XAVIER PERON et KENNY MATAMPASH
LA SAGESSE MAASAÏ
Kenny Matampash (Sage Maasaï) et Xavier Péron
Comment Xavier Péron, originaire de Bretagne, est-il venu à faire de la défense de la cause Maasaï l’œuvre de sa vie ? Tout commence avec une expérience extraordinaire... Après s’être presque noyé enfant, il rêvera pendant des années d’un homme noir drapé de rouge, qu’il rencontrera adulte en la personne de Kenny Matampash lors d’un séjour chez les Maasaï au Kenya.
Après avoir passé l’essentiel de sa vie entre l’Occident et les villages Maasaï, Xavier Péron s’est fait porte-parole de leur cause et de leur humanisme spirituel, fondé sur l’amour, l’équilibre, et le respect de la nature. Aujourd’hui, avec Kenny Matampash, son frère d’âme, il vient à l’INREES partager lors d’une soirée exceptionnelle les secrets de la spiritualité gardienne de la vie de ce peuple mythique d’Afrique.
Source : inrees
Kenny MATAMPASH, un être intègre et engagé dans l'action, ayant voix à l'ONU, en appelait à grandir la solidarité avec le peuple Masaï assailli à la fois par les sécheresses, le colonialisme et la marchandisation, car il en va également de notre liberté. Kenny Matampash Ole Meritei est l’un des portes-parole maasaï les plus reconnus et jouit du statut de « Vénérable transmetteur de la Sagesse maasaï ».
Diplômé en Sociologie et en Ecologie politique d’universités de Nouvelle-Ecosse, d’Angleterre, et des Pays-Bas, Kenny Matampash dirige également, au Kenya, la Neighbours Initiative Alliance (NIA), une importante ONG de sauvegarde du pastoralisme. Consultant auprès de la Banque Mondiale sur les questions du pastoralisme et du nomadisme, Kanny Matampash est le « Guerrier pacifique » du livre Les neuf leçons du guerrier maasaï de Xavier Péron paru aux éditions Jouvence, puis d'autres livres tout à fait remarquables également tels "Retour à la Vie", etc...
Les Maasaï me parlent depuis l’enfance, bien que je sois né dans une famille bretonne sans aucune attache particulière avec l’Afrique de l’Est. Enfant, je ne lisais que les récits des explorateurs et des grands reporters-écrivains voyageurs ayant été en relation avec eux: Ernest Hemingway, Joseph Kessel, Karen Blixen, etc. Adulte, j’ai étudié dans le seul but d’aller partager leur Vie. Ce que je fis la première fois, lorsque je passais vingt-huit mois avec eux, dans le cadre de mon doctorat d’anthropologie politique. Plus tard, je ne dévierai pas de mon chemin de Vérité, je n’hésiterai pas à démissionner, après seulement quatre années d’enseignement-recherche à la Sorbonne et à l’Ile de la Réunion, de toutes mes fonctions universitaires. Car, une petite voix au fond de moi me disait que l’essentiel pour moi, ma mission, était, sans entrave et en toute liberté, de transmettre au monde leur humanisme spirituel, si précieux pour sauver notre Planète du naufrage. Un humanisme fondé sur l’amour de la nature et de la divinité en chacun de nous.
Pour les Maasaï, comme pour moi, profondément ancré depuis ma naissance, nous sommes de bref passage sur cette Terre, et par conséquent la terre ne peut être possédée de façon permanente et encore moins subdivisée ni vendue. La terre ne nous appartient pas, elle est à Dieu, et nous ne sommes Ici que par Sa seule Grâce ! D’où le rôle vital de la prière, pratique courante et quotidienne pour tous, dans des lieux aussi sacrés que les arbres et les montagnes qui sont les récepteurs privilégiés des messages divins. Les Maasaï m’ont appris cela
Ils m’ont surtout appris, au-delà de l’observation du mouvement des nuages et de l’éclosion des plantes si précieuses, à observer scrupuleusement la seule loi possible, sans quoi nous gaspillons en vain notre énergie en tout sens, selon laquelle nous devons rechercher le point central qui est en chacun de nous, ce pour quoi nous sommes venus au monde..
