les hypothèses de Gavin Menzies, une flotte chinoise importante, commandée par Zheng He, aurait abordé les côtes australiennes au début du xve siècle. Cettehypothèse de la circumnavigation chinoise serait à la base des connaissances géographiques transmises par les Chinois eux-mêmes. La circumnavigation planétaire était émise par les Chinois dès le xiiie siècle et connue des voyageurs et commerçants arabes et européens, tel que Marco Polo ou Jean de Mandeville.
En 1570, Abraham ortelius réalisa une mappemonde représentant une Terra australis aux contours reprenant ceux de l'Antarctique et ceux de l'Australie.
En 1583, Jacques de Vau de Claye réalisa un globe terrestre représentant une Terre Australle alliant à la fois l'Australie avec l'Antarctique.
En 1587, la Terra Australis est le vaste continent suggéré en bas du planisphère dessiné par Rumold Mercator d'après une carte de son père Gerardus Mercator. Les limites géographiques de cette immense continent reprend celles de l'Antarctique liées à celles de l'Australie.
En 1605, le navigateur portugais Pedro Fernández de Quirós organisa une expédition au départ du Pérou pour prendre possession de la Terra australis au nom de la couronne espagnole. Il pensait avoir trouvé le continent en accostant sur une île qu'il baptisa « Austrialia del Espiritu Santo ». Au milieu du xviie siècle, la Nouvelle-Zélande, premièrement observée par un Européen (Abel Tasman) en 1642, était considérée comme faisant partie de ce continent, tout comme l'Australie.
En 1627, Johannes Kepler réalise une mappemonde dans son ouvrage Tabulae Rudolphinae. Une Terra australis incognita reliant l'Antarctique et l'Australie apparait dans l'hémisphère sud.
Représentation d'uneTerra Australis sur la mappemonde de Johann Schöner de 1520
Abraham Ortelius montre sur cette carte le lien entre la Terre Australe et l'Amérique du Sud, ainsi que des terres autour dupôle Nord, 1570.
Terra Australis est le vaste continent suggéré en bas de ce planisphère dessiné par Rumold Mercatord'après une carte de son père Gerardus Mercator, 1587.
Représentation de la Terra australis par Johannes Kepler en 1627
L'idée de la Terra Australis fut finalement corrigée par Matthew Flinders et James Cook à la fin du xviiie siècle. Cook fit en effet le tour de la Nouvelle-Zélande, montrant qu'elle ne pouvait pas faire partie d'un continent. Dans son second voyage, il fit le tour de la Terre à de très hautes latitudes Sud, traversant parfois même le cercle polaire, montrant ainsi que s'il y avait la possibilité d'un tel continent méridional, celui-ci devait être situé dans les régions polaires et qu'il ne pouvait y avoir d'extension dans les régions au climat tempéré, comme cela avait été imaginé précédemment.
Île Thompson (île fantôme)
L' île Thompson était une île fantôme dans le sud de l'océan atlantique. Elle était censée avoir été découverte à environ 150 km au nord est de l'Île Bouvet qui appartient à la Norvège depuis 1927.
L'île aurait été découverte le 13 décembre 1825 par George Norris, le capitaine du Sprightly. Elle aurait été également aperçue 68 ans plus tard (en 1893) par Joseph J. Fuller à bord du Francis Allyn. Mais lorsqu'en novembre 1898 une équipe de chercheurs allemands a voulu déterminer la position précise de l'île dans le cadre de l'expédition Valdivia, elle n'a pas pu la retrouver. C'est lors de la Norwegian Antarctic Expedition (de 1928 à 1929) que cette île a été finalement déclaré comme inexistante par Ola Olstad et Nils Larsen.
Il est possible que l'île ait disparu dans les eaux à la suite d'une éruption volcanique entre 1893 et 1898.
Thulé (mythologie)
Thulé (en grec ancien Θούλη / Thoúlê) est le nom donné entre 330 et 320 av. J.-C. par l'explorateur grec de Marseille Pythéas à une île qu'il présente comme la dernière de l'archipelbritannique et qu'il est le premier à mentionner.
Les rares éléments écrits de Pythéas parvenus jusqu'à nous ne nous permettent pas aujourd'hui d'identifier Thulé avec certitude. Certains auteurs ont avancé l'hypothèse qu'il s'agissait des îles Féroé, des Lofoten et même du Groenland mais compte tenu des indications de Pythéas, il s'agit plus vraisemblablement de l'Islande voire de la Norvège qui pouvait à l'époque être considérée comme une île. Paul Gruyer, dans son livre Ouessant, Enez Heussa, l'île de l'Épouvante, publié en 1899, rapporte l'ancienne tradition orale qui faisait d'Ouessant la mythique Thulé, tradition déjà rapportée un siècle plus tôt par Jacques Cambry dans son Voyage dans le Finistère.