Mieux, ils m’ont appris, pour venir à bout de la dualité qui colle à la peau de l’homme moderne livré à lui-même, à tout simplement opérer comme dans la Vie, par paires, des mouvements de navette entre deux points, deux éléments, deux êtres ou deux états, qui s’alternent, s’opposent mais en fait dépendent les uns des autres.
Centré, unifié, quoi d’autre ? L’Autre. Reste alors le plus important, le don de soi. Car, comme le répètent les Maasaï, la Vie est davantage tournée vers les autres que vers soi, et la vraie spiritualité n’amène pas à parler de soi mais bien de la Vie. Ce qu’il faut appliquer, disent-ils, c’est le don de soi, et participer à cet échange permanent entre toutes choses nous libère peu à peu de nos problèmes inventés par le mental. Bref, les Maasaï sont au coeur même du grand courant actuel de transformation. Dans la Joie, je m’en fais le porte-parole, par la parole, l’écrit sous toutes ses formes, et les images, photographies et cinéma. »
Source : xavierperon
Interview en anglais de Kenny Matampash
Source : maasai-revesdesavane
Kenny MATAMPASH en appelle à grandir notre solidarité avec le peuple Massaï affaibli par les sécheresses et le colonialisme. Il en va également de nous-même. Le Crieur reçoit la traduction de Xavier Péron
(auteur de livres et de films avec Kenny) lors des "1ères Rencontres des Peuples Indigènes" au Cannet-des-Maures (83) en septembre 2009.
5 leçons de Sagesse Massaï
Chercher et trouver sa cohérence intérieure, rester relié aux autres et à l’univers, c’est ce à quoi nous invite le peuple massaï. L’anthropologue Xavier Péron nous fait découvrir ce mode de vie dans son dernier livre, également manuel de développement personnel.
Ilmao : accepter la dualité
Encipaï : être dans la joie
Osina kishon : accueillir la « souffrance-don »
Eunoto : devenir un planteur
Aingoru enkitoo : rechercher le bon ordre
D’eux, on ne connaît que leur longue silhouette au port altier drapée de rouge. Les Massaïs, un peuple d’éleveurs et de guerriers, figurants photogéniques dans Out of Africa (film de Sidney Pollack, 1986) ou des documentaires sur le Kenya. Ce que l’on ignorait, jusqu’au travail de l’anthropologue Xavier Péron, c’est qu’ils se transmettent de génération en génération une spiritualité riche, vécue au quotidien, d’une portée universelle et qui conçoit l’homme comme le cocréateur de l’univers.
Pour les Massaïs, comme dans la spiritualité amérindienne ou le taoïsme, l’humain est avant tout un être relié. Aux autres, à son environnement et à une force intelligence qui le dépasse et qu’eux-mêmes nomment Enk’Aï, « la déesse-mère, source de toute vie, explique Xavier Péron. Elle prend différents aspects, multiplie ses manifestations, et chacun est en relation collective et individuelle avec elle, par les prières, les danses, les pensées comme par les actes. Enk’Aï envoie par exemple la pluie qui nourrit les bêtes et les hommes, mais aussi les épreuves qui leur permettent de grandir spirituellement ».
Xavier Péron est enseignant-chercheur en anthropologie politique et expert des peuples premiers. Il est l’auteur des "Neuf Leçons du guerrier massaï" (Jouvence Éditions, 2013). Dans ce récit initiatique, l’auteur nous présente la spiritualité massaï et la façon de mettre en pratique ses principes au quotidien.
L’anthropologue a vécu pendant des années parmi eux, a été initié à leurs rites et, depuis trente ans, poursuit une relation spirituelle intense avec Kenny, son ami et guide massaï. « Chez eux, remarque-t-il, il n’existe ni philosophie ni dogme religieux ; ils vivent la réalité en faisant corps avec elle, tout en ayant conscience de ce qu’ils doivent apporter en tant qu’individus et membres d’une collectivité pour maintenir l’équilibre et l’harmonie dans la grande chaîne de la vie. »
Selon lui, leur spiritualité peut se traduire par ces lignes de force : vaincre ses peurs, rester relié, ne pas créer de division en soi et autour de soi, tirer parti des épreuves, faire l’expérience de ce qui est.
« C’est ce que je m’efforce de pratiquer au quotidien et qui a changé ma vie, et c’est pour cela que je me sens leur passeur en Occident. Pour les hommes séparés, dispersés, agités que nous sommes devenus, il me semble important de diffuser leur message d’appel à l’unité intérieure, à l’ouverture de la conscience, deux ferments essentiels d’un vivre-ensemble plus juste et plus humain. » C’est cette voix que nous avons eu envie de faire entendre. Non pas pour idéaliser une culture ou un mode de vie, mais plutôt pour nous nourrir et nous inspirer. En découvrant les cinq piliers de la spiritualité massaï.
Ilmao : accepter la dualité
Le terme « massaï » provient du mot ilmao (« les jumeaux »), qui exprime la croyance selon laquelle toutes les choses sont reliées à d’autres pour former des paires d’éléments complémentaires. Comme dans le tao et sa figure du yin et du yang, les contraires existent, mais ils ne sont pas antagonistes. La dualité règne à l’extérieur, comme le jour et la nuit, la pluie et la sécheresse ; et à l’intérieur de soi, où s’entrechoquent les élans altruistes et les désirs égoïstes, la peur et le courage… La refuser est, pour les Massaïs, le meilleur moyen de souffrir et d’être en conflit avec les autres. D’où la nécessaire acceptation de la dualité du monde et des êtres. Une posture qui favorise la patience et la bienveillance.
LA PRATIQUE
Identifiez vos jumeaux intérieurs. Dressez la liste de vos qualités et corrélez chacune d’entre elles à un défaut et à des comportements qui ont pu vous conduire à des échecs ou à des conflits. Exemple : « généreux » peut aller de pair avec « inconséquent », la générosité peut aussi devenir attente de réciprocité et être source de désaccord lorsqu’elle reste à sens unique. Le but est de poser sur soi et sur les autres un regard nuancé et indulgent.
Mettez en adéquation vos mots et vos actes pour éviter les dissonances et les antagonismes, sources de déséquilibre personnel et relationnel. Actes et mots doivent être jumeaux. Aucune différence entre le dire et le faire chez les Massaïs, qui savent par expérience que cette cohérence est la garantie de relations saines et durables.
Source : psychologies
Le Site de KENNY Matampash (en anglais) pour la préservation de la vie Masaï : niakajiado
Oreteti - Un projet important
Oreteti est un projet destiné à documenter la tradition orale Maasaï à travers l’usage, la valeur et la signification des plantes.
L’Oreteti est l’un des grands arbres sacrés du peuple Maasaï.
Je m’appelle Lucie Hubert. En 2012 j’ai rencontré Kenny Matampash ole Meritey, l’un des porte-parole les plus importants du peuple Maasaï au Kenya. Kenny m’a demandé de participer à un projet d’envergure : documenter sa culture afin de la préserver. C’est la première fois dans l’histoire des Maasaï qu’une initiative visant à recueillir et transcrire leurs savoirs traditionnels voit le jour au sein même de leur communauté. Parce que les Maasaï utilisent les plantes dans toutes les dimensions de leur vie, Kenny a décidé de commencer par l'étude de celles-ci.
Oreteti a pour but la transmission de cette connaissance aux jeunes générations Maasaï. Il donnera également au reste du monde une image plus complète et cohérente de la culture Maasaï que celle qui est généralement véhiculée. Il transmettra la vision Maasaï de la relation entre les humains, la nature et le cosmos, ainsi que la nécessité vitale de préserver les ressources naturelles. Les données seront publiées en langue maa et en langue anglaise.