Pythéas n'indique pas avoir atteint Thulé. Il révèle simplement qu'elle est située à six jours de navigation depuis la Grande-Bretagne à des latitudes proches du cercle polaire. Certains auteurs ont imaginé que les indications de Pythéas concernant des populations pratiquant la culture du blé et l'élevage des abeilles se rapportaient à Thulé et à ses habitants. S'il s'agit vraisemblablement de peuples rencontrés au cours de son voyage dans le nord de l'Europe, rien n'indique qu'ils étaient les habitants de Thulé.
À une journée de navigation de Thulé, Pythéas dit avoir atteint le « Poumon marin », une zone où la navigation n'était plus possible, et que certains ont interprétée comme étant la banquise.
Au iie siècle av. J.-C., Antoine Diogène écrit Les Merveilles d'au-delà de Thulé (Tα υπερ Θoυλην απιστα), un ouvrage relatant ses voyages à Thulé et ailleurs.
Pline l'Ancien3 précise que des navires partent des îles de Nérigon et de Scandie pour Thulé.
Le terme de Thule figure également dans les Géorgiques du poète romain Virgile. Chez les Romains, Extrema Thule désigne la limite septentrionale du monde connu. Ptolémée le situe au 63° N de latitude dans son ouvrage Géographie.
Dans la Vie d'Agricola, Tacite mentionne que les équipages « la virent distinctement » (Vie d'Agricola, X. 6), mais « reçurent l'ordre de ne pas aller plus loin ».
Durant l'époque médiévale, Ultima Thule est parfois utilisé comme le nom latin du Groenland alors que Thule désigne l'Islande.
Au xxe siècle, les mouvements pangermanistes (Société de Thulé) et l'extrême droite (dont l'écrivain français Jean Mabire) associent Thulé au mythique continent d'Hyperborée qu'ils considèrent comme le « berceau » de la race aryenne.
En 1941, la base aérienne de Thulé est nommée d'après son nom.
Île de Sable (Nouvelle-Calédonie)
L'Île de Sable (appelée en anglais Sandy Island ou Sable Island) est une île fantôme rapportée sur diverses cartes maritimes depuis la fin du xixe siècle, mais dont l'existence a été infirmée définitivement en 1979. Elle était censée se situer entre l'Australie et la Nouvelle-Calédonie, à l'ouest-nord-ouest de l'île principale de cet archipel.
L'île apparaît comme une masse terrestre sur les mappemondes, notamment Google Maps et le Times Atlas of the World et sur les cartes marines américaines et britanniques. En revanche, elle est absente des cartes marines du service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) depuis 1979 et une mission de reconnaissance de l'aviation navale française qui conclut à son inexistence. Afin de mettre fin à ces différences, le SHOM mena une nouvelle étude en 2008 et conclut à la présence probable d'un mont-sous marin et non d'une île. Une expédition scientifique australienne étudiant la tectonique des plaques de la mer de corail a révélé que l'île n'existait pas, les fonds atteignant 1 400 m de profondeur à cet endroit et confirma la théorie du SHOM sur la présence d'un mont-sous marin. Si l'île avait existé, elle se serait située dans les eaux territoriales françaises.
Il a été suggéré que l'île était d'abord apparue sur une carte comme « erreur volontaire » afin de confondre les falsificateurs et que son existence n'avait jamais été vérifiée depuis. Dans la cartographie, en effet, il n'est pas inhabituel d'ajouter sur la carte une rue fictive dans le but de piéger d'éventuels contrefacteurs. Néanmoins, le Service hydrographique australien (en anglais Australian Hydrographic Service), qui fait partie de la Royal Australian Navy, a déclaré que cette méthode n'était pas une pratique normale dans l'élaboration de cartes marines.
Étant donné que sur les cartes, l'île fantôme coïncide avec une élévation locale du plateau continental, il pourrait s'agir d'une élévation sablonneuse du plancher océanique. Mais comme les relevés ont indiqué à cet endroit une profondeur de 1 400 mètres, cela n'est pas plausible. « C'est tout simplement un mirage, issu d'un usage trop confiant des multiples banques de données informatiques qui recèlent quelques erreurs », confirme Thierry Rousselin, directeur de l'agence cartographique Geo212. Selon un historien néo-zélandais, l'origine de l'erreur remonte à un relevé incorrect de 1876.
L'Atlantide voir l'article
(du grec ancien Ἀτλαντίς / Atlantís, sous-entendu νῆσος / nễsos, « île ou presqu'île », c'est-à-dire « île d'Atlas »)[réf. nécessaire] est une île qui aurait été engloutie lors de la Protohistoire grecque et d'Europe de l'Est. Elle est évoquée parPlaton dans deux dialogues, Timée puis le Critias. Le récit de Platon a peu d'influence durant l'Antiquité mais il suscite un intérêt croissant à partir du Moyen Âge. Le mythe donne naissance à un grand nombre d'interprétations dont certaines cherchent à faire de l'Atlantide un lieu qui aurait réellement existé. Dans le même temps, l'Atlantide inspire de nombreuses interprétations ésotériques. Au début du xxie siècle, les chercheurs eux-mêmes restent partagés entre les tenants d'une Atlantide de pure fiction (les hellénistes et une partie des historiens de l'Antiquité) et les partisans d'une lecture du récit de Platon ancrée à des événements réels (certains historiens de l'Antiquité et certains archéologues). Enfin, l'Atlantide demeure un thème très fertile dans l'art et la littérature en particulier dans les genres liés au merveilleux et au fantastique, comme la fantasy, le péplum ou la science-fiction.
(source : wikipedia)
Les îles de saint-Brandan par cosmovisions
Les voyages fantastiques de saint Brandan (saint Brendan ou saint Brendaines), rejetés avec raison par les Bollandistes de leurs Actes des saints, ainsi que par Waraeus, Usserius et Colgan, figurent dans d'autres graves recueils moins sévèrement épurés; ils font surtout l'objet de nombreuses légendes, tant en prose qu'en vers, latines, françaises, anglo-normandes, anglaises, erses, galloises, flamandes, saxonnes, qui nous racontent minutieusement, non sans quelques variantes, ces merveilleuses navigations, dont , à notre tour, nous allons résumer ici les grands traits.
La forme la plus ancienne de cette légende parait être un texte latin dont les manuscrits les plus anciens remontent au IXe siècle, la Navigatio sancti Brendani. Au commencement du XIIe siècle, un clerc anglo-normand du nom de Benedeit (Benoît) mit cette légende en vers français et dédia son poème à Adélaïde, femme d'Henri ler, roi d'Angleterre.
Depuis lors, soit par le latin, sait par le français, la légende de saint Brendan a pénétré dans presque toutes les littératures de l'Europe occidentale. Sans parler des versions en prose, on connaît sur le même sujet un poème latin en tétramètres trochaïques, un poème français postérieur à celui de Benedeit, un poème anglais, un poème moyen-allemand, un poème bas-allemand, un poème néerlandais; etc.
Le géographe arabe Edrisi, qui écrivait en 1154, parle de l'île des Moutons et de l'île des Oiseaux, mentionnées dans la Navigatio sancti Brendani, comme si elles existaient réellement, et jusqu'au XVIIIe siècle on a cherché à retrouver parmi les Canaries l'île mystérieuse où saint Brendan avait vu le Paradis. Le fond de cette légende est évidemment celtique et on en retrouve encore aujourd'hui différents traits dans des chansons populaires des marins bretons.
Un Épisode de la légende de saint Brandan.
Dessin d’Édouard Garnier, d’après une estampe de 1621.
Les sources de la légende de Saint Brandan
Achille Jubinal a publié la Légende latine de saint Brandaines avec une traduction inédite en prose et en poésie romanes d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale, remontant aux XIe, XIIe et XIIIe siècles.
La Bibliothèque nationale possède au moins onze textes latins de la Légende de saint Brendaines de Cluain-Fert : deux appartiennent au XIe siècle, deux autres au XIIe, cinq au XIIIe, les autres au XIVe siècle. La bibliothèque de Strasbourg en peut encore fournir deux textes; un troisième s'est rencontré à la bibliothèque de Saint-Gallen en Angleterre.
La version française en prose du texte latin, faite au Moyen âge, qui se trouve dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale n° 7595, vol. CCLIIII, est considéré comme unique par Jubinal. Au contraire, la traduction versifiée se rencontre dans un très grand nombre de manuscrits, étant comprise dans l'Image du monde de Gauthier de Metz, poème du XIIIe siècle, qui a été très souvent copié au Moyen âge.
La bibliothèque de l'Arsenal possède un autre poème en vers sur le même sujet, qui ne fait pas partie de l'Image du monde et diffère beaucoup du texte publié par Jubinal. Outre ces poèmes latins et romans, leur éditeur signale une légende de saint Brandaines en vers bas-allemands de la fin du XIVe siècle, éditée par P.-J. bruns, et qui serait peut-être la même qu'une autre dont parle Serrure dans sa traduction du Jeu d'Esmorée, fils du roi de Sicile, drame du XIIIe siècle, publié à Gand en 1835.