Les valeurs culturelles du peuple Maasaï sont en train de disparaître à cause des pressions du monde moderne. Il est aujourd’hui urgent de les documenter et de les transcrire. Les Maasaï sont un peuple de pasteurs dont le territoire s’étend de chaque côté de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie. Ils sont environ 900 000. C’est l’une des ethnies les plus connues de l’Afrique de l’Est. Ils mènent une vie nomade ou semi-nomade, entourés de leur cheptel de vaches et de petit bétail et ils sont connus pour leur sens de l’hospitalité et leur organisation démocratique fondée sur une dimension spirituelle des relations sociales à l’environnement. À l’instar des autres peuples premiers, ils se savent reliés à la terre et au cosmos et se sentent responsables du maintien de l’équilibre du monde et de la protection de la nature.
Les Maasaï ont su jusqu’à présent préserver en grande partie leur mode de vie traditionnel et leur identité culturelle. Mais aujourd’hui leur culture est en danger pour deux raisons:
- le rétrécissement de leurs terres, par la vente ou les expropriations, qui a pour conséquence la fin du nomadisme ;
- l’obligation de la scolarisation en langues swahili et anglaise pour les enfants Maasaï, ce qui entraîne la désintégration de la tradition orale en langue maa. Or on sait que toute langue maternelle est porteuse de concepts culturels spécifiques à un peuple et donc uniques. Si la langue maa disparaît, disparaissent avec elles les valeurs éthiques et culturelles des Maasaï.
Les premières recherches pour le projet ont eu lieu en août 2015. Notre petite équipe de quatre personnes a sillonné le pays Maasaï au sud du Kenya pendant un mois, de Kajiado à Oloitokitok et de Loïta au Maasai Mara. Nous avons rencontré des botanistes Maasaï et des Anciens, nous avons pris des notes, fait des photos et filmé des interviews. Cette recherche a pu se faire grâce au soutien de la Fondation Denis Guichard (France). À présent nous avons besoin de votre aide financière pour la transcription, la traduction et la publication des données que nous avons recueillies. Vos contributions aideront à payer : la poursuite des recherches, la transcription des données, la traduction en maa, la mise en page et l’impression de l’encyclopédie des plantes Maasaï en langue maa et anglaise. Cette encyclopédie décrira une centaine de plantes et arbres du pays Maasaï avec leurs différents usages dans la vie et la culture de ce peuple. Elle comprendra environ 250 pages et de nombreuses photos en couleur. Nous espérons la publier au printemps 2017.
Kenny Matampash ole Meritey: Membre de la communauté Maasaï, il est l’initiateur du projet. A reçu les enseignements complets de la tradition Maasaï. Directeur de l’ONG Neighbours Initiative Alliance. A étudié 'Democracy and Governance' en Europe et aux États-Unis. Contribue régulièrement aux sessions du Groupe de travail de l’ONU et à la Banque Mondiale sur les Peuples autochtones et l’écologie pastorale. A reçu deux distinctions : HSC du Président du Kenya et le titre de docteur Honoris Causa de l’Université de Capetown (Afrique du Sud).
Lucie Hubert: Écrivain, phytothérapeute et homéopathe. A effectué la recherche pour ce projet. A travaillé à Radio Nederland (section Afrique) en tant que speaker et journaliste et participé à l’organisation de rencontres internationales entre scientifiques et peuples premiers pour la Fondation Denis Guichard.
Kone Romero Matampash: Assistant logistique et chauffeur. Étudiant à l’université d’Agriculture d’Eldoret (Kenya).
Elza Kortenoever: Photographe et assistante de recherche. Maîtrise d’histoire à l’Université d’Amsterdam.
Source : indiegogo.com/projects
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La montagne sacrée des Maasaïs
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