Une autre relation de la vie du même saint, écrite en prose allemande du Moyen âge, a été imprimée plusieurs fois à Augsbourg en 1497, chez Jean Trouhauer; à Ulm en 1499, chez Jean Zainer; à Strasbourg en 1510, in-4°, avec figures, chez Matth. Kupsuff, et dans le Neue Bibliothek de Hummel; la bibliothèque de Nuremberg la possède manuscrite, datant de 1488, sous le nom d'un certain Jean Hartlieb.
Une autre version en prose et en bas-saxon a paru dans le Passional bas-saxon. En Angleterre, le poème anglo-normand, signalé par l'abbé Delarue. Parmi plusieurs éditions en Angleterre, il faut noter celle de 1516 à Londres, in-folio, chez Winkin de Werde, qui contient la narration de Joannes Capgravius et que l'on retrouve dans ses Nova legenda Angliae. Enfin, il existe des versions en vieil irlandais, en gallois et en espagnol.
Les opinions sur les origines de cette légende sont très obscures. Jubinal a remarqué qué, dans le Roman de Renart, édition de Méon, t. II, p. 96, on trouve quatre vers qui sembleraient prouver qu'il existait un lai de saint Brendaines et que le récit est d'origine bretonne.
le fot savoir bon Iai breton,
Et de Merlin et de Foucon,
Del roi Artu et de Tristan,
Del chievre oil, de Saint-Brendan...
C'est à cette opinion que s'est range Goerres dans son introduction historique au poème allemand de Lohengrin. L'abbé Lebeuf a relevé un témoignage de Raoul Glaber (1. II, ch. 2) qui constate que, sous le roi Robert, on ajoutait communément foi aux fables de la vie de saint Brendaines.
Son voyage est mentionné sous la date du XIIe siècle, par Benoiston de Chateauneuf dans son essai sur la poésie et les poètes français aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles. Douhaire l'a cité de même dans l'Université Catholique en 1839. Enfin Jubinal, en rapprochant de Cacabus Sindbad le marin, remarque que le conte de l'île invisible préoccupa la plupart des navigateurs du Moyen âge.
Les Bollandistes ont remarqué qu'il y avait eu deux saints du nom de Brandan (ou Brendaines), tous deux disciples de saint Finnian, et qui vécurent en Irlande dans la seconde moitié du VIe siècle. Le saint Brandan dont il est question ici était abbé de Cluainfert (Cluain-Feart), de l'ordre de Saint-Benoît, et naquit probablement vers l'an 484; on a fixé sa mort vers l'an 577 ou 578, le 16 mai, quantième auquel l'Église l'a inscrit dans le martyrologe.
« Ayant un jour donné l'hospitalité au moine Barinte, qui revenait de courir l'Océan , il apprit de lui l'existence , au delà du Mont de pierre, d'une île appelée Délicieuse, où son disciple Mernoc s'était retiré avec plusieurs religieux de son ordre; Barinte était allé le visiter, et Mernoc l'avait conduit à une île plus éloignée vers l'Occident, où l'on n'arrivait qu'à travers une enceinte de brouillards épais, au delà desquels brillait une éternelle clarté : cette île était la Terre Promise des Saints.
Brandan, saisi d'un pieux désir de voir cette île des Bienheureux, s'embarqua dans un navire d'osier recouvert de peaux tannées et soigneusement graissées, avec dix-sept religieux, parmi lesquels était saint Malo, alors adolescent. Ils naviguèrent vers le tropique, et, après quarante jours de mer, ils atteignirent une île escarpée, sillonnée de ruisseaux, où ils reçurent la plus gracieuse hospitalité et renouvelèrent leurs provisions. Ils remirent à la voile dès le lendemain, et restèrent à errer au caprice des vents jusqu'à ce qu'ils furent portés vers une autre île, coupée de rivières poissonneuses, couverte d'innombrables troupeaux de brebis grosses comme des génisses; ils y renouvelèrent encore leurs provisions, et comme on était au samedi saint, ils choisirent un agneau sans tache pour célébrer, le lendemain, la pâque sur une île qu'ils voyaient à une courte distance. Celle-ci était nue, sans plages sablonneuses ni coteaux boises : ils y descendirent pour faire cuire leur agneau; mais quand ils eurent disposé leur marmite et que le feu qu'ils allumaient au-dessous commença à flamber, l'îlot parut se mouvoir, et ils coururent effrayés vers leur barque, où saint Brandan était resté : il leur apprit alors que ce qu'ils avaient cru un îlot solide n'était autre chose qu'une baleine; et ils se hâtèrent de regagner l'île précédente, laissant s'éloigner de son côté le monstre, sur le dos duquel ils voyaient, a deux milles de distance, flamber encore le feu qu'ils avaient allumé.
Du sommet de l'île où ils étaient retournés, ils en aperçurent une autre, mais cette fois herbeuse, boisée et fleurie, ou ils se rendirent, et trouvèrent une multitude d'oiseaux, qui chantèrent avec eux les louanges du Seigneur; cette île était le Paradis des Oiseaux. Les pieux voyageurs y restèrent jusqu'à la Pentecôte; et s'étant alors rembarqués, ils errèrent pendant plusieurs mois sur l'Océan. Enfin ils abordèrent à une autre île, habitée par des cénobites qui avaient pour patrons saint Patrice et saint Ailbée; ils célébrèrent avec eux la Noël, et ne reprirent la mer qu'après l'octave de l'Épiphanie.
Voyage de Saint Brendan (manuscrit allemand du XVe siècle)
Un an s'était écoulé pendant ces pérégrinations, et ils recommencèrent sans interruption les mêmes courses pendant six autres années, se retrouvant toujours pour la Noël à l'île de Saint-Patrice et Saint-Ailbée, pour la semaine sainte à l'île des Moutons, pour la pâque sur le dos de la haleine, et pour la Pentecôte à l'île des Oiseaux. Mais la septième année, des épreuves toutes spéciales leur étaient réservées : ils furent sur le point d'être attaqués par une baleine, puis par un griffon, puis par des cyclopes. Ils virent diverses autres îles : d'abord une, grande et boisée, sur laquelle s'échoua la baleine qui les avait menacés, et qu'ils dépecèrent; puis une autre île très plane, produisant de gros fruits rouges, et habitée par une population qui s'intitulait les Hommes Forts; ensuite une autre encore, embaumée par l'odeur des fruits en grappes sous le poids desquels pliaient les arbres qui les portaient, et rafraîchie par des sources limpides bordées d'herbages et de racines édules; après quoi ils allèrent célébrer la Noël au lieu accoutumé.
Ayant ensuite navigué au nord, ils virent l'île rocheuse et couverte de scories, sans herbe ni arbre, où les cyclopes avaient leurs forges; ils s'en éloignèrent au plus tôt, et eurent le spectacle d'un immense incendie. Le lendemain, ils virent au nord une grande et haute montagne au sommet nébuleux, vomissant des flammes : c'était l'enfer. Revenus vers le sud, ils abordèrent une île petite, ronde, toute nue, au sommet de laquelle habitait un ermite qui leur donna sa bénédiction; puis ils voguèrent encore vers le sud pendant tout le carême, et se retrouvèrent successivement, pour la semaine sainte, pour la pâque, et pour la Pentecôte, aux lieux qui leur étaient fatalement assignés.
Enfin le terme de leurs épreuves étant arrivé, ils s'embarquèrent de nouveau, avec des provisions pour quarante jours; après ce temps, ils entrèrent dans la zone d'obscurité qui entoure l'île des Saints; et quand ils l'eurent traversée, ils se trouvèrent inondés de lumière, au rivage de l'île tant cherchée. C'était une terre étendue, semée de pierres précieuses, couverte de fruits comme à la saison d'automne, éclairée d'un jour sans fin; ils la parcoururent sur un espace de quarante journées sans lui trouver de limite, et atteignirent un grand fleuve qui coulait au milieu; un ange leur apparut alors, pour leur dire qu'ils ne pouvaient aller au delà, et qu'ils devaient retourner dans leur patrie, emportant des fruits et des pierres précieuses de cette terre, réservée aux saints pour le temps où Dieu aura subjugué à la vraie foi toutes les nations de l'univers.
Saint Brandan et ses compagnons rentrèrent alors dans leur navire, traversèrent de nouveau l'enceinte de ténèbres qui dérobe cette bienheureuse terre à la curiosité des mortels, et vinrent aborder à l'île des Délices, où ils se reposèrent trois jours; puis, ayant reçu la bénédiction de l'abbé de ce monastère , ils revinrent directement en Irlande raconter à leurs frères les merveilles qu'ils avaient vues. »
Tels sont les récits du XIe siècle. Ce n'était pas encore assez de merveilles, et Sigebert de Gemblours, qui rédigea dans le siècle suivant la légende de saint Malo, trouva quelques particularités inédites à joindre à la relation de ce fameux voyage, dans lequel son héros avait jusqu'alors joué un rôle trop obscur : l'île tant vantée qu'il allait rechercher en compagnie de son ancien maître, s'appelait Ima; et quand ils l'eurent atteinte, saint Malo, qu'animait un zèle ardent pour la conversion des infidèles, se hâta de ressusciter un géant qui y était enterré , afin de l'instruire dans la vraie foi et de le baptiser sous le nom de Mildus, après quoi il le laissa mourir de nouveau.
En recherchant quel est le canevas géographique sur lequel sont brodées ces légendes merveilleuses, on ne peut manquer d'être frappé de l'ordre où se succèdent constamment , en cette pérégrination septennale, l'île aux grosses brebis, celle des oiseaux, enfin celle-de Saint-Patrice et Saint-Ailbee, lesquelles offrent comme un vague reflet des îles d'El-Ghanam ou du menu bétail, d'El-Thoyour ou des oiseaux, et de Scherhain et Schabram ou des Deux frères sorciers des voyageurs et des géographes arabes; et la baleine qui vient jouer le rôle d'une île au milieu de ce récit, mais qui s'éveille et se meut quand on allume du feu sur son dos, ne semble-t-elle pas empruntée de l'épisode tout semblable qu'on trouve dans la relation du septuple voyage de Sindbâd le marin? L'idée même du griffon aux serres menaçantes n'est-elle pas prise du grand oiseau rokh qui enlève Sindbâd?
D'un autre côté, cette montagne haute et nébuleuse qui vomit des flammes échappées de l'enfer, n'offre-t-elle pas un rapport marqué avec l'île d'Enfer, ainsi dénommée sur les cartes du Moyen âge, et que nous appelons aujourd'hui Ténerife? L'île des Délices et la Terre-Promise des Saints ne devraient-elles point aussi être considérées comme une transformation des îles du Bonheur et des îles Éternelles des Arabes?
Saint-Brandan et les cosmographes.
Sans nous perdre en conjectures de ce genre, voyons ce que les traditions ultérieures ont fait des indications géographiques de saint Brandan. Dès le XIIe siècle, Honorius Augustodunensis racontait, dans son Image du monde,
« qu'il y avait dans l'Océan une certaine île agréable et fertile par-dessus toutes les autres, inconnue aux hommes, découverte par quelque hasard, puis cherchée sans qu'on pût la retrouver, et enfin appelée Perdue : c'était, disait-on, celle où Brandan était venu. »
Sur le fameux globe de Martin Behaim en 1492, c'est à une grande île beaucoup plus occidentale et placée au voisinage de l'équateur, qu'appartient l'inscription suivante :
« L'an 565 après la naissance de Jésus-Christ, saint Brandan arriva avec son navire dans cette île, où il vit beaucoup de choses merveilleuses; et après sept ans écoulés, il s'en retourna dans son pays. »
Sur la magnifique mappemonde peinte sur parchemin par ordre de Henri II, l'île de Saint Brandan est marquée entre l'Islande et Terre-Neuve. Elle conserva cette place dans la carte de Sébastien Cabot (1544), dans l'atlas de Mercator (1569), dans la Cosmographie Universelle de Thevet (1576).
Ortelius la rapprochait de l'Islande. Le Dijonnais Morisot, auteur d'une Historia orbis maritimi, se gardait bien de l'oublier. Nous la retrouvons encore au XVIIIe siècle. En 1755 Gautier la plaçait au cinquième degré ouest de l'île de Fer, sous le 29° de latitude Nord. Au XIXe siècle enfin, elle existe encore : seulement elle a voyagé et ne cesse de voyager; car on désigne sous ce nom une île dont la position varie singulièrement, puisque on la place même dans l'Océan Indien, tantôt au nord, tantôt au sud ou à l'est des Mascareignes.
A la recherche de Saint-Brandan.
Mais ses anciennes voisines d'occident ne purent croire à un si complet abandon; elles supposèrent que l'île capricieuse se dérobait malicieusement à leur vue, mais qu'elle se laissait quelquefois entrevoir comme la folâtre jouvencelle du Cygne de Mantoue, et jetait sur leurs bords des citrons, des fruits étrangers, même des arbres entiers!
« Malo me Galatea petit lasciva puella,
Et fugit ad salices, et se cupit antè videri. »
Et cédant à de telles agaceries, on la cherchait sans la pouvoir découvrir, mais on ne doutait pas de son existence. En 1484 un insulaire de Madère, Domingues do Arco, se faisait concéder par la couronne du Portugal, une île qu'il voyait chaque année, et qu'il s'engageait à aller chercher. Trois ans plus tard, en 1487, un véritable traité était signé entre le Portugal et le Terceiran Fernando de Ulmo qui voulait la conquérir à ses frais.
Quand, à Évora , Emmanuel de Portugal signait, le 4 juin 1519, l'abandon de ses prétentions sur les îles Canaries, il y comprenait expressément l'île Cachée, l'île Non-Trouvée, comme on l'appelait alors.
On la cherchait mal sans doute! c'est du moins ce que pensèrent en 1526 Fernando de Troya et Fernando Alvarez , tous deux habitants de la grande Canarie, qui se promirent bien d'être plus habiles dans leur exploration, mais qui revinrent après de vaines courses, sans avoir rien découvert; l'anglais Thomas Nicholls, qui écrivait à cette époque, était disposé à croire, lui, que l'île de Saint-Brandan n'était autre que Madère.
Mais voilà qu'en 1570 l'île fugace se laissa voir si fréquemment, si nettement , qu'on ne douta plus de la facilité de l'atteindre : cependant on voulut bien prendre ses mesures pour ne la point manquer. Le docteur Hernan Perez de Grado, premier juge de l'audience royale de Canarie, expédia, le 3 avril, une commission officielle aux tribunaux des trois îles de Palma, de Fer et de Gomère, pour procéder à une enquête exacte à ce sujet : sur quoi Alonso de Espinosa, gouverneur de l'île de Fer, entendit plus de cent témoins qui affirmaient avoir vu dans le nord-ouest , à environ quarante
lieues de Gomère, et sous le vent de Palma, l'île où il s'agissait d'aborder.
A Palma , ce fut bien autre chose on n'y entendit-que trois témoins, il est vrai, mais quels précieux témoins! trois Portugais de Setubal, parmi lesquels le pilote Pero Velho, habitué aux voyages du Brésil. les autres avaient vu l'île de Saint-Brandan, eux y avaient touché, et la tempête les y avait spontanément portés : ils étaient entrés dans une anse ouverte au sud , avaient sauté à terre, bu de l'eau fraîche d'un ruisseau, remarqué sur le sol l'empreinte répétée d'un pied humain double de la grandeur commune (sans doute celui du géant Mildus ressuscité par saint Malo), trouvé une croix attachée à un tronc d'arbre par un clou dont la tête était large comme une pièce d'un réal, et près de là trois pierres assemblées en triangle et entre lesquelles on avait naguère fait du feu, pour cuire sans doute les mollusques dont les coquilles étaient jonchées à l'entour; ils s'étaient enfoncés dans les bois à la poursuite de quelques vaches, chèvres et brebis; mais l'approche de la nuit et la crainte que le vent n'emportât le navire déterminèrent Pero Velho à se rembarquer précipitamment, sans attendre deux hommes de son équipage qui étaient descendus à terre avec lui; il prit le large pour laisser passer ce grain et voulut revenir ensuite prendre ses deux matelots, mais il eut la douleur de ne pouvoir retrouver l'île.
Le chanoine Pedro Ortiz de Funez, inquisiteur de la Grande Canarie, recueillit de son côté, à Ténérife, le témoignage de Marcos Verde, qui avait eu pareillement le privilège de débarquer à Saint-Brandan : en revenant de la croisière de Barbarie, pendant les expéditions espagnoles d'Afrique, il se trouva en vue d'une île inconnue qu'il supposa être Saint-Brandan, et où il vint atterrir le soir, dans une anse formée par l'embouchure d'un marigot; il descendit à terre avec quelques compagnons; l'île leur parut déserte, et s'étant rembarqués à cause de la nuit, ils furent assaillis d'un tel vent qu'ils eurent hâte de fuir cette côte inhospitalière.
Après de telles affirmations, il n'y avait plus à conserver de doutes : et une flottille commandée par Fernando de Villalobos, gouverneur de Palma, sortit de cette île pour aller à la découverte; mais Saint-Brandan demeura encore introuvable.
On ne se découragea pas, et en 1604 on confia une nouvelle expédition au pilote consommé Gaspar Perez de Acosta, aidé des conseils du franciscain Lorenzo Pinedo, habile dans la science pratique de la mer; mais ils ne virent aucune terre ni aucun des indices qui peuvent en déceler le voisinage. Ce désappointement refroidit, au moins pour quelque temps, l'ardeur des recherches nautiques dont Saint-Brandan avait été l'objet; mais de nouveaux témoignages de son existence venaient toujours s'ajouter à la masse de ceux qu'on avait antérieurement recueillis, et faisaient revivre la confiance que l'inutilité constante des précédentes explorations avait affaiblie.
Un aventurier francais raconta à Abreu Galindo qu'ayant été assailli par la tempête dans les parages des Canaries, il arriva démâté à une île inconnue extrêmement boisée, y débarqua, et abattit un arbre pour réparer sa mâture; mais que pendant que ses hommes le dégrossissaient, l'atmosphère devint si chargée qu'ils abandonnèrent leur travail pour regagner le navire et prendre le large, en sorte que le lendemain ils entrèrent à Palme.
D'un autre côté, le colonel Roberto de Rivas constata que le capitaine d'un navire canarien avait cru passer en vue de Palme, et que le lendemain, croyant toucher à Ténérife, c'était Palme qu'il avait trouvée en réalité; d'où il concluait que la premiere île devait être Saint-Brandan.
Les tempêtes du nord-ouest amenaient d'ailleurs toujours sur les plages de Fer et de Gomère des fruits, des branches d'arbres fraîchement arrachées; et l'île fantastique continuait d'apparaître aux habitants de Fer et de Palme : si bien qu'en 1721, le capitaine général don Juan de Mur y Aguirre résolut de tenter encore une nouvelle expédition, qu'il confia au capitaine don Gaspar Dominguez , en lui adjoignant pour chapelain le dominicain Pedro Conde et le cordelier Francisco del Christo. Le navire partit de Sainte-Croix de Ténérife vers la fin de l'automne; mais cette fois comme les autres l'heure de la découverte de Saint-Brandan n'était pas arrivée et l'on renonça définitivement à toute nouvelle tentative de ce genre.
Mais on ne cessa pas d'apercevoir au loin, dans de certaines circonstances atmosphériques, cette île insaisissable, dont quelques dessinateurs recueillirent l'image; le prêtre canarien don Joseph de Viera y Clavijo, historien judicieux de son pays, connaissait un grand nombre de pareils dessins; il en cite seulement un de Prospero Cazorla, un autre fait en 1730 par le bénéficier don Juan Smalley, et il publia lui-même celui qu'avait esquissé à Gomère, le 3 mai 1759, vers six heures du matin, en présence de plus de quarante témoins, un franciscain plein de bonne-foi et d'amour de la vérité.
En quête d'explications.
Si donc cette tradition est fausse, au moins fut-elle persistante. En vain essaya-t-on de l'expliquer. Les uns ont prétendu que cette île servait de séjour a roi wisigoth Roderik, le vaincu de Xérès la Frontera (Antilia et la légende des Sept Cités), ou au roi du Portugal Sébastien, la victime d'Alcazarquivir; les autres y ont cherché le Paradis terrestre, où Elie et Enoch, avec d'autres sages, attendent le jugement dernier.
L'autre piste suivie, a été celle du mirage. Tous les dessins, tous les récits, s'accordaient à présenter l'île de Saint-Brandan comme allongée du nord au sud, et formée de deux cimes inégales (dont la plus haute est au nord) ayant entre elles une dépression considérable, qui, vue à la lunette, paraissait couverte d'arbres. Au surplus, on reconnaissait unanimement que l'île, dans son ensemble, offrait une parfaite ressemblance avec celle de Palme. Là est précisément le mot de l'énigme l'apparition de Saint-Brandan n'est autre chose que le phénomène expliqué par Monge à l'armée d'Égypte : c'est un effet de mirage, c'est la réflexion de Palme elle-même par des nuages spéculaires amoncelés dans le nord-ouest; c'est la fée Morgane qui se joue de la crédulité des Canariens, et dont la capricieuse baguette crée ou détruit les illusions d'optique qui les ont tant de fois déçus.
Aussi bien sans rappeler ici que, du sommet du Taygète, on aperçoit les éruptions de l'Etna, et que, par un beau temps, on découvre la Corse de Nice ou de Cannes, sans même enregistrer les curieuses observations de Biot dans son mémoire sur les Réfractions extraordinaires, contentons-nous de rappeler qu'on peut, du cap Bojador, surtout pendant les éruptions et grâce au reflet des nuages qui planent au-dessus- du volcan, apercevoir Ténériffe.
Il est vrai que Morgane n'a pu leur envoyer ces fruits exotiques, ces rameaux verts, ces arbres entiers que la mer jette sur leurs côtes : mais c'est l'ouragan qui les a arrachés des côtes américaines et les a lancés à travers l'Atlantique. Et cette île boisée où Pero Velho, où Marcos Verde, où l'aventurier français ont abordé, elle n'est pas non plus l'oeuvre de Morgane; mais peut-on y méconnaître Madère? (D'Avezac / A. Thomas / Gaffarel).